Par Gaspard Koenig
Un article de Génération Libre
L’encre – ou plutôt les mégabits – n’en finit plus de couler sur la génération Z (également baptisée « iGen »), née au tournant du XXIe siècle, et qui déjà succède aux Y ou « millenials ». Le dernier rapport en date, publié par Innovation Group, annonce une nouvelle révolution sexuelle : les Z se projettent par-delà le partage binaire entre homme et femme. Un tiers considèrent que le genre ne définit pas un être humain, et plus de la moitié ne prêtent plus attention aux étiquettes M/F des vêtements. Un nombre croissant d’ados refusent l’idée d’être homo ou hétéro, mais explorent des degrés de bisexualité. Un nouveau monde de nuances émerge, ou l’on peut se découvrir neutre, pansexuel, cisgenré, transgenre, demisexuel, grissexuel, aromantique, gynesexuel ou genderfluid… De plus en plus, l’individu s’affranchit du donné biologique pour se construire de manière autonome.
Voilà qui complète fort logiquement l’étude plus classique sur la génération Z publiée par EY il y a quelques mois, décrivant des jeunes connectés depuis le berceau, assoiffés d’indépendance et de produits sur mesure, habitués à apprendre par eux-mêmes, mais aussi conscients de la brutalité du monde qui les entoure, et plus responsables que leurs aînés vis-à -vis de la planète ou de la société. Les Z semblent entrepreneuriaux de naissance : 62 % souhaitent fonder leur entreprise plutôt que de devenir salariés ; 71 % anticipent sans crainte un premier échec. Leur modèle, c’est un peu le YouTuber Felix Kjellberg, plus connu sous le nom de PewDiePie, qui, après avoir vendu des hot-dogs pour financer son addiction aux jeux vidéo, a fait fortune en commentant ses parties sur sa chaîne YouTube (les revenus qu’il tire de la publicité sont estimés à 4 millions de dollars par an). Et ceux qui veulent trouver un boulot plus conventionnel postent une vidéo sur JobSnap, la nouvelle appli à la mode de la Silicon Valley, qui ne se donne même plus la peine d’avoir un site Internet (totalement ringard), et se définit comme « le chemin vers l’embauche de la génération Z ».
La génération Z n’a pas encore les penseurs de son âge
Chacun peut faire l’expérience de ces nouveaux rapports au travail. Mes jeunes recrues, au croisement des Z et des Y, fonctionnent par projets. Il est inutile, voire contre-productif de leur dire quoi faire. Il suffit de leur donner les données du problème, et de les laisser trouver leur propre voie vers la solution. Il faut les convaincre, pas les contraindre. À moins d’être singulièrement dépourvu d’autorité, je constate au quotidien que la relation de subordination est en passe de devenir caduque. À l’organigramme se substitue une forme de cogestion horizontale. Chacun gère son temps, sa vie, et les réunions se font sur Skype. À un entretien d’embauche, je me suis entendu dire : « Surtout, pas de CDI », le salariat étant perçu comme une forme d’aliénation de soi (point de vue que les marxistes ont d’ailleurs longtemps défendu). Des entrepreneurs autour de moi font le même constat : le « freelancing » devient un choix culturel.
Choisir son sexe, son activité, ses journées : n’est-ce pas un avenir digne d’être défendu, quand bien même il ouvre des sujets de régulation fort complexes, et que la plupart des travailleurs resteront longtemps à l’écart de ce nouveau paradigme ? Il n’en demeure pas moins une question troublante : où est donc passée la génération Z en France ? Les jeunes lycéens et étudiants sont descendus deux fois dans la rue ces dernières années, sous la bannière du conservatisme le plus radical. D’abord pour rejeter le mariage homosexuel et défendre le modèle de la famille traditionnelle mononucléaire. Ensuite pour refuser la barémisation des indemnités prudhommales et revendiquer le droit au CDI. Nos ados sont-ils des papis ?
