Marx et Keynes : héritiers du matérialisme anglais

Il est intéressant de voir le point commun matérialiste entre les deux doctrines les plus populaires de notre temps, le marxisme et le keynésianisme.

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Marx et Keynes : héritiers du matérialisme anglais

Publié le 3 février 2016
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Par Vladimir Vodarevski.

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Il est de coutume d’établir une similitude entre la pensée de Rousseau et Karl Marx. Ce qui rattache tacitement en partie le marxisme à une tradition française. Et, au contraire, de fustiger le libéralisme comme un avatar de l’individualisme anglo-saxon. Cependant, le marxisme se rattache plutôt à un matérialisme anglais, tout comme le keynésianisme.

Rousseau et le libéralisme français.

J’opposerai ici Rousseau et Constant, en reprenant des extraits du livre Un chemin de Liberté, de Damien Theillier et Augustin Celier. C’est un livre remarquable de concision et de clarté. Je le recommande aux lycéens, aux étudiants, à ceux qui passent concours, et à ceux qui ont des connaissances éparses et autodidactes en philosophie, et qui souhaitent organiser leur pensée.

Rousseau

Jean-Jacques Rousseau considère que l’homme est naturellement bon. La vie en société l’a perverti. Ce qui amène Rousseau à imaginer un contrat social, par lequel chacun serait lié à la société.

« Comme chez Hobbes, tous les hommes passent un contrat fondant l’état de société, mais celui-ci est radicalement différent. Il instaure une démocratie égalitaire, où tous s’incarnent dans le peuple souverain. Chacun se donne entièrement à la communauté, abandonne toute son autonomie pour l’incarner avec tous les autres dans le peuple souverain, devenant alors citoyen. Et ainsi, le peuple souverain agit en vue de l’intérêt général. Tout le peuple est à l’origine de la loi, ce qui préserve des dérives de l’intérêt particulier.

Le pacte social de Rousseau se résume ainsi : chacun s’associe en renonçant à ses droits, l’association devient le peuple, qui est alors souverain et agit selon la volonté générale.

On peut alors noter les deux citations suivantes :
«Les clauses [du pacte social] se réduisent toutes à une seule : l’aliénation totale de chaque associé avec tous ses droits à toute la communauté.»
«Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale ; et nous recevons encore chaque membre comme partie indivisible du tout.» » 1

Benjamin Constant

Benjamin Constant distingue la liberté des modernes et des anciens. Il s’oppose ainsi à Rousseau en choisissant la liberté des modernes. Le texte de son discours De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes est un véritable manifeste libéral :

« La liberté des Anciens réside dans la participation active à l’exercice du pouvoir politique. C’est une liberté collective et positive : le citoyen est libre à partir du moment où il appartient au corps politique. Pour le reste, il est entièrement soumis à la tradition et aux coutumes en usage, sinon il est exclu.
La liberté des Modernes réside « dans la jouissance possible de l’indépendance privée et les garanties accordées par les institutions à cette jouissance». C’est une liberté individuelle et négative dans le sens où elle consiste à ne pas être empêché de faire ou de penser quelque chose. La liberté des Modernes c’est rechercher pour soi-même son bonheur, c’est la non ingérence du pouvoir politique dans les activités sociales dans la vie privée et dans les choix individuels.
En voici une citation qui résume l’idée :
«Le but des Anciens était le partage du pouvoir social entre tous les citoyens d’une même patrie. C’était là ce qu’ils nommaient liberté. Le but des Modernes est la sécurité dans la vie privée et ils nomment libertés les garanties accordées par les institutions à cette vie privée.» » 2

Nous voyons donc une différence entre Rousseau, qui est plutôt du côté de la liberté des anciens, et les humanistes, du côté de la liberté des modernes. Le marxisme pourrait être du côté de la liberté des anciens par le collectivisme, et donc de Rousseau, sauf que ce n’est pas le cas. Ce serait négliger la dimension matérialiste du marxisme.

Le matérialisme

Une caractéristique du marxisme, et du socialisme en général, est souvent passée sous silence : le matérialisme. Le marxisme, comme toute doctrine socialiste, promet le bonheur matériel. Tout le monde aura ce à quoi il aspire, grâce à la transformation sociale de la société. C’est notamment la doctrine de l’homme nouveau. Il ne défend pas la démocratie, la parole de la collectivité, mais le dirigisme, la prise de pouvoir d’un groupe, qu’il appelle classe sociale, par la force. C’est le concept de révolution. Et le formatage de l’être humain. Nous sommes donc loin de Rousseau, et de ses réflexions sur l’organisation de la Cité.

