Par Michel Ghazal1.
L
a stratégie actuelle de lutte contre l’organisation État Islamique (EI ou Daech en arabe) a été, il faut bien l’admettre, peu efficace pour arrêter son expansion. La promesse d’Obama de septembre 2014 de détruire Daech est encore bien loin d’être réalisée.
Malgré les frappes infligées par la coalition internationale menée par les États Unis en Irak et en Syrie puis depuis septembre par la France en Syrie et octobre par la Russie (sans savoir qui ils frappent exactement), force est de constater que l’EI est toujours bel et bien là et qu’il n’a eu cesse d’étendre son emprise.
Non seulement Daech a perdu peu de terrain – sauf la reprise de Kobané et de Sinjar par les Kurdes à un prix considérable – mais cette organisation a réussi à exporter son terrain d’action à l’extérieur. Ceci est marqué par quatre horribles attentats. D’abord à proximité de la gare à Ankara  en Turquie avec un bilan de 102 morts et plus de 500 blessés; suivi par la destruction en vol de l’avion Russe au-dessus de la péninsule du Sinaï vraisemblablement par une bombe placée à bord causant la mort de 224 personnes à son bord ; ensuite le double attentat suicide dans le fief du Hezbollah à Beyrouth et ses 41 tués et près de 200 blessés ; et le lendemain enfin, le carnage en plein Paris ciblant des lieux choisis minutieusement et fréquentés par les jeunes représentant la diversité et symbolisant à leurs yeux la débauche et un mode de vie pervers. Là le bilan est terrible : 129 morts et 352 blessés dont 44 en état grave.
Il s’agit d’un véritable défi auquel est confronté l’ensemble du monde en général et les démocraties en particulier dont la France. Pour y faire face, les émotions ressenties d’effroi, de rage, d’indignation, de revanche aussi légitimes soient-elles, ne peuvent pas constituer un guide d’action. Recourir à une rhétorique guerrière à la « Bush » (suite aux attentats des tours du World Trade Center du 11 septembre), faire des déclarations belliqueuses (pour montrer sa fermeté et penser ainsi rassurer) et riposter militairement, sont le piège tendu dans lequel l’EI cherche à nous entraîner. En tout état de cause, elles ne constituent pas une réponse adaptée si elles ne rentrent pas dans une stratégie plus globale.
Quelle stratégie : combattre les causes et pas seulement les conséquences
our moi Daech en tant que tel n’est pas le problème. Le phénomène Daech est la conséquence de plusieurs erreurs de l’Occident – aujourd’hui largement admises – et qui en constituent les causes. Nous pouvons dire qu’elles sont les parents directs ou indirects de Daech :
- Le double mensonge des États-Unis pour justifier la guerre de 2003 destinée à envahir l’Irak et à éliminer Saddam Hussein : la soit disant détention d’armes de destruction massive et le soutien imaginaire du régime de Saddam à Ben Laden et donc à Al Qaïda. En donnant le pouvoir aux Chiites sans s’assurer que ces derniers n’allaient pas reproduire vis-à -vis des Sunnites ce qu’ils leur avaient fait subir, les américains ont totalement déstabilisé la région. En effet, les Sunnites marginalisés et écartés du pouvoir ont constitués des milices armées qui ont commis un nombre incalculable d’attentats au cœur de Bagdad et ailleurs. Plus tard, une grande partie de l’ex armée de Saddam s’est rendue sans combattre entre les mains de Daech avec armes et bagages à Mossoul.
- Le clivage confessionnel Sunnite/Chiite ancestral – entre d’un côté l’Arabie saoudite et ses alliés (représentant la branche Sunnite majoritaire de l’Islam) et de l’autre l’Iran (représentant les Chiites minoritaires) – suite à cette invasion de l’Irak, s’est cristallisé. Un axe Chiite s’est progressivement constitué. Il relie l’Iran aux Houtistes au Yémen, le Hezbollah au Liban, les Alaouites de Bachar el-Assad en Syrie jusqu’au nouveau régime en Irak installé par les américains. La suprématie Sunnite représentée par L’Arabie Saoudite s’est trouvée menacée et a conduit ce pays et ses alliés du Golfe (Qatar, Émirats Arabes Unis, Koweit) à riposter : soit indirectement en finançant les mouvements qui luttent contre le pouvoir en Irak et les organisations comme Al Nosra (Qaïda locale) et Daech en Irak et en Syrie, soit directement en opérant des bombardements sur le Yémen afin de remettre en scelle le pouvoir sunnite. Le nombre de musulmans tués par d’autres musulmans suite à ces affrontements se dénombre par milliers.
