Qu’est ce que le libéralisme économique ?

Le libéralisme économique s’inspire de la même philosophie que le libéralisme social ou politique. Il n’y a pas deux libéralismes mais un seul.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 2

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Qu’est ce que le libéralisme économique ?

Publié le 2 septembre 2023
- A +

Alors que la liberté d’expression et plus généralement les libertés civiles sont plébiscitées par les Français, le libéralisme économique, quant à lui, continue de susciter la suspicion, voire le rejet chez la plupart des gens, y compris à droite.

Ce terme est en effet connecté à des questions difficiles comme la mondialisation, le profit, les délocalisations, la loi du plus fort, etc., et génère des sentiments négatifs comme la peur ou l’envie.

 

Pour pallier les défauts d’un libéralisme « débridé », l’État apparaît comme le moyen d’en soigner les maux. Mais la régulation étatique présente un défaut majeur par rapport au libéralisme : elle est beaucoup moins réaliste. La philosophie libérale ne promet pas une société parfaite et ne prétend pas offrir des réponses idéales aux défis qui se posent à nous. Au contraire, partant de l’observation que nous ne sommes ni omniscients ni forcément vertueux, les solutions libérales offrent simplement davantage de flexibilité et de garde-fous. Cela permet de construire des sociétés qui, sans être parfaites, peuvent prospérer.

Évidemment, cela peut paraître moins attrayant d’offrir des solutions raisonnables et flexibles que d’offrir des solutions supposées idéales et parfaites.

Là est une première impression dont il faut impérativement se libérer, car comme nous le disent de nombreux psychologues, c’est le moyen le plus sûr de créer son propre malheur, voire de tomber en dépression. On peut d’ailleurs se demander si la forte consommation d’antidépresseurs en France n’est pas d’une façon ou d’une autre liée à cette recherche inaccessible de la perfection. C’est bien connu, chercher à obtenir quelque chose qui par définition est impossible à avoir ne peut que susciter frustration, colère et finalement apathie.

Or, le mépris pour la liberté dans le domaine économique provient certainement, et au moins en partie de la croyance en un État parfait qui saurait trouver les solutions idéales à tout problème posé.

Il suffit de voir la façon dont a été abordée la énième réforme du collège. Plutôt que de considérer que l’Éducation nationale a avant tout besoin de diversité, la nouvelle réforme impose à tous les collèges de France des programmes modifiés qui ne peuvent évidemment pas convenir à tous. Pourquoi décider de supprimer certaines disciplines – latin, grec, première langue – qui, à défaut de convenir à tous, intéresseront certains élèves.

De même, en matière de santé, conformément au vaste mouvement engagé dans les années 1990, le système perd de plus en plus de flexibilité au fur et à mesure que le pouvoir est concentré au sein des Agences régionales de santé publique.

 

Or, justement la société française souffre avant tout de son État qui à force de croître à tort et à travers, d’intervenir pour un oui ou pour un non, empêche les autres institutions concurrentes de jouer leur rôle et les individus d’exprimer leurs choix, d’être en contrôle de leur vie.

Ces institutions, de la coopérative fondée sur l’autogestion, à l’entreprise, à la famille, aux syndicats, en passant par les associations sans but lucratif ou autres mutuelles, ont vu leur rôle diminuer au fur et à mesure qu’on avançait dans le XXe siècle.

Ce modèle institutionnel concurrentiel – défendu par des économistes français comme Bastiat, Comte ou Dunoyer, ou encore le prix Nobel 1974 Friedrich Hayek – est le type même du choix libéral.

Il reconnaît simplement qu’aucune institution n’est parfaite et capable à elle seule de résoudre les myriades de problèmes qui se posent à nous quotidiennement. C’est en quelque sorte un choix humble et pragmatique. Nos sociétés complexes ont un défi à surmonter, elles ne peuvent pas fonctionner sur le modèle de la tribu où tout le monde se connaît. Elles ont besoin d’outils sophistiqués comme l’institution de la propriété, qui génère la responsabilité, ou encore le système de prix.

Ces derniers sont essentiels à ce qu’on appelle le calcul économique, sans lequel le risque est de gaspiller les ressources de façon incommensurable. Or, justement, au fur et à mesure qu’une société s’étatise, les prix perdent de leur substance et se révèlent incapables d’orienter intelligemment l’allocation des ressources. La sphère publique chargée de multiples objectifs souvent contradictoires s’éloigne des conditions réelles du marché et donc d’une gestion parcimonieuse des ressources. Dans le secteur public, les décisions sont prises par des individus qui n’assument pas patrimonialement les erreurs. La mise en place d’impôts supplémentaires peut permettre d’éponger les erreurs, ce qui limite fortement l’incitation qu’il y a à faire un usage efficace des ressources.

