La déchéance de Hollande

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François Hollande Credit Photo Mathieu Delmestre Solfé Communications (Creative Commons)

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La déchéance de Hollande

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 12 janvier 2016
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Des fois, on fait, consciemment, des paris qu’on croit peu risqués… Et on se plante. Cela peut arriver à tout le monde, y compris aux meilleurs. Mais lorsque c’est un pari fait par le Chef de l’État, que celui-ci est, du reste, un habitué des paris ratés, la situation dérape rapidement de l’ennui de parcours au pépin politique majeur.

Après la stupéfaction des attentats du 13 novembre, et encore tout tremblant d’émotion après s’être rendu compte qu’on pouvait en vouloir directement à sa vie, à lui, pour de vrai, François Hollande avait plongé le pays dans l’état d’urgence et l’agitation politique frénétique qui suit maintenant les faits socio-politiques d’importance. Le plan Vigipirate étant déjà rouge écarlate, il n’était pas question de faire moins que ça, et quelques vigoureux coups de menton plus tard, il apparut assez nettement que même la fermeture des frontières, de toute façon déjà décidée pour la COP21, ne permettrait pas de montrer à la populace qu’on avait vraiment à cœur de prendre le problème à bras le corps.

Le Président Des BisousIl fallait donc poser un geste fort, peut-être symbolique mais indiscutable, qui pourrait montrer à tous que la République, et son premier représentant, le Président des Bisous de Tous Les Français, seraient là pour protéger tout le monde et s’occuperaient de châtier les coupables.

Malheureusement, si les cartons intitulés « Communication Politique » sont toujours très bien remplis des habituels sourcils froncés et de multiples petits coups de menton, les cartons libellés « Actions concrètes » étaient à peu près vides. Apparemment, l’équipe du président n’a trouvé qu’une vieille boîte dans le fond de la cave, un peu gondolée par l’humidité, dans laquelle se morfondait une « Déchéance de nationalité » défraîchie et passablement usagée.

En effet, cette proposition, pas très finaude, a déjà beaucoup servi. Notamment sous la présidence Sarkozy. Rappelez-vous, nous sommes en juillet 2010 et la France nage dans le bonheur d’une politique de droite qui ressemble furieusement à une politique de gauche, coups de menton y compris, et le petit Nicolas fait son show sécuritaire avec un Brice Hortefeux alors ministre de l’Intérieur. Pour nos deux loustics, l’affaire est entendue :

« La nationalité française doit pouvoir être retirée à toute personne d’origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d’un policier, d’un gendarme ou de toute personne dépositaire de l’autorité publique. »

La suite sera cependant sans surprise : malgré la tentative d’étendre les possibilités de déchéance de nationalité, malgré la régulière remise au goût du jour de cette proposition par de frétillants députés (comme par exemple pour pourchasser les exilés fiscaux), non seulement, cette déchéance sera par la suite aussi peu employée qu’avant, et surtout, cela ne changera rien au comportement des racailles et autres terroristes qui n’ont, il faut bien le dire, pas grand-chose à faire de ce genre de symboles. Bref, à part les cris outragés de toute cette gauche à la moralité irréprochable toujours prête à monter au créneau pour le moindre combat symbolique, le peuple français avait en pratique oublié ces verbiages inutiles.

Cela n’a absolument pas empêché François Hollande de reprendre le flambeau, de s’emparer de la boîte défraîchie du fond de la cave et de s’écrier, les événements du Bataclan encore vivace dans les esprits de tous, qu’il allait remettre la question sur le tapis parce que, scrogneugneu, ça ne se passe pas comme ça en République Française, non mais oh à la fin.

Car c’est un malin, le François ! En agissant ainsi, il faisait donc un pari, que j’évoquais en introduction : celui que la proposition d’étendre la déchéance de nationalité à tous les terroristes et autre-wannabe djihadistes serait plus ou moins retoquée par le Conseil d’État. Cela lui permettait d’un côté de montrer sa fermeté devant l’atrocité des événements, tout en jouant dans le sens du peuple qu’il devinait sans mal favorable à une telle proposition, mais, oh, zut alors, de se voir empêché dans ses mouvements par les institutions républicaines, tout en ménageant ses troupes dont il devait bien se douter qu’elles ne seraient guère pour ce projet.