- Le manque de perspective d’une solution négociée au conflit israélo-palestinien qui s’est enlisé depuis vingt ans dans une impasse totale après la mort de Rabin. La colonisation galopante de la Cisjordanie menée par les Gouvernements israéliens successifs, l’oppression et l’humiliation subies au quotidien par le peuple palestinien doublés de l’incurie et la corruption de certains leaders palestiniens, ont exacerbés le sentiment qu’il n’y a plus rien à attendre ni à perdre et a renforcé le Hamas. Ceci a constitué un terreau fertile au développement de l’islamisme radical et une recrudescence de l’anti-sémitisme en Europe.
La guerre qui, dans le sillage du « Printemps arabe », sévit depuis quatre ans en Syrie a déjà provoqué plus de 250.000 morts (soit 200 morts par jour) et des millions de déplacés dans les pays voisins (Liban, Jordanie, Turquie). Depuis cette année, un afflux de réfugiés de plusieurs centaines de milliers de personnes a inondé l’Europe. Ce phénomène d’une ampleur sans précédent provoque des interrogations sur les capacités et l’opportunité de l’accueil de ces personnes. Il engendre aussi des inquiétudes légitimes sur les risques de voir des djihadistes se glisser parmi eux. Ceci provoque l’émergence de nombreux fantasmes avec tous les amalgames et stigmatisations qui s’en suivent. De nombreux jeunes, Français ou Européens, constituent depuis une cible privilégiée pour les recruteurs de candidats au Jihad sous des prétextes fallacieux d’actions humanitaires ou autres.
Il paraît évident que tant que les causes ne sont pas traitées en profondeur, nous vivrons malheureusement d’autres cauchemars du type du 13 novembre. Il ne s’agit pas d’arrêter les frappes aériennes en appui des actions sur le terrain effectuées par les combattants Kurdes et autres qui ont empêché la prise de Bagdad et de Damas. Il s’agit plutôt de les compléter par des actions multidimensionnelles et indirectes destinées à neutraliser Daech, délégitimer le martyr, apaiser les tensions Sunnites/Chiites et s’appuyer sur les intérêts communs.
Quatre pistes pour une réponse plus globale
1- Neutraliser Daech
Plutôt qu’une guerre frontale qui n’a produit que peu de résultats significatifs jusqu’à présent, s’inspirer des enseignements du Jeu de Go en recourant à l’encerclement de l’ennemi et à l’assèchement de ses ressources :
- En premier, il faut frapper là où cela fait mal en cherchant à tarir leurs ressources financières. Ils ont fait main basse sur les richesses des régions qu’ils contrôlent et notamment les champs de pétrole aussi bien à l’Est de la Syrie que dans la région de Mossoul en Irak. Ceci représente la moitié de leurs sources de financement. La question que tout le monde se pose est : quels sont les circuits de vente qui leur permettent d’écouler à prix bradé ce pétrole ? Il semblerait qu’il y ait d’un côté la contrebande qui passe par la Turquie et de l’autre le régime syrien. C’est sur les acheteurs qu’il faut agir et pas sur les vendeurs.
- En deuxième, il faut les couper de leurs alliés qui leur apportent du soutien en argent, armes et logistique. Tout le monde le sait, des pays comme l’Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats du Golfe et la Turquie ont, pour des raisons diverses, aidé Daech et en ont fait leur bras armé. Or, ce sont aussi des alliés de l’Occident. Ce dernier se doit donc d’exercer des pressions diverses et variées dont il peut user, afin de renverser ces alliances.
