Cette analyse a pour but de trancher la question suivante : un décideur politique doit-il dépenser dès aujourd’hui des milliards pour tenter très hypothétiquement de changer ce que sera le climat dans 80 à 100 ans, ou doit-il se préoccuper de ses problèmes immédiats, et parier sur les progrès technologiques et les capacités d’adaptation des humains d’aujourd’hui et de demain pour régler les éventuelles conséquences d’un changement climatique ? Autrement dit, face au changement climatique, faut-il privilégier une approche dirigiste ou libérale ?
Avertissement : bien que l’auteur soit ouvertement « climato-sceptique », les éléments qui suivent seront développés comme si l’on pouvait faire confiance aux conclusions et aux marges d’incertitudes figurant dans les sous-rapports 1,2, et 3, du rapport complet du GIEC de 2013.
Par Vincent Bénard.
Du rôle des autre facteurs dans le PIB : la gouvernance
Le GIEC affirme donc (cf partie 2), raisonnablement, que « le climat aura moins d’influence que la démographie, la technologie ou la gouvernance » sur l’évolution du PIB à long terme. Peut-on pour autant tenir pour négligeable le climat par rapport aux autres facteurs ?
Impossible de prédire ce que seront les progrès technologiques d’ici la fin du siècle et ce qu’ils nous feront gagner.
Imaginons que les promesses nouvelles sur la fusion thermonucléaire soient tenues et que cela nous permette de disposer d’une énergie électrique surabondante et très bon marché. Cela bouleversera évidemment nos économies, les discours sur le rationnement de l’énergie devenant alors incontestablement caducs. Mais personne ne sait dire si cette technologie sera effective dans 20 ans, dans 50 ans ou jamais. Exit donc l’estimation à long terme des impacts technologiques.
En revanche, nous pouvons parfaitement estimer le rôle de la gouvernance des nations du monde dans l’évolution du PIB mondial. En nous référant à quelques études empiriques sur la relation entre dépense publique et PIB, par exemple, ou entre indice de liberté économique et PIB.
Si l’on examine cette étude certes ancienne mais fort claire de Gwartney, Lawson et Holcombe, qui ont analysé plus de 800 couples « croissance/ taux de dépenses publiques » de 1965 à 1996, l’on observe que 10 points de PIB de dépenses publiques en plus correspondent à environ 1 point de PIB en moins, cf graphe ci-dessous.
Selon ce graphe, si la France ramenait le poids de son secteur public à celui de l’Allemagne (10 points de moins), sans même rêver à la situation Suisse (plus de 20 points…), elle gagnerait 0,8 % de croissance annuelle. Certes, ce chiffre sera à revoir à la baisse à l’avenir, avec la hausse de l’âge moyen de la population, de ce fait moins productive. Mais toutes choses égales par ailleurs, 0,8 point de PIB par an en moyenne en plus représentent un doublement dudit PIB en 90 ans ou une augmentation de 74 % en 70 ans.
Autrement dit, nos politiques climatiques susceptibles de faire varier notre PIB de 0 à -3 % (voire -12 %, au pire) en 65/85 ans, sont à mettre en balance avec un choix de société susceptible de se traduire par une différence de croissance de +75 % ou +100 % sur la même durée voire bien plus si nous envisageons une privatisation bien plus radicale de notre économie. En tant que décideur raisonnable, quelle devrait être votre priorité : réduire le poids de l’État non régalien et augmenter la liberté des agents économiques, ou se focaliser sur les émissions de CO2 ?
Pire, les politiques climatiques publiques tendent au contraire à augmenter la dépense publique, réduisant les gains de PIB. Nous avons vu qu’en 2011 ces dépenses publiques représentaient 9 milliards environ, soit 0,45 % de notre PIB. Sachant que ces dépenses favorisent l’adoption de solutions énergétiques non rentables, il est raisonnable de penser qu’elles participent à l’impact négatif de l’excès de dépenses publiques sur la croissance, de nombreuses dépenses s’orienteraient vers des investissements plus efficaces si les distorsions politico-climatiques n’existaient pas. Si 10 points de dépenses correspondent à 0,8 % de perte, alors à 0,45 point correspond une perte moyenne de croissance de 0,036 %…
Autrement dit, l’impact négatif du seul fait de dépenser pour le climat est du même ordre que l’impact positif maximal attendu de la nature de ces dépenses, indépendamment du résultat final réel de ces dépenses ! Le gain de croissance lié aux réductions de CO2 serait donc largement effacé par la perte liée à l’étatisation accrue de la société. Le constat peut être largement décliné pour de nombreux pays pauvres où à un État fiscalement gourmand, réglementaire et souvent tatillon, plus orienté vers le maintien au pouvoir d’oligarchies que vers le développement s’ajoute le problème de la faible garantie des droits de propriété. Les gains de PIB que ces pays peuvent espérer d’une amélioration sensible de leurs gouvernances sont incommensurablement plus élevés que le coût attribuable aux changements climatiques dans les hypothèses les plus pessimistes.
Par conséquent, pensez-vous qu’il faille lutter en priorité contre les rejets de CO2, ou contre les tendances à bureaucratisation de nos États ?
Quid des catastrophes naturelles, notamment dans le tiers monde ?
Vous me direz que le politicien honnête aura à cœur de faire quelque chose car on lui a dit que le réchauffement allait augmenter le nombre de catastrophes naturelles notamment dans les pays pauvres et sa conscience de riche se muera en culpabilité s’il reste passif devant cette menace.