Bref, en manœuvrant habilement, Hollande pouvait espérer gagner un peu en popularité, faire bouger les lignes en obligeant la droite à sortir du bois, et revenir un pas en arrière une fois le projet annulé.

Manque de pot, ou plus exactement mauvais calcul, le Conseil n’a pas tiqué. La droite, sentant le soutien du peuple derrière cette proposition, s’est bien gardée de la dénoncer. La gauche se retrouve maintenant tiraillée par le besoin d’abonder dans le sens du président, permettant à ce dernier d’aboutir dans le projet de révision constitutionnelle, et celui, aussi prégnant, de réaffirmer sa complète opposition à cette déchéance que semblent abhorrer beaucoup de ses membres.

taubira mini 150x140À ces considérations déjà complexes, il faut bien sûr ajouter les petits calculs personnels des uns et des autres. Si, pour Valls, l’affaire est entendue et la fidélité au chef de l’État évidente, il en va tout autrement pour la Garde des Sceaux qui n’a cessé, sur le dossier, de montrer son antagonisme. Entre les couacs de fin décembre (cette dernière expliquant à la presse que le projet avait été retiré, pour être désavouée par le Premier ministre un peu plus tard) et ses récentes déclarations dans lesquelles elle estime que cette déchéance n’est « pas souhaitable car son efficacité est absolument dérisoire », sa position devient plus que délicate au sein du gouvernement, et met Hollande un peu plus dans l’embarras.

Bref : les troupes socialistes renâclent ouvertement à voter la révision constitutionnelle si celle-ci devait comporter cette proposition. Une partie du gouvernement semble au contraire trouver ça très bien, pendant que l’autre partie, elle, montre des signes d’opposition de plus en plus franche. La droite, de son côté, a beau jeu de dénoncer le fatras idéologique dans lequel ce petit monde barbote bruyamment. Sarkozy n’a pas de mal à ironiser sur l’affaire, en laissant entendre qu’on aurait viré d’autres ministres pour moins que ça.

En pratique, Hollande a perdu son pari.

hollande ceux qui attendent plus rien

L’actuel marécage politique qu’est devenue cette proposition ne lui permettra pas de gagner la moindre popularité. L’esprit un peu trop indépendantiste de Taubira le met dans une panade invraisemblable : s’il la sort du gouvernement, il prend le risque évident de la voir présenter une candidature en 2017 et lui nuire à sa gauche, et la garder continuera de gréver sa maigre crédibilité. Pire encore, le chef de l’État s’est mis en position délicate vis-à-vis de tous les parlementaires : malgré son apparent soutien au projet de révision constitutionnelle, la droite peut quand même choisir de le lâcher en ne la votant pas sur n’importe quel autre motif, rejoignant ainsi la partie de gauche qui ne la votera pas à cause de cette extension de la déchéance. Un rejet de la révision constitutionnelle mettrait le gouvernement (et par ricochet) le Président dans une situation politiquement intenable.

De ce point de vue, les prochaines passes d’armes promettent d’être croustillantes.

D’un autre point de vue, on devra se rappeler que toute cette écume bouillonnante concerne un sujet assez périphérique au danger qui devrait occuper les politiciens. Pur symbole, cette déchéance de nationalité ne permet absolument aucun gain de sécurité pour les Français. L’agitation politique autour de ce bricolage institutionnel évacue complètement toutes les éventuelles propositions qui permettraient d’améliorer la prise en compte de la menace terroriste sur le sol français.

Autrement dit, avec ces manœuvres politico-politiciennes, qui ont tout l’air d’exploser au museau du président, Hollande démontre encore une fois qu’il n’est que dans la communication, l’occupation médiatique, bref, le purement symbolique, et qu’il se contrefiche très probablement d’un terrorisme dont il sait qu’il n’aura personnellement jamais rien à craindre.