Ce qu’il est intéressant de remarquer, c’est que ce matérialisme correspond à un état d’esprit au Royaume-Uni, au moins du 19e au 20e siècle. On peut ainsi rattacher John Meynard Keynes à ce matérialisme. Ainsi, Gilles Dostaler, dans Keynes et ses combats, écrit :

« Le programme du nouveau libéralisme était ce qu’on appelle en d’autres lieux un programme de transition vers un avenir plus lointain, qu’on espère radieux. Keynes s’exprime là-dessus dans un texte au style lyrique, publié au cÅ“ur de la grande crise, et intitulé «Perspectives économiques pour nos petits enfants ?». La crise en cours provoque «un grave accès de pessimisme économique» (1930-17, 2002-1, p. 106). Il ne s’agit toutefois pas des rhumatismes de la vieillesse, mais des troubles de la croissance. L’aveuglement sur les causes profondes de la crise explique le pessimisme des réactionnaires et des révolutionnaires. Ce qui est vécu en 1930, c’est l’interruption momentanée d’un processus de perfectionnement technique extrêmement rapide : «À long terme tout cela signifie que l’humanité est en train de résoudre le problème économique» (ibid, p.111). Ce long terme correspond à un siècle dans l’esprit de Keynes. On pourra alors envisager un monde où les besoins essentiels seront satisfaits et où les énergies pourront être employées à des buts non économiques. » 3

Les gens ne seront plus obligés que de travailler une poignée d’heures par semaine. Libérés de la contingence du travail, ils pourront se consacrer à l’art de vivre.

Dostaler rattache ce concept de Keynes à John Stuart Mill. Ce dernier « appelait de ses vÅ“ux, au contraire, cet état de société dans lequel on cesserait de courir après l’argent pour se consacrer aux choses de l’âme et de l’esprit. » 4

Conclusion : le matérialisme victorieux.

Il est intéressant de voir le point commun entre les deux doctrines les plus populaires de notre temps, le marxisme et le keynésianisme. Toutes deux sont matérialistes. Elles promettent un monde délivré des contingences matérielles. En cela, elles s’opposent à la bourgeoisie, qui représente justement la valeur travail. Elles s’opposent au libéralisme, qui est un humanisme, et s’intéresse au développement humain. Mais je ne suis pas sûr de pouvoir trouver du Rousseau dans Marx, qui prône le dirigisme. Rousseau peut être considéré comme un des pères de la démocratie totale, qui s’immisce dans tous les aspects de la vie privée. Mais le marxisme n’est pas démocratique.

Au final, il est aussi intéressant de rappeler à quel point la pensée de Marx est anglaise. On a coutume au contraire d’opposer le marxisme, qui serait proche de la pensée française, au libéralisme qui serait anglo-saxon.

Sur le web

Lire sur Contrepoints notre dossier spécial histoire de l’économie

  1. Un chemin de liberté : La philosophie de l’Antiquité à nos jours, Damien Theillier et Augustin Celier, Berg International Editeurs, p.62
  2. Un chemin de liberté : La philosophie de l’Antiquité à nos jours, Damien Theillier et Augustin Celier, Berg International Éditeurs, p.66
  3. Gilles Dostaler, Keynes et ses combats, Albin Michel, p.203
  4. Gilles Dostaler, Keynes et ses combats, Albin Michel, p.39
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  • Je ne pense pas que le matérialisme soit particulièrement anglais, mais plus qu’il soit d’origine religieuse (athée), voire intellectuelle, philosophique.

    Le matérialisme est une attitude dogmatique qui (comme l’idéalisme) tente d’expliquer le monde d’une façon définitive, dogmatique, de révéler la vérité du monde en quelques axiomes.

    Le matérialisme et l’idéalisme sont des refus du pragmatisme, pragmatisme qui s’accommode très bien du manque de compréhension des causes, considérant que la vérité s’efface devant ou découle de la réalité.

    Historiquement, cette course à la raison pure, qui est l’empreinte du matérialisme et de l’idéalisme (et de l’Europe du XVI a maintenant) est effectivement plus répandue dans les pays où se rejoignent plusieurs pragmatismes d’origines différentes : il émerge alors une minorité d’intellectuels qui tentent de faire une synthèse et de définir les règles du monde, parce qu’ils refusent l’ordre naturel sans le comprendre et se pensent fort de trouver des explications rationnelles à tout.

