Quand les théories de Piketty volent en éclats

Une enquête américaine dévoile le rôle réel des entrepreneurs.

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Thomas Piketty-blu-news.org(CC BY-SA 2.0)

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Quand les théories de Piketty volent en éclats

Publié le 17 janvier 2016
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Par Bernard Zimmern.

Thomas Piketty-blu-news.org(CC BY-SA 2.0)
Thomas Piketty-blu-news.org(CC BY-SA 2.0)

 

On ne sait pas que Thomas Piketty et d’autres égalitaristes comme Joseph Stiglitz, ont stigmatisé les années 1980 à 2010 en montrant que les inégalités avaient augmenté et que la part des plus riches dans la richesse américaine, mesurée par le revenu ou par le patrimoine, en était le principal responsable.

La plupart des médias se sont indignés en chœur de voir s’agrandir encore un écart déjà énorme entre les plus pauvres et les plus riches.

Nous ne reprendrons pas ici les réserves que l’on peut formuler sur ces résultats : ils ne tiennent pas compte notamment des transferts sociaux, ou de l’âge des enquêtés, ou de l’immigration massive dont la montée coïncide avec la montée de l’inégalité.

Il est incontestable cependant que les plus riches, ceux qui figurent dans le 1 %, voire les 3 % des plus hauts revenus ont vu leur part dans le revenu total américain augmenter plus vite que pour la moyenne de la population.

Il est aussi incontestable que plus on resserre le champ et que l’on monte du 1 % au 0,1 %, ou même au 0,01 %, l’augmentation de leur part devient plus importante.

 

Les égalitaristes en déduisent de façon simpliste que plus on est riche, plus on s’enrichit

Ils ont évité de souligner que leurs chiffres sont des coupes historiques instantanées, et que les riches d’une année ne sont pas les mêmes que ceux de l’année précédente.

Plusieurs statistiques existent, comme celle de l’université du Michigan, le PSID (Panel Study of Income dynamic), où l’on suit 25 000 ménages américains, et où l’on voit clairement qu’il est difficile de rester au sommet.

Ces enquêtes sont complétées par les séries de la revue Forbes sur les milliardaires, qui couvrent chaque année les 400 milliardaires américains les plus riches, et l’on voit aussi qu’une grande partie de ceux qui sont dans la liste une année, en sortent rapidement.

Des études ont même été menées pour distinguer ceux des riches qui sont des entrepreneurs, et ceux des riches qui sont simplement des salariés ; il en résulte clairement que l’on peut monter du quintile de revenus le plus bas au plus haut en étant entrepreneur, mais également tomber du plus haut décile au plus bas d’une enquête à l’autre, alors qu’il est impossible de monter aussi vite ou de descendre aussi vite lorsqu’on est salarié.

La richesse mesurée par les revenus ou les patrimoines est donc intimement associée aux prises de risque de l’entrepreneur, et non à la relative sécurité d’une salarié (l’Amérique n’a pas de fonctionnaires dont l’emploi est garanti à vie, comme en France, avec lesquels on pourrait comparer).

C’est pourquoi l’enquête de la Federal Reserve menée tous les trois ans depuis 1983 sur les revenus et les patrimoines des Américains se révèle une mine pour démontrer le rôle des entrepreneurs dans la montée de la richesse des plus riches, car elle identifie avec précision ces entrepreneurs et leur rôle. Cette enquête, le Survey of Consumer Finances, avait déjà donné lieu en 2006 à une étude séminale de Cagetti et De Nardi qui montrait que dans la distribution des revenus, le 1 % des revenus les plus élevés était constitué à 67 % d’entrepreneurs, et que ce pourcentage d’entrepreneurs décline lorsqu’on descend dans l’échelle des revenus.

Il était intéressant de constater que ce 67 % est le même 67 % trouvé pour les 0,002 % les plus riches qui sont les milliardaires.

Une raison de cette coïncidence est qu’il est très difficile d’être dans le 1 % sans être entrepreneur, c’est-à-dire tirer sa richesse d’une entreprise : si l’on prend dans la série Forbes, non seulement les milliardaires qui le sont devenus par leurs entreprises mais aussi ceux qui le sont pour être les enfants de milliardaires, on arrive à 90 % des milliardaires de la liste.

Il était alors intéressant de reprendre les variables utilisées par Cagetti et De Nardi dans leur étude de 2006 et de voir si ces entrepreneurs qui se situaient dans le 1 % y étaient avant de créer leur entreprise, ou y sont entrés en créant leur entreprise.

Il était ensuite intéressant de savoir s’ils avaient créé des emplois, si leur quête de la richesse s’était accompagnée de la création de « jobs », quels investissements ils avaient dû faire pour créer ces jobs et quelle plus-value ils en avaient retirée.

Cette recherche a été facilitée parce que l’enquête comporte plusieurs variables, c’est-à-dire des réponses à des questions qui définissent si l’interviewé a une participation dans une entreprise, s’il y est ou non actif, et enfin s’il a racheté, hérité ou créé.