Encore une fois, pendant que les politiciens discutent de la déchéance de nationalité, la nation constate la déchéance de ses politiciens.
—-
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  • Excellente phrase de conclusion. Cette histoire n’est rien d’autre qu’une diversion. Pendant qu’on glose sur la déchéance de nationalité, on passe sous silence les vrais problèmes…

  • « La nation constate la déchéance de ses politiciens » mais il y en a encore trop pour les légitimer en votant pour eux.

  • Mais c’est dans ce marécage qu’évolue le président Chrysanthèmes, et là, vous pouvez lui faire confance, il est dans son domaine et en sortira grandi. Enfin, quand je dis grandi…

  • @h16 : Allez, juste un tout petit peu de padamalgam … « Encore une fois, pendant que les politiciens discutent de la déchéance de nationalité, la nation constate la déchéance de ses politiciens. » …. peut être pas tous, il y a quand même (bien enfoui au fin fond, imperceptible, réduit à presque néant …) des êtres humains qui habitent ces politiciens ? Non ? Allez, en cherchant bien ? Sérieux ? Juste un ?

    (le maire du village d’à coté, avec ses 200 habitants, il ne peut pas déchoir, vu qu’il n’a jamais eu l’embryon du début d’un quelconque pouvoir … quoi que, je suis pas sur qu’il pense la même chose …)

    Ils font très fort, et de plus en plus fort, au jeu du qui perd gagne, j’attend le prochain épisode sans aucune impatience, ni espoir de surprise.

    • « bien enfoui au fin fond, imperceptible, réduit à presque néant  » … oui
      Mon député est pas parfait certainement, mais sauf à imaginer un retour d’un nouveau Bastiat, il est dans ce qui se fait de mieux dans ce magasin (il est dans la poignée ayant voté contre la loi renseignement par exemple)
      Mariton est pas mal non plus, il me semble.

  • Excellente conclusion, quel sens de la formule.
    Et une par jour en plus !

    h16: « il apparut assez nettement que même la fermeture des frontières, de toute façon déjà décidée pour la COP21 »

    Frontières quasiment vide de pandores durant toute cette période, en tout cas dans l’est.

    Ou l’on voit bien que la capacité des états a assurer leur mission est inversement proportionnelle à la quantité de choses qu’ils veulent contrôler.

    C’est une malédiction pour le régalien, mais une chance pour ceux qui étouffent sous la chape collectiviste.

    • je confirme.
      je passe tous les jours la frontière pour aller travailler.
      les contrôles d’identité ont eu lieu pendant 1 jour, à raison d’une voiture sur 10 ou 20 environ.
      comment faire autrement, à l’heure des frontaliers ?

  • Croyez-vous vraiment qu’il ait pensé à proposer cette mesure en espérant qu’elle ne passerait finalement pas? Ce serait diablement tordu! C’est donc possible…

    Quant à la mesure, c’est grand-guignolesque! Menacer un criminel qui va se suicider de lui retirer la nationalité, brrrrrr, ils doivent mourir d’effroi chez l’EI.

    Autre pari facile mais qui est en train de rater: « je vais inverser la courbe du chômage ou ne me représenterais pas » Cela semblait plus ou moins évident, 5 ans qu’il montait déjà, 5 ans de plus à patienter et les manettes pour truquer les chiffres…

  • La droit du sol vs le droit du sang, on en parle ou pas ?

    • Faux débat, donc oui, on en parlera 😉
      Faux débat parce que c’est au fond la même chose : la nationalité comme fait de naissance sur lequel l’individu n’a pas prise.
      Le vrai débat c’est,
      1) qu’est-ce qui détermine la nationalité, les autorités (par le sang, le sol, ou n’importe quoi, c’est kif-kif), ou la volonté de l’individu concerné ?
      2) qu’est-ce que la nationalité change ?

