Iran : la nouvelle donne

Après les printemps arabes, le printemps iranien ?

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Iran Teheran city of lights Arash Razzagh Karimi (CC BY-NC-ND 2.0)

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Iran : la nouvelle donne

Publié le 4 février 2016
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Par Jacques Garello.

Iran Teheran city of lights Arash Razzagh Karimi (CC BY-NC-ND 2.0)
Iran Teheran city of lights Arash Razzagh Karimi (CC BY-NC-ND 2.0)

Il est difficile, sinon vain, de prévoir les conséquences du retour de l’Iran dans le concert mondial des États. Je n’aime pas me livrer à des exercices de géopolitique, mais l’histoire ancienne et récente, les références culturelles et religieuses, permettent d’avancer quelques hypothèses sur la nature et l’ampleur des changements auxquels le monde entier peut s’attendre.

On sait que les diverses instances politiques, de la Maison Blanche à l’Union Européenne, en passant par l’ONU, ont levé les sanctions qui, depuis plus de trente ans, frappaient l’Iran. L’Agence Internationale de l’Énergie Nucléaire, chargée de veiller à l’accord mondial de non-prolifération des armes nucléaires a fait savoir qu’il n’y a plus aucun danger maintenant ; elle pourra s’assurer que le nucléaire iranien sera au seul usage civil.

S’agit-il d’un progrès définitif ? Y aura-t-il d’autres étapes de nature à changer radicalement l’état des forces économiques et politiques dans le monde entier ? Il y a inquiétude chez les Républicains américains, ils ont tout fait pour empêcher la levée des sanctions, ils y ont vu un feu vert pour le terrorisme. Il y a satisfaction au Quai d’Orsay où l’on se vante d’avoir joué un rôle très actif. Il faut dire qu’Américains et Français sont des oracles qualifiés ! C’est la France qui a abrité l’ayatollah Khomeini à Neauphle le Château et lui a permis de revenir à Téhéran pour y installer le pire régime théocratique et dictatorial qui soit. Ce sont les Américains qui ont abandonné le Shah et livré l’Iran à la révolution « démocratique » dont le premier acte a été de nationaliser les puits de pétrole. Revenus de leurs erreurs, les Américains ont ensuite lamentablement échoué dans la campagne militaire, Carter et les États-Unis ont subi leur plus grand échec après le Vietnam, les « gendarmes du monde » ont dès ce moment perdu une grande partie de leur crédibilité. Après les printemps arabes, le printemps iranien ?

Ce passé, rapidement évoqué, est peut-être un guide pour l’avenir immédiat et médiat.

Dans l’immédiat, c’est le marché du pétrole et la croissance économique qui vont être concernés. L’Iran reprenant ses exportations, le prix du baril va subir un nouveau recul. Mais ne va-t-il pas tomber en dessous d’un seuil où le gaz de schiste ne sera plus rentable à son tour, créant une sérieuse turbulence dans l’économie américaine ? En sens inverse, la croissance iranienne pourrait faire un bond spectaculaire, tout le monde se pressant déjà pour investir chez ce nouveau partenaire, et ce concurrent sérieux va compliquer les calculs des pays émergents. Le marché iranien pourrait s’ouvrir très rapidement aux importations en provenance des pays de l’OCDE, propulsant ainsi leur croissance bien faible aujourd’hui. Évidemment, parmi toutes ces conséquences, visibles sans doute dans les prochains mois, il n’y a qu’une face de la mondialisation économique, avec ses promesses et ses exigences.

On peut cependant tempérer cet optimisme en observant ce qu’il est advenu de la Russie, voire de la Chine : les préoccupations politiques (expansionnisme de Poutine, contrôle du parti communiste en Chine) ont ralenti sinon supprimé les bienfaits du libre échange.

