Par Jean-Baptiste Noé.
Frédéric Rouvillois a entrepris de décaper la République. Cette dame de 223 ans est régulièrement repeinte aux couleurs de ses valeurs proclamées : laïcité, éducation pour tous, égalité, démocratie, ouverture… L’auteur constate que le discours politique ne cesse de revendiquer la république et de multiplier les références à cette chose, sans réellement la définir. On promeut ainsi les banquets républicains, les marches républicaines et les valeurs républicaines. Imagine-t-on pour autant des valeurs monarchiques ou des marches monarchiques pour dire « Je suis Charlie » ? Or, si le discours se réfère à la République, le terme n’est jamais réellement défini. De même, ceux qui le pratiquent se rattachent à une République statufiée, idéale et intemporelle, alors même que l’idée de République en France est évolutive : celle de 1792 n’est pas celle de 1848 ou de 1880.
Au crible de cette analyse, République devient un label creux et un concept vide. En juriste qu’il est, Frédéric Rouvillois étudie les textes, les discours, les références et il constate que la République a surtout édifié un mythe auquel elle essaye de se rattacher, sans que ce mythe soit réel. La construction est totale et la réalité fluctuante. Il en va ainsi de l’éducation, qui n’est pas spécifiquement républicaine, ou de la laïcité, dont le concept est neuf dans l’histoire de la république et date en fait des années 1950. République est un terme à la fois creux et sacré. On ne touche pas à la République, et nul n’oserait se dire non républicain. Un terme sacré auquel on ne touche pas, mais qui ne repose sur aucun fondement historique ou philosophique ; un terme incantatoire qui essaye de rassembler les Français autour d’une foi commune, celle de la foi républicaine.
Pourtant, après l’analyse précise de Frédéric Rouvillois, il ne reste plus grand-chose de ce concept. La République apparaît dans ce qu’elle est : un mot creux, dénué de fondement politique, qui est surtout une construction intellectuelle permanente pour tenter de cacher les trous et les vides.
- Frédéric Rouvillois, Être ou ne pas être républicain, Éditions du Cerf, octobre 2015, 238 pages.
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Vu les dérives idéologiques et politiques actuelles, il est difficile de croire réellement que la République signifie encore quelque chose.
-Liberté? les textes de lois s’alourdissent chaque jour, s’empilent sans jamais faire le ménage du passé. La liberté d’expression, soi-disant imprescriptible, est inexistante, car encadrée au fil des modes idéologiques, elle n’est plus sacrée, mais à géométrie variable.
– Egalité? elle n’existe plus, remplacée par les castes, les réseaux, l’argent, le pouvoir, l’idéologie, le statut.
– Fraternité? oui, elle existe encore, mais de plus en plus remplacée par l’assistanat doctrinaire avec tous ses effets pervers.
Bjr , j ‘abonde complètement dans votre sens !
Meme la fraternité n’existe pas car elle devrait reposer sur le consentement mais a été remplacée par le fraternité obligatoire avec des gens dont je n’ai nulle envie d’être solidaire ni fraternel ‘ ( c’est mon droit ) !
J’ai toujours trouvé que la fraternité n’avait pas sa place dans la devise, pourquoi pas l’amour tant qu’ils y sont. Non les individus avec qui j’établirais une relation fraternel seront ceux de mon choix et uniquement ceux ci. la devise française aurait du être : liberté, égalité, responsabilité
Le problème est que tout le monde a sa conception personnelle de la liberté, l’égalité, la fraternité.
Ainsi, au final, si c’est cela qui défini la République, alors oui, nous sommes tous républicain
En bon belge, les références à la Rrrrépublique en France m’étonnent tous les jours 😉
Parce quel Belgique est une monarchie ? Faut pas. La « République » en France a son « monarque républicain » (l’oxymore est assumé) doté de nettement plus de pouvoir que le roi des belges ; le fait qu’il soit élu pour un temps limité et qu’on l’appelle officiellement « président de la République » n’a pas d’importance.
J’ai mes propres valeurs, transmises par mes parents et qui s’appuient sur le Droit naturel. Les valeurs de la République, connais pas et je m’en porte très bien.
En 1974, on avait Les mots bleus. En 2015, on a les mots creux pour meubler quand on a rien à dire.