Par Ambroise Mejean.
Un article de Trop Libre
Le 8 février 2016, Bernie Sanders remportait contre toute attente l’État du Michigan.
Cette victoire qui laissait penser à une possible remontée a été brutalement effacée par le « cinq sur cinq » d’Hillary Clinton le 15 mars dernier. Aujourd’hui, les chances de victoire du sénateur du Vermont avoisinent le zéro absolu.
Retour sur les leçons d’un échec utile au Parti démocrate et aux États-Unis.
La montée en puissance
Il y a exactement un an, Hillary Clinton était donnée gagnante de la primaire démocrate avec près de 60 % des voix par tous les instituts de sondage. Bernie Sanders était alors crédité de 4 % des voix. L’ancienne secrétaire d’État jouissait d’une popularité accrue suite à son passage au cabinet de Barack Obama et sa candidature ne souffrait aucune contestation.
Malheureusement pour elle, la politique, comme la nature, a horreur du vide. Surtout lorsque ce vide est incarné par une candidate lisse avec un discours incapable de motiver ceux qui rejettent l’establishment. Quoi de mieux alors pour faire rêver les jeunes qu’un candidat « anti-système », un candidat qui exècre Wall Street et qui prône la gratuité des universités américaines ? Bernie Sanders a su saisir cette occasion.
Sans renier ses idées, ce socialiste a su changer la vision que les électeurs démocrates avaient de lui. Sa progression n’a pas été fulgurante, elle a même été remarquablement constante, progressant par palier, il a atteint 20 % en août, 30 % en novembre pour se retrouver aux alentours de 40 % à la veille de la primaire de l’Iowa en février. En déjouant tous les pronostics, il a réussi à obtenir 50 % des voix dans ce premier État, et conformément aux sondages, il a remporté haut la main l’État du New Hampshire avec 60 % des voix.
Une recette populaire et populiste
Bernie Sanders a su mener une campagne efficace pour récupérer les déçus de Clinton, quitte à former une coalition très hétéroclite. Sa campagne est centrée sur deux axes principaux :
- Réformes sociales révolutionnaires
- Rejet de toute forme d’establishment
Concernant les réformes sociales, Bernie Sanders était favorable à l’instauration d’une couverture santé généralisée pour laquelle il se référait très régulièrement à la France lors des débats. Il prônait l’accès gratuit aux universités, le doublement du SMIC à l’horizon 2020 (15 dollars contre 7,25 dollars actuellement), un accès simplifié à la syndicalisation, ainsi qu’un programme de grands travaux afin de favoriser le retour à l’emploi. Cet arsenal de mesures qui devaient être en grande partie financées par des taxes sur les hauts revenus a permis d’attirer des électorats différents. Notamment des jeunes déçus par la politique pas assez radicale d’Obama, mais aussi l’aile gauche du Parti démocrate, ainsi que les indépendants qui penchent vers la social-démocratie.
Cependant, il est clair que l’attrait pour Bernie Sanders n’était pas uniquement le signe d’une adhésion au candidat. Il était aussi et surtout le signe d’une adhésion au message de rejet porté par ce candidat. Sanders a effectivement passé la campagne à mettre en avant différents boucs émissaires responsables du mal-être américain. Sa cible préférée : « Waaaaall Streeet ». Dans une sorte de personnification perpétuelle, le sénateur a rappelé le rôle de l’institution financière dans la crise de 2008, mais aussi son influence massive sur les campagnes électorales à travers les super PACS qui permettent aux grands groupes de soutenir des candidats d’une manière quasi illimitée. Sur ces deux points, difficile d’être en désaccord avec lui.
Mais voilà , si Sanders a attiré autant de monde, c’est que cette critique de l’institution financière était directement dirigée contre son adversaire, soi-disant représentante d’un establishment prêt à tout pour ne pas changer. Le sénateur a prétendu à de nombreuses reprises qu’elle avait reçu de nombreuses aides en échange de l’engagement de ne rien changer dans certains secteurs. Sans jamais apporter de preuves concrètes, ce que Clinton n’a pas manqué de souligner pendant les débats, et à l’aide de discours aisément qualifiables de populistes, il a rassemblé des centaines de milliers d’électeurs sur cette critique. Des supporters présents en masse sur les réseaux sociaux et dont l’un des slogans, Bernie or Bust (Bernie ou le chaos), sous-entendaient que la future candidate était l’équivalent des Républicains. Cette vision, très souvent à la limite de la théorie du complot a rapporté des voix, mais elle n’a au final pas contribué à l’élévation intellectuelle du débat électoral…
Une défaite déjà actée…
L’usage du passé pour parler de la campagne de Sanders n’est pas une erreur.