C’est que la politique semble dominer encore la vie en Iran. D’une part la démocratisation du régime est précaire, le poids des ayatollahs est toujours dominant. D’autre part la radicalisation religieuse est incontestable, et l’Iran est au premier rang du conflit au Moyen Orient. Finalement, l’équilibre des forces est modifié, les chiites iraniens reprenant la main aux dépens des sunnites saoudiens. La guerre entre chiites et sunnites risque de changer de visage. Prendra-t-elle le visage d’une radicalisation, avec une intensification des opérations militaires sur le terrain, en particulier en Syrie, en Irak et au Liban, et une nouvelle poussée de terrorisme en Occident pour faire pression sur les diplomaties des pays impliqués dans le conflit ? L’alliance constituée contre Daech peut-elle déboucher sur une reconquête de l’Irak, ou les Saoudiens et leurs alliés vont-ils faire front et enflammer leur pression ? La guerre va-telle au contraire prendre le visage d’un nouvel équilibre des forces, débouchant progressivement sur une paix fragile ? L’équilibre de la terreur, et le désir de croissance vont-ils l’emporter sur le risque d’un embrasement général que l’Occident semble actuellement incapable d’éviter ?

Incontestablement, les lignes ont bougé depuis quelques semaines. Les gouvernements européens et américains, hésitants, divisés et désemparés jusqu’à présent, vont-ils comprendre qu’il y a une nouvelle donne économique et politique ? La mondialisation peut-elle éloigner le spectre de la radicalisation ? Seule certitude : la paix est toujours venue du libre échange.

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  • ‘Mais ne va-t-il pas tomber en dessous d’un seuil où le gaz de schiste ne sera plus rentable à son tour, créant une sérieuse turbulence dans l’économie américaine ?’

    Le secteur énergétique ne représente que 2% de l’économie US, et c’était en 2014, avant même que le secteur ne fasse des coupes et supprime des emplois en 2015, année où la croissance a atteint 2,4%.
    Donc les répercussions seront limitées à ce niveau, le plus grave reste le commerce extérieur avec un dollar fort et des pays émergents et énergétiques sapant les entreprises exportatrices.

    Quant à l’Iran ça m’inquiète, les modérés se font taper sur les doigts..

    • Pour ce qui est du gaz et pétrole de schiste, si aucun écologiste ne vient casser l’élan (et les états pétroliers ont déjà financé beaucoup de propagande verte…) l’OPEP, la Russie et autres n’ont pas fini d’en baver. Encore une innovation géniale, un laser (fibre optique) de haute puissance qui permet de forer les roches dures à un cout bien plus bas. Libérant ainsi encore de nouvelles ressources !

      http://www.foroenergy.com/

      • Merci pour cette info 😮 Le pouvoir de l’innovation est plus fort que tout, on vit une époque merveilleuse.

        Il y a la « glace qui brûle » qui permet d’extraire de très grandes ressources, en l’état c’est un projet financé par le Japon car trop coûteux et pas rentable pour les entreprises privées. Imaginez un peu si le Japon devenait indépendant au niveau énergétique ! Un des plus gros clients du Moyen-Orient je le rappelle ! Mieux encore : Les USA, qui possèdent la plus grande superficie marine au monde, possèderait les plus grandes réserves de cette glace qui brûle et de loin, permettant au pays d’avoir de très fortes possibilités de développement futur.

        • Il me semble que vous parlez des hydrates de méthane : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hydrate_de_m%C3%A9thane

          C’est une vielle idée le problème c’est que ce n’est absolument pas économique, ce qui explique à mon sens que c’est développé par le Japon qui risquerait d’avoir du mal à importer son énergie en cas de guerre.

          Dans le même genre pour les métaux on a les Nodules polymétalliques, des ressources immenses mais très dures à récupérer économiquement.

          Je conseil de suivre le projet de Nautilus Minerals : http://www.nautilusminerals.com/IRM/content/default.aspx

          Ils prévoient de créer la première mine sous marine, j’espère que ça va réussir et qu’ils vont continuer car le problème c’est qu’entre le début du projet et aujourd’hui le prix des métaux en question ont baissé.

          Le Japon a trouvé sous la mer 1000 fois les dépôts terrestres de terres rares, dont une partie est dans les eaux japonaises et l’autre dans les eaux françaises ! Des minéraux sur lesquels la Chine met en place un embargo inacceptable… On se demande encore ce qu’on fait.