Il est temps de comprendre en France que le libéralisme économique s’inspire de la même philosophie que le libéralisme social bien compris. Ses solutions ne sont pas parfaites, mais elles créent un cadre institutionnel flexible et responsable qui favorise l’adaptation aux conditions réelles de l’existence.


Sur le web

Un article publié initialement le 4 décembre 2015

Voir les commentaires (16)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (16)
  • En quoi la propriété serait-elle un « outil sophistiqué » ? Un enfant de 6 mois réagit quand on lui pique son jouet et dès qu’il sait parler il va dire « nan, c’est à moi ». Ce qui ne va pas l’empêcher de le prêter ou même de le donner à son copain. En fait le libéralisme c’est simple et de bon sens et pas amoral pour 2 sous. A-t-on jamais vu un parent prendre le jouet que le Père Noël vient d’offrir à son enfant pour aller le donner au fils du voisin au motif que celui-ci serait « défavorisé » ? Alors pourquoi l’Etat le fait-il ?

    • Parce que l’Etat transforme ce qui serait un crime pour n’importe quel individu en vertu quand c’est lui qui le commet.
      C’est magique !

  •  » La philosophie libérale ne promet pas une société parfaite et ne prétend pas offrir des réponses idéales aux défis qui se posent à nous »

    Patatra …. J’ai arrêté là : l’article commençait bien mais c’est tout d’un coup suicidé en grande pompe.

    Il faut arrêter de voir le libéralisme comme une réaction au socialisme ou comme un machin inconsistant qui bricole des solutions pour rendre les choses moins pires.

    Ce que n’est pas non plus le libéralisme « sociétal » qui n’est absolument pas la licence régulée par l’Etat que la majorité des Français pensent qu’est la liberté « qui consiste à faire tout ce qu’on veut sauf ce qui est interdit …. »

    Le libéralisme est une méthode politique et économique, elle repose juste sur un certain nombre de principes que les Français ne sont pas prêts d’entendre parce qu’ils ne sont pas du tout dans leur culture et que l’Educnat leur a farci la tête de vérités universelles pré formatées.

    L’objectif du libéralisme est une société parfaite dans le sens où elle vit et n’est pas figée dans une image d’Epinal comme peuvent l’être les utopies, les affiches publicitaires des politiques. C’est une société en mouvement donc exactement l’inverse du monde des bisounours : c’est une société qui propose des solutions idéales parce qu’efficaces et vraies, contrairement aux fanfaronnade des promesses qui ne sont jamais réalisées.

    Il faut arrêter de jouer les Calimero …

    -3
    • Bon. Et sinon vous lisez des livres en entier ou vous arrêtez votre lecture dès que votre lecture ne correspond pas à ce que vous pensez ?
      Quel crédibilité accorder à un commentateur de l’article qui avoue ne pas avoir lu l’article ?
      C’est bien de se confronter aux arguments de l’adversaire, plutôt que de geindre et se plaindre « c’est vraiment trop injuste, ce n’est pas ça le libéralisme ». de ce qu’on n’a pas lu.
      Tenez, je vous mets citation d’un caliméro que j’aime beaucoup, vous comprendrez l’allusion :

      « Le seul vrai et grand débat est celui qui doit opposer les défenseurs d’une vision humaniste du libéralisme aux constructivistes de tous partis et de toutes origines intellectuelles. »
      Pascal Salin.

      • Je vous fait peut être un mauvais procès en constructivisme mais dans ce cas, évitez de parler de société qui propose des solutions idéales, on serait aux antipodes du libéralisme là hein.

  • Parce que vous croyez que les antilibéraux adhèrent au libéralisme social ?
    Vous rêvez. Ils peuvent être (et sont souvent) socialement licencieux, mais socialement libéraux, jamais.
    Ils ont parfaitement compris que « le libéralisme économique s’inspire de la même philosophie que le libéralisme social.  »
    Si ils attaquent le premier, c’est bien pour détruire le second.

  • Quand Thatcher ou Reagan défendent le libéralisme économique mais se montent plus récalcitrants sur le libéralisme social, on les considère malgré tout comme étant des libéraux.

    Quand un bobo défend le libéralisme social mais se montre plus récalcitrant sur le libéralisme économique, il est immédiatement disqualifié, on le considère directement comme étant antilibéral.

    Une belle hypocrisie tout ça.

    -1
    • gné ? qui est ce « on » qui, soi disant, « considère malgré tout comme étant des libéraux » Thatcher ou Reagan ?

