Chômage des jeunes en France : comment le réduire ?

Une comparaison avec les pays qui réussissent mieux en la matière donne une idée des causes du malaise français sur le chômage des jeunes.

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Clé à molette By: Vincent Tcheng Chang - CC BY 2.0

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Chômage des jeunes en France : comment le réduire ?

Publié le 19 avril 2016
- A +

Par Bertrand Martinot.

Quelle boîte à outil pour réduire le chômage des jeunes ?
Clé à molette By: Vincent Tcheng ChangCC BY 2.0

 

De quelque manière qu’on aborde la question, la France est l’un des pays européens où la situation des jeunes sur le marché du travail est la moins enviable : taux de chômage des jeunes, taux d’emploi, proportion de « décrocheurs », instabilité dans l’emploi, tous ces indicateurs nous placent dans la seconde partie du peloton. Comme souvent, une comparaison avec les pays qui réussissent mieux en la matière donne une idée des causes du malaise français.

Au commencement, il y a les insuffisances de notre système de formation initiale

Malgré de réels efforts, notre Éducation nationale n’a toujours pas pris la mesure des bouleversements économiques et technologiques. Les programmes et les méthodes d’enseignement restent inadaptés pour de nombreux élèves. L’autonomie pédagogique des enseignants n’est pas pour demain. Enfin, l’enseignement professionnel reste le parent pauvre, alors même qu’il est un passeport pour une insertion professionnelle durable dans tous les pays qui le pratiquent sur une large échelle. En résumé, si cette « machine à trier » qu’est notre système éducatif parvient à produire une élite académique de bon niveau, il laisse sur le bord de la route une trop grande proportion de la jeunesse. Pour notre jeunesse, c’est un peu la double peine !

De ce système, parmi les plus inégalitaires de l’OCDE, résulte une proportion plus importante qu’ailleurs d’élèves qui sont mal équipés pour affronter le marché du travail. Le pire est que notre pays, qui méprise volontiers les enseignements techniques et professionnels, ne peut même pas s’enorgueillir de bons résultats dans les compétences générales, comme l’attestent les enquêtes PISA. Pour notre jeunesse, c’est un peu la double peine !

Notre formation initiale voit ses effets centrifuges démultipliés par le mauvais fonctionnement du marché du travail. Le SMIC agit pour de nombreux jeunes comme une barrière à l’entrée, d’autant plus que la France est l’un des rares pays où il n’existe pas de dérogation au salaire minimum pour les moins de 25 ans.

Le droit du travail lui aussi agit comme une machine à exclure les jeunes

René Le Honzec
René Le Honzec

Le droit du travail lui aussi agit comme une machine à exclure les jeunes. Si son impact sur le chômage en général est très débattu, son rôle dans le maintien d’une partie de la jeunesse aux marges du marché du travail fait à peu près l’unanimité chez les économistes. S’il est assez efficace pour protéger l’emploi d’un noyau dur de salariés dans certains secteurs, il contribue massivement à exclure les jeunes et fait porter sur eux l’essentiel des ajustements économiques.

Face à ces difficultés, le service public de l’emploi est impuissant à « rattraper » ces jeunes. Les dispositifs d’accompagnement s’empilent, avec la meilleure volonté du monde : ceux de l’État, mais aussi des régions, des départements, souvent aussi des communes. En confiant l’accompagnement vers l’emploi de manière monopolistique aux missions locales et en mettant l’accent sur les très inefficaces contrats aidés dans le secteur public plutôt que sur la préparation à l’apprentissage, nous faisons fausse route.

La formation continue, solution au chômage des jeunes ?

Notre système de formation continue n’est pas davantage adapté à la situation des jeunes peu qualifiés car il ne donne pas vraiment une deuxième chance. Avec leur égalitarisme absurde (le même nombre d’heures de formation pour tous), le compte personnel formation et son avatar le compte personnel d’activité agiront en pratique de manière anti-redistributive : donner plus à ceux qui avaient déjà le plus au départ. Une belle occasion manquée !

Plus généralement, les jeunes payent le prix d’un manque de confiance des adultes en eux-mêmes et en notre destin collectif. Il faut dire que 30 ans de chômage de masse, de désindustrialisation et l’explosion des dépenses sociales qui en est le résultat ont singulièrement érodé le goût du risque et le sens de l’effort. Contrairement à ce que l’on observe dans des pays pourtant beaucoup moins développés, le jeune est en France avant tout un coût qu’il faut diminuer par tous les moyens plutôt qu’un investissement dans l’avenir. Pourquoi embaucher un jeune sur CDI et le former lorsque la confiance en l’avenir – et aussi dans nos institutions – est aussi faible ?

