Par Vincent Delhomme.
Paisible bourgade luxembourgeoise d’à peine plus de 4000 âmes, Schengen dispute aujourd’hui à Bruxelles le titre de ville la plus honnie d’Europe. Son crime : avoir accueilli la signature, le 14 juin 1985, des accords du même nom, qui jetaient les bases d’un espace européen de libre-circulation des personnes entre le Benelux, la France et l’Allemagne. Trente ans plus tard, l’espace Schengen rassemble 26 pays européens et reste l’une des constructions phares de l’Europe politique. Trente ans plus tard, il est plus menacé que jamais.
Schengen subit deux crises de plein fouet. Il plie sous le poids d’un flux de réfugiés qui ne se tarit pas et se retrouve confronté à la menace de terroristes djihadistes qui n’hésitent plus à passer les frontières pour commettre leurs attaques. Il n’en fallait pas plus pour que Schengen, symbole du démembrement organisé des frontières et de l’utopie mondialiste, se retrouve une nouvelle fois à porter la responsabilité de crises dont il n’est nullement à l’origine. Il en a l’habitude. La différence cette fois-ci, c’est que personne ne se presse pour prendre sa défense.
Il y a bien longtemps que Schengen est la cible des diatribes de l’extrême-droite. C’est bien normal, il représente toutes les valeurs qu’elle combat. Plus récemment, c’est la droite républicaine qui décidait de concentrer ses feux sur lui. Nicolas Sarkozy en avait fait un de ses thèmes de campagne en 2012, voilà que le héraut de la droite Buisson annonce tel un oracle « Schengen est mort ! ». Même Manuel Valls menace d’une remise en cause du système si des dispositions ne sont pas prises rapidement pour palier ses lacunes.
Schengen vit donc ses derniers jours sans personne pour le sauver. Accusés d’angélisme et d’idéalisme, ses défenseurs sont comme muets, pétrifiés. Il est donc temps de faire l’éloge de Schengen et de montrer qu’il n’est en rien responsable des maux dont on l’accuse, mais fait au contraire partie des solutions à y apporter.
À quoi sert Schengen ? C’est d’abord un succès quotidien. Il simplifie la vie de millions de citoyens européens, travailleurs frontaliers ou voyageurs fréquents et contribue considérablement au développement des échanges économiques intra-européens. Dans la région Grand Est de M. Philippot, ce sont plus de 100.000 personnes qui passent les frontières chaque jour pour aller travailler. Elles, et des milliers d’autres seraient les premières victimes de la fin de Schengen.
Schengen n’est pas l’utopie d’une Europe sans frontières ouverte aux quatre vents. Le corollaire à la libre circulation a toujours été un renforcement des frontières externes du continent. On mesure aisément les bénéfices qu’il y aurait à une véritable gestion partagée de nos frontières communes, avec une mutualisation des hommes et des moyens, plutôt qu’une défense solitaire et terriblement inefficace de nos seules frontières nationales. Schengen contient cette promesse, mise en échec par le refus obstiné des États à faire les efforts nécessaires et assumer l’abandon de souveraineté qu’elle nécessite.
Sans Schengen, notre pays ne serait pas plus sûr. L’idée d’une France claquemurée n’est pas seulement indésirable, elle est irréaliste. Nous n’allons pas nous retrancher derrière des barbelés, ériger un mur, ni poster un douanier à chaque mètre de notre frontière, et ce ne sont pas des contrôles qui arrêteront les réfugiés ou les terroristes. Nulle frontière n’est imperméable, pas même celle de l’État le plus autoritaire.
Mais avant tout, il faut assumer et défendre la part d’idéal portée par Schengen : celle de la liberté d’aller et venir des individus sans préjudice de leur passeport, celle de la construction d’un espace commun et d’une souveraineté partagée, celle de la coopération dans les domaines où les réponses nationales ne sont plus adaptées, celle de l’affirmation d’une véritable citoyenneté européenne, celle du rapprochement des peuples, celle du week-end à Amsterdam et du premier job à Genève.
Schengen symbolise pleinement ce qu’est l’Union Européenne au début du 21ème siècle : un formidable espace de libertés et la promotion du multilatéralisme comme réponse aux défis internationaux. À l’heure où 195 pays signent un accord historique pour le climat, quel message enverrions-nous au monde en le laissant périr ?
Faisons donc de Schengen le symbole de nos valeurs et de notre espoir comme nos adversaires en font le totem de leur détestation. Faisons l’éloge de Schengen !
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Bonjour
J’ai passé des frontières européennes avant schengen, et il n’y avait aucun contrôle systématique, donc la circulation était déjà aisé.
Non les choses ont changé depuis, notamment sur l’installation à l’étranger et y trouver du travail : Règles communes et moins de paperasse. Une merveille.
Laissez le passé là où il appartient : Le passé !
Merci pour cet article, Schengen et l’UE auront fait quelque chose de fantastique avec ça. En tant qu’étudiant qui a voyagé et réalisé des stages à l’étranger j’ai pu en percevoir tous les avantages et je dois dire que c’est merveilleux.
Il faut vraiment être fermé, replié sur soi et limite xénophobe pour s’y opposer.
Un très bel accomplissement.
La liberté se réduit-elle à la facilité à se déplacer?
Ceux qui sont contre Schengen devrait être envoyer dans un centre de reéducation voire de concentration……
En d’autres termes, un bon nombre de Français sont fermés, repliés sur soi et limite xénophobe.
J’ajouterai pétri de panique et pleurnichant que Maman Etat monte un mur autour d’eux pour les protéger.
