Le bitcoin aide-t-il vraiment le terrorisme ?

Les banques ciblent régulièrement Bitcoin accusé de servir aux terroristes. A raison ou pour des motifs moins avouables ?

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Le bitcoin aide-t-il vraiment le terrorisme ?

Publié le 11 janvier 2016
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Par Benoît Moreau.

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Faites entrer le bouc émissaire

« Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage. » Molière, Les Femmes savantes (1672)

Qui veut se débarrasser de Bitcoin, l’accuse de financer le terrorisme.

Aussi infâme soit-elle, cette politique de diabolisation n’a rien de surprenant. Comme l’a très bien décrit le philosophe René Girard, lors des situations de crise, la traque et le lynchage d’une victime expiatoire est un procédé auquel ont recours toutes les sociétés humaines depuis des millénaires.

Au XXIe siècle, cette recette fonctionne encore à merveille !

Pour s’en convaincre, il suffit de lire le dernier article de Michel Castel, ancien directeur à la Banque de France :

  • un titre anxiogène : « Financement du terrorisme : les dérives des monnaies virtuelles ».
  • une date de publication tristement opportuniste : le 20 novembre 2015, soit une semaine exactement après les attentats de Paris. Alors que les familles et les proches des victimes sont encore en deuil et que tous les Français sont choqués par cette tragédie.
  • un contenu alarmiste et accusateur. Des arguments d’autorité, aucune preuve.

 

Tous les éléments sont là pour désigner un bouc émissaire à la vindicte populaire. Étudions cet article plus en détail.

 

The bullshit asymmetry

« L’effort nécessaire pour réfuter une ineptie est toujours nettement supérieur à celui demandé pour la produire » Alberto Brandolini1

Sur quels arguments Michel Castel s’appuie-t-il pour accuser les monnaies virtuelles de financer le terrorisme ?

Eh bien, je n’en ai pas la moindre idée ! Pourtant je peux vous certifier que j’ai lu son article plusieurs fois !

Michel Castel a certes des opinions et il nous les livre tendrement : Bitcoin c’est mal, ça sert « souvent à financer le terrorisme ». Par contre, son argumentaire est très pauvre et de toute évidence, il déteste se justifier et étayer ses propos par des preuves ou des chiffres. Il préfère écrire « souvent ».

Enfin, comme s’il s’agissait de compenser un manque de rigueur par un excès de raideur, Michel possède un avis définitif sur le sujet.

Selon lui « les autorités autorisent trop souvent les monnaies privés 2 », c’est « affligeant » et ça pourrait même devenir « criminel » ! Il faut « cesser les dérives avant qu’il ne soit trop tard », il en va de la « « sécurité publique ».

Autant vous dire que cette brillante analyse n’a pas dû être trop difficile à démouler…

En revanche, pour rétablir une once de vérité et réparer les dégâts causés par ce funeste article, il faut fournir l’effort auquel s’est obstinément refusé Michel Castel. À savoir, étudier l’incidence de Bitcoin sur le financement du terrorisme avec sources, argumentation et chiffres à l’appui. Je salue tous ceux qui ont relevé ce défi, voici une petite sélection de leurs articles :

 

Comme on pouvait s’en douter, il ressort de ces différentes analyses que l’utilisation de Bitcoin par les terroristes est négligeable, ces derniers préférant de loin les monnaies traditionnelles (euro, dollar, dinar etc.) qu’encadrent pourtant nos bienveillants dirigeants.

Le contenu de ces articles est d’ailleurs indirectement confirmé par une étude du Trésor britannique du 15 octobre 2015 qui estime qu’à l’heure actuelle, les risques de blanchiment d’argent liés aux monnaies pair à pair sont faibles, en tout cas bien plus faibles que ceux liés aux méthodes traditionnelles (transferts bancaires, paiements en espèces etc.).

