Par le Parisien libéral.
Pourquoi les scénaristes de série TV se fatiguent-ils à écrire ? Ils feraient mieux de reprendre les scripts qui ont cours dans la sphère gouvernementale.
Reprenons par exemple les derniers épisodes de Matignon.
Acte un, on présente une réforme intéressante car utile dans un pays qui compte 6 millions de chômeurs, mais qui ne sera jamais soutenue par la gauche. Mieux, NKM ou Jean-Christophe Fromantin auraient voté en faveur du texte de la loi Travail dite loi El-Khomri.
Acte deux, bien que la personne portant la loi, Madame El-Khomri, ne soit pour rien dans le texte, on met cette ministre en avant, en la laissant même suggérer qu’il y a du 49-3 dans l’air. On est donc certain de braquer sa majorité.
Acte trois, la mobilisation contre la loi se lève, et on compte les points.
Acte quatre, on repousse l’examen du projet de loi.
Question : à quoi joue-t-on ? Est ce un exercice de sabotage ? Un coup de billard à plusieurs bandes ? Une stratégie de négociation ? Cherche-t-on à contourner l’obstacle lié à une majorité attachée au discours du Bourget et à l’hommage rendu aux valeurs communistes ?
Mais ne nous y trompons pas. Ces jeux politiciens ne masquent pas l’essentiel : pendant qu’on s’interroge, le gouvernement travaille sans relâche à l’extension du champ d’action de l’État, au détriment de celui des citoyens et contribuables. Du coup, les députés vont-ils ouvrir les yeux, et poser les QAG (questions au gouvernement) suivantes ?
Question pour le secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen
Monsieur le Ministre, L’Assemblée Nationale a dévoilé lundi après-midi la répartition de la réserve parlementaire, qui permet aux députés et sénateurs de subventionner des « investissements de proximité ».
De son côté, Contribuables Associés a décerné les « 5 lingots d’or du clientélisme » pour les députés ayant utilisé leur cagnotte de manière manifestement intéressée.
Monsieur le Ministre, allez-vous rappeler aux députés que la réserve parlementaire, que le public des citoyens et contribuables perçoit de plus en plus comme une caisse noire occulte, devrait servir à soutenir des investissements de proximité, en toute transparence, et non pas aider les campagnes des députés ?Â
Question pour la ministre de la Fonction publique, Annick Girardin
Alors que nous sommes en pleine négociation avec les partenaires sociaux sur le chômage, et que l’UNEDIC anticipe un déficit de 4,2 milliards d’euros pour 2016, pour une dette de 30 milliards d’euros, la Fondation IFRAP rappelle que les employeurs publics et les agents publics de France ne cotisent pas à l’assurance chômage (excepté 1% de solidarité sur la rémunération de base, hors primes, des agents, à comparer aux 6,4% de cotisation du privé). Cette situation est contraire à l’esprit de solidarité qui demande aux personnes employées en CDI de cotiser pour les intérimaires et les intermittents. Madame la Ministre, vous appartenez à une majorité éprise d’égalité ; allez-vous, en attendant que chacun soit payé au salaire complet et s’assure lui-même, proposer que faire cotiser l’ensemble des employeurs et salariés du secteur public, afin d’apporter environ 8 milliards d’euros par an de cotisations additionnelles à l’Unedic ?
Question pour le ministre de la Ville, de la jeunesse et des sports, Patrick Kanner
Monsieur le Ministre, malgré le dossier du ruineux projet de stade de rugby à Évry, malgré la question de vos frais de canapés au sein du conseil général du département du Nord, malgré la question de l’absence de référendum pour la candidature de Paris aux Jeux Olympiques 2024, vous trouvez encore le temps de prendre la plume pour répondre à Martine Aubry qui critique l’action gouvernementale. Et que dites-vous ? Que « la donne a changé depuis le discours du Bourget ».
Mais qu’est-ce qui a changé, exactement, et qui n’avait pas été vu par Hollande entre 2007 et 2012 ? Qu’est-ce qui a changé et qui fait que la finance n’est plus votre ennemie, que les Roms ont finalement vocation à rentrer chez eux, que les contrôles au faciès sont finalement normaux s’ils concernent les Arabes et les Noirs, que les dictateurs peuvent finalement être reçus à l’Élysée et que la France apaisée restera un slogan ?
Ce qui a changé, ne serait-ce pas le simple fait que Hollande est au pouvoir et que le président de la République considère le pouvoir personnel, y compris au prix de reniements, comme un but et non pas comme un moyen ?
Monsieur le Ministre, au lieu de vous occuper des affaires internes au Parti socialiste, allez-vous vous occuper de l’argent des Français et proposer, comme le suggère Gaspard Koenig, un referendum pour Paris 2024 ?
Question pour le secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères et du développement international, chargé des affaires européennes, Harlem Désir
Monsieur le Ministre, alors que la France cherche à bloquer Uber et les autres VTC, l’Estonie ouvre une voie originale.
Le parlement estonien étudie de lourdes modifications de sa loi pour permettre aux particuliers de transporter des passagers contre rémunération. Les seules conditions seraient que toutes les réservations soient effectuées en mode électronique et que les clients obtiennent le montant à payer dès la commande.
Autrement dit, tout le monde pourrait devenir taxi. Monsieur le Ministre, que pensez-vous de cette initiative ? (voir notre dossier taxis et Uber)
Question pour le Premier ministre, Manuel VallsÂ
Monsieur le Premier ministre, penserez-vous à nous tenir informés sur l’application de l’état d’urgence, ce régime d’exception qui bafoue le concept de séparation des pouvoirs ? L’état d’urgence a beau ne plus faire la Une, il n’en reste pas moins un dispositif d’exception.
Peut-on parier sur le fait que nous n’entendrons que de vaines polémiques plutôt que des sujets de fond ? Ne parlons même pas des reniements du gouvernement, comme sur le nucléaire par exemple.
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Je vais peut-être passer pour un fataliste, mais la France ne s’en sortira jamais (à moins d’un miracle). Les français sont tous attachés à ce qu’ils pensent être des acquis légitimes leur voulant du bien (35h, sécu, retraites…). Dès que l’on émet ne serait-ce qu’une pensée réformatrice à propos de ces acquis les français, qui pourtant disent vouloir des réformes, lèvent leurs boucliers et vont dans la rue.
La seule solution est simple : quitter ce pays et le laisser se dégrader jour après jour mais sans nous.
D’accord avec toi , jérémy
mais la France passera par une crise profonde, car quand l’état ne pourra plus faire face à ses dépenses, les français seront dans l’obligation (certainement dans la douleur) de trouver des solutions pragmatiques. La réalité finit toujours par s’imposer !!!!
La bonne question sur la réserve parlementaire est : Quand allez vous supprimer la réserve parlementaire système inique, digne d’une république bananière ?
+1
Pour l’état d’urgence, il est une fois de plus à géométrie variable selon que vous êtes un opposant à NDDL ou que vous êtes encarté à l’UNEF ou à la FNSEA.
Les agitations de l’UNEF prouvent une fois encore que ceux qui parlent le plus du travail n’ont jamais exercé un métier utile.