      • « qu’est-ce que la nationalité change ? »

        vous vivez sur quelle planète? Changez votre passeport français pour un passeport Soudanais, vous verrez la différence. C’est bien joli de débattre dans l’absolu -un pur vide théorique- et de mettre de côté le réel, qui est pourtant l’argument massue des libéraux face aux socialistes de tous horizons, dont je dois sûrement faire partie vu mon incompréhension totale face à ce genre de propos.

  • Je ne suis pas sûr du tout que cela soit le pari de Hollande. A mon avis il a mis cela en avant pour faire un rideau de fumée devant ce qui est bien plus dangereux: constitutionalisation de l’état d’urgence et intégration d’une partie de ce dernier dans le code pénal ordinaire. Et il a réussi, qui à gauche parle de cette partie du projet et encore moins qui s’y oppose?

    L’état d’urgence a toujours fait le lit des états autoritaires, sous la démocratie on habitue le citoyen à ces pratiques pour le protéger (Allemagne 1931 par exemple), ensuite quand cela devient la norme il n’y a personne pour protester et se rendre compte que les conséquences vont empirer. Hitler n’a pas décrété une nouvelle loi en arrivant au pouvoir, il n’a fait que prolonger l’état d’exception pour ne jamais plus y mettre fin, et cela dans l’indifférence de tous puisque c’était utilisé depuis si longtemps sans conséquence pour la majorité des citoyens

    • +1. C’est aussi ma lecture de ce contrefeux médiatique…

      Le projet de loi porte le germe d’une incroyable régression, à l’efficacité plus que douteuse.

      En tout cas, la victoire des terroristes est totale.

      Et visiblement tous les morts ne se valent pas… Décrété t on la guerre au lobby du tabac qui tue 50000 personnes en France ? Décide t on de restreindre la circulation une malheureuse poignée de jours par an, alors que la,pollution tue des dizaines de milliers de bon citoyens tout aussi attachant que les autres ?

  •  » La Nation constate la decheance de ses politicien  » Oh OUI !

  • Biographie de François Hollande :
    Considéré comme un des hommes les plus beaux du monde , son charisme n’a d’égal que sa profondeur d’esprit . Doté d’un physique qui en impose à tous les chefs d’Etat , il fait régulièrement la couverture des magazines de fitness . Prothésiste dentaire de formation , il fabriquera les cent dents . Il a gagné toutes les victoires électorales avant sa naissance et après sa mort . Très aimé de son peuple , il réussira même à avoir 5% de sympathisants et électeurs . Grand amoureux des libertés individuelles , il n’aura de cesse de tout interdire et de tout rendre obligatoire à la fois . Son dernier grand projet est d’instaurer le socialisme sur la planète Mars avec son copain Kim Jong un .

  • Fallait-il que Nicolas fut si petit pour qu’on élise un tel baby-Bel!

  • Je pense qu’il est urgent de sortir les tenants de la République des palais de la royauté, car manifestement cela rend leurs occupants fous ou idiots et le plus souvent les deux à la fois. Ces palais seront à vendre pour la plupart à des mégalomanes friqués, en cessant de polluer l’esprit de nos politiciens trop fragiles . Qu’un président et son ministre des affaires qui leurs sont étrangères se disent fiers de nous qui ne les avons pas rejetés quand ils ont affirmé publiquement, que Al Nosra, c’est-à-dire ai quaïda qu’ils ont feint d’ignorer et même soutenu officiellement, faisaient du bon boulot en Syrie. Qu’ils ne se soient jamais excusés de leur grossière erreur quand ces salauds se sont fait une gloire d’avoir assassinés sauvagement 130 Français sans défense, relève d’une inconscience grave, laissant supposer qu’ils ont, avant tout, eu peur pour eux-mêmes! Le comble est qu’aujourd’hui, non contents d’avoir échappé à l’anathème, ils essaient de se montrer glorieux dans cette horreur, relève d’une insolence provocatrice et punissable.

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