 

Rendre à Brutus ce qui appartient à Brutus

Par ailleurs, il convient de souligner que ce ne sont pas de dangereux adeptes de Bitcoin qui ont armé Al Qaïda, les Talibans, ou ISIS.

Ce n’est pas non plus la communauté Bitcoin qui entend exporter la démocratie au Moyen-Orient en larguant sur place des tapis de bombes.

Enfin, ce n’est pas un groupuscule de fanatiques de Bitcoin qui vend des navires de guerre à des monarchies wahhabites adeptes de la lapidation et de l’amputation en public, tout en prétendant défendre les droits de l’Homme.

Non, ce sont bien nos représentants politiques et nos fonctionnaires de la DGSE (ou d’ailleurs) qui gèrent cette habile promotion du vivre-ensemble…

Et voilà précisément pourquoi je ne tiens pas à ce que ces mêmes personnes fassent à nouveau la démonstration de leur extrême compétence et de leur altruisme sans faille en venant entraver un logiciel libre qui fonctionnait très bien sans eux jusqu’alors.

Mais il y a plus grave…

 

Exploitation des biais cognitifs et propagande

Formellement, la propagande « est l’action psychologique qui met en Å“uvre tous les moyens d’information pour propager une doctrine, créer un mouvement d’opinion et susciter une décision ».

Figurativement, la propagande c’est le terrorisme de la pensée ! C’est l’arme par laquelle on assassine l’intelligence et on massacre la connaissance à grande échelle. Et c’est malheureusement le poison de nos démocraties, ce que formule très bien le linguiste et philosophe Noam Chomsky :

« La propagande est à la démocratie ce que la matraque est à la dictature. »

Maintenant, pour mieux combattre ce fléau, il faut impérativement comprendre comment il fonctionne. Pour cela, écoutons les conseils d’un maître en la matière :

« Toute propagande efficace doit se limiter à des points fort peu nombreux et les faire valoir à coups de formules stéréotypées aussi longtemps qu’il le faudra pour que le dernier des auditeurs soit à même de saisir l’idée. » Adolf Hitler, Mein Kampf (1925)

Appliqué à Bitcoin ça donne quelque chose du genre :

 

Le message est simple, Bitcoin et les monnaies non contrôlées par l’État sont dangereuses pour la société. C’est de la monnaie de casino, l’argent de la fraude, l’argent des dealers, des terroristes et des pédophiles sur internet.

Pour en avoir la preuve, il suffit de s’intéresser aux innombrables cas d’arnaques (Mt.Gox, Gaw Miners), de vente de drogues (Silk Road), de demande de rançon (ransomware), de blanchiment d’argent (BitInstant) et de crimes divers et variés qui sont liés à Bitcoin.

Toutes ces affaires démontrent de façon incontestable le potentiel déstabilisateur et la dangerosité de Bitcoin.
En conséquence de quoi, il faut interdire ou au minimum légiférer fermement à propos de Bitcoin et de toutes ces monnaies extra-étatiques.

Il est difficile de ne pas se laisser convaincre par cet argumentaire, à plus forte raison si vous ne maîtrisez pas bien le sujet, ce qui est le cas de l’immense majorité.

  • Le message est limpide : Bitcoin est une technologie dangereuse.
  • La démonstration semble rigoureuse : il suffit d’observer l’usage qu’en font les criminels. Les faits sont là, comme autant de preuves et ils sont avérés.
  • La solution au problème apparaît comme une évidence : elle est toute simple, il faut interdire ou au minimum légiférer pour éviter toutes dérives liées à cette technologie.

 

Pourtant, nous sommes face à un terrible sophisme. En réalité, ce raisonnement n’est pas rigoureux, et c’est ce qui en fait toute sa perversité.

La propagande est dangereuse, précisément parce qu’elle est séduisante, tellement séduisante, qu’on en oublie qu’elle est fausse.

Comment cet argumentaire se joue de notre sens critique en exploitant à fond un de nos biais cognitifs.