          « The team of scientists from Japan’s Agency for Marine-Earth Science and the University of Tokyo first discovered huge reserves in the mid-Pacific two years ago. These are now thought to be 1000 times all land-based deposits, some of it in French waters around Tahiti.  »

          http://www.telegraph.co.uk/finance/comment/ambroseevans_pritchard/9951299/Japan-breaks-Chinas-stranglehold-on-rare-metals-with-sea-mud-bonanza.html

          • Pour une fois, je crois qu’on fait ce qu’il faut : le strict minimum pour conserver les permis miniers qu’on a déposés sur de grandes zones du Pacifique, et on attend les décennies, voire siècles, nécessaires à développer des techniques rentables pour aller gratter des kilomètres carrés de dépôts de quelques centimètres d’épaisseur, sous une pression de 400 atmosphères d’un liquide peu hospitalier, et pour remonter à la surface des tonnes de pierraille dont on va extraire quelques grammes ou milligrammes d’éléments de valeur.

            • Je ne vous comprend pas. Ce que l’état devrait faire c’est justement distribuer des concessions à qui en veut. Si quelqu’un veut tenter l’aventure qu’il le fasse et qu’il fasse faillite si sa technologie n’est pas au point.

              • Les concessions sont accordées par l’ONU (United Nations Convention on the Law of the Sea (UNCLOS)) pour 15 ans, je crois, et sont remises en cause si le pays ne fait pas un minimum de travaux de recherche-exploration dans ce qu’il a réclamé comme faisant partie de sa zone d’intérêt économique. Comme personne ne voit la moindre exploitation possible dans l’immédiat, les droits sont « entretenus » par les états grâce à des projets de cartographie, de recensement, et des études technologiques exploratoires. Tout l’art est d’en faire assez pour ne pas perdre le permis, mais pas plus. La publicité scientifique ou technologique autour des actions pour les faire paraître aussi grosses que le boeuf participe aussi de ce principe. La France a réussi à faire renouveler ses permis grâce surtout à de la compilation de bases de données acquises antérieurement (je ne dirai pas combien d’efforts y ont été consacrés d’après mes estimations, des fois que quelqu’un de l’ONU écouterait), le Japon fait des projets de démonstration, la Chine, la Corée, l’Inde, la Russie je ne sais trop quoi, ça fait 10 ans que je ne suis plus vraiment ça. Les USA n’ont pas signé l’UNCLOS.
                A mon avis de contribuable éclairé, nos intérêts ont été habilement défendus et préservés…

        • Déjà quand j’étais étudiant, mes amis japonais étaient connus pour leurs projets déconnectés de toute réalité économique : ETM, aéroports flottants, nodules polymétalliques, upwelling artificiels, propulsion MHD, etc., et ils ont conservé et entretenu cette réputation depuis.
          Ce que l’on appelle généralement hydrates de gaz ou hydrates de méthane, et « glace qui brûle » dans Ca m’intéresse ou Science et Vie Junior est surtout connu dans le domaine de l’industrie des hydrocarbures comme une source majeure d’ennuis et d’accidents de forage et de pipelines, en raison de sa réaction instable aux changements de température. L’estimation des réserves mondiales en décroit d’environ une décade par décennie, elle est actuellement nettement en dessous de celle des autres sources d’énergie carbonée. Les concentrations des dépôts sont généralement faibles, et seuls très peu de gisements peuvent laisser espérer qu’il ne faille pas plus d’énergie pour rassembler les hydrates qu’ils n’en produiraient ensuite.
          Des attrape-nigauds au service de chercheurs en mal de financement auprès des ministères publics, en somme.

  • « Il y a inquiétude chez les Républicains américains, ils ont tout fait pour empêcher la levée des sanctions, ils y ont vu un feu vert pour le terrorisme. »

    Ont peut les comprendre l’Iran n’est absolument pas incité à arrêter de financer tout un tas de groupes terroristes sunnites et chiites.

    « Après les printemps arabes, le printemps iranien ? »

    Espérons le ! L’Iran ce n’est pas que des perses (qui sont loin de tous soutenir le régime), c’est tout un tas de peuples avec leur propre histoire et leur propre culture qui sont retenus en arrière par quelques mollahs revanchards. Toute cette énergie de gaspillé, c’est vraiment triste.

    « un seuil où le gaz de schiste ne sera plus rentable à son tour »

    Tous un tas de petits pays parasitaires vont sauter avant que les USA, la Russie ou le GCC commencent à tanguer.