- En troisième, il faut assécher leur recrutement de candidats au Jihad et qui constituent des terroristes potentiels pouvant frapper partout. Agir sur les sites qui diffusent leurs discours et leurs propagandes ainsi que sur les prédicateurs de la haine. Agir sur les raisons qui font que ces discours ont un impact sur ses jeunes pour lui retirer son pouvoir d’attraction. Comment un banal gamin se transforme-t-il en robot tueur exécutant froidement des innocents ? S’agit-il de jeunes paumés, désœuvrés, fragiles psychologiquement ou en quête de sens ? Quels desseins ou nobles causes croient-ils accomplir en allant rejoindre Daech (beaucoup pensent qu’il s’agit d’actions humanitaires) ? S’appuyer aussi sur les témoignages des repentis et des déçus qui ont fait défection pour démasquer les mensonges de leur propagande. Mais surtout apporter à ces jeunes d’autres alternatives à leurs quêtes en traitant les sentiments d’injustice qu’ils peuvent avoir et qui nourrissent leur radicalisation religieuse. Il faut qu’ils comprennent que Daech agit comme une secte qui instrumentalise la religion.
- En quatrième, il convient de casser leurs moyens de communication. L’Occident dispose de satellites, d’agences de renseignement et d’une grande expertise et capacités d’interception et de brouillage des systèmes de communication utilisés par Daech. Il s’agit là d’une autre forme de guerre qui peut affaiblir considérablement leurs possibilités d’action sur le terrain et contribuer à leur encerclement et à la réduction de leur pouvoir de nuisance. Quelques actions concrètes consisteront à  supprimer les sites internet et pages de réseaux sociaux facebook et Twitter dont ils se servent pour recruter. De même, par ces temps particuliers, est-ce que les hackers de Anonymous ne pourraient pas exceptionnellement devenir des alliés d’une guerre virtuelle qu’ils maîtrisent mieux que quiconque.
2- Délégitimer le martyr pour le rendre non attractif
Plutôt que de regarder effarer de l’extérieur leur mode de raisonnement, chercher à comprendre leur logique et leur moteur d’action. Puisque la culture musulmane fait prévaloir la communauté (la Oumma) sur la personne, il en découle un rapport très différent que la culture chrétienne vis-à -vis de la vie et de la mort. Mais, il convient de le rappeler, les Sourates du Coran qui ont valorisé la mort, l’ont fait dans un contexte très particulier. Elles sont aujourd’hui instrumentalisées par les courants radicaux et extrémistes – les Salafistes, les Wahhabites et les Frères musulmans qui sont loin de représenter l’ensemble des musulmans – pour propager leur idéologie et leur vision. Il est temps que les autorités religieuses musulmanes qui disent ne pas se reconnaître dans cet islam radical et même le condamnent,  réagissent. Elles doivent, dans l’intérêt de tous, interroger le contenu de la croyance de l’Islam pour le mettre au défi de l’intelligence, de la logique et surtout du contexte du vingt-et-une siècle. L’intégrité morale doit prévaloir et ne doit en aucun cas donner une « licence pour tuer ». Ceci doit être non négociable et passe par la création de centres de formation pour les religieux de cette confession, la deuxième de France.
Selon les témoignages de plusieurs spectateurs, « Allahou Akbar » a été clamé avec jubilation pendant que les trois kamikazes perpétraient leur massacre au Bataclan. Puisqu’au nom de Dieu ils tuaient des « dépravés » et que c’était supposé plaire à ce dernier, ils n’en étaient ainsi que l’instrument totalement déresponsabilisé. Ils ont, de toute évidence, intégré une interprétation du Qoran qui les a rendu insensibles au fait qu’ils tuaient des innocents.
Dès lors, pourquoi ne pas inviter les autorités religieuses musulmanes dont l’interprétation des textes est absolument à l’opposé de ce que prônent les prédicateurs de la haine, et leur demander d’édicter une ou plusieurs « Fatwa » rendant ceux qui tuent au nom de Dieu inéligibles au Paradis promis pour les martyr(e)s. D’ailleurs, le Conseil français du culte musulman le dit haut et fort « les versets coraniques et les hadith authentiques (paroles du prophète) bannissent sans équivoque tout acte qui attente à la vie des innocents ».
3- Apaiser le clivage confessionnel Sunnite/Chiite
Ce clivage est considéré par tous comme une fatalité et une donnée immuable. Un vrai désaccord qui dure depuis presque 1500 ans et qui a causé un nombre incalculable de guerres et de morts de part et d’autre. Il nourrit et alimente l’émergence de groupes terroristes multiples et variés, hier Al Qaïda et aujourd’hui Daech, qui agit comme un État en prétendant réinstaurer le Califat, ou Boko Haram pour ne citer que ces trois-là . Même si Daech est anéanti, est-on si sûr que demain il n’en naîtra pas d’autres, puis d’autres encore ?
