[Replay] Agriculteurs : comment sortir de la crise ?

François Hollande est accueilli au Salon de l’Agriculture avec des sifflets. L’occasion de rappeler quelques fondamentaux.

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[Replay] Agriculteurs : comment sortir de la crise ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 27 février 2016
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Par Daniel Sauvaitre.

agriculture matthias ripp(CC BY 2.0)
agriculture matthias ripp(CC BY 2.0)

L’été dernier, sécheresse, canicule, cours bas à la production pour la viande et le lait ont mis l’agriculture à la Une et les agriculteurs dans la rue.

 

Des éleveurs exaspérés

Les éleveurs ont ainsi dit leur exaspération envers les normes, les contrôles et les prix bas qu’ils subissent. Ils ont fait savoir au gouvernement, à la grande distribution et à la population tout entière qu’ils sont de plus en plus nombreux à ne plus à joindre les deux bouts et courent tout droit à la faillite.

Blocages de routes et blocus contre certains commerces ont permis un très large écho à leur action revendicatrice dans tous les médias.

Après un peu de retard à l’allumage, le gouvernement a annoncé à coups de millions illusoires un plan de soutien à leur filière en crise avant d’enjoindre les clients des éleveurs à payer plus cher lait et viande.

Les turbulences très vives un peu partout en France ont aussi été l’occasion d’un grand débat sur les causes et les responsables de cette situation.

 

Le diagnostic est-il le bon ?

La question est maintenant de savoir si les diagnostics, les arguments développés dans les journaux et à la télévision par toutes les parties prenantes éclairent utilement la voie à suivre pour installer de meilleurs équilibres économiques et un revenu satisfaisant pour les éleveurs.

Pour vivre au quotidien une situation très similaire en tant qu’arboriculteur et viticulteur, mais aussi en tant que représentant des organisations de producteurs de pommes, de poires et d’autres fruits et légumes, je n’en suis pas vraiment sûr.

Les messages perçus lors des manifestations ou issus de nombre de déclarations dans les médias font état de prix d’achat en dessous du prix de revient que subissent les éleveurs de la part de leurs coopératives, de négociants, d’abattoirs et de la grande distribution. Ces derniers bien entendu sont dénoncés pour tirer exagérément les prix vers le bas et faire de bonnes marges sur le dos des producteurs. La concurrence déloyale au sein de l’Europe est aussi très vivement dénoncée, tout comme l’empilement de normes franco-françaises. Et pour finir, c’est la politique agricole commune trop libérale qui est désignée comme le modèle à remettre en cause au plus vite.

 

Haro sur le productivisme

L’argumentation semble assez largement convenir aux médias et à certains politiques en accord avec l’opinion publique, et qui en profitent eux aussi pour dénoncer un modèle productiviste à bout de souffle, et montrer que le salut passe par le bio et les circuits courts.

François Guillaume, ancien président de la FNSEA devenu ministre de l’Agriculture en 1986 et aujourd’hui membre de Debout la République a même repris la plume dans Le Figaro pour proposer le retour des prix garantis et des quotas. Si la description qu’il fait du quotidien kafkaïen d’un agriculteur est poignante de vérité, c’est bien à un grand bond en arrière kolkhozien qu’il nous invite pour nous affranchir de ce qu’il considère être les horreurs du libre échange. Chacun y va gaiement de son simplisme pavé de bonnes intentions qui nous conduirait pourtant tout droit vers l’enfer.

Au risque de l’impopularité et de choquer les âmes sensibles, je crois utile de rappeler brutalement quelques fondamentaux qui ne transparaissent pas vraiment dans cette information délivrée en boucle au public ces jours-ci.

 

Le paysan est un entrepreneur libre

Un paysan est un entrepreneur libre et responsable, informé de l’environnement légal et réglementaire qui encadre son activité. Il est conscient de la concurrence et des conditions de l’accès au marché pour ce qu’il se propose de produire. Il est seul avec ses assurances et son patrimoine face à ses créanciers en cas de difficulté. Rien ne lui est garanti, ni les récoltes ni les primes, ni les clients pas plus que les prix de vente ou la stabilité des règles et des termes de la concurrence. Et pour le consommateur final auquel il destine ce qu’il produit, à tout instant il doit avoir en tête le célèbre constat implacable de Coluche formulé ainsi : « quand on pense qu’il suffirait que les gens arrêtent d’en acheter pour que ça ne se vende plus ».

