Ce qui rend la lutte antiterroriste impossible

Notre système de lutte antiterroriste est une collection d’administrations lourdes, centralisées et à peine gérées.

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tampons administration bureaucratie credits frederic bisson (licence creative commons)

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Ce qui rend la lutte antiterroriste impossible

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 18 février 2016
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Par Guillaume Nicoulaud.

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Concrètement, l’organisation de la lutte antiterroriste en France, c’est une usine à gaz qui ne peut pas fonctionner. Peu importe la qualité des gens que vous y mettrez, et peu importent les milliards que vous y engouffrerez, ce genre de structure est voué à l’échec.

Entendez-moi bien, je l’ai dit et je le redis encore : je ne connais rien à l’antiterrorisme. Je ne suis, au mieux, qu’un citoyen lambda qui s’intéresse à la chose depuis une grosse année et, comme je n’y connais rien, mon réflexe standard consiste à essayer de combler autant de lacunes que possible en lisant ce qu’en racontent ceux qui, et de toute évidence, savent de quoi ils parlent.

En l’espèce, le jugement péremptoire que je porte en introduction, c’est – entre autres – celui d’Abou Djaffar (a.k.a. Jacques Raillane) : notre système de lutte antiterroriste est une collection d’administrations « lourdes, centralisées, à peine gérées » qui non seulement sont incapables de travailler de concert mais, pire encore, semblent avoir une fâcheuse tendance à se tirer dans les pattes.

Mais vous n’avez pas besoin d’être un spécialiste de l’antiterrorisme pour comprendre que cette organisation est vouée à l’échec. Un rapide coup d’œil à l’organigramme officiel convaincra tous ceux qui ont un minimum d’expérience en matière d’organisations humaines qu’une structure de ce type n’a absolument aucune chance de fonctionner et ce, quoi que vous vouliez lui faire faire. Appliquez ce schéma à n’importe quel projet, et vous pouvez être absolument certain que ça ne fonctionnera pas.

On pourrait évoquer la structure hiérarchique du machin, le découpage purement administratif des différents services (la DGSE à la Défense, la DGSI à l’Intérieur) mais c’est, en vrai, tout à fait inutile puisque que cette structure porte tout à fait officiellement le sceau des organisations défaillantes : la cellule « coordinateur ». C’est imparable, quel que soit l’organigramme que vous considérez, si quelqu’un a jugé utile d’y faire apparaître une cellule de coordination, vous pouvez cesser vos investigations : c’est certain, ça ne fonctionne pas, et tout le monde, au moins en interne, le sait.

Lutte anti terrorisme rené le honzecNous avons donc une Unité de Coordination de la lutte Antiterrorisme (UCLAT) chargée de la « coordination opérationnelle des services appelés à lutter contre le terrorisme » (source : site de la DGPN). Mais il y a mieux encore : je viens d’apprendre sous la plume d’Abou Djaffar qu’en juin 2015, nous nous sommes aussi dotés d’un état major opérationnel pour la prévention du terrorisme (EMOPT) dont le rôle est « de piloter la totalité du dispositif de détection et de suivi » (Bernard Cazeneuve, rapporté par lepoint.fr). C’est-à-dire que nous n’avons pas une cellule de coordination mais deux structures distinctes dont on imagine bien mal comment elles pourraient ne pas être redondantes, la création de la seconde sonnant comme un aveu d’échec de la première, qui n’en cesse pas pour autant d’exister.

Bref, si notre lutte antiterroriste a failli (quoi qu’en disent les ministres), c’est essentiellement parce qu’elle est terriblement mal organisée (par lesdits ministres, de droite comme de gauche).

Quelle conclusion opérationnelle en ont-ils tiré ? Eh bien, ils ont créé encore plus de complexité, des plateformes d’appel téléphonique, des comités de réflexion, une nouvelle cellule de coordination et, bien sûr, une bordée de lois aussi inutiles que nuisibles (renseignement, déchéance de nationalité…) – toutes ces gesticulations n’ayant, somme toute, que deux grands points communs : ne pas s’attaquer sérieusement au problème et, naturellement, assurer une présence médiatique continue aux gesticulateurs.

Il va de soi, vous l’aurez compris, que le problème dépasse largement le cadre de la seule lutte antiterrorisme. C’est notre mode de fonctionnement standard : il n’est, à ma connaissance, pas un seul domaine de l’action publique qui échappe à cette course effrénée à l’entropie maximale, à la prolifération d’agences et d’administrations, de lois si nombreuses, complexes et changeantes que même l’administration chargée de les faire appliquer ne parvient plus à suivre le rythme et, naturellement, de nouvelles lignes budgétaires qui, selon un principe désormais bien établi, viennent s’ajouter aux précédentes sans jamais les remplacer.

Notre chose publique tout entière est devenue une gigantesque usine à gaz. Il n’existe pas, y compris parmi les juristes les plus chevronnés, un seul citoyen qui puisse prétendre connaître les lois de notre pays. Il n’y pas, y compris au sein même de notre représentation nationale, un seul citoyen qui soit capable d’établir une liste de la multitude d’agences, administrations, conseils, unités, cellules, centres et autres observatoires qui vivent de nos deniers. Il n’y a pas non plus et enfin, un seul citoyen français qui soit en mesure de dire combien ce gigantesque bazar lui coûte, et encore moins comment cet argent est utilisé.

Voilà, concrètement, où nous en sommes et, encore une fois, c’est vrai où que votre regard puisse se porter.