D’où cette idée que beaucoup considéreront comme utopiste : pourquoi un groupe de médiateurs ne prendraient-ils pas à bras-le-corps ce problème qui date d’un autre âge en aidant les deux parties à dépasser leurs divergences ? Les Papes catholiques et orthodoxes pourraient être acceptés pour jouer ce rôle. Évidemment ceci ne se résoudra pas du jour au lendemain et ne se fera pas une fois pour toutes. Le conflit entre protestants et catholiques en France il y a bien longtemps mais plus récemment en Irlande peuvent servir d’aiguillage et de leçons.
4- S’appuyer sur les intérêts communs
Il était temps qu’une conférence internationale réunissant tous les acteurs concernés soit convoquée pour trouver une solution politique à la guerre en Syrie. Les États-Unis, la Russie, l’Arabie Saoudite, la Turquie, la France, l’Iran, l’Allemagne et d’autres encore se réunissent enfin depuis quelques jours à Vienne pour sortir de l’impasse.
L’équilibre des forces sur le terrain a créé depuis un moment une situation où seule une solution politique permettrait une sortie. Les doubles jeux, les alliances contradictoires et l’hypocrisie des uns et des autres leur reviennent en pleine figure. Pour la France, il est temps de comprendre que certaines lignes fondées sur ses valeurs ne sont peut-être pas adaptées à ses intérêts et que la realpolitik doit être parfois le moteur. Aujourd’hui, les intérêts communs que partagent tous ces acteurs doivent les pousser à séparer le court terme avec son objectif commun de vaincre Daech, et le moyen terme de la transition politique à trouver en Syrie en aidant le peuple syrien à choisir. Il sera grand temps à ce moment de décider du sort de Bachar al Assad en laissant la main à ses deux parrains, la Russie et l’Iran.
En conclusion
Des troupes au sol seraient le signal que l’Occident est bien tombé dans le piège qui lui est tendu en l’entraînant dans une guerre asymétrique dont l’issue est toujours inconnue et la victoire plus qu’incertaine. À chaque fois, ceci a conduit à des sentiments d’injustice et de haine à l’égard de l’Occident et a renforcé le radicalisme religieux qu’il est censé combattre.
Pour autant, il est clair que notre sécurité passe par une sécurité retrouvée au Moyen-Orient où les foyers de radicalisation, nous l’avons vu, sont multiples. La victoire sur Daech passera par une stratégie multidimensionnelle sur tous les fronts et par le traitement des causes et pas seulement des conséquences. Mais avant tout, il ne faut pas se laisser aller à une forme de guerre civile interne opposant et stigmatisant les différentes composantes et communautés de la France. Pour réussir cette lourde tâche qui attend nos responsables, il faut éviter aussi d’opposer la recherche de la sécurité avec la liberté. La France est et demeurera un pays démocratique.
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- Cet article constitue ma minute de silence/parole, ma gerbe de fleurs et mon mode de résistance aux attentats de Paris. Je l’ai écrit l’horreur et la tristesse au ventre en pensant à tous les jeunes qui sont morts ou blessés, leurs parents, familles et amis. ↩
Aucun piège n’est tendu….
Toujours des considérations géostratégiques … cette vision est à la politique internationale et à la diplomatie ce que la vision Keynésienne est à l’économie : factice et fallacieuse.
La seule solution possible est que se développe une organisation locale dans ces pays : tant que l’on en restera à une vision d’Etat contre Etat, religion contre religion, bloc contre bloc, cela ne pourra amener qu’à la haine et au conflit.
Le moyen orient manque cruellement d’organisation atomique (ce que sont les cantons en Suisse, les villages en France, les comtés aux USA, les landers en Allemagne etc…) : de micro-politique, et crève d’ingérence macro-politique de touts les cotés.
