Par Baptiste Créteur.
Historiquement, la pauvreté est la norme de la condition humaine. Lorsqu’il permet d’en sortir à un rythme spectaculaire depuis la Révolution Industrielle, le capitalisme ne crée pas la pauvreté : il en hérite et, pour beaucoup, il la résout.
Ne parlons pas de capitalisme, nom que ses opposants ont donné à un système fondé sur un principe simple : les actions et échanges sont volontaires. Quelles que soient leur situation et les opportunités qui se présentent à eux, ils sont libres de décider seuls et s’organiser entre eux, et chacun jouit des fruits de son travail ou de sa part, convenus à l’avance, des résultats d’un travail commun. Parlons de volontarisme, ou plus simplement de liberté.
Une société volontaire est le cadre idéal pour que le plus grand nombre sorte de la pauvreté.
Chacun a la possibilité de créer, ou contribuer à créer. Quand au contraire des restrictions sont imposées, l’enrichissement est forcément plus lent. Imaginons par exemple qu’on impose des minimas de productivité par un salaire minimum. Certains seront tout simplement exclus du marché du travail. Ou qu’on prélève une partie du produit de chaque vente, de chaque transaction, de chaque heure travaillée. Et qu’on prélève en plus une partie de chaque dépense. Et que l’objet de chaque dépense ait été lui aussi diversement ponctionné ! Au bout du compte, il ne restera plus grand chose des fruits de son travail, peut-être pas assez pour s’enrichir. 1
Quelle que soit la façon dont on définit ce qu’est “sortir de la pauvreté”, la liberté est le meilleur moyen et offre le plus d’opportunités d’y parvenir. C’est à chacun de décider comment, en fonction des opportunités qui se présentent à lui et des contraintes qu’impose la réalité. Les autres peuvent, autant qu’ils le veulent, faire en sorte de multiplier les premières et réduire les secondes, mais jamais l’inverse. Dans une société volontaire, le pire que quelqu’un puisse faire est de ne pas améliorer le sort de son prochain. Chacun peut aider son prochain directement, organiser des structures permettant de collecter, allouer et distribuer des fonds, inventer des solutions aux problèmes des autres. Encore faut-il qu’on lui en laisse les moyens.
Si une telle structure s’impose à tous, ponctionne ce que fait chacun et le distribue arbitrairement à d’autres, utilise une partie pour construire des monuments ou organiser des réceptions, pour faire la guerre au voisin et imposer sa loi, elle se pose comme un obstacle à l’enrichissement et l’entraide volontaire – la meilleure voie vers la sortie de la pauvreté pour tous.
Sauf si on mesure la pauvreté de façon relative, par un raisonnement étrange qui voudrait qu’on soit plus ou moins pauvre parce que les autres sont plus ou moins riches. Il n’y a pas une quantité fixée de choses à se partager d’une façon ou d’une autre ; il y a ce que nous créons, et ce qui en est fait.
Reste à régler un problème crucial.
Nous avons hérité de la pauvreté, et il en reste. Certains ont hérité de la pauvreté, certains ont hérité de maladies génétiques, certains ont hérité de traumatismes, et certains n’ont tout simplement pas hérité de grand chose. Heureusement, certains ont hérité du potentiel pour résoudre ces problèmes et bien d’autres. Directement, et parfois par des voies si indirectes qu’elles nous échappent complètement. Il y a une indéniable part de chance, mais il revient à chacun d’entre nous de faire les bons choix et de saisir les opportunités qui se présentent de faire le bien pour soi et autour de soi.
-  Ou de son capital, qui peut lui aussi porter ses fruits et offre des possibilités additionnelles de s’enrichir et de sortir de la pauvreté. On peut penser à l’impact de la micro finance ou de l’entrepreneuriat. ↩
D’aucuns diront que la relation de causalité est inverse : moins on est pauvre plus on est libre, ce qui d’ailleurs semble le plus raisonnable.
D’autres regarderont les faits et se rendront compte que les pays les plus riches (et les plus libres) sont aussi ceux qui ont le plus de prélèvements obligatoires. On pourra lire à ce sujet « Le paradoxe de Montesquieu », in Revue française de finances publiques, n° 108, octobre 2009 de Thomas Brand et André Barilari, qui confirment l’intuition de Montesquieu : « on peut lever des tributs plus forts, à proportion de la liberté des sujets ; et l’on est forcé de les modérer, à mesure que la servitude augmente ».