L’autre jour, c’était notre syndic de propriété qui s’en plaignait, faisant écho à un ami médecin croisé la veille : cet invraisemblable magma administratif et législatif a phagocyté jusqu’à la moindre de nos activités, et j’attends avec impatience que l’un d’entre vous s’en dise satisfait, au moins un peu. Ça ne fonctionne pas, nulle part. Dites-vous bien que ces lourdeurs administratives, législatives et fiscales qui rendent votre vie impossible, les agents chargés de la lutte antiterroriste les subissent aussi, et peut-être même davantage que vous.

L’ironie de la situation, lorsque l’on entend ceux de nos concitoyens qui se plaignent de l’impuissance publique et appellent de leur vœux un État fort, c’est qu’ils parviendraient presque à nous faire croire que c’est par manque d’administration, de lois et de moyens. Ça ferait presque sourire si cela n’était pas si désespérément triste. Le fait est que nous n’avons pas encore atteint le stade du diagnostic. Comme le font, sans doute justement, remarquer les spécialistes de l’antiterrorisme que nous comptons dans nos rangs : nous sommes, encore et toujours, dans le déni ; l’idée même d’une remise en cause de nos choix collectifs n’est pas encore sur la table.

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  • L’auteur semble aborder un sujet qu’il ne maitrîse pas et son article est très brouillon.

    Concernant l’organisation des structures à proprement dit, certaines sont légitimes d’autres non.
    Le fait d’avoir un service de sécurité intérieur et ausi un extérieur est légitime en terme d’organisation ainsi que sur le plan juridique (tous les pays ont la même organisation).
    Pour la Défense, la DRM et la DPSD sont aussi légitime car ces structures ont un périmètre tout aussi légitime.
    Je vous fais grâce des services périphériques et je vous rejoins uniquement sur les « super-structures » de type unité de coordination ou etat major qui ne sont que des strates inopérantes (uclat, SDGSN …).

    Ma vision de la situation est la suivante:
    – Problèlme de statut (fonction publique)
    – surcouche bureaucratique dans les services avec des effectifs mal formés ou utilisé à des missions hors renseignement (DGSE un comptable pour 2 agents etc …)
    – Services pléthoriques qui viennent parasiter les décisions (sdat, sdig …)
    – La catastrophique fusion DST DCRG pour devenir la DCRI (sarkozy)
    – La catastrophique transformation de la DCRI en DGSI avec des grands mots mais comme toujours aucune réforme de fond.

    Ma solution serait la suivante:

    Un comité de sécurité chapeautant les services suivants:
    -DGSE (sécurité extérieur)
    -DPSD (sécurité sites défense)
    -DRM (renseignement militaire)
    – Un service transverse de type NSA américaine pour centraliser les moyens techniques d’écoute (actuellement les moyens sont répartis principalement à la DGSE mais aussi de façon parcellaire sur les autres services)

    -Pour la DGSI (sécurité intérieur) une attention partiulière avec suppression des services concurrents de type SDAT de la PJ, uclat et compagnie.
    Transfert de la SDIG (ex RG) dans une subdivision de la DGSI pour prendre le poul des différents activisme, création d’une subdivision (unique structure en france) en charge de l’anti terrorisme, et création d’une subdivision en charge du traffic d’armes (+ le métier originel du service, le contre espionnage).
    La suppression du statut fonctionnaire de police au sein de la DGSI pour un statut d’agent de renseignement ou de technicien opérationnel), seul une section sera composé d’officier de police judiciaire afin de faciliter le suivi des dossiers traités.

    J’ai certainement dû oublié plein de choses tellement le sujet est vaste.

    • l’auteur dit juste que c’est le bazar et quand on connaît comment fonctionnent les structures administratives….

      toutefois le sujet est complexe et pour une fois, le gouvernement est légitime pour le piloter. Mais comme il se disperse ailleurs…

    • De bonnes réflexions. Je me permets de vous signaler que vous n’envisagez pas sauf erreur la création d’un Homeland Security dépendant du Président. Je pense que la sécurité du territoire est fondamentale.

  • La presence et la connaissance du terrain sont essentielles.

    Hors des territoires entiers sont délaissés par la,puissance publique.
    Hors, les politiques répressives créent plus de méfiances que d’une envie de collaborer avec des forces de l’ordre très clairement au service de l’élite.

    Personnellement, je crois aux potentiels du collaboratif pour notre sécurité… Mais pour cela il,faudrait que l’état inspiré confiance, et non pas la crainte.

  • Pour contrer les terroristes, c’est simple. Il faut d’abord en capturer un. On lui applique ensuite les vieilles bonnes techniques que certains trouvent desuetes mais qui ont toujours prouve leur efficacite.

  • bonsoir,

    je n’ai pas l’impression que nous ayons tous lu le même texte :

    amha, ce dont parle monsieur Nicoulaud ce n’est pas de sécurité, mais de management.

    et ce qu’il indique, c’est que quelque soit le sujet et le cadre, public ou privé, il y a des facteurs clefs de succès, et d’insuccès, au 1er rang desquels la qualité et la simplicité de l’organisation mise en place.

    et qu’au cas d’espèce, ce n’est pas le cas.

    et que c’est d’autant plus navrant que le sujet sous-jacent est la sécurité du pays.

  • C’est bien vrai car comment expliquer qu’en plein état d’urgence on puisse attaqué un casino à Aix à l’arme lourde et d’après ce que j’ai entendu à la radio à 50 m d’un poste de police, puis de pouvoir s’enfuir sans être inquiété. Heureusement que ce n’était pas une attaque terroriste.

  • merci pour l’article, bien que tout à fait ignorante , je reste convaincue que l’on ne sortira pas de nos problemes économiques tant qu’on ne simplifiera pas énergiquement et qu’on ne réduira pas tous les comités « théodule » (ou autre) à un strict minimum. C’est à dire qu’on acceptera , entre autre, des effets d’aubaine ou des inégalités ;

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