Par Guillaume Nicoulaud.
Samedi après-midi, plutôt que de faire une sieste, j’ai posé cette question :
28% des salariés payés au Smic ont un niveau de vie supérieur au niveau de vie médian (Insee, 2012) — Quiz : comment est-ce possible ?
— Ordre Spontané (@ordrespontane) March 12, 2016
Juste au cas où vous auriez un doute, je n’ai rien inventé : c’est vraiment le chiffre calculé par l’Insee (à ceci près que les données datent de 2011, pas 2012 — ma faute).
Évidemment, et comme je m’y attendais, tous ceux qui ont bien voulu se prêter au jeu ont immédiatement pensé à notre système fiscalo-redistributif. Bien sûr, la fiscalité et les aides sociales tendent à réduire les écarts de revenus mais, de là à admettre qu’ils puissent inverser la hiérarchie des revenus d’activité, vous admettrez qu’il y a une marge.
La réponse, en réalité, est d’une simplicité enfantine : il suffit d’imaginer la situation d’un salarié payé au SMIC (et en CDD à mi-temps par-dessus le marché) dont le conjoint serait, par exemple, un cadre supérieur dans la tranche haute des salaires. C’est aussi simple que ça : notre Smicard précaire dispose du coup d’un niveau de vie très élevé et ce, d’autant plus s’il n’a pas d’enfants à charge ou, mieux encore, s’il a hérité d’un patrimoine important.
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Juste un élément de réflexion supplémentaire : le salaire minimum que l’on a en France est le 4ème le plus élevé du monde. Et il est considéré comme trop élevé par de nombreux économistes qui affirment qu’il faudrait le baisser de 10% (pour atteindre un bon compromis entre emploi et productivité).
Au-delà du paradoxe apparent, ce phénomène trop méconnu démontre l’absurdité du concept du « SMIC, outil de lutte contre la pauvreté »
Le SMIC est plutôt un outil d’appauvrissement par son effet sur le chômage, puisque toutes choses égales par ailleurs un emploi même mal payé est toujours préférable à l’absence d’emploi
« puisque toutes choses égales par ailleurs un emploi même mal payé est toujours préférable à l’absence d’emploi » : OUI, ce que vous dites est vrai pour mieux faire fonctionner le système , c’est exactement ce qu’il faut faire mais vous savez si on fait disparaitre la moitié des chômeurs et RSA le système serait aussi plus efficient, ce sujet est purement idéologique : Doit on accepter la notion de travail ulta précaire dans une société moderne comme la notre ? Le système comme il est actuellement ne fonctionne pas (trop de protection et SMIC trop haut) , il est vrai que je suis dans une posture inverse à la votre moins de droit , moins de protection mais plus de salaire.
Ca irait ensemble…
Baissez le SMIC, donc le taux de chômage et la durée de ce même chômage. Donc vous baissez le cout de l’indemnisation du chômage. Donc vous pouvez baisser les cotisations sociales… Et donc les salaires réels nets augmentent.
Vision statique, très peu de gens reste longtemps au salaire minimum.
Cette histoire de précarité n’a aucune valeur s’il est possible de changer son salaire avec le temps.
Dans une usine tertiaire, si les salariés dépassent le SMIC, leurs postes sont offshorés…
Dans un pays qui fonctionne, « très peu de gens reste longtemps au salaire minimum » est probablement vrai.
En France, hélas, les smicards représentent 15-20 % des travailleurs , et vu qu’il N’y en a PAS dans la fonction publique (ceux qui vous en parlent « oublient » de compter les primes …), on est a 20-25 % dans le secteur privé. C’est à dire que, au court de sa vie, le travailleur privé français passe en moyenne environ 10 ans au SMIC (et 4 à 5 ans au chômage !) , moyenne entre des gens qui effectivement n’y restent pas très longtemps voire y échappent complétement, et des gens qui y passent carrément leur vie, en alternant SMIC et chômage.
Avec ce calcul je pense qu’on voit mieux le drame…
« Cette histoire de précarité n’a aucune valeur s’il est possible de changer son salaire avec le temps. »
C’est très vrai, mais le « s’il est possible » est essentiel, et tout est fait, en France, pour que ce « si » disparaisse.
