Par Jacques Garello
Il serait peut-être temps pour les pays européens de sortir de l’Union européenne. L’Union n’a plus aucun intérêt politique et représente un boulet économique. Ce n’est pas nouveau, mais les négociations menées (avec succès, dit-on) autour du Brexit ont mis en relief une fois de plus ce que l’Union européenne a d’inefficace et de dangereux.
Les libéraux ont toujours plaidé pour une Europe espace, et contre une Europe puissance. Les Français avaient rejeté le traité de Maastricht à l’occasion du referendum de septembre 1992, mais la classe politique a ignoré le verdict populaire et a fait ratifier le traité par le Parlement : belle illustration de la démocratie « représentative » ! J’avais, comme bien d’autres, plaidé pour le NON, en mauvaise compagnie de la gauche non socialiste et des souverainistes.
État européen
L’opposition de Margaret Thatcher et des libéraux européens était simple : nous ne voulons pas voir resurgir au niveau de Bruxelles un État que nous essayons de diminuer au niveau national. Mais on comprend le point de vue des politiciens français, de Mitterrand à Chirac : nous récupérons à Bruxelles le pouvoir que nous sommes en train de perdre chez nous parce que la mondialisation est là, nous obligeant à renoncer à notre dirigisme traditionnel, et nous mettant en concurrence avec le reste du monde, essayons au moins de la neutraliser sur notre continent : il nous faut parler d’une seule voix.
L’alternative était l’Europe ouverte, sans rivage ni frontière, un espace de libre échange, entraînant libre circulation des biens et services, des entreprises, des hommes, des capitaux.
Au fond, on retrouvait en 1992 le choix qui n’avait pas été fait dans le traité de Rome : planification centralisée et droit européen contre grand marché et mutuelle reconnaissance des normes.
Le week-end dernier les Anglais ont forcé les autres à choisir, ils ont obtenu en leur faveur au moins une exception : ils ne seront pas obligés d’accepter un nouveau pas que l’Union ferait dans le sens de l’intégration politique. On s’achemine ainsi vers une Europe occidentale à trois vitesses :
- Celle des pays hors de l’Union (Suisse, Norvège)
- Celle des pays de l’Union qui n’iront jamais plus loin (Royaume-Uni)
- Celle des pays de l’Union européenne politique, de plus en plus centralisée
Cette division n’a aucun sens et ne peut être durable pour de nombreuses raisons.
L’une est la contagion de la position anglaise. Polonais, Hongrois, Baltes et Scandinaves sont tentés de l’imiter.
L’autre est la division au sein des unionistes : les Allemands et Hollandais ne veulent pas aller plus loin.
Une autre encore est la diversité croissante des membres de l’Union, avec l’extrémisme grec et les intérêts de nouveaux venus (Roumanie, Bulgarie, Croatie).
Une autre enfin est l’attitude à tenir face à la Turquie et à l’immigration.
L’Union européenne est sur la corde raide.
Le noyau dur, une solution ?
Une solution très souvent évoquée est celle du « noyau dur » : resserrer l’Union entre un petit nombre de pays, acceptant d’abandonner davantage de compétences au bénéfice de Bruxelles. On reviendrait à l’Europe des six, des huit, ou des douze, qui pour autant n’était pas le paradis. Mais quel sens donner à l’Union dans ces conditions ?
L’autre solution est d’en rester là – c’est ce que souhaitent les Allemands. Une autre solution est de revenir à une zone de libre échange, dans l’esprit de la Communauté Économique Européenne (mais sans les politiques communes).
Quelle que soit la solution, elle doit recevoir l’assentiment des peuples concernés. Or, il n’existe aucune unanimité dans un sens ou dans l’autre. On va le voir sans doute en Angleterre, ou en Écosse, même si l’accord actuel implique le statu quo de l’Union. Par ailleurs, même en renonçant aux politiques communes, il y a au moins un domaine où la souveraineté est illusoire : c’est celui de la monnaie. Le sort de l’Union est donc lié au sort de l’euro. Ici, pour maintenir à l’euro une valeur internationale, il faudrait écarter les Grecs et ceux qui sont financés par la Banque centrale européenne.
