Par Marian L. Tupy
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, selon la Banque Mondiale :
Moins de 10 % de la population mondiale vivra dans l’extrême pauvreté à la fin de l’année 2015.
La Banque Mondiale utilise « une nouvelle valeur de revenu journalier établie à 1,90 dollars pour définir l’extrême pauvreté, en hausse par rapport au précédent chiffre de 1,25 dollars. Elle prévoit que la proportion de la population mondiale dans cette catégorie passera de 12,8 % en 2012 à 9,6 % à la fin de l’année ».
Comme les experts l’ont noté, historiquement, l’extrême pauvreté était la norme pour les gens ordinaires. Même dans les régions du monde les plus avancées économiquement, la vie était généralement misérable.
Pour vous donner un exemple, à la fin du XVIIIe siècle, 10 millions parmi les 23 millions de Français comptaient en partie sur la charité privée ou publique pour survivre et trois millions étaient même mendiants à plein temps.
Grâce à la révolution industrielle et au commerce, la croissance économique dans le monde occidental s’est accélérée jusqu’à des niveaux historiquement sans précédents. Durant les XIXe et XXe siècles, les revenus réels dans le monde occidental ont été multipliés par quinze. Aujourd’hui, le gouffre qui s’est ouvert suite au décollage économique du monde occidental est en train de se refermer.
Sans aucune ambiguïté, l’évolution positive du reste du monde est le résultat d’une croissance économique stimulée par l’abandon de la planification centralisée et l’intégration de nombre de ces pays à l’économie mondiale. Pour vous donner un exemple, après la libéralisation économique de la Chine en 1978, les revenus réels ont été multipliés par treize.
Comme Angus Deaton, Professeur à l’Université de Princeton, le note dans son livre La Grande Echappée :
La croissance rapide des revenus moyens, particulièrement en Chine et en Inde après 1975, a beaucoup fait pour réduire l’extrême pauvreté dans le monde. En Chine surtout, mais aussi en Inde, la sortie de centaines de millions de personnes de la pauvreté traditionnelle et établie de longue date peut être qualifiée de la plus grande échappée de tous les temps.
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Traduction pour Contrepoints de « The End of extreme poverty ».
C’est un beau rêve, mais je ne suis absolument pas convaincue…
Même si les classes moyennes s’enrichissent et augmentent en nombre d’individus, que représentent quelques centaines de millions de Chinois et d’Indiens par rapport aux plus de 1,3 milliards d’habitants de chacun de ces pays. Et l’Afrique dont la population est passée de 225 millions en 1950 à plus d’un milliard aujourd’hui…
La population mondiale, de 7milliards 388 millions aujourd’hui, augmente encore de 1,15% par an.
Et 750 millions de personnes dans le monde n’ont encore pas accès à l’eau potable, même si les choses se sont améliorées ces dernières années…
Autre sujet d’inquiétude : les conflits qui ravagent une partie du monde, l’Afrique en particulier, ne sont pas favorables à une baisse de la pauvreté…
Que la pauvreté recule, c’est évident. De là à annoncer la disparition prochaine de l’extrême pauvreté, il y a une marge.
La définition de cette dernière pose beaucoup de problèmes, qu’on la place à 1, 25 ou à 1, 90 ou même à 2 ou 3 dollars par jour. Elle ne tient pas compte des différences de pouvoir d’achat ou des structures économiques. À la rigueur, avec de telles définitions, beaucoup de gens peuvent sortir de l’extrême pauvreté sans améliorer en rien leur condition. Il suffit qu’ils intègrent un peu l’économie marchande, par exemple en cessant de consommer les produits de leur terre pour aller s’entasser dans des bidonvilles.
Il faut recouper ces données avec, par exemple, celles de la malnutrition, de l’accès aux soin ou de la taille des logements. On verra certes un progrès, mais aussi un long chemin à parcourir. Le deuxième graphique est finalement le plus significatif.