    Le matérialisme est un poison intellectuel qui transforme ses adeptes en monstres sanguinaires et l’idéalisme en est un autre, qui exacerbe le narcissisme.

    Le pire étant la combinaison des deux : ceux qui tirent le pire du matérialisme simpliste (Marx) et le combine avec l’idéalisme bisounours (Rousseau) … Ce qui donne la doctrine inculquée par l’Ednat entre autre et l’exception culturelle Française de la seconde moitié du XXème qui sévit toujours dans ce pays et l’empêche d’être en phase avec la réalité.

  • Ce n’est ni très convaincant ni très précis.
    Le « matérialisme » au sens philosophique considère qu’il n’existe rien d’autre que la matière (ni âme, ni dieux). Mais le matérialisme ici visé a plutôt son sens populaire – est matérialiste celui qui poursuit des objectifs purement « matériels » (l’argent, les biens) plutôt que le bonheur, le Bien, etc. On peut être matérialiste dans un sens sans l’être dans un autre.
    Ceci dit, un des arguments les plus efficaces contre un certain égalitarisme socialiste est justement qu’il est matérialiste au sens populaire. Alors même qu’il prétend haïr l’argent, il fait de l’argent la mesure de toute choses, puisque seul compte le fait que tout le monde dispose du même montant. C’est une contradiction qui lui est inhérente.
    Par ailleurs, la référence à Keynes me semble toutefois montrer, au contraire de ce qu’indique l’auteur, qu’il n’est lui-même pas matérialiste – il espère simplement, à tort ou à raison, que l’évolution économique donnera aux hommes le temps de réaliser des objectifs autres qu’économiques. En ce sens, il espère que la société permettra à terme aux citoyens d’échapper au matérialisme…

    • Le rejet de l’argent par les socialistes m’a tjs fait marré: les socialistes sont justement obsédés par l’argent. Ils ont surtout un sérieux problème avec l’argent des autres. Ils ne supportent pas quelqu’un puisse être plus riches qu’eux. Pour un socialiste, redistribuer l’argent signifie prendre l’argent des autres et le donner aux pauvres tout en se servant au passage. J’ai juste une chose à dire à tous les socialistes: montrer l’exemple, commencer par redistribuer votre argent avant de donner des lecons de morale et de vouloir obliger les autres à le faire.

      Je pense qu’il ne faut pas confondre deux choses: la pensée de Keynes et le keynésianisme. La pensée de Keynes a été déformée par les keynésiens, il n’est pas sûr qu’il serait d’accord avec les keynésiens aujourd’hui. Keynes était tout sauf contre la bourgeoisie. Le problème de Keynes s’est qu’il a passé son temps à changer d’avis et qu’il n’est pas clair. Donc, sa pensée est assez difficile à comprendre. Essayer de lire un texte de Keynes c’est très difficile, ses écrits ne sont pas très compréhensibles. Keynes était un excellent orateur mais un piètre écrivain.

      Keynes a quand même clairement introduit l’idée de court termisme. Il disait clairement qu’il fallait privilégier le court terme au long terme. Son proverbe préféré était: « A long terme, on sera tous morts ».
      De plus, Keynes privilégie le consumérisme. Il privilégie la consommation et incite à plus de consommation.
      Le keynésianisme est clairement une école de pensée défendant le court termisme et le consumérisme.
      Si on regarde l’histoire, le développement du court termisme et du consumérisme a commencé quand le keynésianisme s’est propagé. Ce n’est pas un hasard.
      Le libéralisme et le capitalisme, tous deux souvent accusé d’être responsable du court termisme et du consumérisme, existaient bien avant la diffusion du court termisme et du consumérisme.
      Or, je pense que le consumérisme et le court termisme sont deux choses de liés au matérialisme. A partir du moment où le court termisme et le consumérisme se propagent dans la société, le matérialisme se propage aussi

  • Tout cela est bien intéressant mais ne concerne que la sphère des idées. Que machin chose s’inspire de duschmoll ou non, quelle implication concrète dans la vie de tous les jours ? C’est se chercher une légitimité comme les aristocrates se cherchaient une généalogie. Ce n’est pas vraiment du pragmatisme ou alors il faudrait dire que c’est l’air du temps qui fait et défait les idées. Car les idées suivent le mouvement des sociétés, en gros les penseurs enfoncent des portes ouvertes. Le marxisme a t-il inspiré le communisme soviétique ? oui mais il n’en est pas la cause. D’ailleurs aucun régime ne suit jamais un dogme à la lettre, il ya toujours une part de pragmatisme.