Constatons d’abord que des catastrophes de même ampleur font bien moins de morts dans l’Occident riche que dans les pays pauvres. Ainsi, par exemple, deux tremblements de terre d’intensité identique (6,5 Richter, assez faible), survenus fin 2003 à quelques semaines d’intervalle, ont fait pour l’un des dizaines de milliers de morts en Iran et pour l’autre moins de 10 victimes en Californie. De même en janvier 2010 un tremblement de terre d’intensité 7,0 faisait plus de 220 000 morts en Haïti, le mois suivant, un tremblement de terre 63 fois plus énergétique (force 8,8, échelle logarithmique) ne prenait que 600 vies au Chili. La raison est simple : des prospérités différentes qui permettent de mieux construire dans les pays riches et sismiquement menacés.
Certes, mais les tremblements de terre ne sont pas d’origine climatique, me direz-vous, et vous aurez raison. Cet exemple est cité simplement pour rappeler l’importance du développement économique pour faire face aux coups durs imposés par la Nature.
Mais quid des catastrophes météorologiques dont le GIEC affirme que leur nombre pourrait augmenter avec le réchauffement climatique ?
Un ancien représentant du gouvernement des USA au GIEC, l’analyste économique Indur Goklany, a compilé quelques données à ce sujet. Il note que dans le monde, entre 2000 et 2008, les événements météo extrêmes (tempêtes, inondations, sécheresses) sont responsables d’environ 35 000 morts annuelles en moyenne sur 58 millions de morts annuelles totales, soit… 0,05 % (un demi pour mille). « Malgré l’attention médiatique qui leur est portée, ces événements ont un impact mineur sur la santé publique au niveau mondial ».
Par ailleur et surtout, tant le nombre de morts que le taux de mortalité dus aux événements météo sont en chute libre au cours du XXe siècle :
Et ce alors que la population exposée aux événements extrêmes a explosé, entraînant effectivement une hausse du nombre d’événements météo extrêmes recensés comme en témoignent ces données livrées par le premier réassureur mondial, Munich Re (y compris catastrophes sismiques, marginales en nombre) :
Cette amélioration du bilan total des catastrophes naturelles, alors que leur nombre a augmenté, a été possible grâce au développement du commerce international qui a permis l’enrichissement des pays qui y ont pris activement part et la circulation des idées, produits et technologies utiles pour prévenir ou aider les zones sinistrées.
Également cités par Goklany, les économistes Van der Vink et Kahn ont analysé 73 catastrophes naturelles (météo ou sismiques) entre 1980 et 2002 dans des pays à revenu par habitant bas et moyen, pour évaluer le rôle du développement économique dans l’impact des catastrophes naturelles. Ils ont trouvé que lorsque le PIB moyen des pays touchés augmentait de 2000 à 14 000 dollars par habitant, le taux de mortalité de ces catastrophes passait de 9,44 par million à 1,81 par million, soit une division par cinq.
On ne saurait mieux dire que pour les pays du quart monde ou émergents le développement économique est le meilleur moyen de faire face aux effets d’un éventuel réchauffement. Pour ces pays comme pour nous, il est bien plus important de mettre en place des politiques favorables au développement économique (par exemple : zone de libre échange intra-africaine, progrès des États de droit… Et développement de l’accès à l’énergie) qui permettront d’acheter une meilleure prévention contre les aléas météo plutôt que de se focaliser sur les émissions d’un gaz non polluant et vital, le CO2. Et parmi les déterminants du développement économique, la disponibilité d’énergies bon marché et abondantes est essentielle, ce qui passe encore, en l’état technologique actuel, par l’usage du pétrole, du gaz et du charbon. Inutile de dire que nos beaux discours sur la nécessaire réduction des consommations d’énergies fossiles ne trouvent aucun écho dans ces pays !
Lire sur Contrepoints notre dossier spécial réchauffement climatique
pas clair le commentaire !!
« Imaginons que les promesses nouvelles sur la fusion thermonucléaire soient tenues, … Mais personne ne sait dire si cette technologie sera effective dans 20 ans, dans 50 ans »
C’est quand même marrant de toujours considérer que parce qu’on cherche à mettre au point une technologie, on va y parvenir ET que d’autres ne vont pas trouver une solution encore meilleure.
Peut-être qu’on mettra au point la fusion thermonucléaire contrôlée par d’autres technologies que celles envisagées actuellement, ou qu’on trouvera moyen de rendre la fission propre et sure au point de sa chauffer avec. Au delà de quelques dizaines d’années, le « prévionnisme » scientifique est impossible.
En revanche, l’humanité a largement prouvé qu’elle savait s’adapter. L’adaptation repose surtout sur la connaissance et « l’expérience technologique ». Mais plus il y aura de Chinois, d’Indiens, d’Africains qui maitriseront la connaissance et feront de la recherche technologique, et plus on aura de chance de développer des technologies extrêmement complexes (et de financer ces développements) – ou simplement de trouver des solutions par l’imagination. Le développement économique de ces pays est donc un facteur clé pour la maitrise des problèmes futurs, dont l’imagination débordante des catastrophistes et autres « mahltusiens » nous abreuvent.
Bof ! Les politiciens ne devrait jamais se mêler de sciences, d’économie ou de technologie. Ils ne sont pas câblés pour ça !
Encore une fois, je note surtout la profonde incohérence du discours des politiques (que ne relève pas wattsupwiththat) : s’il y a vraiment un problème de CO2, alors la seule façon de le résoudre est par le nucléaire étant donné l’énormité des besoins pour le chauffage et les transports.
Quand j’entends qu’il faut remplacer les ampoules électriques par des modèles à basse consommation afin de sauver la planète, j’arrive à la conclusion que ce qui menace l’humanité n’est pas le CO2 ou l’épuisement des ressources, mais la liquéfaction généralisée des cerveaux humains qui va de pair avec l’augmentation du niveau de vie …