Ainsi, dans les mois à venir, peut-être avant juin et le référendum britannique, la question sera de plus en plus pressante : faut-il sortir de l’Union européenne ? Qui a intérêt à y rester ?
Seuls ceux qui vivent de l’Europe, au détriment de ceux qui payent les impôts et subissent les normes. À coup sûr, beaucoup de Français.
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Des pays dans l’UE et avec l’euro s’en sortent bien, d’autres non.
Des pays en-dehors de l’UE et sans l’euro s’en sortent bien, d’autres non.
Question : peut-on conclure que l’UE est le boulet, le responsable, en bien comme en mal ?
Non.
Les anti-UE se plantent lorsqu’ils pointent du doigt l’UE. Les pro-européens se plantent lorsqu’ils suggèrent « plus d’Europe » pour régler certains problèmes.
L’UE est-elle parfaite ?
Non.
L’UE est-elle horrible ?
Non plus.
Soyons pragmatiques, soyons réalistes. De quoi avons-nous besoin ?
1) D’une Europe décentralisée, qui laisse ses entités interagir, coopérer, s’organiser.
2) D’une Europe qui parle d’une seule voix, avec un seul réseau diplomatique et une seule armée.
Malheureusement le 1) n’est pas la tendance, c’est l’inverse.
Quant au 2), ça impliquerait de mettre fin à une tripotée de mandats d’élus et de diplomates alors n’y pensons même pas en rêve.
Mais le problème est bien là :
– l’UE s’occupe de bien des choses qui ne devrait pas la concerner.
– l’UE est divisée sur l’international, nos adversaires l’utilisent.
Pourtant :
– l’UE a au final un impact bénéfique, surtout pour la France (fin des monopoles, monnaie plus stable),
– l’euro est un formidable outil, même s’il devrait être monnaie commune plutôt que monnaie unique.
Bref : arrêtons de taper sur l’Europe et regardons-nous dans un miroir : nous sommes les responsables de notre situation et du peu de responsabilité de l’UE dans ceci, nous en sommes pleinement responsables (exemple : la France qui fait pression pour conserver la PAC).
Des taux de change fixes favorisent les zones économiques les plus productives au détriment des moins productives qui se désindustrialisent.
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Faux, se sont les taux de taxes et autre prélèvements qui créent les déséquilibres, pas des histoires de productivité : on n’est plus au début du XX ieme siècle : l’économie dépend à 80% des services et du commerce et les principaux secteurs industriels ne dépendent plus de la productivité ou ont réglé cette histoire depuis longtemps, histoire qui est marginale dans le coût de vente final des produits.
La productivité ça ne se limite pas aux secteurs industriels, ça concerne autant le service et le commerce que la fabrication.
Et aucun idiot ne restera aux manettes, si il n’est pas près à gagner 1 centime sur un voiture à 10 000 €. C’est peut-être marginal, mais ça reste une variable essentielle
Les services sont 100% de marge ou pas loin, donc la notion de productivité n’a pas de sens, ou plutôt elle est équivalente au niveau de taxes qui reduit la marge.
Les libérations de secteurs accomplies du fait de l’UE sont à terme un désastre politique. Comme vous le dites, il faudrait prendre nos responsabilités, et l’UE étouffe cette possibilité. Là, les trop rares libérations accomplies attisent l’aigreur des gens contre l’Europe et le « néolibéralisme ». Faire venir les réformes de l’extérieur ne peut avoir qu’un temps.
@ Charles Boyer
« Faire venir les réformes de l’extérieur ne peut avoir qu’un temps. »
Sans doute mais les attendre de l’intérieur risque de vous prendre un temps considérable avec une contestation permanente.
Demain la manifestation vous prouvera qu’il n’est possible de rien réformer, dans ce pays!!
N’est-ce pas le traité de Lisbonne qui a été refusé par le peuple français?
Incompréhensible !
L’UE est le seul fil ténu qui permet encore un tout petit peu de libéralisme dans ce pays et il faudrait le détruire ?
Pour quoi ?
Pour laisser la démocratie populaire s’installer ? Pour retrouver les monopoles de la monnaie, dès services publics, des banques, de l’économie planifiée, de la politique étrangère impérialiste, pour fermer les frontières …
N’importe quoi….