 

L’effet de probabilité inversée

Il s’agit d’un biais de raisonnement redoutablement trompeur. Le philosophe, ancien trader et spécialiste des probabilités Nassim Nicholas Taleb parle d’erreur de flèche inversée. Le physicien Florent Tournus qualifie cette illusion logique d’effet de « probabilité inversée ».

L’erreur consiste à tirer hâtivement des conclusions d’une statistique rigoureusement exacte mais non pertinente. Tout cela sans même s’en apercevoir car la statistique qui serait utile pour porter le jugement est la statistique inverse de celle qui est donnée.

Par exemple, si je dis que 90 % des criminels utilisent Bitcoin3, instinctivement vous aurez tendance à penser que Bitcoin est dangereux.

Pourtant, aussi logique que cela puisse paraître, rien ne vous permet de tirer une telle conclusion à partir de cette seule statistique. Pour vous prononcer, il vous faudrait connaître la probabilité inverse de celle qui est donnée, à savoir : parmi les utilisateurs de Bitcoin, quelle est la proportion de criminels ? Évidemment, cette information cruciale n’est pas communiquée, et surtout elle ne peut pas se déduire de la statistique inverse bien qu’on en ait l’impression.

Si vous n’êtes pas convaincus, quelques exemples valent mieux qu’un long discours :

  • 100 % des terroristes respirent de l’oxygène ! Cela permet-il de déduire que l’oxygène est dangereux pour la société ?
  • 100 % (ou presque) des terroristes utilisent l’euro, le dollar et plus généralement la monnaie du pays dans lequel ils se trouvent. Ces monnaies sont-elles la cause du terrorisme ? En tant qu’utilisateur de l’euro, êtes-vous terroriste ou avez-vous pour projet de le devenir ?
  • La majorité des terroristes possèdent un compte en banque. Et vous ? Posséder un compte en banque serait-il dangereux ?
  • La quasi-totalité des terroristes se déplacent en voiture ou en transport en commun, utilisent internet, se servent des téléphones portables, lisent les journaux ou regardent la télévision régulièrement. Cela nous permet-il de déduire que ces comportements sont dangereux ? Faut-il les interdire ?

 

Malheureusement, l’esprit humain confond très facilement la probabilité d’un événement avec sa probabilité inverse.

En conséquence de quoi il est aisé d’assimiler l’affirmation « tous les terroristes utilisent Bitcoin » avec son inverse « tous les utilisateurs de Bitcoin sont des terroristes ». Pour faire une comparaison douloureusement d’actualité, cela équivaut à confondre l’affirmation « tous les terroristes sont des musulmans » avec son inverse « tous les musulmans sont des terroristes ».

Évidemment, de nombreux manipulateurs sans scrupules et des hordes d’idiots qui s’ignorent, jouent à fond sur ce biais pour propager leurs idées néfastes et accroître leur pouvoir sur les gens.

C’est notamment la stratégie de tous ceux qui associent systématiquement Bitcoin, la cryptographie, Internet, les jeux vidéo aux criminels dans le but d’interdire ou d’amoindrir ces technologies ou ces comportements. C’est un pur procédé de manipulation mentale qui vise à jeter l’opprobre sur quelque chose dans le but de le détruire, alors qu’un raisonnement rigoureux ne justifierait pas un tel discrédit.

Ne présenter Bitcoin, Internet et la cryptographie qu’à travers l’usage qu’en font les criminels, c’est oublier systématiquement l’immense majorité des gens honnêtes qui s’en servent et c’est faire l’impasse sur toutes les utilisations légitimes et les bénéfices qu’apportent ces technologies au plus grand nombre !

Rétablissons la vérité.

 

Rendre à César ce qui appartient à César

À force de réduire Bitcoin à un outil pour les criminels on en arrive à oublier l’essentiel : Bitcoin est une technologie d’avenir et l’immense majorité de ceux qui s’y intéressent sont honnêtes.