  • « la croissance iranienne pourrait faire un bond spectaculaire, tout le monde se pressant déjà pour investir chez ce nouveau partenaire, et ce concurrent sérieux va compliquer les calculs des pays émergents. Le marché iranien pourrait s’ouvrir très rapidement aux importations en provenance des pays de l’OCDE, propulsant ainsi leur croissance bien faible aujourd’hui. »

    Je ne suis pas sure. Le régime iranien est au final assez faible comme celui de la fin de l’URSS. Contrairement aux régimes comme celui de la Chine, les régime oppressifs faibles ont prouvé ne pas tenir l’engouement pour la liberté qui vient avec la croissance économique. Les mollahs prendront ils ce risque ?

    « On peut cependant tempérer cet optimisme en observant ce qu’il est advenu de la Russie, voire de la Chine : les préoccupations politiques (expansionnisme de Poutine, contrôle du parti communiste en Chine) ont ralenti sinon supprimé les bienfaits du libre échange. »

    C’est assez hasardeux comme comparaison. L’Iran est un pays qui a un vrai potentiel à libérer, ou il y a des gens qui ne demandent qu’à faire quelque-chose, comme la Chine. En Russie on a (à part plusieurs peuples isolés par ci par la dans le pays) une civilisation à bout de souffle, une population en déliquescence totale, un pays qui n’arrive pas à savoir qui il est, une rancune, une envie de revanche et une paranoïa omniprésente. On est loin de l’attitude positive et ouverte de beaucoup d’iraniens.

    « D’autre part la radicalisation religieuse est incontestable »

    La radicalisation des positions du régime oui, mais la population iranienne est surement revenue de l’optimisme révolutionnaire. Il y avait peut être 50% d’islamistes en 1979, aujourd’hui sont ils seulement 20% ?

    Vous pouvez lire ce sondage qui a été réalisé dans plusieurs pays du moyen orient dont l’Iran. L’avis de la population est assez différent de ce que l’on peut parfois imaginer:

    http://static1.squarespace.com/static/52750dd3e4b08c252c723404/t/5667940fbfe8731ec365efa7/1449628687692/Sir+Bani+Yas+2015+Letter+FINAL.pdf

    « les chiites iraniens reprenant la main aux dépens des sunnites saoudiens »

    Le problème c’est que les chiites iraniens ne peuvent pas s’empêcher d’oppresser les sunnites irakiens et syriens… Avec une redéfinition des frontières et une politique du « chacun chez soit » l’influence de l’Iran en prendrait un coup, mais la zone serait stabilisée.

    • L’Iran n’est d’ailleurs pas assurée d’avoir une forte croissance, surtout à long terme..le prix du pétrole est trop bas pour assurer au pays des recettes significatives, et ses infrastructures sont en déliquescence. Il faudra davantage d’ouverture.

      Et cela est improbable si les élections de Février remettent au pouvoir une assemblée majoritairement ultraconservatrice car 80% des candidats modérés ont été rejetés par les Gardiens de la Révolution.

  • Je ne crois pas à une révolution iranienne.

    Sur l’Iran, il faudrait expliqué aux médias que le changement du chef du gouvernement (Rafsandjani, Khatami, Ahmadinejad et Rohani) ne change pas la nature du régime! Le chef du gouvernement n’a pas grand pouvoir. Toutes les décisions importantes dans les domaines politiques, économiques, militaires, etc se prennent par le chef de l’Etat, le Guide Suprême Ali Khamenei. Il est le chef de toutes les forces armées et il choisit même le chef de la Police. Il décide même à travers d’un organe dont les membres sont choisis par lui, qui peut se présenter ou non à ses mascarades électorales. http://iranfocus.com/fr/index.php/opinion/analyse/8253-connaitre-la-constitution-iranienne-par-francois-colcombet

  • « L’Agence Internationale de l’Énergie Nucléaire, chargée de veiller à l’accord mondial de non-prolifération des armes nucléaires a fait savoir qu’il n’y a plus aucun danger maintenant  » L’Iran a déja commencé à violer l’accord.

    Le guide suprême est le véritable détenteur du pouvoir en Iran et il a clairement dit qu’il ne renoncerait jamais à l’arme nucléaire.

    L’Iran a dépensé plus de 300 milliards de dollars dans son programme d’armement nucléaire. Vous croyez vraiment qu’ils font renoncés après avoir dépenser autant de fric ?

    Cet accord ressemble à celui signé dans les années 90 avec la Corée du Nord, accord qui n’a jamais été respecté

  • Article completement ininteressant.

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