  • « Au final, il est aussi intéressant de rappeler à quel point la pensée de Marx est anglaise. »

    En même temps Marx n’a-t-il pas vécu 2 décennies à Londres ?

  • « elles s’opposent à la bourgeoisie, qui représente justement la valeur travail » Il faut nuancer. Keynes ne s’est jamais opposé à la bourgeoise au contraire. Keynes était un bourgeois. Il était très arrogeant et élitiste, il se considérait comme l’élite de la société. La principale raison pour laquelle Keynes s’opposait au marxisme, c’est justement car cette idéologie était anti bourgeoise
    Par contre, chez les keynésiens (ceux qui ont suivi Keynes), on retrouvait cette hostilité de la bourgeoisie (enfin, cela dépent aussi de quels). Dire que le keynésianisme est opposé à la bourgeoisie n’est pas faux mais il faut nuancer. De plus, il est important de dire que keynésianisme a en partie déformée la pensée de Keynes.

  • Keynes a clairement introduit l’idée de court termisme. Il disait clairement qu’il fallait privilégier le court terme au long terme. Son proverbe préféré était: « A long terme, on sera tous morts ».
    De plus, Keynes privilégie le consumérisme. Il privilégie la consommation et incite à plus de consommation.
    Le keynésianisme est clairement une école de pensée défendant le court termisme et le consumérisme. Le keynésianisme incite par exemple à l’ (le) (sur)endettement
    Si on regarde l’histoire, le développement du court termisme et du consumérisme a commencé quand le keynésianisme s’est propagé. Ce n’est pas un hasard.
    Le libéralisme et le capitalisme, tous deux souvent accusé d’être responsable du court termisme et du consumérisme, existaient bien avant la diffusion du court termisme et du consumérisme.
    Or, je pense que le consumérisme et le court termisme sont deux choses de liés au matérialisme. A partir du moment où le court termisme et le consumérisme se propagent dans la société, le matérialisme se propage aussi

    Ceux que je comprends le moins ce sont les écologistes. Le parti EELV (comme le reste des partis écologistes d’europe) est économiquement très keynésien. ils sont illogiques car l’ incitation à consommer à tout prix est keynésienne et social-démocrate . Les keynésiens si ils sont logiques avec leur théorie devrait être les premiers à se réjouir de l’obsolescence programmée. Donc les écologistes, s’ils étaient logique avec eux même ils devraient être favorable à l’obsolescence programmée et la surconsommation. La surconsommation est clairement un pur produit du keynésianisme, cela s’est développé avec le keynésianisme et le modèle social démocrate.

    Un article intéressant : http://www.contrepoints.org/2012/11/29/106085-revenir-a-la-sobriete-originelle-du-liberalisme

