Par Vincent Feré
Un article de Trop Libre
Sans faire de procès d’intention au président de la République qui a déclaré lors du dernier remaniement vouloir « réformer jusqu’au bout », la nomination de Jean-Vincent Placé au poste de « secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargé de la réforme de l’État et de la simplification » peut donner à penser que ce dossier n’est pas prioritaire  pour le gouvernement avant 2017.
Et pour cause : la réforme de l’État signifie naturellement celle de l’administration, et on imagine mal la gauche heurter de front un de ces derniers bastions électoraux.
Oubliée donc la déclaration off d’Emmanuel Macron en septembre dernier : « le statut des fonctionnaires n’est plus adapté au monde tel qu’il va » et « surtout plus justifié » ?
Quel gouvernement pourtant ne sera pas prochainement contraint de poser la question de la place et du rôle du secteur public et de ses agents dans la société française ?
Un conservatisme partagé
La réforme de l’État engagée partout dans les pays de l’OCDE est constamment différée en France.
Certes, en 2007 le président Sarkozy a lancé la révision générale des politiques publiques, remplacée en 2012 par la modernisation de l’action publique, mais le bilan laisse perplexe.
Ainsi, une étude récente a montré qu’en France de mi 2013 à mi 2015, 57 000 emplois avaient été créés dans le secteur privé – beaucoup moins qu’en Italie et en Espagne – et 233 000 dans le public – beaucoup plus qu’en Italie et en Espagne. Tout se passe donc comme si l’État français était incapable de se réformer.
Il y a évidemment une corrélation très forte entre cette incapacité et la place et le rôle des fonctionnaires dans la vie politique française : ils sont 185 sur les 577 députés, et nul n’ignore la part de la haute fonction publique dans les différents gouvernements et cabinets ministériels. Les observateurs ont noté du reste que l’arrivée de François Hollande au pouvoir en 2012 avait marqué un renforcement du poids de l’énarchie dans la sphère politique. Il en résulte naturellement un profond conservatisme sur la question de l’État. Co
mment en effet imaginer que des hauts fonctionnaires soient les plus aptes à réformer le système qui les a fait rois ?
En 2008, Jean-Ludovic Silicani, lui-même énarque et conseiller d’État, notait dans son Livre blanc sur l’avenir de la fonction publique :
Chacun et parfois au plus haut niveau dépense plus d’énergie à défendre son pré carré qu’à préparer l’avenir.
Or, préparer l’avenir d’un pays lourdement endetté et en proie à un chômage de masse ne passe pas nécessairement par le développement infini de l’emploi public.
Les leçons de l’économie
Dans un article paru en 2012 dans la Revue d’économie politique, Y. Algan, P. Cahuc et A. Zylberberg donnent les résultats d’une étude statistique menée sur 17 pays de l’OCDE entre 1960 et 2000.
La conclusion est claire : un emploi public créé détruit en moyenne 1,5 emploi dans le privé.
Et les auteurs de commenter que les effets de l’emploi public sur le chômage dépendent non seulement du « degré de subsidiarité entre production publique et privée » mais également de « l’ampleur des avantages offerts aux salariés du secteur public ».
Or, précisément en France le statut de la fonction publique dont la première version remonte à la loi du 19 octobre 1946 accorde aux « salariés du secteur public des avantages » considérables :
- garantie de l’emploi ;
- système de promotion automatique ;
- assurance d’augmentations salariales régulières, le fameux GVT : glissement, vieillesse, technicité ;
- calcul avantageux des pensions de retraite…
La rigidité du marché du travail constamment dénoncée comme facteur explicatif du fort taux de chômage atteint donc un degré maximal dans le secteur public. Seulement; à l’heure où l’on parle d’assouplir le Code du travail pour aller vers davantage de « flexi-sécurité », la question se pose de savoir si la « rigi-sécurité » du public est encore tenable, d’autant qu’elle concerne plus d’un actif sur cinq. L’histoire, tout comme l’économie, invite en tout cas à interroger sa pertinence.
Les leçons de l’histoire
« Plus justifié » dit Emmanuel Macron du statut de la fonction publique.
De fait, en 1946, ce statut visait à garantir des droits aux fonctionnaires qui en avaient été longtemps dépourvus. Et notamment, il mettait fin à l’arbitraire et au clientélisme qui prévalaient jusque-là dans le système des promotions. D’où la valorisation de l’ancienneté et de l’automaticité et le rôle des syndicats dans la gestion des carrières au travers des commissions administratives paritaires. Le syndicat dans la fonction publique outrepasse donc son rôle naturel pour devenir un prestataire de services pour ses adhérents, d’où sa force relative. Par exemple, dans l’Éducation nationale, nul n’ignore qu’une bonne mutation a beaucoup plus de chances d’aboutir pour un syndiqué que pour un non syndiqué : une autre forme de clientélisme.
« Plus adapté au monde tel qu’il va » ajoute Emmanuel Macron.