Le fameux prix de revient dont on parle beaucoup ces jours ci est évidemment une donnée extrêmement importante qui permet de savoir pour l’entrepreneur à partir de quand il gagne ou perd de l’argent. Chaque paysan a le sien, toujours différent de celui d’un autre. Le marché s’en soucie comme d’une guigne pour la fixation du prix de l’échange qui découle de la confrontation de l’offre et la demande et de l’accord entre les parties.

Qu’il résulte du règlement qui lui est fait par sa coopérative ou par un négociant privé, le producteur est responsable de son prix de vente. Accepter de confier sa production à un opérateur sans savoir à quel prix elle lui sera payée est évidemment aussi de sa seule responsabilité.

Bien heureusement, personne n’est obligé de faire ce métier très risqué qui relève, comme beaucoup d’autres, à la fois du casino et de la roulette russe tant les paramètres influant sur le résultat sont nombreux et difficiles à maîtriser. Je pense même qu’il faudrait faire signer une décharge à ceux qui s’aventurent au-delà de la limite de sécurité communément admissible par le commun des mortels pour s’assurer qu’ils sont en pleine possession de leurs facultés intellectuelles, et lucides sur les dangers qu’ils encourent.

Aussi lourd que cela soit à porter, revendiquer et être conscient de sa responsabilité et de sa liberté sont les premières des conditions à remplir pour chercher à mieux maîtriser son destin économique et influer positivement sur le cours des choses. S’afficher comme victime relève alors de la tactique et de la ruse pour obtenir de l’aide. Rien de plus.

 

Distinguer le structurel du conjoncturel

À mon sens, dans la crise que subissent les éleveurs, il faut distinguer ce qui est structurel et largement indépendant de leur volonté de ce qui est nettement plus conjoncturel, et où ils sont clairement à la manœuvre et partie prenante.

L’activité de l’éleveur s’exerce en France, dans un pays qui, au-delà des règles européennes communes, se donne les siennes propres. Salaire minimum, droit du travail, droits sociaux, normes sanitaires et environnementales, obligations administratives, encadrement du partage des terres et de la taille des exploitations, impôts et taxations divers, autant de paramètres qui sont déterminants pour la compétitivité de l’éleveur vis-à-vis de ses concurrents européens et mondiaux. Quelle que soit la performance technique et organisationnelle de l’éleveur, l’impact de ces critères externes est décisif dans le jeu concurrentiel auquel il participe.

Il se trouve malheureusement pour l’éleveur comme pour de nombreux entrepreneurs d’autres secteurs de l’activité économique que la France a fait ses choix politiques sans tenir compte des impacts négatifs sur sa compétitivité comparativement à celle de ses concurrents. Pourtant, les marchés sont de plus en plus ouverts en Europe, mais aussi dans le monde.

 

L’inadaptation française

Parfaitement démocratique, la France, comme la Grèce, est seule responsable de ses choix inadaptés et de leurs implications. L’intérêt des manifestations bruyantes de ces dernières semaines par les éleveurs est bien entendu de relier quelques effets douloureux et méconnus des causes du peuple validées par les urnes.

« Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes » disait Bossuet. À cette aune, même la fille aînée de l’Église n’a pas fini de se faire moquer d’elle. Attachée à ses dogmes sociétaux et à ses tabous normatifs, la France n’en finit pas de geindre et d’accuser les autres nations de ne pas avoir fait les mêmes choix qu’elle. Pays des droits de l’Homme, elle se croit toujours le phare du monde. Mais d’ici peu, il y aura beaucoup de place de la cave au grenier devenus vides des productions qui jadis les encombraient.

Il est saisissant de voir la réaction du ministre de l’Agriculture face à la crise. Là où on aimerait qu’il ait un plan pour redonner aux producteurs une compétitivité comparable à celle dont bénéficient ceux d’outre Rhin, il esquive ses responsabilités sur ce terrain politique miné par la sacralisation corporatiste de tous les immobilismes.

