Par la rédaction de Contrepoints.
Aujourd’hui mourait Michel Leter après un long combat contre la maladie. Esprit agile, inventif et cultivé, il était pour tous un exemple de vie consacrée à la culture et à la renaissance du libéralisme en France. Docteur ès lettres, il avait enseigné au Collège international de Philosophie, à l’université Paris 8, à l’Institut d’études politiques de Paris ainsi que dans un collège à La Courneuve situé au pied de la cité des 4000.
Le défenseur de l’éducation et de la culture
Chroniqueur culturel ironique et acéré, Michel Leter était aussi un défenseur de l’éducation. Il reprochait au socialisme culturel d’ouvrir la voie à la muséification du pays, comme en témoignent ses chroniques parues dans le recueil Tout est culture, et au socialisme universitaire (qu’il soit défendu par la droite ou par la gauche) de pétrifier le savoir jusqu’à l’ignorance. C’est en ce sens qu’il militait pour l’abolition du monopole universitaire institué par les lois Ferry de 1880.
L’historien des idées
Michel Leter avait consacré ses recherches à la réhabilitation des auteurs libéraux du XIXème siècle, auteurs qu’il finit par regrouper sous le nom d’« école de Paris » : « héritière indirecte, par les Idéologues, de l’école des économistes (dite physiocratique) du XVIIIème siècle, l’école de Paris a rassemblé les publicistes qui, sous la Monarchie de Juillet, sont restés fidèles à la philosophie libérale alors que triomphait la lecture doctrinaire de la Charte de 1830 et que les ministères orléanistes, portés au pouvoir par une révolution libérale, s’étaient figés peu à peu dans les camps conservateurs en politique et protectionnistes en économie » (Éléments pour une étude de l’école de Paris  (1803-1852) » in Nemo, Petitot, (dir.) Histoire du libéralisme en Europe.). Alors que Frédéric Bastiat était négligé dans son propre pays, la France, il participa activement à sa redécouverte en tant qu’éditeur et préfacier.
La renaissance de l’école de Paris
Michel Leter n’était pas seulement un historien des idées et un chroniqueur culturel talentueux. Il était également un authentique philosophe particulièrement au fait des débats sur la nature du libéralisme et de l’économie politique. Le Capital I. L’invention du capitalisme n’avait pas simplement l’ambition de montrer à quel point toute la réflexion historique et économique sur le capital s’était inspirée de l’héritage libéral français1 : il cherchait à le rendre vivant à nouveau : alors que le marxisme invente la fiction d’un homme sans capital, l’école libérale s’appuie sur une anthropologie forte pour démontrer le contraire : « Tout homme, pourvu qu’il ne soit pas dépossédé de lui-même, est (…) capitalien. Il ne lui manque que la liberté d’exercer ses facultés pour devenir capitaliste… » (Le Capital I. L’invention du capitalisme). En revenant au libéralisme originel, Michel Leter a doté les nouvelles générations d’un outil critique dont les implications radicales en termes de philosophie politique sont encore trop peu connues.
La rédaction de Contrepoints s’associe à la douleur des amis et de la famille de Michel Leter, et leur présente ses sincères condoléances.
- Tout en la trahissant par le marxisme ! ↩
Mes plus sincères condoléances à la famille
S. Perrin
Au revoir, Michel.
Qui va écrire la suite du Capital?
Un grand projet qui tombe à l’eau, triste.
J’attendais moi aussi avec impatience la suite de cet excellent ouvrage dans lequel je percevais une grande humanité.
Il va nous manquer deux fois, en tant q’auteur et en tant que personne.
Mes condoléances à ses proches .
Il s’en est allé mais ses idées continueront à nourrir des analyses et recherches de nos contemporains humanistes. Son passage ici sur terre aura été très utile. Paix à son âme et nos sincères condoléances à sa famille et à ses proches. Cikuru Batumike
Je prends connaissance de la nouvelle que ce soir, très grande perte, mes pensées à ses proches.
Il préparait une série sur le capital, vues sous des aspects dépassant l’économie, j’espère que quelqu’un reprendra le flambeau.
Merci Michel.