Sans l’application du principe de subsidiarité, on en reste inévitablement au problèmes du jacobinisme : le pouvoir central, les groupes de pressions, les conflits entre géographie et homogénéité de population et toute la clique des avatars de la « démocatie » : corruption, prise illégales ou illégitimes du pouvoir, utilisation du pouvoir pour mettre en action des utopies ou des intérêts personnels etc…
Cette orientation est plus que nécessaire au Moyen Orient (et en Afrique), où la culture individualiste et clanique familiale est très forte.
Il faut arrêter cette arrogance Occidentale qui consiste à penser qu’un pays, s’il n’est pas conçu à l’image d’un Empire (Romain, Carolingien, Napoléonien, Germanique etc…) n’a aucune possibilité de s’en sortie : ce sont les Empires, les masses informes, les Socialismes qui créent conflits et malheur.
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Dès qu’on parle de géopolitique la plupart des libéraux oublient de réfléchir au niveau des individus. J’ai l’impression que les gens cherchent désespérément un bouton « on/off » au terrorisme alors que celui-ci n’existe pas car c’est un mouvement très horizontal.
Je crois que tout est dit. Je trouve moi aussi l’article creux, et manquant de perspectives concrètes. Avant que l’ « Occident » ne vienne déstabiliser ces régions, elles fonctionnaient plus ou moins : il faudrait en revenir à cet état d’équilibre.
« Avant que l’ « Occident » ne vienne déstabiliser ces régions, elles fonctionnaient plus ou moins » lol. Bon, c’est vrai que les USA ont déstabilisé par l’Irak. Cette intervention était stupide. Mais j’aimerais quand même rappeler que Saddam Hussein était en train « d’islamiser » son pays et s’était allié avec les islamistes. Barzan, le frère de Saddam et le chef de sa police secrète, l’avait prévenu que son alliance avec les islamistes mènerait au renversement de son régime. Certes, il s’est trompé car il y a eu l’intervention américaine mais je pense que tôt ou tard, l’Irak aurait fini par sombrer dans le chaos.
J’en ai plus que marre des gens qui accusent l’Occident d’avoir créer le chaos du Lybie. Ces gens ont un sérieux problème de mémoire. AVANT l’intervention francaise, la Lybie était en pleine guerre civile, ce pays était déja en plein chaos. L’erreur cela a été un de ne pas intervenir après la mort de Kadhafi et deux, de ne pas prendre en compte la réalité à savoir que toute solution en Lybie passe par les tribus.
On ne peut pas accuser l’Occident d’être responsable du chaos en Syrie ni dans le Sinai
Le problème est que le terrorisme est la conséquence de la religion et de la foi. S’attaquer à résoudre le terrorisme ce serait comme s’attaquer au trafic de stupéfiant sans prendre en compte la dépendance des drogués.
Non, je ne crois pas du tout votre thèse: les différences entre Chiites, Sunnites, Alaouites, Wahhabites, Druses et d’autres ne sont que des variétés d’une même foi, d’une même religion primitive, variété qui ne procède pas de leur Dieu mais d’un raisonnement cruellement humain reposant sur le raisonnement ridicule: « j’ai raison donc tu as tort », d’où une déduction idiote: « je suis le bon, toi le mauvais » se terminant par « je vais te supprimer pour que ne restent que ceux qui pensent comme moi » (« moi qui imposerai mes idées au plus grand nombre »).
C’est un prosélytisme (apostolat chez les chrétiens) qui n’exclut pas de tuer celui qui n’accepterait pas (ce qu’a connu, semble-t-il l’Amérique du temps de la « conquista » espagnole, avec succès!!!).
Prétendre que derrière cette logique égocentrique ne se trouve aucune velléité de pouvoir (concret: politique et sociétal) personnel ou au moins communautaire est clairement une illusion.
Toute guerre de religion est une guerre pour le pouvoir, d’abord!
Alors oui, la tolérance qui respecte toute conviction personnelle, comme simple aspect de la liberté privée, permet la Laïcité du groupe sociétal « qui ne veut ni savoir ni choisir ». Présente de façon légale depuis plus d’un siècle, en France, elle n’est pas encore véritablement bien appliquée, chaque problème dit « bio-éthque » réveillant publiquement les groupes d’appartenance, d’où un retard législatif net, par comparaison avec des pays voisins.
