Par Contrepoints
Chems Akrouf est un expert en renseignement et en intelligence stratégique. Ancien officier de renseignement, il est également professeur à l’université Panthéon-Assas pour le Master 2 Médias et Mondialisation. Conférencier sur les menaces émergentes liées aux actions d’espionnage, et les déstabilisations de nature informationnelle et humaine, il intervient régulièrement comme expert auprès des médias.
Après l’annonce d’un « pacte de sécurité » par François Hollande, Contrepoints l’a interviewé pour qu’il nous livre son analyse de la diplomatie française en Syrie et de la situation de la sécurité sur le territoire.
Contrepoints : Sur la question syrienne, François Hollande a totalement changé de stratégie. Peut-on parler d’échec de la diplomatie française ?
Chems Akrouf : François Hollande s’est aperçu que l’exclusion de Bachar Al Assad des discussions sur l’avenir de la Syrie menait à un échec. Il avait été mal conseillé par Laurent Fabius, ministre des Affaires Étrangères. En outre, suite aux attentats du 13 novembre, le Président de la République a besoin du soutien de la Russie qui possède de nombreuses bases en Syrie. Cet été la Russie a pris tout le monde de court et s’est imposée comme un acteur incontournable dans la crise syrienne. Le président Hollande, qui avait refusé de livrer les deux navires de guerre Mistral vendus par Nicolas Sarkozy à la Russie, se méfiait des desseins russes au Moyen-Orient, tout comme les États-Unis.
Mais les attentats du 13 novembre ont changé la donne. Coopérer avec la Russie contre l’État islamique, plutôt que de rivaliser, offre à la France de meilleures chances de combattre efficacement cet ennemi maintenant clairement identifié comme la priorité : M. Hollande s’est rendu à la raison et aux arguments de ceux qui plaidaient pour ce tournant, et pas seulement parmi les idolâtres français de M. Poutine.
Faut-il mettre à plat nos alliances dans la région ? Le gouvernement est-il prêt à le faire ?
Le sort du président syrien, qui a tant divisé Russes et Occidentaux, sera au menu des discussions au sein de cette « grande coalition », si elle prend forme. On découvrira que les Russes ne tiennent pas plus que cela à ce dirigeant qu’ils considèrent comme un vassal, et qui peut être interchangeable. Mais il appartient aux Occidentaux, dans le donnant-donnant qui va s’engager avec Moscou, de ne pas sacrifier en contrepartie du soutien russe contre l’EI les principes qui les unissent et qui ont fondé leur soutien à l’Ukraine. Nous nous rapprochons des Russes après tant d’années d’alliance atlantiste qui n’ont mené à rien. Après les attentats de Paris, la propagande du Kremlin ne cesse de reprendre ce qu’elle répète depuis le début des frappes russes contre « les terroristes » en Syrie : dans un Moyen-Orient ravagé par les méfaits des politiques occidentales que Washington aurait orchestrées et dont l’Europe paierait aujourd’hui les conséquences indirectes, Moscou assure rétablir l’ordre. Au-delà de cette propagande russe (pas totalement infondée), il est nécessaire de revoir nos alliances et de refonder celles-ci sur les bases qu’avait définies le Général de Gaulle. François Hollande a clairement tendu la main à Moscou devant le Congrès, en appelant à « unir nos forces » pour parvenir à une « grande et unique coalition » contre Daech. Le président français a d’ailleurs prévu de se rendre le 24 novembre à Washington et le 26 à Moscou.
Le choc du vendredi 13 a été le révélateur de la désorganisation de l’État, désorganisation qui se répercute sur ses différentes actions, qui semblent précipitées et surtout spectaculaires. Où allouer les crédits pour gagner en efficacité ?
Au-delà du terrible bilan humain, les attentats de Paris auront aussi des conséquences sur les finances de la France. Les attaques de vendredi 13 ont montré la nécessité de renforcer encore la sécurité face à la menace terroriste. Des mesures qui ont été estimées à un coût de 600 millions d’euros pour le Budget de l’année 2016. Cette somme, annoncée la semaine passée par le ministre des Finances Michel Sapin, servira à payer la création des postes liés à la sécurité et à la justice, nécessaires selon le gouvernement, à la lutte contre le terrorisme. Cela va dans le bon sens. La police et l’armée ont trop misé sur l’intelligence artificielle et sur la collecte de données informatiques. Nous avons besoin d’hommes sur le terrain qui soient en contact direct avec les malfrats et les voyous : ce sont 5000 postes de policiers et gendarmes qui devraient être créés d’ici 2017. Ce qui selon le président de la République portera l’augmentation à 10 000 sur l’ensemble du quinquennat, et restaurera leur nombre de 2007.
Par ailleurs, 2 500 postes devraient être créés au sein des services pénitentiaires et de l’administration judiciaire, 1 000 dans l’administration des douanes.
L’armée ne bénéficiera pas de renforts. Mais alors que depuis plusieurs années la tendance y est à la suppression de postes, ses effectifs devraient être maintenus « jusqu’en 2019 », a déclaré François Hollande.
L’attaque terroriste en plein Paris, autant de profils terroristes classés S dans la nature, l’intervention des forces de police en Seine-Saint-Denis… Y aurait-t-il une faille dans nos services de renseignement ? Y aurait-il des problèmes entre les différents services de l’État ?
