Par Jacques Henry
« Un temps arrivera quand la pénicilline pourra être achetée par n’importe qui dans les magasins. Alors il y aura un danger car l’ignorant pourra facilement se traiter avec de petites doses et exposant ses microbes à des doses non létales, ces derniers deviendront résistants ». — Alexander Fleming, lecture Nobel, 1945
L’antibiotique de « dernier recours » dont les hôpitaux disposaient encore pour tenter de sauver des malades atteints de graves infections par des bactéries multirésistantes est devenu inefficace. Il s’agit d’une polymyxine appelée colistine qui était encore active, car depuis près de 50 ans elle n’était plus utilisée en raison de sa toxicité. On l’a ressortie des tiroirs pour les traitements d’infections réfractaires à toutes les autres molécules connues mais par un effet du hasard, qui n’en est pas un comme on va le découvrir, une multitude d’autres bactéries outre le MRSA, le vilain staphylocoque doré multirésistant et bien d’autres bactéries sont devenues finalement résistantes à la colistine et vont se répandre partout.
Il faut peut-être mettre les points sur les i s’il en est encore temps… Malgré le fait que cet antibiotique ait été abandonné parce qu’il n’a jamais été recertifié selon les critères modernes – sa découverte remonte au début des années cinquante – et également parce qu’il est toxique pour les reins, il s’en produit, tenez-vous bien, 14 000 tonnes par an pour un usage exclusivement vétérinaire. On s’est aperçu en effet que si on administre cet antibiotique par exemple aux porcs dans les élevages intensifs comme en Chine, le premier consommateur de porc du monde, ces animaux grossissent plus rapidement. Comment ne pas comprendre qu’une telle pratique pourtant autorisée par les services vétérinaires chinois accélère la sélection des bactéries vers une résistance.
Le fait nouveau en ce qui concerne la colistine est que l’acquisition de la résistance à cet antibiotique était jusqu’alors chromosomique, c’est-à-dire qu’elle ne pouvait pas se transmettre à d’autres bactéries. Jusqu’à cette découverte de la transmission à d’autres bactéries : on parle alors de transmission horizontale. Le gène de résistance n’est plus chromosomique mais présent dans un petit ADN circulaire appelé plasmide qui est facilement transmissible à n’importe quelle autre bactérie par simple contact.
Les autorités sanitaires chinoises ont été prises de court par ce fait nouveau. Des analyses ont montré que des bactéries communes mais potentiellement dangereuses comme Escherichia coli, avaient acquis ce gène de résistance : 166 souches sur les 804 analysées après prélèvement sur des porcs. Pire encore, sur 523 échantillons de viande crue, 78 souches ont été identifiées comme résistantes aux polymyxines. La résistance a déjà atteint les hôpitaux de Guangzhou. 16 souches de E.coli et de Klebsiella pneumoniae résistantes à la polymyxine ont été repérées sur 1322 malades !
Le pire est à venir : cette résistance nouvelle amplifie le gène appelé NDM-1 qui code pour une enzyme du nom de New Delhi metallo-beta-lactamase-1 et rend les bactéries quasiment résistantes à tous les antibiotiques connus dont les carbapenems. Par exemple des souches de Pseudomonas aeruginosa, une bactérie opportuniste qui provoque de nombreuses infections, ont également été détectées en milieu hospitalier comme résistantes aux polymyxines dont la colistine.
Alors qu’on nous terrorise avec le changement climatique, ne faudrait-il pas agir dès à présent sur le risque bien plus terrifiant que constitue l’usage d’antibiotiques dans les élevages ? Car il s’agit d’une menace mondiale pour la santé, pas seulement en Chine mais également en Europe, en Amérique du Nord ou encore en Australie. Tous les animaux d’élevage sont concernés, y compris les truites et les saumons !
Source : Wired
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Ce n’est pas la dernière arme.
