Par Frédéric Mas.
Trois aspects de la lutte antiterroriste méritent d’être soulignés, car ils ne dépendent pas de la rouerie des djihadistes, mais bien de notre difficulté à répondre de manière adéquate aux nouveaux enjeux de sécurité.
Premièrement, Guillaume Nicoulaud a raison de voir la lutte antiterroriste comme « une collection d’administrations « lourdes, centralisées, à peine gérées » qui non seulement sont incapables de travailler de concert mais, pire encore, semblent avoir une fâcheuse tendance à se tirer dans les pattes. »
La compétition pour le pouvoir au sommet, les intrigues et jeux d’influences – qui expliquent en partie les multiples réorganisations des services ces dix dernières années – tendent à faire perdre de vue l’objectif principal : la neutralisation des terroristes. Tout le monde a en tête l’affaire de Tarnac, de ce réseau « anarcho-terroriste » qui tenait plus de l’auto-intoxication au sommet que de véritables retours du terrain.
Deuxièmement, la « rationalisation » administrative consiste à créer une chaîne de commandement, des procédures standardisées et une division des tâches particulièrement raffinée… et inadaptée à la recollection d’informations et à toute forme de réaction rapide. Là où le combat nécessiterait une structure légère, adaptative et efficace, la bureaucratie se fait lente et procédurière. Pire encore, la logique de standardisation peut rendre aveugle la bureaucratie aux véritables informations. Il devient même plus facile de faire taire les éléments indisciplinés, les individualités qui refusent de se plier à ses contraintes que de remettre en question sa conduite procédurale. Quand la menace terroriste est devenue de plus en plus pressante, on se souvient de la manière dont ce général a été remercié de sa clairvoyance…
Troisièmement, la bureaucratie génère en son sommet une mentalité bureaucratique, c’est-à -dire conformiste, averse au risque et sélectionnée en fonction de son respect des normes et de la hiérarchie plus que pour son inventivité ou son intelligence. En France, la professionnalisation de la vie politique marche de concert avec la haute fonction publique et les grandes écoles destinées à la former. La bureaucratie n’est pas séparée de la politique : elle se confond avec elle jusqu’à former une superstructure technocratique persistante. Le personnel politique en vient à proposer des solutions similaires, empreintes du même esprit de caste, et en décalage permanent avec le reste de la société civile. Hélas, la question terroriste n’échappe pas à la règle. Quand les attentats de Bruxelles font la Une des journaux, nos dirigeants ne trouvent pas d’autres réponses que de renforcer le dispositif militaire, comme ils l’ont fait par le passé, essentiellement pour « rassurer la population ». Malheureusement, la comm ne marche plus, et on pourra toujours attendre pour que quelqu’un « renverse la table ».
Encore une preuve de plus que la construction européenne n’est pas faite pour le citoyen mais les lobbys, elle ne protège même pas.
Effectivement cette bureaucratie a conduit au plan vigipirate totalement inadapté. je vois tous les jours des agents de sécurité ( dont rien ne dit par ailleurs que le processus de recrutement garantit qu’ils ne sont pas infiltrés) fouiller les sacs des grand mères qui font leurs courses dans des centres commerciaux ….
Avec un minimum de bon sens les actions devraient être ciblées sur les 20 000 fiches S dans la nature ( retrouver leurs caches d’armes ….) .Les terroristes sont capables de tuer en plein Paris et de quitter la capitale en plein jour sans qu’aucun policier n’arrive à les arrêter . Voici la triste réalité. Les spécialistes de comm ont dit aux politiques qu’il fallait parler de  » sentiment d’insécurité  » pour faire croire aux gens que tout est dans leur tête . Le plan d’action est destiné à les rassurer et non à neutraliser les gens dangereux.Il faut revoir la copie en acceptant la réalité que des millions de gens , même nés en France, détestent la France et veulent en découdre, d’autant que l’état est impuissant à enrayer leur développement (délinquance, drogue, lois des cités …)
Toute association humaine, toute structure, si elle n’est las dotée d’une extrême vigilance, finit par travailler à sa propre survie au détriment de ses objectifs initiaux. Notre administration en est là , je pense.
Et ceux qui détiennent le pouvoir politique ne visent qu’à le faire durer…
Et pourtant les militaires ont innové en méthode de management.
Une des méthodes les plus efficace est le management par intention.
On forme des manager de terrain, des équipes, au maximum de compétence stratégique, on les informe au même niveau que le QG, et on discute avec eux de la future opération.
Ils fartent faire le boulot, et si la situation change, ils s’adaptent, quite a envoyer chier l’état major.
Ca a marché durant la blitzkrieg avec certaines unités allemande, quitte a couper les contacts radio.
avec la guerre du kipour, quitte a poursuivre la conquete de zone stratégiques contre l’avis des politiques.
les SAS sont gérés comme ca, et ont déjà désobéis à des ordres débiles.
aux USA dixit un DST en échange avec le FBI, le respect du manuel est total, car ceui qui désobéria sera poursuivi en justice, et ceui qui obéira au prix des victimes, sera pardonné.
à ne pas confondre avec le management par objectif, car en management par intention l’objectif peut changer tant que l’intention partagée reste…
Il faut évidemment des gens convaincus et sincères.
Constat juste. Comment y échapper quand dans ce pays ce sont les hauts fonctionnaires formatés par l’ENA qui dirigent et gouvernent depuis 40 ans.