Quand j’étais en terminale, et que je militais à la cellule communiste de mon lycée (aveu douloureux), je me rappelle avoir défilé contre la réforme de l’éducation de Claude Allègre, qui, rétrospectivement, me paraît plutôt courageuse. La leçon que j’en tire, c’est que l’idéologie progresse moins vite que la pratique. La génération Z n’a pas encore les penseurs de son âge, même si certains groupes minoritaires, comme l’association Students for Liberty, commencent à dépoussiérer les slogans de l’Unef. Il est bien connu que la chouette de Minerve ne prend son envol qu’à la tombée de la nuit…
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Une entreprise est un projet collectif et le lien de subordination en fait partie, au-delà du dialogue souhaitable et même nécessaire. Peut-on comprendre que les employeurs hésitent à embaucher des électrons libres? Ce n’est pas un jugement de valeur, mais un constat d’inadéquation.
Bonjour,
Le jour où la jeunesse fera preuve de … sagesse et discernement n’est pas encore né, sinon bien d’accord avec Dominogris. Comme si par ailleurs, avec toute cette quasi unanimité du « contre » actuel, on avait en plus besoin d’avoir l’opposition de ces jeunes qui n’ont encore jamais fait l’expérience du travail et sont donc contre systématiquement … mais d’ici que l’on me dise que je suis contre la jeunesse …
Ne pas confondre liberté et libération…
A 18 ans, on explore la liberté que l’on a, on ne cherche pas à la conceptualiser.
C’est pour cela que les marxistes sont très forts et ont un impact énorme auprès des jeunes : le programme et le but qu’ils défendent n’a en fin de compte que peu d’importance.
Je crois que c’est surtout lié à la superficialité et au vide intersidéral pour l’esprit que nous impose le marketing agressif des temps modernes, rapidement associé au capitalisme. Le rejet de ce néant passe donc à cet âge comme à d’autres assez naturellement par de l’anti-capitalisme, et donc souvent du marxisme ou du socialisme éco-friendly un peu concon.
Bof, le marxisme marchait très fort en 68, en 32 … Par contre sur le nihilisme actuel et la fascination pour les chatons : entièrement d’accord.
Je vous rejoins -> je ne crois pas que l’on soutienne une même idéologie politique pour les mêmes raisons en fonction du contexte (époque/lieu/culture/personnalité/vécu…) dans lequel on baigne. Le marxiste exploite à fond le concept d’égalité, pour autant il ne signifie pas exactement la même chose pour tous, n’a pas la même priorité par rapport à d’autres concepts, n’implique pas les mêmes idées sous Louis XVI et sous Hollande, etc.
Entre les slogans de l’UNEF complètement dépassés ( ils l’ont toujours été) et votre libertarisme échevelé ( venant d’un ancien coco je ne suis pas étonné, quand on se trompe une fois pourquoi pas toujours ?) il y a une vaste place pour des jeunes qui se définissent encore comme H/F , qui veulent certes devenir entrepreneurs mais aussi fonder une famille en couple hétérosexué avec enfants et non pas en paire avec un semblable et qui ne se vivent pas dans une bisexualité qui serait le summum de la modernité selon vous…
« venant d’un ancien coco je ne suis pas étonné, quand on se trompe une fois pourquoi pas toujours ? »
oops, wow, caramba, ben vive le droit à l’oubli ! Gaffos les libéraux potentiels et libéralisables possibles de passage ici, va falloir montrer patte blanche et bien cacher votre éventuel passé honteux, la police de l’orthodoxie veille, bizarre ça me rappelle quelque chose sur les déviationnistes et les mises à l’index.
Vous êtes sûrement plus libéral que moi mais votre remarque a une odeur de brûlé, ou plutôt de sibérie
Ce Monsieur est probablement très simplement fatigué par cette vague moderne dans laquelle il semble essentiel de déstructurer les genres pour au final se définir par sa sexualité ; on est très loin d’une recherche du sens de la vie, d’une véritable quête personnel du bonheur et de la liberté, d’une conquête indépendante de soi, gober ces âneries c’est prendre une pub pour du parfum pour argent comptant, c’est acheter du vent en se basant sur des chimères.