….Je ne sais pas pourquoi , mais j’imagine assez mal un cadre sup avec bon revenus , vivant avec un smicard , dans la mesure où en France et certainement ailleurs , les chats ne se marient pas avec les chiens …
Je peux l’imaginer parfaitement. J’ai de gros revenus, ma femme exerçait une profession libérale de santé mal payée, elle a cessé de travailler. Moralité, elle gagne moins que le SMIC, mais elle a un niveau de vie bien plus élevé que la moyenne.
J’ai de nombreux exemples autour de mois de cadres dont le coincoin exerce un « petit boulot » mal rémunéré, mais qui participe à un équilibre social et sociétal, et à un épanouissement personnel. Ne serait-ce que ne pas dépendre intégralement de son conjoint.
Je ne partage pas cette vision de chats et de chiens, trop réductrice et typiquement élitiste.
PukuraTane: « Je ne partage pas cette vision de chats et de chiens, trop réductrice et typiquement élitiste. »
Plutôt typiquement « lutte des classes » dans ce cas, une spécialité
communistefrançaise.Sans compter qu’avoir une retraite-argent de poche, pour finir, justifie bien ce « sacrifice qui n’en est pas un » d’avoir un conjoint qui sans se « tuer » au travail (mi-temps) peut s’occuper agréablement ou jouir d’une position « stratégique ».
Un riche qui l’est devenu, ne crache sur aucun revenu!
Dans le cadre d’un couple ou la femme se met à retravailler après les enfants c’est très courant.
+ 1
Exact.
Ainsi que dans les nombreux cas où madame choisit d’avoir une activité « pépère » et peut-être même à temps partiel pour pouvoir mieux s’occuper des enfants… chose plus facile à faire si monsieur gagne bien sa vie.
Franz ,
C’est le pb de la médecine où la profession s’est féminisée et où madame s’arrête à bosser vers 40 ans , les revenus de Monsieur étant suffisant pour faire vivre le couple …
Résultat , on manque de médecins…
volna: « Résultat , on manque de médecins… »
C’est fou, vous êtes comme une boussole qui marquerait sans cesse la mauvaise direction avec une fiabilité exemplaire. Vous avez quel âge par curiosité ?
Le manque de médecin à tout à voir avec les manipulations administrative centralisatrice (numérus clausus etc.) et l’idéologie qui refuse toute idée de profit, d’intéressement et d’efficacité.
https://www.contrepoints.org/2013/12/20/150654-le-numerus-clausus-en-medecine-chronique-dune-catastrophe-annoncee
Ilmryn,
Félicitations , vous avez inventé la boussole politique , intellectuelle , économique , sociétale , qui indique tjrs la bonne , la vraie , la juste direction et moi , je me noie dans un océan de turpitudes politiques , intellectuelles …etc…
Bref(le ) , il y a une vérité , même libérale , en delà des Alpes et une erreur en deçà et tout ce que nous devons savoir , pour progresser , c’est de douter et d’être humble ( le doute philosophique , d’être un roseau qui pense ) et d’écouter l’autre , condition sinequanone , à mon sens , of course , pour que le beau mouvement libéral ne produise pas trois idées quand deux penseurs de son obédience discutent…
Hochachtungsvoll …
Blabla, vous ne répondez à aucun argument, bien évidemment.
Analyse qui mériterait aussi de se pencher sur l’une des raisons de l’appauvrissement de certaines classes. Car lu à l’envers ça revient à dire que des couples non smicards vivent moins bien que des smicards, et ils sont nombreux, et ils gagnent parfois bien plus que le smic. Comment ? Par ce soi disant marché qui n’en est pas un à cause de l’intervention omniprésente de l’état : l’immobilier.
Il y a une énorme différence de niveau de vie entre un couple de smicards propriétaires en province calme (propriétaires au sens j’ai remboursé mon prêt) et un couple de jeunes wanabees parisiens étranglés par un loyer xxl ou par un couple de classe moyenne étranglé par un prêt immo pour une maison à 45km de leur travail pour lequel il faut deux voitures, de la nounou et tout le toutim.
Bref, un article très incomplet à mon sens.
OK voyons.
Donc le niveau de vie median dixit wikipedia est d’environ 19550€ en 2011, soit 1630€/ mois. (que j’imagine net)
Un smicard est a 1370€cette année la, brut, soit on va dire a -22% de cotis. sociales 1066€ .
