La Havane : le sans faute d’Obama

Barack Obama a réussi a redonner l’espoir aux Cubains, au grand dam de Raul Castro.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La Havane : le sans faute d’Obama

Publié le 25 mars 2016
- A +

Par Fabio Rafael Fiallo.

obama René Le HonzecBien avant l’arrivée de Barack Obama sur le sol cubain, la nervosité était patente chez les tenants du castrisme. Le Président Castro était fort conscient du profit qu’il allait tirer de ce moment historique du processus de dégel des relations entre Washington et La Havane. Il n’en savait pas moins ce à quoi il s’exposait en accueillant un président américain prêt à défendre la cause des droits de l’homme et de la liberté devant un régime qui ne cesse de bafouer ces valeurs universelles.

La nervosité des castristes était d’autant plus compréhensible que, d’après un sondage réalisé au mois d’avril de l’année passée, la cote de popularité d’Obama (80%) auprès des Cubains est bien supérieure à celle des frères Castro (47% pour Raul et 44% pour Fidel).

Pour énerver le régime, il y avait, surtout, cette condition sine qua non posée par Obama : pouvoir s’entretenir avec les Dames en blanc et autres représentants de la dissidence cubaine, ceux-là mêmes qui sont traités comme des parias dans leur propre pays, qui sont tabassés et arrêtés chaque semaine après leur courageuse manifestation dominicale.

Devant se résigner à accepter cette rencontre exigée par Obama, le pouvoir castriste tenta d’en diluer l’impact en essayant d’y incorporer des soi-disant représentants de la société civile choisis par le régime (une façon à peine voilée d’introduire ses pions et des informateurs). Il n’en fut pas question : pour les autorités américaines, la liste était non négociable. Seuls les dissidents cubains sélectionnés par la partie américaine y seraient conviés.

Le malaise chez les autorités cubaines se fit sentir dès les premières minutes du séjour du président de « l’empire » : contrairement à l’usage protocolaire, le Président cubain ne vint pas accueillir son homologue sur le tarmac de l’aéroport de La Havane.

Or, tout bien pesé, l’absence du chef de l’État cubain à cette occasion allait dans le sens des intentions d’Obama : faire de son séjour le moins possible une visite d’État, mais plutôt une rencontre avec le pays et son peuple.

Sa façon de descendre de l’avion alors qu’il pleuvait, tenant lui-même un parapluie qu’il partageait avec son épouse, plutôt que d’avoir un subalterne pour faire cette tâche, fut une opération de communication réussie. D’autant que le contraste était frappant entre l’image d’un président américain, un parapluie dans la main, et celle d’un Evo Morales, président de la Bolivie – fils spirituel du castrisme – qui, quelques mois auparavant, se fit attacher ses chaussures en public par un de ses gardes du corps.

Le démocrate face au dictateur

La conférence de presse qui eut lieu le premier jour de la visite permit de montrer aux Cubains, et au monde, l’abîme qui sépare une démocratie d’une dictature dans le domaine de la communication. À côté d’un Obama détendu tout au long de l’exercice – car habitué au jeu de questions et réponses – on put voir et entendre un Raul Castro éreinté par une simple question d’un journaliste concernant l’existence de prisonniers politiques à Cuba.

Sans pouvoir cacher son agacement, le président cubain eut le toupet de nier qu’il y ait ce genre de prisonniers dans l’île qu’il gouverne. Cette réponse aura mis le régime cubain dans l’embarras, et ce pour longtemps.

Car désormais, chaque dimanche, quand les Dames en blanc et autres dissidents seront battus dans la rue, puis amenés de force dans un commissariat du régime, et que les images de ces exactions seront diffusées par les média internationaux, la réponse de Raul Castro au journaliste résonnera comme un mensonge flagrant.

Le moment fort de la visite d’Obama se produisit lors du discours qu’il prononça au Théâtre National, un discours que le régime accepta (sûrement pas de bonne grâce) de retransmettre intégralement par la télévision nationale.