Il se trouve que l’une des réponses, X3111, qui porte sur le nombre d’emplois de l’entreprise ne paraît pas avoir été exploitée.

Une raison en est qu’il existe des enquêtes sur les entreprises américaines et leurs emplois, mais ces enquêtes, à la différence du Survey of Consumer Finances, ne contiennent pas d’informations financières et ne permettent pas de repérer, pour commencer, les entrepreneurs dont les revenus les situent dans le 1% le plus élevé.

Cette enquête apparaît donc comme une mine inexploitée permettant de lier l’emploi à l’entrepreneuriat, à la richesse des Américains, d’expliquer l’origine de l’enrichissement apparent des plus riches et de mieux comprendre comment et pourquoi l’économie américaine a créé de 1982 à 2010, 50 millions d’emplois supplémentaires.

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  • J’ai eu l’occasion de voir et entendre ce monsieur lors d’une émission.
    Pas de souci, c’est encore un « professeur » qui n’a jamais travaillé qui prétend tout savoir sur l’économie idéologique.
    Il est aussi le conseiller économique de Podemos.
    Seuls les socialistes n’ont pas compris qu’il n’était pas socialiste, mais simplement communiste.

    • Un communiste, c’est quelqu’un qui ne croit pas à l’économie de marché.
      Piketty, comme Keynes, croit en l’économie en marché. Ou alors, nous ne parlons pas de la même personne.

  • Le problème c’est que piketty et autres gourous de l’égalitarisme ne cherchent pas à avoir raison. Ils parlent aux sentiments des gens. Pas à leur raison. Le but n’est pas de convaincre mais de flatter; de trouver des bouc émissaires, d’agiter la haine et la jalousie. Piketty connait les biais de ses statistiques. Il sait que ses arguments ne sont pas très solides. Mais il s’en cogne. Il se marre quand on démonte ses thèses parce qu’il sait très bien que les gens convaincus par ses fumisteries ne sont pas en quête de vérité dans leur majorité. Ils veulent qu’on leur donne une bonne excuse pour leur médiocrité et une bonne raison de penser que le fait que d’autres y arrivent n’est pas une preuve de leur médiocrité mais une cause de leur malheur. Piketty essaye de diviser les gens en camps hostiles les uns aux autres. Il souffle sur les braises. La vérité il s’en cogne.

  • Pour moi, toutes personnes qui portent un jugement négatif sur un système, à causes des inégalités, suggèrent que les riches ont volé l’argent des pauvres. Et en plus pour que leurs raisonnements tiennent debout, il faut ignorés ou combattre tous les mécanismes de création de richesses.
    Démonstration: un individu créer une entreprise pour fabriquer un arrosoir, au bout de 4 ANS ils fabriques des meubles de jardins en plastiques, il donne du travail à 50 personnes et il se fixe enfin un salaire de 5000 EUROS par mois. Normalement tout le monde dit que c’est formidable, c’est bien, c’est ce qu’il faut rechercher, pourtant les inégalités entre les 10% LES PLUS RICHES et les 10 % les plus pauvres se sont accrues.

    • il y a de ça en effet, ce qui peut justifier une distinction entre la « redistribution de revenus » et la spoliation c’est que les gens qui s’enrichissent le font au détriment des autres…
      observer des inégalités n’en détermine pas la cause!

      on est choqué par le terme de redistribution…qui suggère que les revenus sont distribués…pas qui par quoi et non gagnés… et si ils sont distribués en effet pourquoi ne pas recommencer!

    • Le principe d’inégalité est un sophisme, un leurre politicien.

      Un village dans le désert survit comme il peut. Arrive un homme avec une pelle qui creuse un puit et permet à chaque paysan de se servir de l’eau du puit en retour de 10 % de sa récolte. L’inégalité permet à tout les paysans de cesser de mourir de faim.

      C’est la propriété et son injuste répartition qui crée la richesse pour le plus grand nombre, la répartition crée la pénurie et la pauvreté.

  • De plus les socialistes et communistes insinuent que le but dans la vie de tout être humain est de s’enrichir et que si on est de condition modeste on est forcément malheureux ! C’est faux . Moi par ex mes revenus sont modestes mais je n’ai pas du tout envie d’avoir plus . Je pourrais mais ça ne m’intéresse pas , mes priorités sont autres que l’argent . Je préfère avoir du temps libre pour me cultiver et faire du sport et ne suis absolument jaloux de personne ! C’est mon choix et ça me va très bien . Avoir beaucoup d’argent = gros soucis aussi ! Et de savoir que de ce fait l’Etat ne peut pas me voler ( car je n’ai aucun bien ) , ça c’est jouissif.

    • C’est également mon cas, je pourrais gagner plus mais je préfère le temps libre qu’offre mon travail, ce qui me permet de m’occuper de mes enfants.
      Comme le dit si bien cet adage africain, « Celui qui a plus de cheveux a aussi plus de poux ».
      NB : L’état nous vole quand même à travers les centaines de taxes diverses et variées

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