C’est d’ailleurs ce qui ressort bien de l’article: il n’y a aucune critique qui inclut la France, le seul pays que Contrepoints pourrait influencer: il y est pourtant bien dit que d’autres pays ont été bien plus cruellement agressés que la France, elle-même d’abord agressive contre Daesh, en Syrie comme en Afrique!
Ce que peuvent changer les Français le plus facilement et rapidement, c’est bien la France! Quand on ne se reconnait aucun tort, il est difficile de se prétendre crédible, malgré l’invocation des « Valeurs Républicaines Supérieures ». Se trouver des boucs émissaires est à la portée de n’importe quel naïf qui espère être cru!
Non, le terrorisme est la conséquence de la situation économique, politique, sociale : les milliardaires saoudiens ne jouent pas au cowboy avec des ceinture d’explosif, et pourtant, il sont aussi radicaux, sinon plus que les djihadistes.
Le terrorisme n’est qu’une arme dans un conflit de pouvoir.
Quant à incriminer la religion et la foi, c’est un bouc émissaire depuis 200 ans dont tous les socialistes raffolent : laver le cerveau des gens en disant que la religion est le mal absolu est à peu près aussi efficace que de laver le cerveau des gens en leur disant que la religion est le bien absolu.
Le socialisme est une religion. Comme toute religion, elle est agressive envers les autres.
CQFD.
« Non, le terrorisme est la conséquence de la situation économique, politique, sociale » c’est seulement en partie vrai mais pas totalement.
Les auteurs du 11 septembre venaient de classes favorisés ou de classes moyennes et non pas de classes populaires. Les 3 auteurs des dernières grandes attaques en Tunisie( Bardo ,Sousse) viennent de la classe moyenne et sont diplômés
Près des 3/4 des personnes accusées de terrorisme dans le monde appartiennent aux classes moyennes, voire classes supérieures
« Le problème est que le terrorisme est la conséquence de la religion et de la foi » Le terrorisme est avant tout un moyen chose que vous avez l’air d’oublier. Certes, certaines idéologies se prêtent plus au terrorisme que d’autres. Certaines idéologies ont pour conséquence de conduire au terrorisme mais le terrorisme en soi n’est pas une idéologie.
Pdt longtemps, le terrorisme était avant tout d’extrême gauche et non pas islamiste. Aujourd’hui, le terrorisme est avant tout islamiste mais cela n’a pas tjs été le cas. Il eiste d’autres formes de terrorisme que le terrorisme islamiste: celui d’extrême gauche, celui d’extrême droite, ……
Là où vous avez raison c’est dans le fait de dire qu’il faut arrêter de croire que l’islam n’a rien à voir avec le terrorisme islamiste. Il existe plusieurs interprétations de i’islam(4 grandes écoles de pensées dans le sunnisme). Or, une interprétation littérale de l’islam conduit à la violence et au terrorisme. L’un des grands problèmes de l’islam c’est que l’islam n’est pas seulement qu’une religion, elle a une tendance à vouloir tout réglementer (droit,…). L’islamisme c’est cela: vouloir que l’islam réglemente tous les aspects de la vie courante. L’islamisme est clairement une idéologie totalitaire. or comme tout idéologie totalitaire, elle conduit à la violence.
Il y a un double problème avec l’islam: un, l’interprétation (une interprétation littérale conduit à la violence) et deux, la volonté de l’islam de s’occuper de tout et pas seulement de la religion. Ce sont ces deux choses qui conduisent au fanatisme et au terrorisme islamiste
Je suis d’accord avec votre critique de l’article. De plus votre allusion au fait que le problème concerne tout le continent africain est des plus pertinentes. Mais je ne suis pas tout à fait d’accord concernant vos préconisations pour le Moyen-Orient.
Je crois qu’il faut se rendre à l’évidence: le modèle occidental, quelles que soient toutes ses qualités et sa supériorité sur bien des plans (mais pas tous…), ne fonctionne ni au Moyen-Orient, ni en Afrique en général. Ca fait mal de le dire, mais là où ça fonctionnait le mieux selon les critères occidentaux, c’était dans l’Afrique du sud de l’apartheid, c’est à dire celle où… des occidentaux étaient aux commandes. L’exception qui confirmait la règle, parce que maintenant c’est bien sûr une autre affaire (notez bien que je ne cautionne nullement cet ancien régime).