Devant Raul Castro et une audience triée sur le volet par les autorités cubaines, le Président Obama lança un plaidoyer en bonne et due forme en faveur des droits de l’homme, de la liberté d’expression et d’entreprendre, et de la démocratie. Rien n’y manqua.

Comme c’est le propre de tout grand discours, on retiendra de celui-ci surtout une phrase, adressée implicitement au Président Castro : « Vous n’avez pas besoin de craindre les voix différentes du peuple cubain ». Combien de Cubains n’auront-ils pas vibré d’émotion à ce moment !

Cette phrase, que jusqu’alors il aurait été inimaginable d’entendre dans un discours retransmis à la radio cubaine et qui plus est devant Raul Castro en personne, rappelle à bien des égards celle prononcée par Ronald Reagan à l’adresse de Gorbatchev devant le mur de Berlin : « Abattez ce mur ».

Quelques heures après son discours, ce fut l’entretien d’Obama à l’ambassade des États-Unis avec des figures de la dissidence. Entretien qui, par le simple fait d’avoir eu lieu, aura rehaussé aux yeux du monde la valeur et l’importance de la courageuse lutte pour les droits de l’homme que mènent dans l’île communiste des hommes et des femmes que, jusqu’alors, aucun chef d’État – François Hollande et le Pape François y compris – n’avait osé rencontrer.

Conscient de l’impact que la visite d’Obama allait avoir sur les citoyens de ce pays, le Président Castro avait programmé un spectacle des Rolling Stones tout de suite après celle-ci. Histoire de faire dévier l’intérêt de la population vers quelque chose d’autre que le séjour du Président des États-Unis.

Pas sûr, cependant, qu’un spectacle rock and roll, avec des acteurs aussi célèbres soient-ils, puisse faire oublier de sitôt le passage d’un président américain qui, par de multiples gestes et paroles, aura, mieux que quiconque, su inoculer le ver de l’espoir (Sí, podemos – Yes, we can) dans l’âme du peuple cubain.

Voir les commentaires (14)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (14)
  • Article mensonger ! Tout le monde sait pertinemment qu’Obama est le pire président de tous les temps et de toute la galaxie et de tout l’univers. Tout le monde sait pertinemment que quand Obama fait quelque chose de mal : c’est de sa faute, et que quand il fait une bonne chose : croire que c’est lui le responsable de cette bonne chose c’est se laisser manipuler par la propagande gauchiste visant à nous faire accepter le multiculturalisme ! l’immigration ! la repentanceeeeeeeeeeee !

  • Si les choses se sont vraiment passés comme dans l’article, alors c’est vrai que cette visite était bien plus positive qu’un boycott.

  • Ca me rappelle la première visite d’Obama en Chine, et on peut s’attendre aux mêmes effets à long terme sur la coopération entre les deux pays.

  • La liberté est ce qui a de pire mais on a pas trouvé mieux ! ( oui Winston je te plagie )

  • Oui, Obama a été grandiose mais Raul Castro ne s’ est pas laissé démonter, ce qui était inattendu.

  • Pendant qu’Obama serait la paluche de Raoul Castro plusieurs centaines de dissidents furent réprimés et des dizaines arrêté par la police politique. On est loin de la situation de Reagan en URSS en vite chez Gorbatchev qui lui avait déjà entrepris des réformes pour en finir avec l’Union soviétique ce que la dictature cubaine n’a encore rien de fait.

    Il est prêt à parier que rien n’aura bougé d’ici un an.

    D.J

    • Sauf qu’Obama, pour le coup, a plutôt bien placé les USA stratégiquement. Il est bien plus intéressant d’avoir 80% de la population qui a une opinion positive des USA et des Castro légèrement vexés que d’avoir 50% de la population qui vous détestent et des Castro qui se posent en défenseurs du peuple.

