La blague de l’État investisseur

L’État n’investit plus depuis plusieurs années. Son patrimoine net est maintenant… largement négatif !

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La blague de l’État investisseur

Publié le 5 mars 2016
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Par Cécile Philippe
Un article de l’Institut économique Molinari

A maze ing Laughter credits Chris Huggins (CC BY 2.0)
A maze ing Laughter credits Chris Huggins (CC BY 2.0)

Certains pensent qu’il ne faut pas s’inquiéter de l’endettement public car il correspondrait à autant d’investissements permettant de préparer l’avenir. Les administrations seraient parfaitement dans leur rôle en s’endettant, car elles financeraient des projets qui ne pourraient pas être menés à bien par le privé. Mais les chiffres corroborent-ils cette idée ?

La dernière analyse du patrimoine économique national produite par l’INSEE (décembre 2015) nous montre qu’il n’en est rien. L’institut français de statistiques évalue le patrimoine des administrations à 147% du PIB. Les administrations sont ainsi propriétaires d’une multitude d’ouvrages de génie civil (routes, ports, aéroports, etc.), de terrains, de logements, de machines et d’équipements et aussi de titres financiers. Pour calculer le patrimoine net, il convient de déduire leurs dettes. Ces dernières représentent 130% du PIB. In fine, la richesse des administrations françaises équivaut à 17% du PIB. Ce chiffre est en forte baisse. À titre d’illustration, il a été divisé par deux en trois ans.

Investisseur illusoire

Ce simple calcul montre que l’idée d’un État investisseur n’est qu’une chimère. L’État n’investit plus depuis plusieurs années et de ce fait, son patrimoine net fond comme neige au soleil.

Ajoutons à cela que la réalité est encore pire puisque le patrimoine des administrations est calculé par l’INSEE sans prendre en compte tous les engagements. Il n’intègre pas les promesses faites au titre des retraites des fonctionnaires et assimilés. Selon la Cour des comptes, ces promesses représentaient 73% du PIB en 2014. Dès lors, le vrai patrimoine net des administrations est négatif avec une valeur équivalente à -56% du PIB.

Nous sommes donc loin de l’image d’Épinal de l’État bon investisseur. Car les actifs des administrations ne peuvent suffire à couvrir l’ensemble des engagements pris par nos pouvoirs publics. L’évaluation du patrimoine des administrations montre qu’elles créent de la dette pour financer les dérapages courants, le contraire de ce que ferait un investisseur stratège et bon gestionnaire. Pour se sortir de cette gabegie, il ne suffira pas d’améliorer à la marge la gestion des administrations, il faudra qu’elles se recentrent sur leurs missions essentielles et laissent faire la société civile pour le reste.

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