Tous les responsables reconnaissent que les services sont « à la peine » face à l’afflux de dossiers à traiter. « La DGSI suit spécifiquement ce que nous appelons le « haut du spectre », c’est-à -dire les individus les plus dangereux », a assuré M. Cazeneuve à Libération, le 12 novembre. Mais le haut du spectre, dans le contexte actuel, est large. Plus de 1 500 personnes sont aujourd’hui impliquées dans des filières du djihad en Syrie ou en Irak, et donc suivies judiciairement ou administrativement. La section judiciaire seule de la DGSI traite 169 dossiers, qui correspondent à 370 interpellations. Et le fichier des signalés pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), créé en mars et classé secret défense, compte plus de 11 000 noms. La DGSI est donc débordée. À Roissy, par exemple, où elle doit traiter les retours de Syrie : ses agents sont exclusivement mobilisés par leurs tâches judiciaires, c’est-à -dire le traitement du haut du spectre, les djihadistes de retour dont le cas est jugé immédiatement « judiciarisable ». Ailleurs, les difficultés sont les mêmes, et la rapidité de transmission de l’information en souffre.
Après son élection, Nicolas Sarkozy décide de bouleverser l’appareil de renseignement français mais la réforme de 2008, mal préparée, principalement d’essence politique, a aggravé les dysfonctionnements. Avec la naissance de la DCRI, un double mouvement s’est opéré ; d’une part le démantèlement de la Direction centrale des renseignements généraux (DCRG), de l’autre le renforcement de facto de ce qui fut la Direction de la surveillance du territoire (DST). La naissance de ce que certains ont pu abusivement appeler un « FBI à la française » n’a pas seulement conduit à la suppression de la DCRG en tant que structure administrative, elle a été conçue comme une absorption lente des ex-RG, et l’abandon progressif de la culture et du métier « RG ». Ces choix furent-ils judicieux ? Nous pouvons en douter au regard des événements de la semaine passée…
Comment faire concrètement pour assurer plus de sécurité aujourd’hui sur le territoire français ?
Il me semble nécessaire de ne pas se précipiter et de réfléchir aux objectifs à atteindre : comment gagner la guerre contre l’État islamique sans envoyer de troupes au sol en Syrie et en Irak ? Ces derniers jours, rares ont été les voix qui ont pu se faire entendre dans ce concert belliqueux pour rappeler des éléments simples de théorie politique, et mettre en garde sur une utilisation abusive du terme « guerre ».
Aujourd’hui, le conflit en Irak et Syrie nourrit Daech. Hier déjà , la guerre d’Afghanistan suivait immédiatement le 11-Septembre. Alors que le président américain George W. Bush lançait une guerre (une vraie guerre, celle-là ) contre un État accusé de protéger les responsables du bain de sang à New York, il semblait logique à certains de parler d’une « guerre contre le terrorisme », puisque l’Afghanistan était bien une des sources du terrorisme qui s’était abattu sur les tours du World Trade Center. Il n’y avait-là , à vrai dire, qu’un raccourci. Et il est vrai qu’il était alors beaucoup plus facile d’utiliser ce raccourci que de répéter sans cesse cette longue définition, qui eût été plus juste : guerre contre un État qui protège le terrorisme (et non contre le terrorisme directement). Le problème est que de raccourci en raccourci, l’expression « guerre contre le terrorisme » a fini par signifier tout et n’importe quoi, y compris la poursuite d’individus sur le sol américain. Appeler cela une guerre, n’est-ce pas faire le jeu de nos ennemis ?
Peut-être serait-il primordial de se concentrer sur nos buts internes : stopper les départs de jeunes français en Syrie, contrôler les personnes fichées S14 (djihadistes) par l’emploi de bracelets électroniques par exemple, arrêter les prêcheurs radicaux et fermer les mosquées salafistes extrémistes.
La conclusion est de bon sens, maus le bon sens est-il partagé?
Par ailleurs, ces propos montrent combien notre organisation administrative n’est plus d’abord orientée vers l’efficacité concrète, mais gangrénée par la technocratie et la politique (au mauvais sens du terme)
Le problème est que sur ke sujet de la sécurité, les conséquences sont graves.
Le Hic c’est que Hollande est parfaitement « bankable »(cad qu’il sert des apéros et qu’il fréquente le batacan la nuit en scooter ,comme d’autres fréquentent une religion.. .LOL)Pour les djihadistes ..ce mec est presque parfait pour eux .Le parfait imbécile qu’il réfléchit pas une seconde qu’il est l’idiot utile des Djihadistes ..
Résumons rapidement cet excellent article :
– Sarkozy a joué au con en démantèlent les services de renseignement français,
– Hollande n’a fait que des conneries depuis qu’il est arrivé au pouvoir.
Ben, mon colon…
Et quand Pacte-man nous annonce son nouveau « pacte de sécurité », j’avoue que ça m’inquiète fortement, vu les succès des kyrielles de pactes plantés qu’il a instaurés en France depuis son arrivée.
Pas un seul n’a fonctionné…
Vous vouliez dire que sarkozy a plus fait gagner du temps aux services que Pacte man a plus fait perdre son temps aux services .. , je vais pas vous contredire .
Mettre fin à l’influence qu’exerce l’islam radical serait un bon début…Donc couper les financements de l’Iran ou du golfe qui fiancent l’islam radical…
Et expulser tous les imams extrémistes.
à long terme : construire 20 000 places de prison pour y limiter la radicalisation.
Interdire le salafisme et désarmer les banlieues en s appuyant sur l Etat d urgence
http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/11/23/31003-20151123ARTFIG00180-comment-le-salafisme-progresse-en-banlieue.php