  • sur keynes quelques critiques intéressantes: https://docs.google.com/document/d/1hBb4WeTW5jiChmIyUlaEnQnIuqDXIfCXFTqTYL0hHjw/edit
    https://docs.google.com/document/d/1N-sxGkficTTvYXvUiIi-vc-a3rZtqm1SbzO0SkUtGTQ/edit
    https://docs.google.com/document/d/1Bit_sp1etFCf9NHGE1rKNoGQXcsmPi2KBj59ESG-s5U/edit
    https://docs.google.com/document/d/1gYiwGzY4pawMF3ll9kjQimG5HCcKDB19O8x59-JIb4Y/edit
    https://docs.google.com/document/d/1F3s5iXzR0p_QYrQbUYBJngFrZIgaW2jLmObemifPOFc/edit
    https://docs.google.com/document/d/1_GQ1mGNfmQu2WvTw1C3YhsXdzWZhbhZ0USw-4XS1Dxc/edit
    https://docs.google.com/document/d/1JiN_dIQkE2rcoq7Cwaa_balcbt5NyVkHmIHQVM2bmJ4/edit
    https://docs.google.com/document/d/1liwpujgC-M9DI0rjyCSjXwIfw_xRcx3I6-I7O6ifTbo/edit
    https://docs.google.com/document/d/1tvi5sVOKBPmQxPvx9PjLzIi_DMOJ1n1H3PGYaxA9oOI/edit
    https://docs.google.com/document/d/1SjYYVaO4JfP1Qcj4LiNtLdItk0Mix6l0zLufpD_LOEQ/edit?authkey=COSVtt4D
    https://docs.google.com/document/d/1ep–rvXGZ70RKhHiMia8y3s5B4SctLJqUxbMme1h6Vg/edit
    https://drive.google.com/file/d/0B1aCCGYQwN2AX1phcFVmcVFWSmc/view?usp=sharing
    https://drive.google.com/file/d/0B1aCCGYQwN2Ac2pPYnJjMXVrZm8/view?usp=sharing
    https://drive.google.com/file/d/0B1aCCGYQwN2ATEQ2TWJpVzQwWjg/view?usp=sharing
    https://drive.google.com/file/d/0B1aCCGYQwN2ASnhTSkNCTnNVTXc/view?usp=sharing
    https://drive.google.com/file/d/0B1aCCGYQwN2AOFAwcXFjeVRqUjQ/view?usp=sharing
    https://drive.google.com/file/d/0B1aCCGYQwN2AX21aRDl5cy1rbFU/view?usp=sharing
    http://mises.org/library/failure-new-economics-0 « Henry Hazlitt did the seemingly impossible, something that was and is a magnificent service to all people everywhere. He wrote a line-by-line commentary and refutation of one of the most destructive, fallacious, and convoluted books of the century. The target here is John Maynard Keynes’s General Theory, the book that appeared in 1936 and swept all before it. »
    Il y a à piocher ici : https://www.google.com/?gfe_rd=cr&ei=vKt5VNvZPMvD8geipYCACg&gws_rd=ssl%2Ccr&fg=1#q=site:contrepoints.org+Keynes
    je vous conseille de lire « La paix calomniée », d’Etienne Mantoux ( http://classiques.uqac.ca/classiques/mantoux_etienne/paix_calomniee/paix_calomniee.pdf ).
    Les socialistes et politiciens ont déformés le keynésianisme. Rappelons qu’en 1926, l’économiste Keynes, dans une lettre ouverte au ministre français des Finances de l’époque, estimait impossible que les prélèvements publics puissent dépasser 25 % du revenu national.
    Le problème de Keynes s’est qu’il a passé son temps à changer d’avis et à se contredire lui même. http://www.contrepoints.org/2013/07/13/130634-john-maynard-keynes-change-davis-mais
    Perso, je ne suis pas sûr que Keynes approuverait les keynésiens aujourd’hui. Le problème c’est que c’est quelqu’un de complexe.
    Keynes s’est même opposé au socialisme: http://www.contrepoints.org/2012/12/15/108025-john-maynard-keynes-contre-le-socialisme
    C’est quelqu’un qui avait de multiples facettes souvent contradictoires entre elles
    autre article illustrant la déformation de la pensée de Keynes par les socialistes et politiciens:
    http://www.contrepoints.org/2012/05/24/84368-rvisez-votre-keynes