Donc pour atteindre selon la logique ci dessus un niveau de vie supérieur au median, et sans considérer aucun apport fiscalo redistributif , il faut donc que sont conjoint gagne un poil plus de 1630 + 1630-1066 = 2194€ / mois net
Ma conclusion on ne peut plus personnelle:
– être en concubinage avec un smicard quand on gagne 2200€/ mois est loin de révéler un esprit chat / chien, car il faut pas un bac + 7 pour gagner 2200€/mois dans une entreprise prospère une fois établie dans sa vie professionnelle . (je considère ici qu’on parle de couple installés durablement, disons des trentenaires minimum)
– Ne pas considérer les apports fiscaux dans cette marge de gain est absolument idiot, etant EN PLEIN milieu de la tranche qui passe de rien à tout. 1000€ rien / 1800€= 1800€/ an d’imposition, soit 150€/ mois. (et on a même pas besoin de passer dans la tranche des 30% pour le calcul) Le gain en se mariant ne faisant pas basser de tranche, on se retrouve quand même avec une perte en impot de 75€par personne. Ce qui veut dire que le smicard seul voit son ecart passer à 1066€+75 = 1141€.
– Le souci est donc là , même à un smic haut on parle d’atteindre un niveau median de population avec 1630-1141 = 489€/ mois. Vu qu’on aura pas la méchanceté d’inclure les Aides au logements et autres services allant jusqu’au ciné moins cher car « quand on est pauvre c’est degeulasse de payer sa place de ciné au prix », on est quand même sérieusement en train de se prendre la tête pour 200€/ mois en France, soit environ 1 pantalon, 4 litres d’essence, des pantoufles et un poulet.
-28% des smicards ont donc cette chance fabuleuse d’avoir cette marge de 200€. Ce qui veut dire que 72% ne l’ont pas , mais esperons tout de même qu’ils sont pour un certain nombre d’entre eux en concubinage quand même, ce qui veut qu’on peut encore réduire cette valeur de 200€
Bref, au vu de l’écart smic / median, en voilà un pays de misère.
Irion: « on est quand même sérieusement en train de se prendre la tête pour 200€/ mois en France, soit environ 1 pantalon, 4 litres d’essence, des pantoufles et un poulet. »
C’est quand même 11.29% du salaire médian ce qui est loin d’être négligeable.
Irion: « Bref, au vu de l’écart smic / median, en voilà un pays de misère. »
Le gosplan fonctionne en tout cas.
Socialisme, what else.
Socialisme, what else.
Sotcialisme 🙂
Oui la conclusion est bien qu’on est dans un pays de misère.
Pour info, le niveau de vie calculé par l’INSEE intègre le système social / fiscal.
« Le système socio-fiscal tend cependant à réduire ces écarts car il accroît le niveau de vie moyen des salariés au Smic de 8 % et réduit celui des salariés rémunérés au-delà. Les prestations sociales et les dispositifs de soutien à l’emploi représentent au total 11 % du revenu disponible des salariés au Smic. »
Je vous invite aussi à regarder ce qu’est la définition du niveau de vie selon l’INSEE et donc ce qu’est le niveau de vie median.
« Niveau de vie : revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation. Les unités de consommation (UC) sont calculées selon l’échelle d’équivalence dite de l’OCDE modifiée, qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans. Le niveau de vie est donc le même pour toutes les personnes d’un même ménage. Le niveau de vie médian, qui partage la population en deux, est tel que la moitié des personnes disposent d’un niveau de vie inférieur et l’autre moitié d’un niveau de vie supérieur. »
Oui, pour dire qu’il faut diviser par 1.5 et non 2 et que donc vos 2 smicards en couple ont un niveau de vie de (1066+2194) / 1.5 = 2173 euros soit 2173/1630= 33% au dessus dur revenu median (vs pile au niveau du RMed avec votre calcul faux)
Il suffirait d’un salaire du conjoint de (1630*1.5)-1066 = 1379euros pour que le couple ait un niveau de vie égal au revenu médian, vs vos 2194 !
Le principe du calcul du niveau de vie avec des coeff est assez logique (charges fixes du foyer).
une analyse pertinente