Il a déjà perdu, quoi qu’en disent ses supporters et ses équipes de campagne, malgré le soutien massif sur les réseaux sociaux et la mobilisation de la jeunesse.
Il a perdu, car aujourd’hui il faudrait qu’il remporte 70 % des délégués restants pour gagner la primaire.
Il a perdu, car il a plus de deux millions de voix de retard sur Hillary Clinton.
Il a perdu car il s’est montré incapable de remporter un seul swing states mais aussi car Clinton s’apprête à le battre aisément dans l’État de New York dont elle fut la sénatrice.
… utile au Parti démocrate
À première vue, les accusations lancées à l’encontre de Clinton auraient pu mettre à mal la candidate en vue de l’élection générale de novembre. En réalité, il est plus probable que la campagne de Sanders ait servi l’intérêt du Parti démocrate.
D’abord parce que l’émergence de sa candidature a permis la tenue d’une vraie campagne électorale. Même si Sanders n’a jamais été en mesure de l’emporter, il a obligé Hillary Clinton à clarifier son programme et à exprimer ses positions plus qu’elle ne l’aurait fait en l’absence d’adversité. D’ailleurs, de manière générale, les Démocrates réussissent mieux lors des présidentielles après des primaires disputées lors desquelles l’outsider arrive à remporter plusieurs États (Obama 2008, Clinton 1992 contre Al Gore 2000, ou Kerry 2004).
De plus, les positions de l’ancienne première dame, moins radicales que celles de Sanders sur des sujets comme les universités, ou encore le système de santé ont toutes les chances de voir le jour si le Sénat bascule de nouveau du côté démocrate. Alors que le sénateur du Vermont n’avait aucune chance d’appliquer son programme, Hillary Clinton apparaît à l’inverse comme une candidate ancrée dans la réalité, et en mesure de faire ce qu’elle promet. La comparaison avec Sanders, notamment lors des débats, accentue cette impression.
Finalement, n’en déplaise aux « Bernie or Bust », le sénateur du Vermont a été un excellent catalyseur pour la future campagne de Clinton en redonnant un intérêt à ces primaires. Dans deux mois il aura disparu des radars de la politique américaine, laissant tout loisir à Hillary Clinton d’engager le combat avec les Républicains. Un combat décisif pour l’avenir des États-Unis, un combat qui symbolisera l’affrontement entre le populisme et le réalisme, entre le conservatisme et le progressisme.
Ce qui rappelle les mots prononcés par le président Obama : « Le progrès n’est pas inéluctable, on doit se battre pour l’obtenir ».
- Un article de Trop Libre en partenariat avec Hémisphère droit
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Je dirais plutôt que le progrès est inéluctable mais que des gens se battent pour le bloquer. C’est toute l’histoire du socialisme.
Beaucoup confondent progrès social et progrès technique mais ni l’un ni l’autre ne sont inéluctables; c’est toute l’histoire de l’arrogance du capitalisme.
« [Le combat d’Hillary Clinton contre les républicains sera] décisif pour l’avenir des États-Unis. Un combat qui symbolisera l’affrontement entre le populisme et le réalisme, entre le conservatisme et le progressisme. »
L’avenir des États-Unis est DÉJÀ FOUTU. Le combat décisif c’était celui de Rand Paul.
Le combat de Clinton contre Trump (ou un autre républicain) symbolisera uniquement l’affrontement entre l’étatisme de gauche et l’étatisme de droite, entre le socialisme de gauche et le socialisme de droite, bref, entre l’antilibéralisme et… l’antilibéralisme !
S’intéresser à un tel combat est une perte de temps.
C’est impossible d’apporter son soutien à Clinton si on est vraiment libéral (au sens français du terme.) Tout son programme est antilibéral. Un tel programme fera beaucoup plus de mal que de bien à ceux qu’il prétend défendre, c’est-à -dire aux pauvres, aux femmes, et aux minorités.
Clinton est pire que Trump au sujet de la fiscalité, du port d’arme, de la santé, et elle est tout aussi protectionniste que lui. En politique étrangère c’est difficile de se prononcer : à priori Clinton est pire que Trump, mais en réalité ce dernier est tout aussi va-t-en-guerre qu’elle (il veut notamment éliminer les terroristes ET leurs familles ! ) Il n’y a que sur l’immigration que Clinton raconte moins de crétineries que le clown nationaliste Trump. Cependant être favorable à l’immigration peut conduire à la catastrophe si, comme Clinton, on est également favorable aux aides sociales.
Bref, au risque de me répéter, on ne peut prendre parti pour personne dans cette élection si on est libéral, et s’intéresser à cette élection est une pure perte de temps.