Les jeunes Français cherchent à s’échapper

De cette société salariale qui les accueille mal, les jeunes Français cherchent à s’échapper en plébiscitant la création d’entreprise comme nulle part ailleurs en Europe. Signe d’optimisme et de vitalité, cet engouement a aussi une face négative : il est peu probable que tant de jeunes aient vraiment les capacités, la formation et le tempérament pour devenir entrepreneurs. Et puis, notre économie aura, à horizon prévisible, encore besoin de jeunes talentueux pour venir travailler « classiquement », comme salariés, dans nos entreprises ou dans le secteur public. Il ne faudrait donc pas que l’encouragement actuel à toutes les formes d’activité en marge du salariat soit un alibi pour ne rien toucher au fonctionnement du marché du travail !

Pour toutes ces raisons, une véritable politique de la jeunesse consisterait à former correctement les jeunes et à faire sauter tous les verrous qui entravent leur entrée sur le marché du travail plutôt qu’à multiplier à l’infini les dispositifs de la politique de l’emploi et créer de nouvelles allocations. Attaquer le mal à la racine plutôt que de traiter les symptômes, en quelque sorte…

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  • « il est peu probable que tant de jeunes aient vraiment les capacités, la formation et le tempérament pour devenir entrepreneurs ». Il est surtout peu probable qu’ils trouvent des financements pour monter leurs boîtes, vu la frilosité et le manque d’originalité des détenteurs de capitaux dans ce pays.

    • Il est aussi peu probable qu’ils aient envie d’enrichir le RSI et autres voleurs….
      Enfin, moi à leur place, ma boite, je la monterai ailleurs qu’en France….

    • Tigrou vous conviendrez que déjà, avoir l’idée de créer une boîte en france ce n’est pas une preuve d’intelligence 😀
      (sauf entreprises du domaine social vivant avec l’argent des autres… mais peut-on appeler cela une entreprise)

    • tigrou777: « vu la frilosité et le manque d’originalité des détenteurs de capitaux dans ce pays. »

      Vu le tabassage fiscal et législatif (65% de taxes sur les PME) toute démarrage d’activité qui est un risque normal dans les autres pays devient un suicide dans le notre.

      Aucun détenteur de capitaux ne crache sur un investissement, la différence entre nous et les autres pays d’Europe qui vont bien, c’est qu’ici on n’aime ni le capital ni les riches et ça se traduit dans la fiscalité et la législation.

      • +1000
        Il n’y a pas un détenteur de capitaux qui refuse d’investir par frilosité et par conformisme. Ils refusent parce que le fisc leur prendra les deux-tiers des bénéfices si ça marche, quelques % annuels en imposition du patrimoine et en droits de mutation à la revente quoi qu’il arrive, et leur crachera dessus comme l’ensemble des administrations pour oser favoriser la rentabilité plutôt que la « morale » socialiste, y-compris quand ils auront perdu leur mise.

  • « Plus généralement, les jeunes payent le prix d’un manque de confiance des adultes en eux-mêmes et en notre destin collectif. »

    Bah avec de tels raisonnements c’est pas gagné.

    Il faisait quoi ce monsieur en 2007-2008… Conseiller à la présidence… ah ok… Il s’occupe beaucoup d’emploi mais n’a jamais occupé un emploi

  • méssage aux jeunes ; apprenez un métier , faites des formations ….et barrez vous de france ;

  • La solution la plus évidente: organiser un joli conflit armé qui supprimera des centaines de milliers d’humains comme en 1914 ou 1940

  • article: « Plus généralement, les jeunes payent le prix d’un manque de confiance des adultes en eux-mêmes et en notre destin collectif. »

    Un « manque de confiance » à 65% comme le taux de taxes sur les PME ?
    http://www.contrepoints.org/2011/09/23/47472-le-taux-de-taxes-sur-les-pme-serait-de-65-en-france

    Baissez les taxes à un taux normal, libérez la législation du travail et les écoles et vous allez voir que les entreprises qui s’en sortent miraculeusement malgré le tabassage actuel vont devenir des tigres qui vont créer des millions d’emplois.

  • Ce que paient les jeunes, c’est la croyance que celui qui n’aurait pas un diplôme BAC+5 de l’éducation nationale ne pourrait pas trouver d’emploi. Ceci n’est vrai que parce que les seuls moyens de ne pas avoir ce diplôme en France sont :
    – le QI inférieur à 60, additionné à un caractère de cochon ;
    – le je-m’en-foutisme intégral, conforté par les nuits répétées de beuverie ;
    – l’erreur manifeste d’aiguillage jamais corrigée.
    Le diplôme, pour l’employeur, ne sert aujourd’hui qu’à éliminer ces cas-là. Plus l’EN amène de jeunes au diplôme, et plus l’employeur potentiel va craindre d’en embaucher un de ceux-là.