Mais ces deux points de vue sont cohérents et se complètent et en tout cas s’opposent à la vision libertarienne habituelle.
D’aucuns diront que la relation de causalité est inverse : moins on est pauvre plus on est libre, ce qui d’ailleurs semble le plus raisonnable.
Raisonnable? Il faudrait donner quelques arguments…
ne pensez-vous pas que plus un individu est pauvre, moins il dispose de choix ?
Vous semblez avoir une vision de la pauvreté très orientée. Un pauvre a moins de moyens, certes. Avec les moyens dont il dispose il a encore beaucoup de choix à sa disposition. De toute manière là n’est pas la question. Dans une société libre, l’individu (qu’il soit riche ou pauvre) a plus de choix pour diriger sa vie. Les organismes de micro-crédit ont largement fait la preuve que, même quand on n’a pas le sou, si on est prêt à se retrousser les manches, on peut s’en sortir. Et plus la société est libre mieux ça marche.
Qui est le plus libre ? Le cadre d entreprise ou le chômeur. si par liberté on entend choix, alors c est le premier mais il faut intégrer la notion de potentiel, le chômeur est libre de faire N importe quel choix de carrière et de développer son potentiel de choix, tandis que le cadre si il veut recommencer une autre carrière va voir ses possibilités financière et les choix attachés diminuer
“Si les socialistes veulent dire que, pour des circonstances extraordinaires, pour des cas urgents, l’Etat doit préparer quelques ressources, secourir certaines infortunes, ménager certaines transitions, mon Dieu, nous serons d’accord; cela s’est fait; nous désirons que cela se fasse mieux. Il est cependant un point dans cette voie qu’il ne faut pas dépasser; c’est celui où la prévoyance gouvernementale viendrait anéantir la prévoyance individuelle en s’y substituant. Il est de toute évidence que la charité organisée ferait, en ce cas, beaucoup plus de mal permanent que de bien passager.”
F. Bastiat, Justice et fraternité
Bonjour,
Concernant les possibilités de choix et de liberté, selon ses moyens, il faudrait avoir vécu les différentes situations et vécu le comportement de lasociété et de l’Administration.
Ai eu cette chance: cadre, cadre sup, cadre dirigeant, chomeur, chomeur longue durée, puis sans aucun revenus, etc.
Tout dérape.
En poste, quelqu’il soit, la liberté est très faible: c’est prendre un risque réel.
Sans rien, la liberté est tout aussi faible, voire davantage: parce que les interlocuteurs (administration, employeur, services d’aides, etc) sont composés d’étres humains qui ont peur de vous, parce qu’ils ont peur pour eux, et préfèrent éluder le problème et la réalité que l’on est. Ils vous appuient sur la tête très bien.
Si par hasard vous avez des diplomes, ils se cachent encore plus, par ce que ils ont encore plus peur pour eux. Combien m’ont dit: je ne peux pas justifier de vous prendre, vous serez à ma place avant 1 an, etc
Créer quelque chose, oui c’est possible, et très dur, très.
Et tout le système administratif est créé pour un monde en croissance, pas pour un monde en adaptation réelle que nous connaissons: il est parfaitement kafkaien.
La seule vérité est sur le terrain du quotidien. La liberté y existe, et passe par le travail, l’intelligence, la création.
Mais rappelez vous, dans la nature, les lionnes, comme les meutes de loup, les guépards, ou autres réussissent leur chasse, en moyenne une fois sur 5.
La société, et les banques, et les enseignements n’en parlent pas, ni ne sont organisés en ce sens.
Ce qui est vraiement dur, c’est ceux qui se relèvent et repartent à la chasse: on en parle jamais. cela vient de l’intérieur.
J’ai eu l’occasion d’en discuter quelque peu à une époque, avec Mr Gattaz Yvon: c’est aussi son point de vue.
Quand il a crée sa 1ere entreprise, pour indiquer le siège social, il fallait déjà avoir l’entreprise. Et réciproquement. Sans solution. Donc l’Etat obligeait 100% des entreprises qui se créent à tricher: il y a eu beaucoup de progrès depuis.
Le reste est de la conversation de salon.
Cdt.
Quand les libéraux évoquent la pauvreté, on a l’impression qu’ils là voient uniquement à travers une longue vue, sans aucune empathie possible car trop étrangère à leur environnement.