C’est par ailleurs la seule chose qui m’indispose chez les libertariens, ils ont à cet égard aussi peu de bon sens et de réalisme vis-à -vis de la nature humaine et de ses besoins que les socialistes.
je suis bien d’accord et j’avoue que bien des choses me dérangent dans cet article, ceci dit le biais choisi pour contrer son auteur, à savoir son « errance » passée, me paraît fort le café (de Cuba)
Héhé, la pique n’était qu’une parenthèse cela dit, un peu gratuite et hâtive, certes
C-à -d que cet aveux explique bien des choses et notamment un étatisme clairement assumé par G.König dans plusieurs des ses articles (dernier exemple en date : le revenu universel).
Ça explique aussi le condensé de bullshit suivant :
« l’on peut se découvrir neutre, pansexuel, cisgenré, transgenre, demisexuel, grissexuel, aromantique, gynesexuel ou genderfluid… De plus en plus, l’individu s’affranchit du donné biologique pour se construire de manière autonome. »
Si ça c’est pas un discours de socialos. On connaît la rengaine du « les genres sont une construction sociale, déconstruisons pour libérer les individus ». Allez hop! On est ce qu’on veut peu importe notre nature biologique. On peut s’en affranchir comme on peut s’affranchir de la réalité. Puis avec le sous-entendu que c’est un progrès car avant la méchante société nous contraignait à rester dans les cases hommes-femmes.
Ça explique aussi la prétention du gars à croire qu’il a compris une génération de jeunes qui n’est même pas encore sortie du lycée et de faire une généralisation à partir des spécimens qui fréquentent son think tank Génération Libre.
Excusez mais ça commence à faire beaucoup d’éléments qui font qu’on peut s’interroger…
Si vous aviez lu un peu les article de GK, vous vous seriez rendu compte qu’il est toujours communiste, du moins étatiste. Réaliser l’individu par l’Etat comme il l’a écrit, j’ai déjà vu ça quelque part en Italie, en Allemagne, en URSS, en Chine, à Cuba, au Cambodge et … en France.
On ne peut pas s’arrêter à une définition d’une génération Z (et la prochaine on l’appelle comment d’ailleurs ?) qui a moins de vingt ans.
On a tous eu vingt ans (36 ans aujourd’hui) et on a tous été des idéalistes immatures qui quittaient Papa et Maman et découvrait avec insouciance le monde réel.
Et d’ailleurs le cerveau n’arrive à maturité que bien plus tard. Je jugerais cette génération lorsqu’ils auront au moins la trentaine…
A chaque génération sa nouvelle lettre, apparemment. A quand la génération…? Ah mince, après « Z », y a plus rien!
Ne pas tout mettre dans le même panier, les jeunes dans la rue ne sont pas ceux qui apprennent un métier ou qui ont déjà un objectif professionnel.
L’UENEF est l’ antichambre des partis de gauche, c’est dire…..
Je suis ahuri que l’on puisse écrire des choses aussi bêtes :
« Un nombre croissant d’ados refusent l’idée d’être homo ou hétéro, mais explorent des degrés de bisexualité. Un nouveau monde de nuances émerge, ou l’on peut se découvrir neutre, pansexuel, cisgenré, transgenre, demisexuel, grissexuel, aromantique, gynesexuel ou genderfluid… De plus en plus, l’individu s’affranchit du donné biologique pour se construire de manière autonome. »
1. Ces labellisations sexuelles sont très exagérées
2. Quelques phénomènes ultra-marginaux existent (ex: intersexualité) mais ce sont des phénomènes médicaux pas des phénomènes de sociétés
3. A glorifier et à encourager ce genre d’affaissement moral, je pense que l’on aura une génération post année 2000 encore plus avachie que les précédentes.
Bref, la personne qui a écrit cet article me semble vivre dans un monde particulièrement hors-sol et décadent. En tout cas dans un milieu qui ne laissera rien derrière lui car ce n’est pas en s’occultant sous toutes les coutures et pratiques sexuelles que les générations qui nous ont précédées ont laissé une trace derrière elles mais en faisant des choses, des enfants et en les élevant.
Bref, ça fait un peu pitié et ça ne rend pas très optimiste pour la suite ce genre d’article.
Anyway….