Et donc, vous proposez comme solution que se développe une organisation au niveau local. Dans le fond c’est tout à fait vrai. Mais dans la réalité, je crois que c’est déjà le cas, mais selon des modes de fonctionnement qui ne sont pas ceux que nous envisageons, et que nous ne percevons pas toujours, voire pas du tout.
Et si vous suggérez par là qu’il revient à l’occident, qui est lui-même assez divers, complexe, et divisé, d’agir au Moyen-Orient pour organiser au niveau local, alors vous suggérez de poursuivre dans l’interventionnisme qui est déjà suffisamment cause de désordre et de chaos. Perso, je suis pour une non-ingérence stricte.
Quand tous les peuples de tout ces pays en auront assez de voir les élus ou les ethnies régnantes se laisser corrompre à leur détriment, quand ils en auront assez d’être dominés et maltraités par le groupe religieux majoritaire, ils se révolteront, ils feront leur guerre, leur révolution, ils ferons ce qu’ils veulent, ou ils ne feront rien, et en définitive cela ne peut venir que d’eux, car on ne peut pas forcer l’évolution de qui que ce soit.
Je n’ai jamais pensé à une organisation clonée sur un modèle européen : ma liste n’était qu’un exemple pour expliquer.
Vous soulevez un bon point : c’est tout le paradoxe de l’action libérale : Est-ce que cela a un sens d’intervenir, de définir une idéologie, une doctrine libérale, d’écrire un manifeste, de créer un parti, de se faire entendre politiquement, sachant que l’objectif est justement de diminuer la politique, de faire reculer les idéologies etc…
Je n’ai pas la réponse, mais après avoir regardé le modèle communiste s’écrouler et prouver d’une façon aussi évidente son échec, je ne pensait pas que le monde allait plonger aussitôt dans un modèle socialiste.
Alors, personnellement, je pense qu’il faut intervenir politiquement … mais c’est un vrai débat.
Je n’affirme rien à propos de ce que vous pensez, je demandais juste si c’était effectivement votre opinion.
Et pour ma part, je suis fermement convaincu que oui, il faut intervenir politiquement… quand il s’agit de se propre pays et de ses propres affaires.
Et que non, il doit être fermement interdit d’intervenir sous quelque prétexte que ce soit à l’étranger quand, la plupart du temps, ces pays étrangers n’ont rien demandé. Je ne vous apprendrais pas que le monde dans lequel on vit est un monde de guerre politique, économique, idéologique, et militaire, où les plus puissants ont bien plus les moyens de faire valoir leurs intérêts, et ne se privent pas de le faire. Impossible de ne pas penser, en un raccourci certes un peu stéréotypé, que le chaos qui règne maintenant au Moyen-Orient n’a pas été largement favorisé par tout l’interventionnisme occidental. Si on leur avait fichu la paix, à les laisser se démerder avec leurs dictateurs, la situation n’aurait pas tourné au pire et à la radicalisation anti-occidentale.
En guerre de 39-45, quand les anglais bombardaient des usines et des villes françaises, on sait que c’était pour des raisons sensées et légitimes d’un point de vue stratégique. Ce qui n’empêchait pas les français d’alors de haïr les anglais pour ça, ce qui est humainement compréhensible. Au Moyen-Orient, quoi qu’on en dise, les états occidentaux n’ont agit que pour leurs intérêts, et certainement pas pour des raisons de guerre ou de défense légitime. On en paye donc naturellement le prix de la haine.
Et même si cette vision des choses est un raccourci, il n’en reste pas moins que l’Europe, et la France en premier lieu, ferait bien mieux de rapatrier leur porte-navion, leurs troupes et leurs fesses dare-dare au pays, pour se consacrer à assurer notre sécurité à l’intérieur de nos frontières. On n’a rien à foutre là -bas, nous ne ferions que perdre cette guerre, comme en Afghanistan, comme au Vietnam, dans lesquels les états les plus puissants du monde se sont cassés les dents.
Il faut juste l’admettre: nous n’y pouvons rien, et il faut arrêter de croire qu’on peut tout contrôler. Hubris occidentale qui ferait bien de s’inspirer de l’ancienne tradition chinoise dans ce domaine.
« rapatrier leur porte-avion, leurs troupes et leurs fesses dare-dare » : entièrement d’accord : ce n’est pas en transformant la Syrie en Mad Max 2 que l’on va régler le problème.
