Par Frédéric Mas.
Il est difficile pour l’observateur de savoir si la gauche française est en train de se recomposer ou de se décomposer. Depuis maintenant quelques semaines, de nouveaux mouvements de gauche émergent pour soutenir des revendications spécifiques ou pour afficher leur volonté de faire de la politique autrement. Tous semblent avoir pris conscience du caractère pétrifié du paysage politique français, mais ne défendent pas les mêmes priorités. Il y a dans tous ces mouvements comme un populisme soft, entendu ici au sens étroit d’une révolte — réelle ou surjouée — contre une classe politique qui ne cesse de décevoir.
À l’approche des présidentielles de 2017, l’impression dominante reste quand même celle du sauve-qui-peut général : non seulement l’action de François Hollande a déçu, mais elle a divisé. La multitude de chapelles, peut-être éphémères, qui est en train d’apparaître tient plus de la polyphonie, voire de la cacophonie, que de l’ordre de bataille pour reprendre le pouvoir. Le 25 avril prochain, le PS sous la houlette de Stéphane Le Foll tentera de récupérer toutes ces chapelles afin de préparer la présidentielle. Quelles sont-elles ? Il est possible de distinguer 4 pôles qui ont chacun leur mouvement ou leur courant actif :
Nuit Debout
La politique n’est pas une affaire de professionnels, c’est l’affaire de tous.#NuitDebout https://t.co/krfbaGRx8X pic.twitter.com/lunGHlicHf
— Nuit Debout (@nuitdebout) 14 avril 2016
Nuit Debout constitue le pôle anticapitaliste : la jeunesse diplômée et déclassée des centres-villes rêve d’utopie libertaire, d’économie alternative ou encore d’une société de fonctionnaires décroissants. Podemos Français ? Indignés bobos ? Intellectuels petits-bourgeois (Graeber) ? Ce mouvement qui marie les idées les plus rétrogrades aux pratiques militantes de pointe n’est pas sûr de passer l’été, mais est vite devenu une source d’inspiration pour le reste de la gauche, en France comme à l’étranger.
Printemps républicain
Pourquoi j’ai adhéré au @printempsrepub Mon édito dans Le @FigaroVox : https://t.co/pzGYesHVGC — Brice Couturier (@briceculturier) 27 mars 2016
Le Printemps républicain se définit comme un mouvement de citoyens défendant la république laïque « du commun » contre les atteintes portées par le communautarisme et le fanatisme religieux. Créé en mars autour d’intellectuels et d’élus de gauche comme Laurent Bouvet, Valérie Maupas, Fleur Pellerin ou Gilles Clavreul, il s’est constitué après les attentats en France et en Belgique.
En Marche !
Et si vous remettiez la France #EnMarche ?https://t.co/iO4fRfQYwj pic.twitter.com/7uWh4MPhn5
— En Marche (@enmarchefr) 6 avril 2016
En marche ! le nouveau mouvement d’Emmanuel Macron, incarne l’aile « moderniste » d’une gauche plus à l’aise avec son héritage libéral que le reste de ses concurrents politiques. Reposant pour l’instant essentiellement sur la figure du ministre de l’Économie, il est encore difficile de savoir si l’entreprise est avant tout une belle plate-forme auto-promotionnelle ou le début d’un mouvement de fond réformiste.
La Belle Alliance
Lancement de la Belle Alliance Populaire, associatifs syndicalistes politiques #engagez vous #rassemblement #LaBAP pic.twitter.com/c4E7vi50j5 — Jean-Vincent Placé (@JVPlace) 13 avril 2016
La Belle Alliance est en quelque sorte le pôle socialiste conservateur de la gauche, ou plus exactement la parodie du renouveau du Parti socialiste : en effet, cette initiative de Jean-Christophe Cambadélis vise essentiellement à rassembler les apparatchiks du parti. Rien de nouveau sur le fond, rien de nouveau sur la forme, on y défend l’héritage politique et économique du PS comme s’il fonctionnait vraiment.
“La gauche recomposée ou décomposée ?”l
Ni l’une ni l’autre, comme la a pintade de Jules Renard et Ravel ( https://www.youtube.com/watch?v=7wJieKOWpco ), elle se bat sans motif.
Nuit Debout : Ces gens sont minoritaires et ne représentent personne si cela n’est eux mêmes. On croirait reconnaître les incapables professionnels qui nous gouvernent depuis plusieurs centaines d’années.