De 24% d’avance à New York, Clinton n’en a plus que 12% et la chute continue. D’une victoire ecrasante beaucoup parles d’un 50-50%. Je ne pense pas que Sanders est encore perdu. Tout le monde donne les Super Delegués en faveur de Clinton mais ce n’est pas si evident…
Un peu étonné que vous passiez sous silence le fait qu’il ait gagné 6 des 7 derniers scrutins dont les trois derniers avec une majorité de 70 à 82%…
hum….
Bernie Sanders est un illusioniste, il a été un politicien toute sa vie (il n a jamais eu d autres métiers), il a été construit par le système pour le système. C est un catalyseur de colère, il prétend parler d’un système socialiste mais ses propositions sont celles que pourrait proposer un systeme communiste. Le système comme celui de la France est un système qui n est pas gratuit, il coûte cher aux contribuables français – mais cela Bernie Sanders ne le dit pas. Le candidat Bernie Sanders a ete créé par la génération 2.0 qui ne regarde pas le vrai Bernie Sanders (un vieil homme faible, dont le seul merite est d avoir ajouter son nom sur des textes écrits par d autres). Personnellement je préfère les insiders comme Hillary Clinton, malgré tout ce que tout le monde dit sur elle, c est une pragmatique et le monde a besoin aujourd’hui de gens réalistes qui comprennent les rouages du système et qui sachent les utiliser pour le changer réellement. Parler de révolution à notre époque, c est ignorer l Histoire et ses leçons.
Hallucinant article. Qui a écrit ce tissu d’inepties et surtout pourquoi ou pour le compte de qui ?. Regardez bien les deniers scrutins et surtout… regardez bien les prochains à commencer par New York et la Californie il y en a certains qui vont manger leur chapeau.
Sandres a le vent dans le dos et Hitllary en pleine face. Le poids sur Clinton est lourd: enquête du FBI, tricherie en Arizona qui demande le revote, fausses déclarations et mensonges, à ses yeux les jeunes African American sont des superpredators…Et non je ne suis pas d’accord le vote Sanders ne bénéficiera pas à Clinton car bcp de pro Sanders préfèrent Trump à Hillary.
La seule raison pour laquelle Sanders reste dans la course c’est parce que ses supporters lui donnent tout leur argent de poche. C’est assez triste de voir tout ces jeunes idéalistes tomber dans le panneau et se faire arnaquer aussi facilement.
Il n’y a pas de leçon gratuite.
Clinton l’emportera car elle a derrière elle toute la machinerie financière et le lobby militaro indiustriel.Elle est une marionnette du système et c’est pourcela qu’elle gagnera.
Hillary Clinton a 1 259 délégués, Sanders 1 020, désolé mais l’écart n’est pas insurmontable pour le second. L’avis des super-délégués, on s’en fiche puisqu’à l’arrivée, ils se rangeront tous (ou presque) derrière celle ou celui qui aura récolté le plus de délégués, remember 2008 à ce sujet et déjà avec une certaine…Hillary Clinton.
Autre point, les attaques de Sanders selon lesquels Clinton serait vendue à Wall Street font suffisamment mouche pour que cette dernière refuse désormais de débattre avec lui, sauf s’il change de ton mais pourquoi le ferait-il ? Non, parce que maintenant, elle risque de passer pour une lâche qui fuit le débat, voire qui perd ses nerfs (l’histoire du militant de Greenpeace qui l’interrogeait au sujet de l’argent qu’elle reçoit des entreprises pétrolières) en traitant les gens de menteurs alors que dans le cas dans lequel je fais référence, c’est elle qui ment et c’est facilement vérifiable. Je vous rappelle qu’on parle d’un électorat de gauche, pas de libéraux comme nous, donc pour eux Wall Street ou Exxon Mobil = le diable en personne.
Malgré tout, je crois que Clinton finira par l’emporter mais le parti démocrate pourrait très vite se retrouver avec un mouvement style « Tea Party » version extrême gauche américaine (le « américaine est important, Sanders n’est pas Kim Jong Un non plus), ce qui ferait exploser le bipartisme en vigueur (le Tea Party ayant déjà fait plus ou moins exploser le GOP).
Petit HS : Selon un sondage de Mommouth University, Gary Johnson serait à 11% d’intentions de vote, il a fait 1% en 2012.
Aucune idée de soutien ici, simplement un rappel des faits qui contredisent ce que prétend cet article.
Une telle ignorance des faits est inacceptable quand on prétend les commenter, ou relève de la tentative de manipulation pure et simple.
Quant à savoir qui vaut mieux des deux Clinton ou Sanders, impossible de ne pas relever que la première a une liste de casseroles gigantesque qui en disent long sur sa conception de l’état de droit, pilier de tout régime respectable à mon sens; et que le second n’existe sur l’échiquier que parce qu’il permet d’entretenir l’illusion du choix démocratique. En ce sens, il n’est que le faire valoir de la première.