Pour ce qui est de l’intervention à l’intérieur ou à l’extérieur de l’Etat : pourquoi se mettre des barrières socialistes (l’Etat) à l’ère d’un monde globalisé ? Pourquoi se couper des libertariens US par exemple ?
Je pense au contraire que l’Etat socialiste finira par craquer parce que les frontières ne sont plus réellement possible et que tous les délires socialistes se retrouveront en « concurrence » et non plus confiné dans une zone déterminée, ce qui leur permettait d’user et d’abuser de tous les mécanismes pour légitimer leurs délires : monnaie locale donc manipulable à l’inflation sans demander de compte à personne, population contrôlée par les frontières, asservissement par la langue unique etc, etc…
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On est quand même frappé par le silence assourdissant des réaction de Monsieur Boubaker et consors … seraient-ils vraiment prêts à revoir le texte du Coran, à éliminer les versets qui appellent à l’assassinat des impies ? Quand on lit dans l’article : « D’ailleurs, le Conseil français du culte musulman le dit haut et fort « les versets coraniques et les hadith authentiques (paroles du prophète) bannissent sans équivoque tout acte qui attente à la vie des innocents » … on ne peut que penser que l’auteur de l’article n’a pas lu le Coran, ou que le Conseil du culte musulman est en pleine taqyia, ou les deux …
Alors il ne restera plus qu’une seule solution quand ils auront détruis la tour effeil.
Vous ne pouvez-pas appeler les choses par leur nom: Califat ou Etat islamique?
C’est Flamby qui parle toujours de Daesh, comme si c’était une lessive.
« Le manque de perspective d’une solution négociée au conflit israélo-palestinien qui s’est enlisé depuis vingt ans dans une impasse totale après la mort de Rabin » faux. A deux reprises, en 2000 et en 2008, Israel a proposé un accord de paix (très généreux pour les palestiniens) mais à deux reprises, les palestiniens ont refusé.
Vous accordez bien plus d’importance à ce conflit qu’il n’en a vraiment. Il faut arrêter de croire que l’islam radical se développe à cause de ce conflit car c’est faux. En plus, le parti pris de l’auteur contre Israel est évident (mais bon, c’est pas le débat ici).
« Quelle stratégie : combattre les causes et pas seulement les conséquences » l’auteur se plante complètement dans les causes de la création de l’EI.
Il y a trois grands responsables: Bush (par son intervention en Irak) mais il y a aussi Maliki (qui a mené une politique sectaire à l’égard des sunnites) et Obama (qui a refusé de laisser des soldats en Irak comme le voulait son état major. L’Irak était stable qd Bush a quitté la présidence mais Obama a mené une politique désastrueuse).
Deja il est faux de dire que c’est de la faute de l’Occident car c’est celle des USA. (La France n’est pas intervenu en Irak). Mais les USA ne sont pas les seuls responsables. Assad l’est tout aussi, il a sciemment aidé à faire émergé l’état islamique
(lire ceci: http://www.poste
deveille.ca/2014/06/naissance-de-letat-islamique-en-irak-et-au-levant.html ). Assad a tout fait pour déstabiliser l’Irak pdt l’intervention américaine.
Comme je l’ai déja dit et comme l’a mentionné l’auteur, l’état irakien porte une lourde responsabilité dans la création de l’EI en ayant discriminé les sunnites.
N’oublions pas que Saddam Hussein (avant d’être renversé) s’était allié avec les islamistes(Frères Musulmans). l’EI est née aussi en partie à cause de cette alliance.
On peut aussi parler du rôle de la Turquie envers l’EI (jusqu’à peu la Turquie était l’allié de l’EI). Sans la Turquie, l’EI ne serait pas aussi puissant. Sans oublié le fait qu’au tout début, les monarchies du golfe ont financé les plus extrémistes pour s’opposer à Assad (y compris l’EI). Bien sûr, après ils ont arrêtés.
En vérité, il y a une multitudes de coupables dans la création et l’émergence de l’EI. Les USA sont coupables mais ce ne sont pas les seuls
désolé, j’ai été obligé de mettre le le lien en deux commentaires car je n’arrivais pas à le mettre en un seul