Par Dominique Mercier.
Force est de constater l’échec de François Hollande pour réduire le chômage des jeunes. La situation ne s’est en effet pas améliorée depuis 2012, avec toujours près de 2 millions de jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni en emploi, ni scolarisés, ni en formation. Et ce, malgré les différents dispositifs mis en œuvre : contrats d’avenir1, contrats de génération2 et emplois francs3. À l’inverse, on sait que l’apprentissage, cursus qui alterne formation dans un centre de formation et formation pratique en entreprise, est un moyen efficace de lutter contre le chômage des jeunes. Cela se constate dans les chiffres, comme on le voit dans le tableau ci-dessous, qui donne les taux d’emploi des diplômés de CAP-BEP, de bac professionnel, de bac technologique et de BTS-DUT pour ceux sortant de lycée et pour ceux sortant d’apprentissage. Selon le cursus choisi, l’apprentissage augmente les taux d’emploi de 13 à 20 points :
Malheureusement, aujourd’hui, quoique en légère hausse, l’apprentissage reste peu développé en France, loin derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni. Si le taux légal d’embauche des apprentis est de 4% de la masse salariale, la moyenne globale est de 2,5% car seules 12% des entreprises respectent le quota. La pénalité pour les entreprises qui ne le respectent pas est effectivement peu dissuasive, mais ces chiffres prouvent surtout que le dispositif n’est pas suffisamment incitatif en lui-même.
Il y a évidemment des freins non financiers au développement de l’apprentissage : programme peu attractif à la fois pour les entreprises et les apprentis, quasi-illettrisme chez de nombreux jeunes, Éducation nationale hostile, etc. Ces freins nécessiteraient des réformes d’ampleur, comme c’est le cas aujourd’hui au Royaume-Uni. Mais il y a également en France des freins financiers et administratifs, freins tout aussi importants mais dont la réforme parait davantage possible à court terme.
Pour se convaincre de cette complexité, il suffit de regarder le tableau ci-dessous résumant les bénéfices et contraintes financières pour une entreprise qui recrute un apprenti. On constate que le calcul peut parfois être complexe pour savoir s’il est intéressant ou non d’embaucher un apprenti, alors même que nous avons seulement mis les éléments principaux.
D’une manière plus globale, le schéma ci-dessous donne la vision d’ensemble du financement de l’apprentissage en 2010. Comme on le voit, le système français d’apprentissage est caractérisé par un grand nombre de parties prenantes :
– l’Éducation nationale,
– les régions,
– les chambres de commerce,
– l’État,
– les organismes collecteurs de la taxe d’apprentissage (OCTA),
– les branches,
– les entreprises,
– etc.
Ce schéma montre la complexité d’un système qui occasionne nécessairement des frais de gestion importants, à la fois pour les entreprises et pour l’État, et finalement des gaspillages, donc un financement peu efficace de l’apprentissage où tout le monde est perdant. Le graphique ci-dessous date de 2010 mais les choses ont peu changé depuis :
Conclusion
Il apparait donc urgent de simplifier le système, pour le rendre plus lisible et attractif pour les entreprises. Face à cette persistance d’un fort taux de chômage des jeunes et d’un faible taux d’apprentis en France, la classe politique parait d’autant plus coupable que l’apprentissage est vu favorablement par une majorité écrasante de Français :
- l’apprentissage est vu par 89% des Français comme une mesure efficace pour lutter contre le chômage des jeunes ;
- 85% des Français font davantage confiance à un soutien des formations de type apprentissage ;
- 93% pensent également que le gouvernement devrait augmenter son soutien aux entreprises qui recrutent des apprentis.
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Lire sur Contrepoints notre rubrique apprentissage
- Ce type de contrat, financé à 75% par l’État, a été utilisé en 2014 par 187.000 jeunes peu ou pas diplômés, qui ont ainsi été embauchés pour trois ans par une collectivité ou une association. ↩
- Prime de 4.000 euros pour l’embauche d’un jeune en échange du maintien dans l’emploi d’un senior. ↩
- Pour les jeunes de zones défavorisées ↩
La simplification, un mot banni par les bureaucrates ; les décideurs politiques naviguent à vue et sont adeptes du comprimé qui calme et du pansement qui cache la plaie. Les deux font la paire.
Le choc de simplification venant de l’intérieur je n’y crois plus.
ce raisonnement sur l’apprentissage me semble partisan. Combien d’apprentis arrivent au terme de leur formation? par exemple en hôtellerie, c’est 50%. Par ailleurs l’apprentissage correspond à un emploi salarié, quelle entreprise embauche un apprenti si elle n’embauche pas de salarié, voire si elle en licencie?
C’est un bon moyen de formation, il est complémentaire à d’autres formations, il doit l’être davantage notamment entre enseignement professionnel et apprentissage, il revient aux Régions et rectorats d’établir cette complémentarité.
J’ai visité durant 40 ans des entreprises et des institutions pour vendre du bois et des matériaux dont je connais bien et l’apprentissage et le bâtiment et la valeur des formations. L’apprentissage s’est enrayé lorsque l’école est devenue obligatoire jusqu’à 16 ans et que l’apprentissage n’est pas du domaine scolaire alors que son appartenance à l’éducation nationale l’a condamné. Donc apprentissage dès 14 ans par des maitres artisans et financement par les chambres consulaires qui doivent remplacer pôle emploi. A chacun son métier et les vaches seront bien gardées
monsieur Vignello méconnaît l’apprentissage il n’est pas le seul. L’apprentissage ne dépend pas de l’éducation nationale, l’éducation a juste une obligation de contrôle des contenus pédagogiques et donc de la qualité des formateurs à leur embauche.
Par ailleurs, il existe des dispositifs qui permettent à certains de démarrer l’apprentissage à 15 ans, et même moins si le jeune a fait sa classe de troisième ou s’il relève d’un projet éducatif. La nostalgie de l’apprentissage à 14 ans est une vieille affaire qui date de la loi De-Gaulle Berthoin de 1959 mise en oeuvre en 1967 : le collège pour tous et l’école obligatoire jusqu’à 16 ans. Juste un rappel dans les années 60 il y avait environ 300 000 apprentis qui n’avaient droit qu’à une centaine d’heure de formation(CCi, CM et CA) désormais on compte 424 000 apprentis à tous les niveaux qui disposent de 600 à 850 heures/an de formation cofinancées par les Conseils régionaux et les branches pro.
Il n’empêche que beaucoup de petites entreprises se plaignent du faible niveau de formation initiale et professionnelle de leurs apprentis. J’en ai entendu plusieurs dire qu’ils n’en prendraient plus. Pourquoi? Il faudrait répondre à cette question avant de lancer des grands plans. Une partie de la réponse est bien sûr dans cet article.