    Il coûterait bien moins cher d’instruire les jeunes dans des domaines qui correspondent à leurs capacités individuelles que de chercher à les amener à un niveau pré-défini qui ne correspond à aucune demande, puis de leur donner des formations complémentaires qui ne rectifient même pas le tir.

  • Selon Mathieu Lyoen la méthode du gouvernement consiste à recourir massivement aux contrats aidés pour jouer sur les chiffres du chômage d’un mois à l’autre. Là se trouve d’ailleurs la principale différence entre les fameux contrats aidés (pour lesquels l’Etat contribue directement au financement) et les formations en alternance (pour lesquels l’Etat ne fait qu’inciter financièrement les employeurs via notamment la promesse d’une exonération des charges patronales). Retrouvez son analyse « Le chômage des jeunes : et si on pensait à l’alternance ? » sur le blog Trop Libre (http://urlz.fr/3q9T/ ) .

  • Selon Mathieu Lyoen la méthode du gouvernement consiste à recourir massivement aux contrats aidés pour jouer sur les chiffres du chômage d’un mois à l’autre. Là se trouve d’ailleurs la principale différence entre les fameux contrats aidés (pour lesquels l’Etat contribue directement au financement) et les formations en alternance (pour lesquels l’Etat ne fait qu’inciter financièrement les employeurs via notamment la promesse d’une exonération des charges patronales).

    Retrouvez son analyse « Le chômage des jeunes : et si on pensait à l’alternance ? » sur le blog Trop Libre (http://urlz.fr/3q9T/ ) .

  • En réduisant le chômage en général,et en laissant les gens entreprendre sans paralysie de la société par les impôts !
    En diminuant l’assistanat,en supprimant les subventions aux associations etc…
    Pour l’apprentissage,oui,certainement, quand il y aura du travail à offrir aux jeunes et aux moins jeunes !

  • Bon ben on fait comme la Suisse !!! Chiche?

  • L’apprentissage devrait être une voie royale pour les jeunes pas ou peu qualifiés. De 18 à 25 ans, ils sont payés par l’employeur à un prorata de 80% maximum du smic.
    J’ai 36 ans, cherche à me reconvertir et couterait plus cher qu’un jeune si je voulais repasser par l’apprentissage.
    Les heures de formation continue se gagnent comme les points retraites, en travaillant. La FC cible d’abord des salariés en cours de carrière. Rien à voir avec une formation initiale qui manquerait magiquement aux jeunes.
    Je sais que c’est pas rose mais pour trouver un apprentissage, faites du porte à porte dans les boites et soyez mobile. C’est après 25 ans que ça se corse !

    • et le logement et le reste du coup c’ est à 80% du coût de vie standard aussi ou on fait comment? Parce que 80% de 1100 net pendant 7 ans si il y a pas compensation comment te dire…non 🙂 autant faire la plonge dans un restau

  • Malgré de réels efforts, notre Éducation nationale n’a toujours pas pris la mesure des bouleversements économiques et technologiques. Quels efforts?
    Ce n’est pas l’EN qui est une machine à trier (elle a renoncé depuis longtemps à une quelconque sélection ou recherche d’excellence), c’est le milieu social des jeunes qui faut le tri.

  • Et si pour commencer on sortait la formation professionnelle du giron de l’Education Nationale ?

  • Mon garçon est en première année d’apprentissage. Il en est très heureux. C’est son choix.
    Cependant en troisième lors de l’orientation, personne du collège ne nous a averti des journées de portes ouvertes des centres de formation des apprentis. C’est aux parents d’aller chercher les informations.
    De même, lors des vœux d’orientation (il y en a 3), le professeur principal du collège de mon garçon lui a indiqué de mettre son choix d’apprentissage en 3ème vœux, alors qu’il voulait le mettre en premier vœux.
    J’ai le sentiment que même si les professeurs du collège sont des gens très sérieux, ils sont « formatés » par leurs études et ne considèrent pas l’apprentissage comme un choix correct et respectable, qui convient mieux à certains élèves, à certaines personnalités. C’est dommage.
    Pour la plupart des enseignants et des Français, les enfants qui ne réussissent pas au collège doivent aller en apprentissage. C’est peut-être vrai mais les bons ou moyens élèves peuvent y aller aussi. L’apprentissage est mal considéré en France.
    Il y a un blocage à ce niveau.

    • C’est pire qu’un simple blocage, c’est toute une idéologie. Celle-ci s’oppose au monde de l’entreprise, monde de l’exploitation du travailleur et dont l’apprentissage est considéré comme une préparation à l’asservissement et donc un avilissement de l’individu. Cette idéologie est prégnante à l’EdNat.

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