À l’image d’Internet ou de l’e-mail, Bitcoin est un protocole de communication entièrement libre de droits.

N’importe qui peut participer à son développement. Parmi ceux qui choisissent de s’impliquer, souvent bénévolement, il y a d’immenses cerveaux venus du monde entier. On retrouve des développeurs ayant travaillé dans les plus grandes sociétés mondiales (Google, Facebook, Amazon, JP Morgan etc.), de brillants universitaires4 ou encore des génies autodidactes au parcours atypique. Quel que soit leur âge, quel que soit leur pays d’origine, leur religion, leur couleur de peau, leur langue natale, tous ces passionnés unissent leurs efforts dans un même but. Ils cherchent à améliorer et à diffuser au maximum une technologie libre qui permet à tous les individus de la planète de s’organiser différemment pour bénéficier de services financiers moins coûteux, plus performants et sans intermédiaire ! À ce titre l’écosystème Bitcoin, c’est tout d’abord un formidable bassin d’innovation.

C’est aussi un fantastique réservoir de croissance et d’opportunités. C’est tout un secteur d’activités nouvelles qui se développe. Sur les trois dernières années les investisseurs en capital risques ont injecté plus d’un milliard de dollars dans l’univers Bitcoin / Blockchain et des centaines d’entreprises ont été créées.

Par ailleurs, l’immense majorité qui s’est emparée de cette technologie le fait pour des usages honnêtes et légitimes. Pour exemple, plus de 100 000 commerces dans le monde acceptent légalement les bitcoins, contre quelques dizaines de sites illégaux seulement.

Bitcoin permet aussi de donner à des œuvres de bienfaisance telles que La croix rouge Américaine, Fidelity Charitable (deuxième plus grosse association caritative aux USA), Greanpeace, Wikipédia et bien d’autres projets encore (Note de Contrepoints : Contrepoints également, voir cette page).

Enfin, au-delà du simple aspect monétaire, Bitcoin ouvre la voie à tout un ensemble de nouveaux services plus transparents, mieux sécurisés, automatisés et moins coûteux. Notamment grâce à la blockchain de Bitcoin, il est possible de tenir des registres notariés publics et infalsifiables à tout petit prix ; ou bien encore d’organiser des procédures de vote électronique sécurisées et vérifiables par tous. Sans parler du fait que Bitcoin, ou les systèmes qui s’en inspirent, comme Ethereum, permettent la programmation de contrats sécurisés pouvant être exécutés automatiquement par des objets connectés. En ce sens Bitcoin est merveilleusement adapté à l’internet des objets et aux usages de demain. D’ailleurs les plus grandes sociétés technologiques (IBM, Intel, Dell, Samsung) ainsi que les plus grandes institutions financières ont mis en place des groupes de travail entièrement dédiés à l’étude de cette technologie.

Pour résumer, nous sommes face à une innovation majeure, une révolution autant technologique que sociale et nous commençons à peine à en percevoir les premiers effets. Heureusement, chaque jour davantage de gens en prennent conscience. Début 2016, nous sommes quelques millions d’individus dans le monde à participer à ce mouvement.

Oublier ces millions de gens honnêtes et ne se focaliser que sur les personnes mal intentionnées, ce n’est pas seulement idiot, c’est aussi malhonnête et dangereux ! Dangereux parce que derrière cette politique de diabolisation, l’objectif des détracteurs de Bitcoin c’est avant tout de modifier le droit à leur avantage.

Laissez-moi brièvement vous en faire la démonstration avant de conclure ce long article.

 

Groupe de pression et recherche de rente

Que se passerait-il si la loi venait à interdire l’usage de Bitcoin, ou à en compliquer très nettement l’usage ?

Certaines choses ne changeront pas :

Le protocole Bitcoin continuera d’exister. Son code source est public, il fonctionne très bien depuis 7 ans, et la loi n’y peut rien changer. On ne désinvente pas une innovation qui a été largement diffusée et c’est tant mieux !