  • « … Le keynésianisme est […] une Sophistique Pseudo-Comptable dans la mesure où, comme tout « raisonnement macroéconomique », il vole le concept de prix : pour reprendre les termes de Georges Lane, Keynes a donné
    « « naissance à une démarche qui consistera à considérer qu’on peut faire abstraction des prix en théorie économique, […]»
    « En effet, le Sophisme Pseudo-Comptable viole les conditions d’une comptabilité rationnelle en méconnaissant ses conditions de validité : il consiste, dans une vaine tentative pour échapper au fait que la valeur n’est pas mesurable, à traiter ces mêmes sommes d’argent comme une prétendue « mesure » de substitution dans des conditions où ces sommes d’argent ne traduisent pas les jugements de valeur des personnes qui agissent ; c’est en volant ainsi le concept de valeur qu’il vole le concept de propriété, puisque c’est en se confrontant aux contraintes effectives auxquelles ils font face que les individus forment leurs jugements de valeur réels pour disposer de la richesse.
    « Le Sophisme Pseudo-Comptable commet un troisième type de vol de concepts, toujours associé à la propriété comme concept volé, à savoir qu’il vole le concept de prix, puisqu’il se sert de cette notion dans des conditions où elle ne peut pas s’appliquer.
    Rappelons donc à quelles conditions, et dans quelle mesure les quantités de monnaie traduisent les jugements de valeur : dans tout échange effectif de monnaie contre quelque chose d’autre, l’« acheteur » démontre qu’à ce moment, il donne au moins autant de valeur à ce qu’il « achète » qu’à la quantité de monnaie qu’il aura livrée à la place.
    « C’est ce rôle des prix en monnaie comme repères de la valeur qui permet ce que Ludwig von Mises appelait le « calcul économique », et qui fait de la comptabilité en monnaie, avec les opérations financières éventuellement associées, le seul domaine de l’économie où l’emploi des mathématiques peut avoir un sens.
    « Il s’ensuit que les quantités de monnaie ne peuvent servir comme repères de la valeur que s’il s’agit de prix authentiques, c’est-à-dire de biens effectivement échangés par leurs propriétaires au moment où la transaction se fait.
    « En dehors de ces conditions-là, les quantités de monnaie n’ont plus aucun rapport avec les jugements de valeur effectifs, et il est sophistique, charlatanesque, de s’en servir pour quelque raisonnement économique que ce soit. […]
    « le vol du concept de prix ne se limite pas à la planification centrale sur le mode soviétique : en fait, la notion s’applique à tous les cas où les quantités de monnaie ne reflètent pas un échange volontaire entre propriétaires.
    « Et c’est bien le cas lorsqu’un homme de l’état dépense de l’argent qu’il a, avec ses complices, volé aux autres : c’est pour cela que la prétendue « comptabilité publique », qui recense des richesses n’appartenant littéralement à personne, n’est qu’un rituel magique sans rapport avec les raisons d’agir de ceux qui en disposent.
    « A fortiori de la prétendue « Comptabilité nationale », qui a le front d’ajouter à ses prétendues « mesures de la production » toute dépense faite par les hommes de l’état alors que, justement, ceux qui les subissent refuseraient de les payer s’ils avaient le choix. C’est doublement une Pseudo-Comptabilité, parce que
    « – non seulement la moitié des sommes d’argent qu’elle recense n’appartient à personne, mais qu’en outre
    « – les additions et autres opérations arithmétiques dont elle tire ses prétendues « mesures du produit national » portent sur des objets qui, en théorie de la valeur, ne sont pas commensurables :
    « double vol du concept de prix.
    « Quant aux prétendus « taux de croissance de la production » que les statisticiens prétendent en déduire, ceux-ci sont incapables de tenir compte du fait que l’effet naturel des progrès de la production est d’accroître la qualité des produits et de faire baisser leur prix :
    on l’observe de façon spectaculaire là où les progrès sont les plus rapides, comme dans l’informatique personnelle, où il n’existe aucune « mesure » qui permette de comparer la qualité d’un ordinateur d’aujourd’hui à celle d’un ordinateur d’il y a trente ans.
    Et si les progrès de la production se traduisent normalement par des accroissements de la qualité et par des baisses de prix, comment les soi-disant « comptables nationaux » peuvent-ils calculer leurs prétendus « taux de croissance réelle de la production », eux qui ne recensent que des quantités de monnaie ?
    « Ils ont inventé de prétendus « indices de prix » pour soi-disant « en tenir compte », en même temps que des effets des politiques d’inflation imposées par les monopolistes de la monnaie ; mais comme il est impossible de « mesurer la qualité des produits », ces « indices » comportent une part d’arbitraire décisive, par définition impossible à connaître.
    « C’est donc de façon cruciale que leurs prétendus « taux de croissance de la production » dépendent des choix arbitraires qu’ils ont faits pour inventer un prétendu « indice général des prix » ; et le vol du concept de prix y est triple, puisque ce prétendu « indice des prix », au lieu d’être une quantité de monnaie qui s’échangerait sur un marché, ne traduit que les impasses de la pratique statisticienne.
    « C’est dire si les gloses récentes du dénommé Piquetout sur de prétendus écarts de quelques dixièmes de points de pourcentage entre les taux de rentabilité des investissements, estimés on ne sait avec quelle prime de risque, et de prétendus « taux de croissance » qui comportent cette part-là d’arbitraire, sont dépourvus de toute valeur scientifique et de toute pertinence… »
    http://www.institutcoppet.org/2014/10/10/entretien-avec-francois-guillaumat-par-gregoire-canlorbe/

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