Par Bill Bonner.
Ces derniers jours, nous essayons de préciser une théorie.
Elle concerne le fait de savoir si la présidente de la Fed, Janet Yellen, soutient vraiment les investisseurs — non que nous ayons le moindre doute quant à ses intentions.
Janet Yellen partage les intérêts des banquiers
Sa carrière a été financée et nourrie par le crédit et ceux qui le fournissent — les compères du capitalisme de connivence, les politiciens corrompus et les brasseurs d’argent du Deep State. Ils n’ont pas regardé à la dépense… et Janet Yellen fera tout ce qu’elle peut pour éviter de les décevoir.
Mais quelque chose ne fonctionne pas. Ni pour elle… ni pour le gouverneur de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda. Ni pour le président de la BCE, Mario Draghi… ni pour le gouverneur de la Banque populaire de Chine, Zhou Xiaochuan.
Leurs ruses ne fonctionnent plus.
Nous avons fait une prédiction hardie : la Fed ne normalisera jamais les taux d’intérêt.
Vous vous demandez peut-être si tout ça est bien cohérent avec une autre de nos idées : personne ne sait rien.
Bien entendu, nous ne savons pas si la Fed normalisera ou pas. Mais permettez-nous d’expliquer notre raisonnement — ensuite, décidez où vous voulez placer votre pari.
La version courte : ces huit dernières années, la Fed a tenté de stimuler l’économie avec des taux ultra-bas. Les entreprises, les consommateurs et le gouvernement dépendent désormais quasiment tous du crédit… et la plupart ont besoin de taux ultra-bas pour joindre les deux bouts.
Les consommateurs sont en meilleure forme, d’une manière générale, qu’ils ne l’étaient en 2008. Les entreprises et les gouvernements, en revanche, vont plus mal. Augmentez le coût du financement, et nombre d’entre eux basculent dans le vide.
Les banques, les fonds de pension et les compagnies d’assurance sont particulièrement vulnérables. Tous ont désormais des obligations gouvernementales à bas rendement dans leurs stocks. Si les taux d’intérêt grimpent, le prix de ces obligations baissera.
En d’autres termes, augmenter les taux provoquera la calamité même que la Fed tentait d’éviter : la banqueroute du secteur financier.
Le triomphe de la politique
Mais attendez…
Comment Bernanke, Yellen, Kuroda, Draghi et Al pensaient pouvoir s’en tirer ?
Comment ont-ils pu penser ne serait-ce qu’une minute qu’un problème de dette pouvait être résolu en ajoutant plus de dette ?
Pourtant, ils s’en sont toujours tirés auparavant.
Après la Deuxième Guerre mondiale, par exemple, les autorités US avaient un ratio dette/PIB plus élevé qu’aujourd’hui. Mais après la guerre, l’économie connut un boom, l’inflation grimpa… et la dette cessa rapidement d’être un problème.
Au début du premier mandat de Ronald Reagan, à nouveau, les économistes s’inquiétaient des profonds déficits gouvernementaux.
La tâche de notre collègue David Stockman — directeur de l’équipe budgétaire de Reagan — était de reprendre le contrôle de ces déficits. Il échoua.
Les économistes conservateurs pensaient que les États-Unis s’enliseraient dans une mare visqueuse de déficits et de dette. Mais à nouveau, une poussée de croissance (avec des déficits limités) durant les années Clinton réduisit la dette à un niveau plus gérable.
Alors pourquoi s’inquiéter ?
La croissance réelle a disparu
Parce que cette fois-ci, ça ne fonctionne pas. La croissance ralentit. La productivité a calé.
Comme le formule Gavyn Davis, ancien de Goldman Sachs, dans le Financial Times : « le ralentissement de la productivité de la main d’oeuvre explique l’énorme déception au sujet de la croissance de la production mondiale depuis la veille du krach de 2008 ».
Le professeur Robert Gordon, de la Northwestern Université, pense qu’il y a là plus qu’un retournement cyclique. Il affirme que la croissance extraordinaire de la Révolution industrielle avait pris fin dès les années 1980, et ne peut être reproduite.
Nous avons une autre hypothèse : quoi qu’il arrive, la dette ne peut jamais être volontairement mise sous contrôle. Et la Fed ne peut jamais « normaliser » les taux.
Plus d’explications dès la semaine prochaine.
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