Les criminels qui ne respectaient déjà pas la loi ont très peu de chance de se mettre tout à coup à la respecter. Ils continueront donc à utiliser Bitcoin et la Blockchain si cette technologie leur est utile.

Les inspecteurs, les magistrats et les policiers ne comprendront pas mieux comment fonctionne Bitcoin si son usage est interdit ou limité. Pour comprendre cette technologie il faut au contraire s’en servir et l’étudier.

 

En revanche, toutes les personnes honnêtes qui menaient des activités légitimes grâce à Bitcoin seront fortement impactées par la nouvelle loi. Elles devront soit carrément mettre fin à leurs activités si l’usage de Bitcoin est interdit, soit se conformer à des obligations nettement plus contraignantes et donc coûteuses, si la loi les y oblige. Évidemment, de nombreux individus seront tout simplement découragés de se lancer ou de poursuivre leur activité dans le secteur à cause des nombreux tracas juridiques que cela implique. Enfin, les plus tenaces préféreront probablement aller innover dans des pays à la législation plus clémente. Bref, entre fuite des cerveaux et baisse de l’activité économique dans ce secteur, une nouvelle loi hostile à Bitcoin aurait pour le coup un véritable impact sur les gens honnêtes.

À qui profiterait cette situation ?

Certainement pas au grand public qui n’aurait plus qu’un accès limité à cette technologie et qui devrait faire le deuil de ce secteur prometteur sans pour autant avoir la garantie que les criminels ne s’en servent plus.

En revanche, toutes les institutions financières publiques ou privées devraient grandement apprécier que leur business soit juridiquement protégé de toute remise en cause par une innovation open-source qu’ils n’ont pas vue venir.

Dans ces conditions il ne faut pas s’étonner si les premiers à vouloir interdire ou fermement encadrer Bitcoin sont des hauts fonctionnaires en poste dans des institutions financières ou des PDG de banques privées. Il est tout à fait rationnel de leur part de vouloir défendre leur pré carré, même si cela doit se faire au détriment du plus grand nombre…

Depuis plus de 40 ans, l’école du choix public, portée par l’économiste et prix Nobel James M. Buchanan, a parfaitement analysé cette situation. Les bureaucrates comme l’immense majorité des êtres humains sont avant tout motivés par leur propre intérêt, bien avant d’être préoccupés par un quelconque intérêt général. Suivant cette même logique, pour maximiser leur intérêt particulier, les individus peuvent former des groupes de pression dans le but d’influencer les politiques (lobbying, pots de vin etc.). De la sorte, une minorité bien organisée et fermement motivée peut s’approprier la législation au détriment d’une majorité mal organisée et passive.

Suivant cet éclairage, et au vu des rapports de force en présence, il est évident que le secteur naissant des monnaies pair à pair va être terriblement malmené par le lobby bancaire !

C’est pourquoi il est de la plus haute importance que chacun réalise à quel point Bitcoin, la blockchain et les monnaies pair à pair en général sont des innovations cruciales.

 

Conclusion : Don’t Give Up the Fight !

Bitcoin est le premier système de paiement électronique libre et ouvert de l’histoire, libre d’accès et sans frontières à l’image d’Internet.

C’est le seul système monétaire international qui soit complétement indépendant des gouvernements, des banques centrales, et des grands groupes financiers privés.

En effet, le réseau Bitcoin est le premier réseau de paiement électronique décentralisé de l’histoire. Suivant le protocole Bitcoin, aucun utilisateur ne dispose de droits supérieurs aux autres utilisateurs : c’est un système d’égal à égal (pair à pair). Hiérarchie horizontale à l’exact opposé des modèles pyramidaux de la finance traditionnelle.

C’est un système extrêmement transparent et démocratique :

    • c’est une technologie open-source, fruit de la coopération volontaire de milliers d’individus dans le monde ;
    • l’historique de toutes les transactions opérées sur le réseau Bitcoin est public et gratuitement accessible à tout moment par n’importe qui. Aucun autre réseau de paiement traditionnel n’est aussi transparent.