L’UE est loin d’être le seul moyen d’avoir un peu de libéralisme dans le pays. Elle donne une coloration idéologique, voire dogmatique, à des mesures dont le véritable libéralisme reste discutable. Elle exonère les dirigeants nationaux de leur responsabilité. Un pragmatisme assumé serait bien plus efficace, tant pour séduire les Français que pour améliorer la situation, et il découlerait immédiatement du lien qui deviendrait évident entre les choix monopolistiques, planificateurs et interventionnistes français et leurs effets.
Vous n’avez aucun droit de critiquer la construction européenne dont tout le parcours, étape par étape, s’est fait avec votre accord, au même titre que celui de tous les autres partenaires dont aucun n’aurait pu vous interdire de mettre votre veto sur les décisions communes.
Vous ne l’avez jamais fait mais, pire, aussitôt votées, vous vous êtes empressés de ne pas suivre les nouvelles lois communes jusqu’à devenir un des membres le plus souvent attaqué en justice.
Et maintenant, arrivés à mi-chemin, vous vous arrêtez parce que votre déficit budgétaire n’ayant jamais été vraiment réduit, vos dettes ont augmenté et vous n’avez plus les moyens de provoquer, nationalement, cette inflation avec ces dévaluations consécutives du Fr Français qui vous permettaient de vivre au-dessus de vos moyens.
Difficile de se prétendre encore « Moteur de l’Europe avec l’Allemagne », alors que même votre crédibilité est dévaluée!
Par contre, en France, on s’est toujours servi de « Bruxelles » comme bouc émissaire (parmi d’autres!) des « couenneries » et autres « ratages » franco-français! Et un jour, vous vous étonnez que cela vous retombe sur le nez: c’est mignon, mais pas du tout crédible!
57,5% de PIB « bouffés » par les autorités en France contre 45% en Allemagne, CHAQUE ANNÉE: tout est dit!
L’Europe et l’Euro sont selon moi une réelle avancée et il serait dommage de tirer dessus en permanence.
A l’heure où nous avons en face, Chine, USA, Japon, ect, l’Europe permettrait (au conditionnel) au moins de parler d’une voix, qui plus est plus forte.
Le soucis, et il est vraiment de taille, c’est que dès le départ l’Europe a été construit sur des fondations branlantes, et désormais ce n’est plus qu’un empire bureaucratique, gouverné par des personnes (j’en connais quelqu’uns) qui savent un peu de tout mais jamais dans le détail.
Il n’y a aucune unité politique (qui dirige ?), aucune unité économique etc…
A partir du moment ou on décrête l’Europe, il faut un minimum de règles de bases communes et fortes, et après on laisse les pays agirent comme bon leur semble.
Mais actuellement ce n’est absolument pas le cas, l’Europe fonctionne au cas par cas, dès qu’il y a un problème, il faut agir bien souvent dans l’urgence (et mal), il suffit de voir comment la crise grecque fut gérée.
Le problème est que cette caste dirigeante sait très bien comment faire des PowerPoint bidons, des normes, des règles inutiles, des réunions interminables….
L’Europe, parler d’une seule voix ? Facile, il suffit d’interdire à tous sauf le porte-parole officiellement désigné de parler… Il n’y a aucune chance aujourd’hui d’aboutir à une position commune, donc s’il n’y a qu’une seule voix, elle ne peut être représentative de quoi que ce soit, voilà le problème !
Et avec 27 langues çà n’arrange rien côté compréhension et rapidité d’intervention.
Le vrai problème a été que l’autorité « décidante » de L’Union Européenne n’a été que ce conseil européen des chefs d’état et de gouvernement (pouvoir exécutif national, pas forcément démocratique!).
Chacun a mêlé sa volonté relative d’oeuvrer pour le bien commun avec sa volonté bien plus absolue de donner nationalement l’impression d’avoir pu orienter la décision dans la direction favorable pour son pays. Aucun n’a mis toute son énergie pour renforcer cette nouvelle unité de pouvoir qui aurait pu limiter sa souveraineté (la sienne, surtout, et par conséquent, celle de son pays!).