      Et je n’ai jamais vu un bobo défendre le libéralisme social, en tout cas pas sans l’assortir d’une clause qui est sa négation même, un « mais » qui vide de toute substance la liberté hautement proclamée, ou un « yfôke » en forme d’injonction aux autres qui transforme cette liberté en privilège ou en licence.

    • En fait, eux mêmes se considèrent comme antilibéraux. Les bobos disent clairement qu’ils haïssent le libéralisme.
      Et non, ils ne sont pas libéraux societalement parlant. Exemple pour l’avortement, ils veulent que l’état prenne en charge cela. C’est antilibéral comme attitude. Ils utilisent l’état pour transformer la société selon leur idéologie. Ils ont comme but de transformer la société selon leur idéologie. Il suffit de voir leurs attitudes envers leurs opposants (attitude que l’on peut qualifier de fasciste) pour comprendre qu’ils n’ont rien de libéraux

    • Ils veulent que toutes leurs associations (lgtb, féministes, antiracistes,….) reçoivent des subventions de l’état. En quoi c’est libéral comme attitude ?

    • Un bobo qui défend le libéralisme social … vous devez confondre libéral et libertaire

      http://www.contrepoints.org/2013/12/11/149440-deux-conceptions-de-la-liberte-par-isaiah-berlin

    • Bin c’est assez simple.
      Les gauchistes sont libéraux avec leur propriété et socialistes avec celles des autres.
      Le libéralisme social ou économique je ne sais pas ce que c’est, en bon libertarien je ne découpe pas la liberté et je fais ce que bon me semble avec ce qui m’appartient et absolument rien avec ce qui ne m’appartient pas.

      • Tout échange libéral est une intrusion mutuellement consentie dans la propriété d’un autre.
        En parcourant un axe comportemental qui va de la prédation à la symbiose en passant par le parasitisme, vous allez du communisme, au libéralisme en passant par le socialisme.
        En démocratie le parasitisme est un puissant attracteur, trou noir qui dépeuple le microcosme libéral.

    • Vous savez, je suis anarcap, le pire de ce que vous pouvez imaginer en terme de libéraux. Lorsque je donne de MON temps ou de MON argent pour aider les défavorisés je ne me transforme pas en socialiste.
      Lorsqu’ un socialiste effectue un échange libre avec son boulanger pour obtenir un pain au chocolat ou une chocolatine ( ne froissons personne ) cela ne le transforme pas en libéral.
      Et une fois de plus, le libéralisme social c’est quoi ?

  • Il est décevant de constater une offre politicienne audible très éloignée des libertés en économie, même après 3 ou 4 ans de matraquage fiscal ! Mais ces politiques publiques ont commencé en 1974 et se sont aggravées depuis 1981 !

    Le tripartisme va-t-il ouvrir un espace politique pour les libertés économiques ? RDV après les régionales pour y voir clair.

    ps
    si l’offre libérale n’est pas audible c’est qu’il lui manque des medias grands publics. Merci le CSA !

  • « Alors que la liberté d’expression et plus généralement les libertés civiles sont plébiscitées par les Français » eh???

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Infatigable critique de l'intolérance, Nicolas de Condorcet était préparé à soutenir la liberté quand son ami Turgot accéda au Contrôle général des finances. Dès lors, la carrière de Condorcet prend un tournant et il s’insère dans le débat économique, soutenant inlassablement les réformes libérales du nouveau ministre. Favorable à la concurrence, à la liberté du commerce, Condorcet réclamait aussi la suppression des corvées, des corporations, et la juste répartition des impôts...

https://youtu.be/2Acb4hqvw54

Article paru initial... Poursuivre la lecture

Par Alexander C. R. Hammond et Gale L. Pooley[1. Gale L. Pooley est économiste, professeur associé à la Brigham Young University de Hawaï.], depuis les États-Unis.

 

Avec les chaleurs de l'été, il peut être utile de nous intéresser à la climatisation, cette invention qui nous permet d’échapper à la chaleur estivale, d’habiter dans des endroits auparavant invivables, d’augmenter notre productivité au travail et d’éviter à des millions de gens d’être frappés mortellement par la canicule. Elle est utilisée par des centaines de... Poursuivre la lecture

Dire que Joseph Stiglitz, lauréat du prix Nobel d'économie qui enseigne aujourd'hui à l'université de Columbia, s'oppose au marché libre est un euphémisme. Il n'est pas favorable à une planification centrale complète, nous dit-il, mais souhaite un équilibre entre les mécanismes de marché et les mécanismes non marchands. Cependant, lorsqu'il s'agit de ses propositions concrètes, le marché semble toujours, à ses yeux, déficient. En effet, son titre fait consciemment écho à La route de la servitude (1944) de Friedrich Hayek, mais alors que Hayek... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles