Emmanuel Macron : le moment libéral moderniste

Entretien exclusif avec Jean-Marc Daniel sur la création par Emmanuel Macron de son mouvement politique En marche !

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Jean-Marc Daniel - Credit Fondapol (CC BY-NC-ND 2.0)

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Emmanuel Macron : le moment libéral moderniste

Publié le 8 avril 2016
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Jean-Marc Daniel - Credit Fondapol (CC BY-NC-ND 2.0)
Jean-Marc Daniel – Credit Fondapol (CC BY-NC-ND 2.0)

Alors que les différentes écuries politiques, à droite comme à gauche, préparent les élections présidentielles de 2017 sans faire preuve d’imagination et de changement dans leurs programmes respectifs, Emmanuel Macron lance son mouvement politique, En marche !, afin d’introduire plus de modernité, et peut-être plus de libertés, dans le débat public. Contrepoints a interrogé Jean-Marc Daniel sur le nouveau venu dans le débat public français. Jean-Marc Daniel est économiste, professeur associé à l’ESCP-Europe et directeur de la revue Sociétal. Il est notamment l’auteur de Valls, Macron : Le socialisme de l’excellence à la française (éditions Broché).

Que pensez-vous de l’annonce d’Emmanuel Macron de lancer son propre mouvement politique, vous qui lui lanciez un appel à agir en politique justement ?

Je pense qu’il a raison de se lancer. À un an de la présidentielle, l’offre politique est indigente. À gauche, on subit une domination médiatico-mondaine du discours de l’indignation qui ne propose rien de concret et qui, plus est, devient de plus en plus nihiliste. À droite, on assiste à une fascination mortifère pour le Front national et son projet de repli protectionniste dont tout le monde sent qu’il se traduirait par un appauvrissement du pays. La population, qui est de plus en plus exaspérée, ne veut ni de la posture nostalgique de la gauche indignée, ni de l’imposture nationaliste de la droite souverainiste. C’est le moment de proposer un message libéral moderniste.

Quels sont les enjeux clefs sur lesquels ce mouvement « En Marche ! » devrait se positionner face aux blocages français ?

Ils sont trois.

Le premier est la vérité. Il faut dire au pays à quel effort il doit consentir pour redresser la situation notamment économique. La France a des réserves de croissance insoupçonnées à condition d’identifier ce qui coince. Ce qui coince ce sont ceux qui refusent le progrès technique actuel et la logique qui l’accompagne. La croissance des 30 glorieuses s’est faite dans une économie de monopoles régulée par l’État. La croissance à venir se fera dans une économie d’entrepreneurs régulée par la concurrence. Il faut donner à la population une lecture simple mais claire de ce que cela signifie.

Le deuxième enjeu est celui de la liberté, notamment économique. Mais il est important de rappeler que la liberté ne se divise pas. Il serait inquiétant que davantage de liberté économique s’accompagne d’un recul des libertés publiques. En ce sens Emmanuel Macron avait raison d’exprimer ses doutes dans le sinistre débat sur la déchéance de nationalité.

Le troisième est de substituer à l’égalitarisme et à la culture du nivellement une culture de l’égalité des chances et du respect des talents. De façon concrète il faut revoir une fiscalité devenue confiscatoire et abolir tous les statuts et les privilèges dans le fonctionnement du marché du travail dont Gambetta disait déjà en 1869 qu’ils étaient une prime à l’oisiveté

Vous misez beaucoup sur les « Feuillants » en faisant l’analogie avec la Révolution Française. Y a-t-il d’autres Feuillants en France aujourd’hui, en politique ou ailleurs ?

Les Feuillants modernes sont pour moi les héritiers de Mendès France et de Chaban-Delmas. Ces deux hommes combinaient le sens de la Résistance et celui de la modernité. En dépassant les anachronismes, c’est leur esprit qui doit inspirer l’action à venir.

Cela va donc du François Fillon d’aujourd’hui, en rupture avec le conservatisme passéiste qu’incarnait Philippe Séguin qui fut son premier mentor, à l’Emmanuel Macron de demain, en rupture avec une attitude, que j’appelle brissotine, qu’incarne F. Hollande, attitude qui consiste à tenir un discours électoral révolutionnaire débouchant une fois au pouvoir sur l’immobilisme et les déceptions qui s’en suivent.

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Créer un compte Tous les commentaires (16)
  • j’aime beaucoup jm daniel, mais j’ai peur qu’il se trompe sur l’objectif de ce mouvement.
    N’est-ce pas plutôt un machin lancé par françois hollande pour ne pas laisser de place au débat des primaires à droite et des gauchistes de son parti, et pour récupérer l’électorat centriste ?

    • Oui mais contrairement à leur homologue technologique les satellites humain ne suivent pas la trajectoire prévue par leur lanceurs.
      Les français plébiscitent plutôt Macron, il y a une vraie demande et il faudra toute la force de verrouillage des élites mafieuse pour barrer la route à cette demande.

      Ils s’y emploient avec d’excellentes chances mais à chaque pelletée ils creusent la tombe du régime. L’espoir c’est que la France ne glisse pas dans le trou avec eux.

  • Mouif
    J’aimerai y croire. Vraiment. Notamment une recomposition du paysage autour des (plus ou moins) libéraux.

    Maintenant, outre les réserves émises ci-dessus par GC, il y a quand même deux-trois choses qui bloquent :

    Je veux bien que Macron tienne aux libertés mais on ne l’a pas entendu sur toutes les lois votées par Valls (notamment sur le renseignement). L’argument de dire qu’il a émis des réserves sur la déchéance de nationalité ne tient pas face à ce point.

    De même c’est bien mignon de s’élever contre la fiscalité mais il a été conseiller de Hollande (déjà ça démarre mal) puis son ministre et les impôts n’ont cessé d’augmenter depuis 2012

    Enfin, pas un mot sur ce que veut Macron en politique étrangère.

    Donc j’attends de voir.

    • Peut être parce que c’est le jeu de la 5ème République??
      S’il veut pouvoir influer réellement sur le pays et infléchir sa direction actuelle, il n’y a pas vraiment de solution: il faut être proche du pouvoir actuelle, quitte à s’en débarrasser plus tard. Mais tenter d’arriver de nul part, en criant que ceux au pouvoir sont des salauds, il y en a à la pelle, et ils ne pèsent absolument pas sur les débats. Keudal. Transparents.

      A mon sens, son parcours politique, ténu il faut bien l’avouer, résulte d’avantage de l’opportunité de se placer, que de la volonté d’influer réellement. Et encore une fois il a raison. S’il tentait de changer les choses depuis sont petit poste de ministre, il se ferait dégager directement et n’aurait plus ni l’occasion de faire bouger les choses aujourd’hui, ni de le faire demain. En France, un ministre n’est rien du tout. Un porte parole au mieux. Le Président, et dans une moindre mesure le Premier Ministre sont l’alpha et l’omega du pouvoir. Faire le clown au poste de ministre ou même de conseiller ne servirait qu’à le faire mettre hors jeu définitivement.

      La vérité, c’est qu’il n’y a que deux solutions: soit on se montre opportuniste et malin pour espérer changer les choses demain, soit on refuse tout compromis aujourd’hui, et on ne pèsera jamais. C’est le problème du PLD. Macron, lui, profite d’une exposition exceptionnelle, et prend ainsi au piège ses « amis » socialistes. Il a pris un train en marche pour lancer sa propre locomotive, et c’est plutot bien joué. Se mettre systématiquement à dos ses patrons lui aurait servi à quoi? Il aurait dit « c’est pas bien la Loi Renseignement », et alors? Au prochain remaniement, hop, au revoir Macron, terminus, et on n’aurait plus jamais parlé de lui, de son opposition au projet de Loi ou de ses idées.
      La politique est une corrida. Cela ne sert à rien de courir dans tous les sens pour mettre des coups d’épée n’importe où. Il faut savoir attendre le bon moment pour placer son coup. Sinon vous finissez comme Dupont-Aignan ou Bayrou…

    • A Rome fais comme les romains.

  • Hélas Cher JM Daniel, c’est trop tard, bien trop tard : entre la kleptocratie du haut qui a archi bétonné ses rentes, privilèges et marchés réservés et la masse critique en bas d’au bas mot 10 millions de parasites (les bureaucrates du public et du privé, les chômeurs déguisés et les jouisseurs de 68 bien décidés à en profiter jusqu’au caveau), le pays est foutu comme dirait H16 (il est où au fait notre éditorialiste préféré ?), votre soit disant « homme providentiel » n’y pourra rien ! Z’avez vu comment a fini Madelin ?

  • Macron a de bonnes idées mais associé à Hollande JAMAIS elles ne seront mises en place : Macron n’est qu’un leurre mis en place par Hollande pour capter l’électorat centriste et être présent au 2 eme tour ——-En 2012 , le centre a suivi partiellement le « conseil de Bayrou  » et est , en partie responsable du changement = se laissera t’il berner une fois de plus ?

  • Comme beaucoup de libéraux, j’apprécie généralement les réflexions de JM Daniel. Concernant Macron, on aimerait y croire mais, à part son beau sourire, qu’a-t-il fait jusqu’à présent ?
    Conseiller d’un ancien petit chef de parti que les hasards de l’Histoire ont propulsé à la présidence du pays dans les 2 premières années de son mandat durant lesquelles la crétinerie le disputait à l’amateurisme, puis ministre de l’économie avec quelques belles phrases mais bien peu d’actions à part une anémique loi qui ne risquait de changer la face du monde.
    Le redressement de ce pays demandera des hommes de grand courage et de grande conviction. N’insultons pas l’avenir mais, pour l’instant, il n’a montré aucune de ces deux qualités et le fait qu’il ait fait partie des sinistres guignols qui ont continué avec une grande persévérance à détruire le génie de ce pays ne me porte pas à l’optimisme.

  • JMD doit être un incorrigible optimiste. C est fou cet incroyable espoir qui nous fait prendre le dernier lapin sorti du chapeau pour le messie . Et le pire : ça marche à tous les coups !

  • Monsieur macron est le fou du roi .il a le droit de faire toutes ses grimaces .il amuse toute cette cour de propres à rien ,remis parfois en place par les seigneurs mais ça reste quand même un guignol.

  • Et en plus tout ça pour nous remettre FH pour 5 ans

  • Notre démocratie a été confisquée par une oligarchie. Quel est celui qui va oser scier la branche sur laquelle il est assis? Ayant entendu récemment Macron parler de Hollande, j’ai des doutes…

  • Macron, c’est trois dents de plus à droite du râteau, ça ramènera quelques feuilles (de vote) en plus à chaque coup de râteau, euhh..à chaque élection.

  • Tant que l’on continuera sur les mêmes institutions, une monarchie élective incitant à la dette et concentrant le pouvoir, RIEN ne changera.
    Ce n’est pas une question de personnes.
    La suisse fonctionne bien parce qu’elle à des institutions exactement inverses.

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