Pas étonnant que dans ce délire, certains osent prétendre que hors Union Européenne, et hors €, la France autarcique s’en sortirait bien mieux toute seule face aux 300 millions d’Américains, au 1,3 milliards de Chinois, et autant d’Indiens, sans compter les Africains ni les Sud-Américains.
Je n’en discuterai même pas: Bonne Chance!
L’Europe a été conçue comme un outil et non comme une nécessité. Maintenant qu’on s’aperçoit que l’outil a ses limites et ses inconvénients, et qu’on en a un largement abusé sans l’entretenir ni le lubrifier, il devient difficile de reconnaitre et expliquer que l’on a usé l’outil prématurément en faisant l’impasse sur les vrais problèmes ou les vraies solutions.
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Un jour viendra où on constatera qu’il est devenu tout simplement vital que l’Europe puisse parler d’une seul voix face à l’un ou l’autre interlocuteur russe, turc, arabe, chinois. Faisons en sorte que ce jour-là, il ne sera pas trop tard. Donc, oui, une seule ambassade et une armée. Ce n’est pas rêver, la réalité des choses nous l’impose.
Ce qui me plaisait dans l’UE, c’était la liberté d’échanges et la subsidiarité. La liberté d’échanges se heurte à bien des volontés régulatrices et taxatoires (cf. la TTF), et au flou de la limite entre légal et illégal (cf. les « migrants »). La subsidiarité n’est depuis longtemps qu’un mot dans les traités, face à la volonté toujours croissante (et anti-libérale) de certains de parler, d’agir, et de décider au nom des autres sans tenir compte de leur avis. Une seule ambassade ? Et qui donnera les consignes à l’Ambassadeur ? Une seule armée ? Et 28 coups de téléphone avant de pouvoir répliquer quand elle est attaquée ?
« Ce qui me plaisait dans l’UE, c’était la liberté d’échanges et la subsidiarité. »
Du fait que l’Europe a été conçue comme un outil protectionniste plutôt qu’une force concurrentielle, la liberté d’échange s’est transformée en normalisation abusive. Celle-ci a ruiné les avantages de l’échange et coulé la subsidiarité.
Après tant d’incompétences, les plus intelligents ont compris qu’il ne restait plus que de Gaulle et Churchill…
Certainement pas! Chacun de ces deux-là a eu son heure de gloire et, à mon avis, ils n’en ont pas boudé le plaisir.
Mais vous avez « jeté » Ch.De Gaulle et les « Grands-Bretons » n’ont pas réélu W.Churchill.
Il doit bien y avoir certaines raisons, parmi lesquelles, on n’attend pas les mêmes réactions d’un pouvoir unique en temps de crise aigüe qu’en temps de paix! (les Grecs, les Italiens, les Espagnols et les Portugais en savent quelque chose, eux qui ont oscillé entre dictature et démocratie, suivant les époques).
De toute façon, la nostalgie est inutile et n’est sans doute que le signe qu’une fois de plus, vous attendez l’émergence d’un leader, unique, charismatique qui vous délivrerait de votre réalité actuelle, suivi par une large majorité des citoyens qui se voient, maintenant, chercher celui qui est le moins médiocre dans les candidats à la présidence en 2017.
Les deux pays les plus riches d’Europe sont la Suisse et la Norvège. Je continue ou c’est suffisant pour comprendre ?
Désolé mais le pays le plus riche du monde en PIB par habitant, jusqu’à présent, c’est le mien, européen convaincu et membre du noyau dur européen, comme tout le benelux créé 10 ans avant « le marché commun »! Pas de chance!
Le référendum du 20 septembre 1992 ayant pour objet la ratification du Traité sur l’Union européenne communément appelé « traité de Maastricht» a été approuvé par les français par 51,04% des suffrages exprimés. Vous confondez avec le référendum de 2005 sur la constitution européenne ….
Il ne faut pas faire comme nos chers politiciens et se servir de l’UE comme d’un exutoire de nature à les absoudre de toutes leurs fautes, bassesses et incapacités !
l’UE est imparfaite mais elle n’est pas responsable de nos déficits constants depuis 1976, de notre politique fiscale complètement délirante et de l’idéologie marxisante dominante en France …
+ 100 000!