Vincent Delhomme est étudiant , il a encore quelques illusions , par exemple la lecture littérale d’un traité en ignorant les faits réels et dérangeants entourant ledit traité …
la question est :
jusqu’où l’étendre? A la frontière turc? à la Russie? au-delà ?
le principal problème est:
des règles d’accueil différents d’un pays à l’autre.
Dans tel pays aucun droits sociaux, mais un droit de travail; dans tel autre, pas de droit de travail pour le clandestin mais pleins d’aides….
Ainsi, il existe un risque de sélection des migrants, sur des critères qui ne nous sont pas favorables:
pour faire simple, ceux qui veulent(ou peuvent) bosser vont en angleterre ou en allemagne. Les autres vont en france.
On ne peut pas réduire nos libertés, notamment celles des jeunes, juste par peur des immigrés, c’est à la France de s’adapter en changeant un modèle en déroute, pas Schengen.
Et d’ailleurs concernant les immigrés Syriens ils se pressent pas massivement pour venir ici, les allocations ont pas l’air de les tenter.
@Akashi
Je ne dis pas le contraire et suis assez d’accord.
Malheureusement, depuis longtemps nos socialistes de tout bord s’obstinent, d’autant plus que cela va mal, à aller dans le sens du « modèle en déroute » .
http://www.tdg.ch/reflexions/politiciens-semblant-voir-migrants-evitent-france/story/17736448
Dans quel pays est-ce que les clandestins ont le droit au travail ? Dans quel pays ont-ils droit à « plein d’aides » ?
Epargnez-nous, de grâce, les poncifs sur le climat .
D’autant que le climat n’a pas besoin d’accord pour se ficher des frontières
et des actions humaines .
Botter en touche les critiques concernant « l’espace Schengen » parce qu’elles seraient d’extrême droite ou droitière est « léger ». Vous avez raison sur les « mouvements de menton » démagogiques …
Les frontières ne sont pas à détester par principe ou par angélisme.
Elles peuvent fermer un « espace autoritaire » ou protéger un espace de liberté.
En l’occurrence les frontières de  » l’espace Schengen » ne remplissent pas pleinement les missions de protections de ce dit « espace » en matière de sécurité, de contrôle des trafics illégaux , de contrôle des flux migratoires etc .
Si l’on veut que le « bébé Schengen » ne soit jeté avec l’eau du bain il faut traiter des problèmes .L’Europe n’est pas le seul résultat d’un « ordre spontané » avec un ou des états réduit aux simples fonctions régaliennes et le Monde souvent encore moins. La société ouverte à des ennemis qui ne se cantonnent pas aux discours .Si nous voulons garder une fluidité économique et un plaisir de voyager sans contrôle en Europe il faut protéger efficacement cet espace pour tous les habitants et non pas seulement les privilégiés ( souvent les spolieurs ) .Ces désordres permettent aux « étatistes » de légiférer contre nos libertés. Il faut trouver une gestion des frontières qui garantissent à tous les états membres de l’Union les « meilleures mesures possibles » quand à leurs exigences. Mesures qui peuvent ensuite être accompagnées dans chaque état de dispositions supplémentaires conformément aux choix des populations(mêmes si ces choix nous déplaisent. Le déni et le mépris du choix des peuples conduit souvent à bien pire que ce qu’auraient pu occasionner ceux-ci ) . Le financement des aspects collectifs des dispositions doit être assuré part l’ensemble de l’union .
Sans un réel contrôle des frontières « l’espace Schengen » risque de disparaitre ou devenir un espace de « moindre droit »(il faut faire confiance en cela à nos « élites »), de moindre sécurité et liberté (bienvenue les démagogues et les autoritaires)
.Les frontières participent à fonder ( dans un monde imparfait mais perfectible)
l’état de droit qui protège la propriété, les libertés, l’agir humain .
Éloge de Schengen, certes mais pas de l’union européenne dont les dirigeants (non élus) ont toujours 3 coups de retard sur l’évolution de nos sociétés et de nos économies.
La Suisse ne fait pas partie de l’UE et pourtant les frontières y sont ouvertes.
Moralité : Schengen n’est qu’un faire valoir politicien.
Et la menace de l’enfer si on l’abolit est la même que celle du Père Fouettard !
Afrique deux miliard d’hommes en 2050 quatre sans doute en deux mille cent
Comment fait -t-on?
Merkel nous pomet deux millions d’immigres clandestins en 2016
Comment fait-t-on?
J’apprécie moi aussi de pouvoir me déplacer librement et suis convaincu comme vous que c’est bénéfique pour l’économie.
Mais :
Vous le dites vous même : « Le corollaire à la libre circulation a toujours été un renforcement des frontières externes du continent »
De ce point de vue, Schengen est un échec complet. Et tant que ce sera le cas (et ça risque de l’être encore longtemps), la plupart des gens ne retiendront que cet échec et ses conséquences en terme de sécurité.
Vous parlez de l’Europe « du week-end à Amsterdam et du premier job à Genève ». Cette Europe n’existe que pour une petite partie de la population, très schématiquement urbaine et diplômée.
Or une grande partie de la population ne se retrouve pas du tout dans ces critères. De larges zones (là aussi grosso modo, la France péri-urbaine et une partie de la France rurale) sont complètement exclues de cette Europe.
Et comme par hasard, c’est là où le vote FN (qui est un vrai révélateur des préoccupations d’une partie des Français) est le plus élevé.
Tant qu’aucune réponse ne sera apportée à ces deux points, Schengen sera constamment attaqué.
C’est une (aimable) plaisanterie ?
Si Schengen disparait une autre convention signée sur autre lieu pourrait être mise en application.
Schengen c’est Schengen. L’Europe à 26 pays a du mal à fonctionner ( la zone euro et son économie…..).
vis aux autistes : l’UE telle que l’on la connue est morte. Schengen est un cadavre en voie de putréfaction.