En effet, en 1946 ce statut vient couronner la constitution d’une administration qui remonte en réalité au Premier Empire. Or, la France du XXIe siècle n’est plus celle du XIXe siècle !
Elle a connu depuis lors au moins trois évolutions majeures qui rendent nécessaire la modernisation de l’État : la décentralisation, l’intégration européenne et le développement des nouvelles technologies de l’information.
Dans un monde en mouvement, la rigidité du statut de la fonction publique est naturellement un obstacle à l’adaptation de l’État aux transformations économiques et sociales.
Les défis du présent…
Il y a plus. Le statut ne permet plus à l’État de remplir ses missions.
Aussi assistons-nous sans que grand monde ne s’en émeuve à la multiplication des contractuels : ils sont plus d’un million d’agents qui relèvent de 80 dérogations au régime du statut. La précarité du contractuel n’est donc que l’envers de la sécurité du titulaire, mais elle répond également à un besoin de souplesse pour permettre à l’État de fonctionner.
Autre phénomène lié au précédent : le statut lui-même n’est plus aujourd’hui un gage d’attractivité, au contraire. Il explique même en partie les problèmes de recrutement dans l’Éducation nationale. À l’heure de la mobilité, la rigidité du statut a probablement un effet dissuasif sur un grand nombre de bons candidats potentiels à bac +5. De ce fait, loin d’être la garantie de la qualité du service public comme le prétendent ses défenseurs, le statut est au contraire un obstacle à l’accomplissement de ses missions. Sans contractuels, la rentrée des classes n’aurait pas lieu partout.
… et de l’avenir
La France n’échappera pas à une refonte de son administration dans les années futures.
Des pistes sont régulièrement tracées, mais ni le statu quo ni l’approche purement comptable, comme le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, ne sont à la hauteur des enjeux.
En réalité, une réforme de l’État réussie suppose d’associer les fonctionnaires et l’ensemble des citoyens à une réflexion sur les missions et les moyens d’action du secteur public car l’ensemble de la vie de la cité est concerné : « la réforme de l’État, mère de toutes les réformes » indiquait une étude de Terra Nova en décembre 2013.
Un sujet éminemment politique en tout cas, et digne d’une campagne présidentielle…
—
Conclusions :
L’Etat français NE VEUT PAS se reformer.
Le redressement économique passe forcément par une réduction drastique de l’emploi public, et la suppression des privilèges des emplois publics.
L’état français ou les Français? Chaque changement proposé donne des sondages à 30, 40, 50% et parfois plus de « contre
Je lisais, hier (« Le Point »), que face à l’afflux d’émigrants, l’Allemagne parvient, maintenant, à boucler un dossier d’asile en 59 jours … contre 2 ans, en France!
Personnellement, je crois à l’utilité du service public, À CONDITION que les fonctionnaires, quel que soit leur statut, restent persuadés qu’ils sont au SERVICE du PUBLIC! C’est leur mission et leur employeur payeur.
J’ai déjà parlé du bloc « administrativo-politique » français: tout concourt actuellement pour voir ce bloc opposé à la population française pour un pouvoir autoritaire toujours plus « prégnant » comme on dit maintenant erronément.
Toute la population et l’activité se retrouve « assujettie » à l’administration, en devant informer et tout justifier.
L’informatisation ne fera que renforcer cela: la voie informatique (comme dans les banques, à la pompe à essence, au supermarché) ne fera que renforcer cela par l’obligation d’information, à vos frais, pour indiquer la bonne donnée au bon endroit dans la machine administrative: l’informatique détectera les erreurs qui vous vaudront un rejet (plus ou moins expliqué) mais permettra de collecter facilement encore plus de données: on saura tout de vous, tout le temps!
Les fonctionnaires, à peine moins nombreux, seront promus « contrôleurs », « inspecteurs », « vérificateurs » ou « sanctioneurs », hors « justice », évidemment: c’est le principe des nouveaux « flash » sur la route!
Parler de « progrès social » paraît abusif, non?
L’Etat est incapable de réformer le système kafkaien de l’administration française, CONTINUE A EN RAJOUTER en empilant de nouvelles normes et systèmes de fonctionnements absurdes, totalement déconnectés de la réalité et concoctés par des enarques débiles, et la seule solution qu’il propose pour remedier à ça c’est de réduire le nombre de fonctionnaires.
Populisme intégral, déni des réalités, hypocrisie absolue.
« Sans faire de procès d’intention au Président de la République qui a déclaré lors du dernier remaniement vouloir « réformer jusqu’au bout »  »
C’est une blague ?
On en fait le constat tous les jours, le système de rémunération GVT n’a rien du TGV.
Pas de chance on l’a eu dans le désordre et c’est sûr ça ne rapporte non seulement pas beaucoup mais surtout rien et plus…si affinités.
La gouvernance du pays par les nuls… ou le rouleau compresseur public qui écrase tout et bientôt Attila passera pour un enfant de chÅ“ur.