 

C’est une technologie d’avenir, parfaitement adaptée à Internet et aux usages de demain (contrats intelligents, Internet des objets etc.). Bitcoin et son système de comptabilité par Blockchain est étudié de près par les plus grandes multinationales ainsi que par de nombreux chercheurs toutes disciplines confondues.

Formulé plus directement :

Bitcoin, est un formidable vecteur de changement, un gros bras d’honneur aux monopoles et à l’ordre établi.

Ne vous laissez pas déposséder de cette technologie libre par des gens qui ne défendent que leur propre intérêt.

Ne passez pas à côté par paresse !

Apprenez à vous en servir. Utiliser Bitcoin c’est aussi symbolique que d’aller voter et c’est encore plus efficace.

Vous avez à disposition un formidable contre-pouvoir à l’oligarchie financière et au capitalisme de connivence, il n’appartient qu’à vous d’en faire usage.

A lire sur Contrepoints, notre dossier spécial Bitcoin, enrichi chaque mois de nombreux articles

Sur le web

  1.  C’est la loi de Brandolini, intitulée The Bullshit asymmetry : the amount of energy needed to refute bullshit is an order of magnitude bigger than to produce it.
  2. Si la faute d’orthographe vous saute aux yeux, sachez qu’elle est de Michel.
  3. Pourcentage arbitraire choisi pour les besoins de la démonstration. Dans la réalité, comme pour les gens honnêtes, je doute fort que plus d’un criminel sur dix se serve de Bitcoin.
  4. Par exemple Emin Gün Sirer, hacker et professeur à Cornell, un exemple au hasard parmi des centaines
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  • l’argent ne transit pas par le bitcoin, mais par HAWALA, des articles sont parus dans la presse étrangère il y a quelques jours, mais rien en France.

    extrait: In an unmarked office in a teeming Istanbul immigrant neighborhood, Hawez Zaman moves money the same way his predecessors did in the Middle Ages.

    Zaman uses an off-the-books transfer system critical to today’s spiraling migrant crisis in Europe.

    The centuries-old system known as hawala enables users to transfer money from one point to another entirely on the basis of trust, largely without a paper trail and often outside the law, according to the Wall Street Journal. ……

  • En fait le Bitcoin s’attaque à un monopole extrèmement profitable, celui des banques centrales.
    Les monnaies locales ne sont tolérées que parce que la contrepartie est la monnaie officielle. Les monnaies officielles utilisent la dette comme contrepartie et c’est justement cette caractéristique qui en fait un instrument de prédation. Il faut s’endetter pour faire circuler la monnaie.
    Le bitcoin n’a pas vraiment de contrepartie, ce qui en fait une monnaie plutôt spéculative et la protège des rétorsions. Il est tout à fait possible d’imaginer des contreparties qui permettent le développement économique. Malheureusement, l’existence de ces contreparties peut permettre à un état de les détruire ou de les confisquer et d’empêcher ainsi le développement de monnaies alternatives plus utiles que le Bitcoin.

    • C’est surtout les réseaux Visa et EuroCard Mastercard et donc les banques qui seront les premières impactées à cause des commissions versées lors de tous les paiements et transferts.

      Concernant le crédit il ne semble pas y avoir d’alternative crédible avec Bitcoin sauf à n’avoir aucune idée du taux d’intérêt réel lors de l’octroi du crédit. En effet en théorie et à terme la valeur de bitcoin progresse en thésaurisant, inutile de faire des placements et c’est sans aucun risque. Consécutivement Bitcoin c’est donc – en théorie toujours – une déflation des prix payés en BTC. La déflation d’un stock est automatique et ce ne sont pas des schémas auxquels nous sommes habitués.