 

Quand les pouvoirs publics favorisent les monopoles contre les consommateurs

Non sans talent de diversion politique, comme les éleveurs en détresse il pointe assez cyniquement du doigt les acheteurs. Il les invite à faire un effort pour payer plus cher. Et c’est ainsi que l’on assiste médusé au soutien par un ministre de la République d’une entente sur un prix du cochon à 1,40 euro. Je suppose que Bruno Lasserre, le président sourcilleux de l’Autorité de la concurrence, est en vacances loin de l’Hexagone. En tout cas, il est étonnamment muet. Dans le même temps où les procès pour entente pleuvent dans le monde agricole avec de très lourdes amendes à la clef, Stéphane Le Foll conspue le refus du respect de l’entente. De la pure gesticulation qui perpétue le mensonge criminel de la possibilité légale d’un prix minimum garanti. Et c’est le même ministre qui par la main de fer d’un préfet interdit aussi à la ferme des mille vaches d’en avoir plus de cinq cents quand elles se multiplient à plus de mille hors de nos frontières.

Voilà comment le gouvernement œuvre au quotidien à la perte de compétitivité de la France et à la réduction de la production qui en découle tout en faisant croire le contraire en simulant un soutien aux éleveurs par le verbe. L’agriculture n’a pas l’apanage de cette duplicité. Il n’y a pas que dans le cochon que l’art consommé de la communication s’est substitué à l’action pour le gouvernement. Bien d’autres domaines en pâtissent.

Je note quand même qu’au fil des jours, c’est bien cette revendication pertinente d’une plus grande compétitivité de la France qui est ciblée par la profession. Et c’est bien là l’action structurelle déterminante qui doit être conduite politiquement  pour inverser la tendance, si tant est que cela soit vraiment souhaité. À défaut, l’élevage aussi diminuera en France.

Le cadre structurel actuel n’étant malheureusement pas promis à bouger rapidement, que peut-il être amélioré du côté du conjoncturel ?

 

Comment se démarquer

Baisse de la consommation de viande, hausse de la production en Allemagne et en Espagne, embargo russe ont conduit à une surproduction poussant à proposer des prix de plus en plus bas pour vendre. Puisqu’il est impossible de stocker et de garder les bêtes au-delà de la qualité et du poids requis une fois ceux-ci obtenus.

La baisse des cours en dessous du seuil de rentabilité fait disparaître les exploitations les plus fragiles. L’offre finit par diminuer et les prix remontent, jusqu’à la prochaine surproduction suscitée par la rentabilité retrouvée de ceux qui ont pu résister. En dehors d’événements exceptionnels comme un embargo ou une épidémie, la régulation de l’offre et de la demande se fait sans grands à-coups. Mais il y a toujours des événements exceptionnels et des concurrents incités à produire par des prix qui pour d’autres ne sont déjà plus suffisants.

Dès lors qu’un producteur entre sur un marché de matière première banalisée, d’une qualité standardisée et où les origines comptent peu, la compétition se fait sur le prix. Seuls les plus performants s’en tirent. Et nous avons vu qu’une excellente technicité et productivité peuvent ne pas suffire face à des conditions structurelles de coût plus performantes. Les éleveurs français sont donc à la peine.

Dès lors, tout producteur doit chercher à se différencier pour entraîner une préférence positive pour son produit. Cela commence par l’identification de l’origine France qui, associée à une bonne qualité, permet de susciter un réflexe patriotique qui se valorise d’une partie de la différence de compétitivité manquante. Cela se poursuit par les labels, les marques, les qualités spécifiques et originales, la contractualisation avec des distributeurs qui eux aussi sont à la recherche de différentiation pour leur commerce. Tout ce qui permet de débanaliser et de créer de la valeur reconnue par le client est à rechercher. Dans un monde ouvert et dans un pays qui a fait le choix de normes plus exigeantes que dans d’autres pays producteurs, seule une originalité et un lien particulier tissé avec les distributeurs et les consommateurs peuvent compenser le handicap du coût de production.