      Obama avait justement fait l’erreur inverse en Iran, plutôt que de chercher à plaire au plus gros de la population il a tout fait pour draguer les pires hardliners du régime. Pour cela il les a laissé faire absolument n’importe quoi, et, surprise, ces gens haïssent toujours l’occident…

      L’Erreur a été de croire que c’était les USA qui avaient besoin d’un accord avec l’Iran, alors que c’était l’Iran qui avait besoin d’un accord avec les USA. C’est exactement la même chose avec Cuba.

      Le Venezuela avait prit la relève pour maintenir le régime debout après la chute de l’URSS, mais ce pays est à son tour en faillite. Quel choix reste il au régime cubain ? La Chine n’a aucun intérêt à maintenir en survie ce régime, surtout qu’elle a déjà acheté au Venezuela du pétrole encore sous terre à fort prix il y a des années en pure perte, je ne pense pas qu’ils recommenceront ce genre d’erreurs. La Russie ? Le pays est en difficulté, il pourrait recommencer le coup de la crise des missiles, mais je ne pense pas que cela passerait chez les cubains, qui voient aujourd’hui clairement que les USA ne les menacent pas.

      Le régime cubain n’a pas le choix, il doit s’ouvrir et se tourner vers l’Amérique, car c’est à l’Amérique que ce pays est lié qu’il le veuille ou non. Il faut faire cela patiemment, petit à petit, car Cuba ne représente aucun danger.

      • @ Le_lecteur,

        J’espère que c’est vous qui avez raison sur l’ensemble de votre commentaire; mais avec les dictatures communistes comme Cuba je suis comme St Thomas. Je croirais à leurs bonnes volontés que quand ils auront fait des vrais réformes autre que symboliques.

        Il y a environ un an quand Obama avait renoué les relations diplomatiques avec Cuba on a eu les mêmes commentaires que c’était une bonne chose. Depuis il n’y a rien eu de concret depuis. On reparle de la même chose comme si l’on avait tout recommencé à zéro et oublié tout ses espoirs que l’on nous avait déjà promis.

        Quelques temps plus tard Cuba participe à un sommet anti-USA avec le Venezuela, la Bolivie etc…

        On verra ça dans une année. S’ c’est vous qui avez raison je réviserais mon jugement. Promis.

        D.J

        • Vous vous trompez, je ne fais absolument pas confiance au régime cubain. Je dis juste qu’à un moment, il n’aura pas le choix. Fidel Castro va bientôt mourir. Comme tout les régimes trop personnalisés, quand la mascotte va mourir, le pays sera en déchéance idéologique. Regardez ce qui arrive au Venezuela, Raúl ne pourra pas plus maintenir la révolution que Maduro le peut, surtout qu’il n’est pas tout jeune non plus.

          Le régime entrera donc bientôt dans un état de déliquescence. Avec une population qui a une bonne opinion de l’Amérique, comme maintenant, les choses évolueront naturellement dans le sens de la liberté. Le régime pourra résister, comme le fait Maduro, mais comme Maduro bientôt, il devra soit entrer dans l’acceptation du changement soit dans la guerre civile.

          Je pense que soit le régime cubain s’assure sa continuité en desserrant la vis, soit la macération va continuer jusqu’à la révolte populaire.

          « Quelques temps plus tard Cuba participe à un sommet anti-USA avec le Venezuela, la Bolivie etc… »

          Et concrètement qu’est ce que le Venezuela, la Bolivie, Cuba et l’Équateur comptent entreprendre ?

          Car pendant le mandat d’Obama, l’Iran a eu tout loisir de détruire l’Irak, la Syrie, hacker des institutions et entreprises américaines, financer le Hamas, continuer la conquête du Liban par le Hezbollah, continuer son programme nucléaire, faire des tests de missiles, inonder le Yémen de terroristes et mettre en place des cellules de poseurs de bombes au Bahreïn. La politique d’Obama ne pouvait pas plus réussir de ce point de vue, il n’y a rien à dire, les mollahs sont parfaitement détendus…

          J’ai assez de mal à m’offusquer de cette tentative de rapprochement avec les pays d’Amérique latine qui ne représentent aucun danger. Le changement politique viendra de leur peuple, et il arrive dans les années qui viennent.