Il y a aussi les virus bactériophages, très prometteurs :
http://www.rts.ch/play/tv/19h30/video/les-bacteriophages-les-virus-mangeurs-de-bacteries-sont-peut-etre-lavenir-de-lantibiotique?id=4892539
Oui mais les bactériophages sont quasiment « espèce spécifique » alors que les antibiotiques ont souvent une action plus vaste. Ce qui signifie qu’á moins de trouver très vite la souche qui vous rend malade, vous serez mort avant d’avoir pu avoir un cocktail efficace de bactériophages.
Dans la pratique, on fabrique des cocktails de bactériophage à large spectre.
il n’empêche que gaver les animaux d’élevage d’antibiotiques en préventifs (ou autre) ne pouvait qu’aboutir à ce résultat !
Que Dieu nous aide, à nous réveiller à traiter ce problématique et donner des idées.
Voir les très intéressants travaux du Professeur Didier RAOULT à Marseille qui montrent sur des critères scientifiques que le taux de résistance des staphylocoques dorés sont passés de 37 % il y a 10 ans à 13 % aujourd’hui. Il semble d’après lui que les diminutions et l’arrêt des prescriptions vétérinaires y soient pour beaucoup.
De nombreux vaccins comportent au moins des traces d’antibiotiques notamment de néomycine…
et ?
Et c’est un des moyens d’induire la résistance ou sensibilisation …. d’où la suppression de la pharmacopée de nombre de pommades antibiotiques.
qu’un vaccin contenant des traces d’antibiotiques induisent une sensibilisation: mouais…, une réaction allergique chez un sujet déjà sensibilisé: ok, mais des résistances comme on peut le voir avec des pommades antibiotiques: surement pas.
J’ai utilisé de la pommade à l’érythromycine pour un problème de peau. Malgré quelques coupures et autres, je suis encore vivant… Et plus de boutons grâce à la vitamine D.
Pourquoi « pourraient » ????
Le problème est plus qu’évident et depuis des lustres …
« ON » va ostraciser le médecin qui va prescrire un antibio sur une angine virale mais « ON » ne fait rien sur les quantités astronomique d’antibio utilisée en alimentation animale … les cyclines en particulier.
Ceci s’appelle pudiquement « compléments alimentaires » ayez la curiosité de lire sur le sac ….
des fautes, je n’ai pas relu
+1 à marc
La complémentation médicamenteuse d’antibio dans l’alimentation animale est formellement interdite depuis 2006 dans l’UE, alors pour les « quantités astronomiques » vous repasserez.
Entre leur coût, leur délivrance et les contrôles sur la tenue des registres sanitaires des éleveurs on assiste à une baisse notable de leur usage.
http://www.civ-viande.org/wp-content/uploads/2014/04/CIV-AB-BD.pdf
L’agent colloïdal ou certaines huiles essentielles peuvent constituer un début de solution…
Restons calme. La médecine ne peut rien contre la mort. on va tous mourir (on le savait déjà …). Un peu plus d’infection ; un peu moins d’autres choses. Mais pas plus qu’avant.
@P on voit bien que vous le lisez pas les fiches de santé des jeunes … ils vivent , mais mal .
Les jeunes vivent mal, admettons. Mais si c’est au point où sans antibiotiques c’est foutu, c’est encore plus inquiétant…
bien , et vous avez quoi a vendre parce que , moi , le dernière fois où j’ai eu besoin d’un antibiotique…je ne m’en souviens même pas …surement des lymphocytes mutants !!
Tb article . Et pendant ce temps la, les chefs d’Etat vont plastronner à la Cop21 et on bassine nos pauvres enfants en boucle sur le « changement climatique » . Ces mêmes petites têtes blondes ou brunes dont la santé est de plus en plus défaillante : allergies , infections diverses et variées dont ils ne peuvent se sortir sans médocs .
La vérité est qu’une part non négligeable de la population vit sous dépendance de médocs, je serais assez curieuse d’avoir le poucentage . Une petite guerre la dessus et hop , les verts pourront se réjouir , il y aura un sacré ménage dans les rangs des humains , et sans tirer un seul coup de fusil .
Les allergies, cela se traite quand prises à temps ❗
@MichelC oui , certes , on améliore la situation , mais il en reste toujours quelque chose, sans compter le fait qu il semble que le gêne muté se transmette …