 

Besoin d’innovation

Toutes les niches sont à explorer. Et elles le sont déjà amplement. Vente directe au consommateur à la ferme, magasins de producteurs, label bio, label rouge, marketing de marques fleurissent dans la campagne et sur les étals. Nombre de producteurs se prennent en main. Et il reste encore beaucoup à faire et à innover dans ces domaines.

Pour autant, les standards européens et mondiaux progressent sans cesse et la part en volume des quantités produites soumises à ces concurrences reste de loin la plus importante. Il parait alors complètement inconcevable que la France renonce à se rendre compétitive et abandonne progressivement à d’autres une part de plus en plus élevée de sa production.

Je le répète, la légitimité du combat professionnel porte essentiellement sur ces questions organisationnelles nationales. Je suis beaucoup moins convaincu dès lors que la colère s’adresse aux concurrents ou aux clients. S’ils enfreignent la loi, c’est aux pouvoirs publics d’agir. Mais si ce n’est pas le cas, c’est un très mauvais signal qui est adressé à ceux dont on revendique par ailleurs la coopération ou dont le pays est notre client pour d’autres productions. Le résultat à moyen terme risque de s’avérer contre-productif par rapport à ce qui était escompté. Les industriels, les distributeurs, pas plus que les producteurs n’aiment agir durablement sous la menace ou la contrainte de leurs fournisseurs.

 

L’arnaque du prix fixe décidé par le ministre

Finalement c’est la Cooperl, la coopérative qui appartient à ses 2500 producteurs et qui commercialise 70 % de la production de porcs en France qui a sifflé la fin de la mascarade du prix de 1,40 euro fixé dans le bureau du ministre et devenu le prix plancher du marché au cadran de Plérin. En demandant le retour du marché libre et en pointant vers le ministre de l’Agriculture la responsabilité de l’absence de compétitivité de la France, la vérité de la situation apparaît enfin au grand jour.

Demander à la Cooperl de payer les cochons de ses coopérateurs 1,40 euro le kilo alors que la coopérative est incapable de répercuter son coût d’achat auprès de ses clients conduit nécessairement à lui faire assumer des pertes. Pertes qui retomberont au final sur les coopérateurs, puisque ce sont eux qui ont la responsabilité financière de la coopérative. Difficile de faire plus illusoire comme promesse à un producteur.

Chercher à s’élever dans les airs en se tirant par les cheveux ne fonctionne que dans la tête du ministre malheureusement. Inviter la Cooperl à revenir enchérir au marché au cadran au prix fixé à l’avance de 1,40 euro a quelque chose de surréaliste et d’imbécile qui ne rassure pas sur la rationalité en haut lieu.

On peut au passage se demander si la défense d’un prix franco-français par la coopération des producteurs et des distributeurs en adéquation avec l’origine France est compatible avec un marché au cadran dont les transactions représentent moins de 20 % du marché. La contractualisation de gré à gré en dehors de la « transparence » du cadran permettrait de mieux segmenter les prix en fonction des débouchés en France et à l’exportation.

La question s’est posée pour la tomate. Mais l’esprit d’Alexis Gourvennec planait encore trop fort pour que le débat technique puisse avoir lieu sereinement. Rien n’a bougé depuis. Pourtant cette « transparence », dès lors qu’elle ne concerne qu’une petite partie des transactions, peut donner lieu à des manipulations à l’opposé de l’effet recherché. Peut-être la déflagration de ces derniers jours permettra-t-elle de retravailler cette question essentielle pour des cotations différenciées selon les marchés. Avec pour objectif de valoriser collectivement l’origine France auprès des clients français pour compenser en partie les surcoûts qui doivent y être assumés.

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  • « Avec pour objectif de valoriser collectivement l’origine France auprès des clients français pour compenser en partie les surcoûts qui doivent y être assumés »…
    Ces surcoûts doivent-ils être assumés ou remis en question? Comme pour le reste de l’économie, il faudra impérativement diminuer ces surcoûts. L’État appelle les intermédiaires et les clients à faire des efforts, alors que c’est à lui d’en faire en remettant en cause le fameux « modèle français » qui n’en est pas un.
    Après s’être tiré une balle dans le pied avec l’embargo russe, l’État cherche maintenant à déplacer les difficultés sur d’autres acteurs économiques que les agriculteurs. Pathétique!