  • Comme le rappel très bien l’auteur, le système bitcoin possède une caractéristique qui n’en fait pas un moyen de premier choix pour financer des activités illégales comme le terrorisme : « l’historique de toutes les transactions opérées sur le réseau Bitcoin est public et gratuitement accessible à tout moment par n’importe qui. Aucun autre réseau de paiement traditionnel n’est aussi transparent. »

    Lorsque l’on veut faire du commerce sur un marché noir, il me semble bien plus judicieux de recourir à de l’argent liquide. Utiliser un système, dans lequel toutes les transactions sont publiques, rend difficile un objectif essentiel des terroristes : rester cacher des services renseignements.

    Au sujet du sophisme que l’auteur de l’article cherche à réfuter, il me semble qu’il s’agit moins de ce qu’il a nommé « l’illusion logique de l’effet de probabilité inversée », qu’une confusion entre une condition nécessaire et une condition suffisante.

    M. Moreau le présente ainsi : certains criminels utilisent bitcoin, donc tous les utilisateurs de bitcoin sont des criminels. Ce qui est effectivement un grossier sophisme, dans lequel on converti faussement le rapport sujet-prédicat, tout en modifiant la quantité du jugement (certains devient tous).

    Je vois plus l’idée et le sophisme, qu’il y a pour certains derrière la peur de bitcoin, formulée sous ce raisonnement spécieux :
    si bitcoin facilite le marché noir, alors les criminels utiliseront bitcoin
    or des criminels utilisent bitcoin
    donc bitcoin facilite le marché noir

    Raisonnement qui est déjà erroné dans la forme : si A alors B, or B donc A; mais dont la majeur (si A alors B) est elle même fausse. Je reste convaincu que le côté publique de tout l’historique des transactions est bien moins propice au marché noir que l’usage d’argent liquide, ou de transactions via des comptes dans des paradis fiscaux avec secret bancaire.

    Cette distinction doit paraître être du pinaillage, mais elle a, de mon point de vue, son importance. Distinguer les jugements catégoriques (A est B) des jugements hypothétiques (si A alors B), et les vices de formes que l’on peut faire à leur usage est d’une grande importance lorsque l’on veut typer du code informatique, des protocoles réseaux et même les différents droits dans la doctrine jusnaturaliste : trois domaines qui sont au cÅ“ur de l’article.

    Par contre, ce qui doit gêner les Etats et des personnes comme M. Castel c’est cette caractéristique du réseau : « C’est le seul système monétaire international qui soit complétement indépendant des gouvernements, des banques centrales, et des grands groupes financiers privés. »

    Pour conclure, je reste sceptique sur le système de vote électronique sécurisé et vérifiable présenté dans l’article. Ou alors, nous n’avons pas la même conception de ce qu’est un système de vote sécurisé. 😉
    Je remets le lien vers un article du blog binaire consacré à Véronique Cortier qui a reçu le prix jeune chercheur INRIA – Académie des sciences pour ses travaux sur le vote électronique. On y trouvera quatre articles sur les systèmes de vote, ainsi qu’un autre sur bitcoin.

    • @Turing

      Merci pour votre lecture attentive et pour vos remarques.

      Ma théorie c’est que Bitcoin (et la Blockchain) est une technologie bénéfique au plus grand nombre. Au même titre que l’e-mail, l’imprimerie, ou l’automobile. Et ce n’est pas une supposition, c’est un constat : bitcoin est libre de droit, bon marché, sans frontières, résistant à la corruption, technologiquement avancé etc. Bref ce n’est peut-être pas parfait, mais c’est une innovation qui a de nombreux avantages.

      Maintenant, parmi toutes les personnes à qui profite Bitcoin se cache fatalement une minorité de criminels. Evidemment ils vont se servir de cette technologie, tout comme il se sont mis à la lecture, à la conduite d’engin à moteur, à l’envoi d’email et de textos etc. Ce n’est pas non plus une supposition, c’est également un constat : il y a des marchés noirs en Bitcoin, il y a eu des escroqueries en Bitcoin et il y en aura d’autres.