Je relève malheureusement de plus en plus d’approximations ou d’absences de ce genre dans les articles de ce site qui est resté longtemps un des plus factuels et respectueux des réalités pour les aborder sans tabous. Cette dérive semble s’accroitre à la mesure que les enjeux se dessinent. Qu’en penser?
pour une raison que j’ignore, les réponses à d’autres commentaires se déplacent un peu au gré des humeurs digitales… Bref, le commentaire ci-dessus était une réponse à Angel un peu plus haut.
cet article est une hérésie pur et simple… il suffit d’observer ce qui se passe depuis quelques semaines, Sanders écrase Clinton dans 6 des 7 derniers scrutins et remonte partout sur elle dans les sondages… et encore ce soir… ou contre toute attente Bernie Sanders vient de renverser la donne dans le Nevada alors qu’il avait perdu cet état dans l’urne la traditionnelle convention de Clark County a tourné en sa faveur et à infirmer le vote populaire..autrement dit un certain nombre de délégués se sont « retourné » vers lui…. résultat final : 2386 pour Clinton, 2964 délégués pour Sanders (!) du jamais vu !. Pour voir ce moment historique c’est ici : https://www.youtube.com/watch?v=t7Ete-Hjw50
C’est quand même assez choquand de voir que même en France, on passe sous silence certains résultats!!!! Rien est encore joué. Les médias aiment à inclure dans les chiffres les super délégués qui se sont engagés auprès de Clinton avant même le début des primaires ou qui refusent de suivre le vote des électeurs quand Sanders a remporté des états. En 2008 au même moment, Obama avait moins de voix que Sanders.
Vous avez décidé de soutenir Clinton peu importe la réalité sur le terrain.
Est-ce que Sanders va gagner les primaires? Probablement pas. Est-ce qu’il a des chances de ganger? Oui!!
Il a remporté 5 des 6 derniers états.
Clinton aiment à se porter victime et oui, si vous faites votre travail de journalistes sérieusement, vous verrez que Sanders apportent des preuvent à ses dires.
Ah……….. long soupir……….. les médias sont bien foutus!!!!!!!!!
Sanders n apporte rien du tout, il n a pas un programme adapté à la réalité économique de son pays. C est un homme sans envergure qui a juste amendé des textes, et qui n a jamais porté de réformes significatives. Il n est pas beaucoup apprécié par ses pairs, il est plus connu pour etre un homme critique qu un bosseur. Quand on regarde sa vraie vie et pas celle que le monde virtuel d Internet essaye de lui reconstruire, on s aperçoit qu il parle d un monde du travail dans lequel il a très peu mis les pieds (en réalité, il a été politicien toute sa vie). Bref, Bernie Sanders s est emparé du mot revolution comme si ce dernier suffisait à lui seul pour regler les problèmes de son pays…Au risque d en agacer beaucoup, oui, je préfère voir une personne comme Hillary Clinton à la tête d un pays comme les USA (surtout en ce moment). Elle a fait des erreurs (comme nous tous, on ne peut pas être et avoir été) mais si l on regarde sa vie et bien l on s apercoit que c est une personne qui s est reellement battue pour les autres dans sa vraie vie et pas seulement sur le papier d un discours. J ai pris le temps de rechercher qui était reellement cette femme que tout le monde aime humilier et trouve très cool de detester (les gentils petits moutons revolutionnaires qui pensent qu’il suffit de bêler tous en coeur pour changer un système injuste).
A la fin de mes recherches, je me suis dis que cette femme pourrait très bien réécrire l Histoire dans un sens qui pourrait en surprendre plus d un.
Dernier sondage ce soir: au niveau national Sanders est donné gagnant à 49% pour la première fois face à Clinton, et aussi face à Trump ou Cruz…Les courbes de popularité de Clinton et de Bernie vont se croiser fin avril d’après leur pentes respectives, et le vote noir peut alors basculer sur Sanders comme il l’avait fait sur Obama quand il a viré en tête dans les sondages. Que voulez vous ce sera la fin de la vie hors taxe des milliardaires dans les « paradis » et lorsque les gens verront les collusions entre le crime le terrorisme et la haute finance comme en 1932.. (anathing goes they say…..) ce sera l’Hallali . Roossevelt avait remis l’économie réelle sur les rails, Sanders la remettra de nouveau. A nous de verrouiller cette fois la fiscalité pour ne pas reproduire le délire néolibéral qui nous a conduit à actionner la planche à billets à fond. Les derniers à quitter les « paradis  » perdront tout face à la colère des gens qui payent des impôts eux . Déjà les « paradis » ferment un par un : Suisse, Liechtenstein , etc la fin sera qu guignol band comme d’habitude qui sera le nouveau Céline pour raconter la fin des margoulins de Panama? allez un petit effort…