    • excellent article, qui a le mérite de rappeler quelques fondamentaux.

      Si notre pays veut évoluer, se creer un avenir, l’urgence est d’initier une cure de desintoxication aux aides, subvention, dirigisme, source de tous les maux de notre pays, et dans tous les secteurs d’activité.

      Et meme societalement.

      Aussi bizarrement que cela puisse paraître, le meilleur moyen de faire cette revolution, c’est de migrer brutalement toutes les aides, subventions, allocations, versées aux entreprises comme aux particuliers, vers un revenu universel… En échange d’une liberté d’entreprendre, d’embaucher.

  • l’agriculteur a des assurances pour ces aléas de production mais aucune compagnie d’assurances ne propose de contrats pour le protéger des calamités gouvernementales . nos gouvernements sont des terroristes (ils détruisent volontairement) ou des incompétents , il devrait y avoir des lois pour lutter contre ces gens la , pas attendre 5 ans avant de pouvoir les virer et de les bannir de la politique !

  • Le titre initial sur le blog de l’auteur est un excellent commentaire:

    Paysan libre, toujours tu chériras la terre….le marché et tes clients.

  • L’article le plus pertinent et percutant de vérités que j’ai pu lire sur le sujet ces derniers semaines ! Bravo à M. Sauvaitre pour cette courageuse et nécessaire analyse, qu’il convient de faire partager au plus grand nombre pour éclairer nos choix politiques et assumer leurs conséquences. Sauf à soutenir les prix, ce qui semble d’une autre époque, les structures de nos exploitations françaises doivent nécessairement se développer. Il serait regrettable de tomber dans une vision bobo / bio de l’agriculture de notre pays.

  •  » dans un pays qui a fait le choix de normes plus exigeantes que dans d’autres pays producteurs »
    Il ne suffit de pondre des normes pour que celle ci soit légitimes, la plupart des normes sont conçu avant tout comme des barrières soit contre les producteurs étrangers soit pour protéger les acteurs en place contre d’éventuel nouveaux concurrents. Sans même parler des normes d’ordre purement idéologique qui bien évidemment sont tout aussi nocives.
    Les normes, comme pour les prix devraient être le fruit du marché et venir naturellement.

  • L’état, sa bureaucratie, ses règlements et ses taxes et prélèvements est entièrement responsable de l’absence de compétitivité des entreprises agricoles françaises.
    Faut pas jouer aux kolkhozes dans un univers concurrentiel; ou alors il faut fermer les frontières et se replier sur soi comme la Corée du Nord…

  • … très instructif et applicable à tous les secteurs économiques de la RANCE.
    Vous avez aimé la GRÈCE en 2015…
    Vous adorerez la RANCE en 2017!
    🙂

  • La formation des entrepreneurs est vitale pour leur activité. Certains marchés ne sont pas armés et n’ont pas de compétences. L’adaptation des secteurs d’activités reste néanmoins une des missions de l’état quand tout un milieu professionnel est en difficulté.

    • Là ce n’est pas une histoire de formation mais une réglementation qui limite la taille des exploitations. Vous n’avez pas entendu parler de la ferme des 1000 vaches ?

    • Encore un qui n’a rien compris.
      Arboriculteur, employeur de 40 personnes, aujourd’hui, c’est précisément l’état qui met en en danger mon entreprise. STOP

    • Le milieu professionnel est en danger A CAUSE DE l’ETAT, il est urgent que celui ci se retire. les paysans sont parfaitement capable de se débrouiller seuls…

  • Cela fait du bien de lire un tel article, qui remet les pendules à l’heure. Comme vous le dites si bien, ce que vous expliquez est valable pour tous les secteurs d’activité. Quand les gouvernements vont-ils comprendre ? Vont-ils nous entraîner aussi longtemps dans un fossé ?

  • Faydrait qu’on m’explique : le prix en allemagne est pratiquement le même qu’en france pour de la carcasse.

    https://www.3trois3.com/derniers-cours-et-evolution/

    • Les entreprises allemandes sont moins taxées que les grançaises. A prix de vente égal, la marge brute est meilleure d’ emblée…

      • Non, ce qu’on entend depuis 1 mois c’est que le porc est à 1E le kg en Allemagne et que l’on ne peut pas s’en sortir à ce prix là et qu’ils ont même demandé un prix de 1.40E mini.

        • … et que les industriels français s’approvisionnaient en Allemagne et là votre argument ne tient pas si le prix au kg est le même !

          • Quoiqu’il en soit quelle est la qualité nutritionnelle de ce porc ?

            Ca serait peut-être intelligent de se poser la question

            Même si on a aucune connaissance des argumentations végétariennes.

  • Le gouvernement Å“uvre au quotidien à la perte de compétitivité de la France et à la réduction de la production et des emplois qui en découle tout en disant que c’est pour créer des emplois.
    C’est le cas de la récente loi Macron pour l’extension de l’ouverture dominicale, qui a été prise sous la pression de lobbys économiques et politiques.
    L’ouverture dominicale est une arme de destruction massive contre les commerces les moins puissants ou les plus petits qui ne peuvent pas ouvrir le dimanche ou qui survivaient parce que les commerces puissants n’ouvraient pas le dimanche; cela contribue incidemment à la perte d’attraction des centres villes. Elle élimine encore plus les petits commerces ou indépendants qui achetaient aux fournisseurs français, PME et agriculteurs, elle augmente encore l’omnipotence des grands et moyens commerces dans les relations avec ces fournisseurs. Les prix à la production des PME en France ont chuté en 2013 et encore en 2014, aux dépens des fournisseurs français et à cause des pressions de ces commerces appelées négociations mais qui sont de la concurrence faussée et non libre avec un quasi monopole. Ces commerces les mettent en concurrence directe avec les fournisseurs et agriculteurs les moins chers de l’étranger, souvent par dumping (travailleurs sous payés, esclaves,…), subventions et corruption étatique, elle les ruine et les fait disparaître au profit des importations et des producteurs étrangers qui deviennent encore plus puissants. Ainsi la part de marché des PME (fabriquant en France) qui fournissent rien que la grande distribution a chuté en 4 ans depuis 2008 de 29 à 20%, un tiers de perte qui correspond à des dizaines de milliards € par an de productions perdues puisque ces productions ne sont plus vendues dans la grande ou moyenne distribution (elles y ont été remplacées par des importations; comme le client peut le constater, dans ces magasins beaucoup plus de produits qu’avant sont étrangers), vendues d’ailleurs de moins en moins dans les petits commerces puisque ceux-ci sont éliminés par les commerces qui font de l’importation.
    Oeuvrer au quotidien à la perte de compétitivité de la France et à la réduction de la production et des emplois qui en découle tout en terrorisant la population à propos de la pollution. C’est le cas des récents décrets et lois anti-automobilistes, qui ont été pris sous la pression de lobbys économiques et surtout politiques.
    La mise en place d’obstacles et embouteillages pour empêcher de circuler dans les villes entrave l’activité économique, provoque la perte d’attraction des centres villes et y élimine les commerces de qualité. Cette destruction a un coût économique considérable et diminue la qualité moyenne du commerce français, au dépens de la qualité de vie des usagers et de sa compétitivité.

    Une solution partielle pour compenser est de basculer une partie les charges sociales salariales sur la TVA, à 33% par exemple, ainsi une partie de la distorsion due à nos fortes charges sociales sera compensée, actuellement cette distorsion fait peser plus de charges sur les produits fabriqués en France que sur les autres.

    • Terrible. Un maire rend impraticable ou du moins, de moins en moins praticable son centre ville donc flingue ses commercants contribuables et la réponse à ce torpillage est de basculer des charges sociales sur la TvA??? Cela va vachement inciter la clientèle à revenir dans les centres villes. Adepte de la taxe Fillon sur le prix de vente du poisson pour venir en aide aux marins pêcheurs???