      En général les personnes hostiles à Bitcoin, montrent du doigt ces usages illégaux de Bitcoin pour jeter l’opprobre sur cette technologie.
      En réponse, les défenseurs de Bitcoin démontrent qu’en réalité Bitcoin est peu utilisé par les criminels, et ils expliquent souvent cela par la traçabilité des transactions en Bitcoin.

      Dans les deux cas il s’agit de déterminer si les criminels utilisent Bitcoin ou pas.

      Et bien j’ai un énorme problème avec cette approche ! Dans le fond cette question ne peut absolument rien nous apprendre, elle n’est pas pertinente et en plus, elle fait le jeu de tous ceux qui sont hostiles à Bitcoin !
      Pour prouver que Bitcoin est dangereux il faudrait se poser la question inverse : ceux qui utilisent Bitcoin sont-ils des criminels ?

      Le but de mon article consistait à prouver que ces deux questions sont très différentes, alors même que beaucoup de gens les confondent. (pas tout le monde heureusement 😉 !)

      Pour résumer :

      – Si tous les utilisateurs de Bitcoin sont des criminels, alors évidemment cette technologie est nuisible pour la société (heureusement ce n’est pas le cas). Chercher à savoir qui sont les utilisateurs de Bitcoin et à quoi sert cette technologie est la bonne approche.

      – Par contre chercher à savoir si les criminels utilisent Bitcoin est une mauvaise approche. Même si tous les criminels utilisaient bitcoin on ne pourrait pas en conclure quoi que ce soit sur la dangerosité ou l’utilité de Bitcoin, bien qu’on en ait l’impression. C’est le fameux biais que je cherche à combattre! Les criminels utilisent aussi des lampes torches, des gants, des ordinateurs, des téléphones, des voitures, ils lisent des livres etc. Si on doit interdire tout ce qu’utilisent les criminels, on peut absolument tout interdire !

      Bref, ces comportements délictuels existaient bien avant Bitcoin et continueront d’exister dans 1000 ans indépendamment de Bitcoin. Ces agissements sont le fait des criminels et non pas de la technologie. Il s’agirait de ne pas se tromper de cible. On peut tout à fait étouffer quelqu’un avec un coussin. Faut-il en déduire que les coussins sont dangereux et interdire à tout le monde de dormir avec ? Certainement pas !

      Sinon, je suis bien d’accord avec vous que l’indépendance de ce réseau doit en agacer plus d’un. à mon sens c’est « le mobile » de la plus part des technocrates anti-Bitcoin.

      Enfin vis à vis du vote électronique par Blockchain, je ne prétends pas vous convaincre mais disons que c’est une piste intéressante au yeux de nombreux experts : voici un liens vers une explication plus technique décrivant comment mettre en place un tel système : http://www.e-ducat.fr/bitcoin-pour-des-votes-gratuits-et-verifiables/
      et un autre article grand public : http://blockchainfrance.net/2015/12/13/demain-un-autre-vote-est-possible/#more-1068 qui a le mérite de bien décrire les enjeux et qui donne des liens vers les principaux projets expérimentant ce système de vote.
      D’un autre côté, vos liens étaient très intéressants, merci !
      Qui vivra, verra.

  • Le pere Castel se fait lyncher sur son site suite a cet article.
    Il y a des fins de carrieres plutot tristes.
    Ne vous genez pas pour lui en remettre une couche

  • Prendre prétexte d’un supposé financement du terrorisme pour s’en prendre à bitcoin est malhonnête. Le terrorisme n’a pas attendu bitcoin pour trouver des financements, les Etats du Golfe n’ont pas besoin de bitcoin pour financer les terroristes, les paradis fiscaux et réglementaire n’ont pas besoin de bitcoin pour héberger l’argent finançant le terrorisme. C’est un mauvais procès fait à bitcoin.

  • Excellent article et très complet. On en apprend beaucoup.

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