Par Bill Bonner.
En ce moment, nous nous penchons sur l’univers fascinant des taux négatifs. Actuellement, environ 7 000 milliards d’obligations souveraines rapportent moins que rien. Les prêteurs confient leur argent aux gouvernements… qui jurent leurs grands dieux, sans croiser les doigts, qu’ils leur rendront moins d’argent à un moment ou à un autre dans le futur.
Un de nos lecteurs n’est pas de cet avis : « On paie des gens pour garder notre maison ou pour garer notre voiture », écrit-il. « Pourquoi ne pas payer quelqu’un pour surveiller notre argent ? »
Ah… nous nous sommes dit qu’il n’avait pas tort.
Et puis nous avons réalisé que l’emprunteur ne surveille pas l’argent : il le prend… et l’utilise comme il l’entend. Comme si vous aviez donné vos clés à un voiturier… qui utilise ensuite votre véhicule pour aller à Las Vegas ou s’en va le vendre sur eBay. Un emprunteur prend votre argent et l’utilise. Il ne se contente pas de le stocker ; ça, c’est pour les coffres-forts.
Quand vous déposez votre argent dans une banque, c’est la même chose. Vous faites un prêt à la banque. La banque ne stocke pas votre argent dans un coffre-fort — elle l’utilise pour équilibrer ses comptes. Si quelque chose tourne mal et que vous voulez récupérer votre argent, il ne vous reste plus qu’à faire la queue comme tous les autres créditeurs.
L’avenir est toujours inconnu. Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras : après tout, le « tu l’auras » pourrait s’enfuir — ou quelqu’un pourrait s’en emparer avant vous. Lorsque vous prêtez de l’argent, il vous faut donc un petit quelque chose pour compenser le risque que le « tu l’auras » ne se réalise pas.
Un nouveau seuil d’absurdité a été franchi
C’est pour cette raison que les obligations rapportent un revenu — pour compenser cette incertitude.
L’inflation, le défaut de paiement, les dépressions, les guerres et les révolutions font tous grimper les rendements obligataires, car tous augmentent les probabilités de ne plus jamais revoir son argent.
C’est pour ça que les pays où les incertitudes sont grandes, comme le Venezuela, ont des taux d’intérêt plus élevés que des pays comme la Suisse, où l’avenir ressemblera probablement beaucoup au passé. Les bons du Trésor vénézuélien à 10 ans rapportent 11%. Les bons du Trésor suisse à 10 ans ont un rendement négatif de 0,3%.
Les intérêts que vous gagnez sur une obligation sont là pour rémunérer le risque de ne pas récupérer votre argent. Ou le risque que l’argent que vous récupérerez lorsque l’obligation arrivera à maturation ait moins de pouvoir d’achat que celui utilisé pour acheter l’obligation à l’origine.
On ne peut jamais savoir. Peut-être que l’entreprise ou le gouvernement ayant émis l’obligation fera faillite. Peut-être que la Banque centrale causera de l’hyperinflation. Dans ce cas, même si vous récupérez votre argent, il n’achètera pas grand-chose.
Avec des taux zéro, les prêteurs doivent croire que ces risques n’ont pas lieu d’être. Pour eux, un « tiens » égale un « tu l’auras ». Et, aussi improbable que ce soit, les taux négatifs ont permis de franchir un nouveau niveau d’absurdité. Une personne qui prête à taux négatif doit croire que l’avenir est plus certain que le présent. Il y aura toujours plus de « tu l’auras ».
Une logique parfaitement crétine
La logique sous-jacente au principe des taux négatifs est si parfaitement crétine que seul un universitaire pourrait y croire. La croissance économique est en train de chuter vers le zéro. Une fois le zéro atteint, normalement, les entreprises — dans leur ensemble — n’ont pas vraiment intérêt à emprunter. La croissance qu’elles attendent sera inférieure aux intérêts qu’elles devront payer. C’est un gros problème…
Parce que les Banques centrales n’ont pas le contrôle total de la masse monétaire globale. Dans le cas de la Fed, par exemple, c’est seulement 20%. Cela prend la forme de cash en circulation et de réserves bancaires. Les autres 80% de la masse monétaire proviennent des prêts bancaires.
Si les gens n’empruntent pas, l’argent n’apparaît pas. Et si l’argent n’apparaît pas — ou pire, s’il disparaît –, les gens en ont moins. Ils cessent de dépenser… le ralentissement empire… les prix chutent… et bientôt, on se retrouve avec une récession sur les bras.
Comment empêcher ça ?
Si vous croyez au mythe selon lequel les autorités peuvent créer une véritable demande de prêts bancaires en faisant passer les intérêts sous les taux, vous croyez sans doute aussi aux taux négatifs. Tout est relatif, voyez-vous. Comme lorsqu’on est debout sur un quai de gare. Le train à côté de vous recule… et vous avez l’impression d’avancer. Les taux négatifs, c’est comme reculer. Ils donnent aux emprunteurs l’illusion d’avancer… même si l’économie reste immobile.
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Parce que les Banques centrales n’ont pas le contrôle total de la masse monétaire globale. Dans le cas de la Fed, par exemple, c’est seulement 20%. Cela prend la forme de cash en circulation et de réserves bancaires. Les autres 80% de la masse monétaire proviennent des prêts bancaires.
Si les gens n’empruntent pas, l’argent n’apparaît pas. Et si l’argent n’apparaît pas — ou pire, s’il disparaît –, les gens en ont moins. Ils cessent de dépenser… le ralentissement empire… les prix chutent…
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huuummmm ….
Ce que vous démontrez, c’est que l’économie fonctionne comme une chaîne de Ponzi: si la chaîne s’arrête, tout le système s’écroule.
Non, vous mélangez tout.
Une chaîne de Ponzi ce n’est pas juste un truc qui marche tant qu’il marche, et qui s’écroule si il s’arrête, comme une bicyclette, ou même n’importe quel être vivant (qui ne marche que tant qu’il peut manger, et qui ne peut manger que tant qu’il marche). C’est un système qui prétend vivre sur ce qu’il produit alors qu’il vit en réalité sur les apports nouveaux de producteurs extérieurs attirés dans le système (ou forcé d’y adhérer malgré eux)
En tout cas, pour le particulier qui emprunte à taux variable pur (sans plafond ni plancher) indexé sur le LIBOR CHF 3 mois (-0,80%) avec une marge bancaire de 0,20%, les taux négatifs c’est du flan, car la banque ne respecte pas le contrat et se borne à un taux effectif de 0%. Je suis dans ce cas là avec BNP, la Banque d’un monde qui s’arrange !