  • sauf que une coopérative est aussi la pour soutenir ses adhérents lors des crise, elle pourrait par exemple s abstenir d’ investir dans de nouveau matériel et plutôt soutenir ses adhérents en payant 1.40 le kg de porc, et aussi en baissant le salaire de certain employé

  • Enfin un excellent article sur ce thème. Bravo.Les ministres de l’agriculture se suivent mais se ressemblent . Ils n’ont aucune vision stratégique et ne comprennent rien à la compétitivité. Ils pensent toujours qu’une agriculture administrée est la solution.Ils sont toujours dans le délire du bio et autres niaiseries. Pour eux, c’est au consommateur de payer plus cher et tout ira bien. Mais comment fait le consommateur écrasé par les impôts? Quel gâchis lorsque l’on considère le potentiel de production en France.Il est urgent de  » désoviétiser  » notre agriculture et de donner de la liberté aux chefs d’entreprise que sont les agriculteurs.

  • Cher Monsieur Sauvetre, votre analyse est pertinente mais il manque un acteur dans le tableau. Le SYNDICALISME. Ce dernier porte aussi une part de responsabilité dans la situation. Même si la FNSEA de X. Beulin est bien plus en phase désormais, il faut noter que nous aussi avons notre lot de trotskistes comme le MODEF ou la Confédération Paysanne.
    Franchement je ne veux pas blanchir l’action du gouvernement, mais il faut reconnaître que nos revendications ne sont pas toujours claires.

  • Les agricultueurs les plus perspicaces devraient se dépêcher de vendre d’occasion leur gros matériel déjà payés ou non et de se reconvertir pour le principal dans le maraîchage bio en permaculture (dont les rendements démontrés sont bien supérieurs à l’agriculture insensée « moderne »), associé si possible à l’offre de chambres d’hôtes; en complétant si nécessaire les revenus du foyer par du gardiennage de chiens et chats pour vacanciers, voire du camping à la ferme sur la base d’un équipement plus ou moins rudimentaire mais néanmoins évidemment très propre sur le plan sanitaire.

    PS; On ne peut que s’interroger sur « le bon sens paysan » quand on voit quel paysan ils ont mis à leur tête nationalement.

  • Il n’y a plus de sortie de crise possible pour l’agriculture. Cette politique artificielle de la « subvention » a fini par avoir la peau de l’agriculture, tout comme le recours à la planche à billets aura la peau de l’économie réelle.

  • Les produits agricoles français subissent des charges sociales sur le travail plus importantes que celles de la plupart des autres pays qui nous envoient donc des produits moins chers car moins grevés par ces charges. Une solution partielle pour compenser est de basculer une partie les charges sociales salariales sur la TVA, à 33% ‘(un taux qui existait auparavant en France pour certains produits), par exemple au lieu de 5.5% ou 20% , comme les cotisations sociales sur la production seront diminuées encore plus, ce qui est fabriqué en France sera au total moins cher en moyenne, par exemple 5%. Par contre ce qui est fabriqué à l’étranger sera augmenté de la différence des taux donc d’environ 10 à 25%, ce qui, au niveau de la vente aux commerçants, rétablira de 15 à 30% la compétitivité des produits français , actuellement distordue par nos fortes charges sociales.
    Les produits animaux venant d’Allemagne et sans doute de quelques autres pays sont aussi très subventionnés par l’intermédiaire des aides à la production de déchets et déjections animaux (pour production de biogaz ou d’électricité). Les ménages allemands subventionnent ainsi la production animale par la hausse de leurs factures électriques, qui sont augmentées d’environ 25 milliards d’euros par an dont une partie pour la biomasse des élevages de vaches, porcs,…. Il serait intéressant que les agriculteurs calculent combien cela représente, à la limite les éleveurs allemands pourraient vendre à zéro euro le kg de porc ou le litre de lait puisqu’ils sont beaucoup payés pour la biomasse produite par ces animaux. Il n’est pas sûr que ce soit très bon pour la planète, car il y a des fuites de méthane, gaz à effet de serre très puissant. A cause des fréquents accidents et explosions c’est plus dangereux que d’autres sources d’énergies telles que le nucléaire depuis 1987 (Tchernobyl).

    • « à la limite les éleveurs allemands pourraient vendre à zéro euro le kg de porc ou le litre de lait puisqu’ils sont beaucoup payés pour la biomasse produite par ces animaux. »
      => Je reste persuadé que ce facteur explique largement à lui seul la chute des cours du lait, du porc et de la viande bovine.
      Si on regarde les cours des volailles, on voit qu’il n’y a quasiment aucun décrochage. Maintenant il ne faut pas négliger l’effet de la crise économique. Lorsque les moyens financiers se font rares, les consommateurs se rabattent sur les viandes blanches (ex poulet).
      Par dessus, il y a le défaut de taille des structures, évoqué dans l’article. Seulement ce défaut existe depuis bien longtemps, et les agris Français sont habitué aux faibles marges en ce domaine.

      Par contre j’ai déjà lu sur CFACT, me semble-t-il, que l’arrêt du nucléaire pesait 83 milliards d’€ aux ménages allemands dont 28 pour le seul biogaz agricole.

  • Selon un vieux cadre supérieur du ministère de l’agriculture mis au placard (le cadre, pas l’opuscule), la PAC avait été et était encore (au moment où il écrivait), pour la France, un système conservateur pour figer la rente agricole et maintenir une sous-productivité soi-disant propice à l’emploi, et pour l’étranger y compris l’Allemagne (mais aussi l’Espagne, l’Italie du nord, etc.), un outil de financement de sa modernisation. La France était donc en train de créer sa propre concurrence, plutôt que suivre la voie de l’industrialisation.
    On comprends pourquoi ce monsieur était dans un placard …
    La philosophie agricole est la même que celle des taxis : le marché est captif et fixé, dans ces conditions ça ne sert à rien de se battre entre agriculteurs, il vaut mieux se le partager ; celui qui se modernise chasse un collègue pour prendre sa place, mais après on sera moins nombreux, on pèsera moins et pourra moins bien se défendre, la course à la productivité est donc une trahison. Sauf que … à l’étranger ils ont bien compris que le marché n’était pas fixé et qu’il avaient le droit, et la possibilité, de tailler des croupières à ces français assez stupides pour croire que tout leur était du et que leur part de marché était définitive. Certains autres français moins stupides ont d’ailleurs participé eux-mêmes à la curée, en s’installant à l’étranger.
    Et pour couronner le tout, on a rajouté des couches délirantes de protection environnementales (dans toute l’Europe) et de droit social (spécificité française) que les fermes industrielles supportent bien mieux que les petites et moyennes. Une ferme géante de mille vaches est moins gênante pour les voisins que son ancêtre traditionnel 20 fois plus petite.
    Bref : « plutôt crever que se moderniser ». 50 ans après la PAC, 15 ans après l’opuscule, le résultat est là : on crève. L’agriculteur nouveau doit miser 300 000 € pour avoir le droit de gagner un SMIC en bossant 70 h par semaine, si tout va bien (et « tout va bien », ce n’est pas tout le temps, n’est-ce pas …). tout ça pour quoi ? pour que maintenant en France le lait premier prix dans les supermarchés vienne d’Allemagne, ce qui aurait été inconcevable.
    Et quand les matières premières de base foutent le camp, les filières « de qualité » meurent aussi. Il n’est pas difficile de faire aussi bon que le roquefort ou le camembert en Silésie ou en Prusse.
    bottom line : c’est à la France de se réformer, pas aux autres de lui faire plaisir.

    Sur RMC, un éleveur expliquait que la FNSEA avait laissé ses adhérents surproduire ce qui avait engendré un effondrement du prix. Les syndicats agricoles et leurs annexes – chambres d’agriculture (8 000 salariés), SAFER (1 000 salariés) – gèrent l’économie agricole du pays à la place des agriculteurs et décident de qui a le droit de s’installer pour exploiter une propriété agricole ou en acquérir une. Ils étouffent les agriculteurs sous les réglementations. Il faut simplifier ces règlements, supprimer les organismes qui en vivent et traiter par des aides sociales directes la situation des agriculteurs en difficulté.

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