          Par contre ce qui me gène, c’est que aujourd’hui, l’armée américaine est entrain d’aider directement, en Irak, la ligue des vertueux (« League of the Righteous » ou « Asa’ib Ahl al-Haq »). Une organisation terroriste qui se vante d’avoir commis 6000 attaques contre les forces américaines et tué plusieurs centaines de soldats américains. Aujourd’hui, des soldats US aident des gens qui ont assassinés leurs frères d’armes dans des attentas à la bombe…

          • D’ailleurs Khamenei à l’occasion du nouvel an iranien a eu l’occasion de répéter tout le mal qu’il pense de nous:

            http://www.presstv.ir/Detail/2016/03/20/456734/Iran-Khamenei-Mashhad

            « presstv » appartient au régime iranien, on peut y lire des commentaires fleuris:

            « May God Almighty continue to sustain and strengthen the Iran and weaken the enemies of Islam and its allies; particularly the ‘Great Shaytan’; America. »

          •  » Le régime entrera donc bientôt dans un état de déliquescence. Avec une population qui a une bonne opinion de l’Amérique, comme maintenant, les choses évolueront naturellement dans le sens de la liberté. Le régime pourra résister, comme le fait Maduro, mais comme Maduro bientôt, il devra soit entrer dans l’acceptation du changement soit dans la guerre civile.  »

            En espérant que ce sera plus vite que prévus.

            D.J

            • Évidemment, j’espère que vous vous ne vous méprenez pas, je ne soutiens en aucun cas la dictature socialiste. Je dit juste que, pour une foi, la détente me semble être la bonne solution.

  • Article ridicule, il sort même les sondages d’on sait où, compte tenu du régime Cubain on imagine mal comment le sondage serait réalisé.
    80% de pro Obama, on peut en douter non en voyant la fureur de la communauté Cubaine aux USA devant la visite d’Obama?

    Mais je sais, je suis un méchant anti Obama primaire et patati et patata.

    Il était inutile de faire la guerre froide alors, il fallait juste visiter ses pays lol.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
Le « plafond de la dette »

Aux États-Unis, le montant de la dette publique que le gouvernement peut accumuler est plafonné par une limite fixée par le Congrès.

Théoriquement, le but de ce « plafond de la dette » (ou « debt ceiling », en américain) est de s’assurer que le gouvernement n’emprunte pas plus d’argent qu’il ne peut en rembourser.

Ce plafond a été adopté pour la première fois en 1917 pendant la Première Guerre mondiale, et depuis lors, il a été relevé à plusieurs reprises pour tenir compte de l'endettement croissant du... Poursuivre la lecture

Par Juan Diego Rodríguez et Olea Gallardo. Un article de 14ymedio

 

Il y a quelques années, à l'occasion d'une de ces divertissantes conférences TED qui se répandent comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, Barry Schwartz a popularisé l'expression "le paradoxe du choix" qui peut se résumer ainsi : choisir entre trop d'options produit de la paralysie et de l'insatisfaction, ce qui peut provoquer une sorte de stress très négatif dans les sociétés industrielles modernes.

Rien de tout cela n'arrivera aux clie... Poursuivre la lecture

Fidel Castro
1
Sauvegarder cet article

L’époque soviétique est le couteau suisse de Vladimir Poutine. D’un coté, elle lui permet d’idolâtrer l’impérialisme russe à travers la victoire sur le nazisme ; de l’autre, l’idéologie communiste lui sert de repoussoir : il se présente comme l’homme qui ne la laissera jamais reprendre le pouvoir au Kremlin. Enfin, elle lui lègue en sous-main toutes sortes de techniques de gouvernement, de manipulation, de corruption, dont il a besoin pour structurer sa tyrannie. Si bien que selon les moments il utilise le passé soviétique soit comme un totem... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles