Par Wackes Seppi.
Or donc, le ministre à temps partiel de l’Agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt Stéphane Le Foll, l’autre temps partiel étant consacré à la fonction de porte-parole du gouvernement, a rencontré le mardi 19 avril les représentants des producteurs de cerises à propos de la crise causée par l’interdiction d’un pesticide utilisé par les producteurs de cerises.
Comme il se doit, il y a un communiqué de presse. C’est sobrement intitulé : « Drosophile Suzukii : rencontre de Stéphane Le Foll avec les représentants des producteurs de cerises pour définir la stratégie de production 2016 ». Visiblement, le sens du ridicule ne l’emporte pas sur l’obstination dans le ridicule. Définir une stratégie de production autour d’une table avec deux compositions florales riquiqui…
Une double grande nouvelle :
« Il leur a annoncé que la clause de sauvegarde nationale ayant pour objet l’interdiction d’importation de cerises venant de pays autorisant le traitement des cerises au diméthoate serait effective dès cette semaine. À ce jour, l’Espagne, l’Italie, la Pologne, la Grèce et la Slovénie ont également annoncé leur intention de ne pas autoriser le diméthoate sur cerise. »
Et c’est vrai qu’il y a un arrêté du 21 avril 2016 portant suspension d’importation et de mise sur le marché en France de cerises en provenance d’États membres ou de pays tiers où l’utilisation de produits phytopharmaceutiques contenant la substance active diméthoate est autorisée. Avec une dérogation pour les cerises qui proviennent d’une production biologique.
Les considérants ne sont pas inintéressants :
« Considérant la décision de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail de retirer au mois de février 2016 les autorisations de mise sur le marché de produits phytopharmaceutiques contenant la substance active diméthoate, en particulier au motif que le risque pour le consommateur ne pouvait pas être finalisé ».
Ces gens sont-ils conscients de l’énormité des conséquences du propos ? On ne peut pas finaliser… donc on retire… On peut citer M. Jean-Pierre Raffarin : « La route est droite, et la pente est forte » ! Mais ici, c’est la route vers la catastrophe, et la pente est descendante.
Il y a aussi, un 21 avril, aux trois quarts du mois :
« Considérant qu’au regard des températures hivernales, les fleurs sont déjà formées sur un très grand nombre d’arbres de la zone du sud de l’Europe et que la pratique agricole courante consiste à intervenir en lutte contre les mouches au moment de la formation des premiers fruits, juste après la formation des fleurs, et donc au cours du mois d’avril ».
L’écho dans le communiqué de presse ?
« À court terme la priorité doit être donnée à la définition d’une stratégie collective de lutte contre la mouche Drosophile Suzukii sur la base, notamment, des alternatives autorisées afin de limiter les pertes de récoltes. À cette occasion, le ministre a ainsi indiqué aux producteurs présents que le cyantraniliprole et le spinetoram pourraient être utilisés dès cette campagne. Stéphane Le Foll a par ailleurs saisi le Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL) et les chambres d’agriculture afin que les producteurs disposent au plus vite de schémas de lutte actualisés. Enfin, le ministre a indiqué que des crédits de promotion seraient débloqués pour participer au financement d’actions de communication sur la cerise. »
Le mois d’avril était largement entamé quand il a fait ces déclarations, mais ne paniquons pas… « les producteurs dispose[ront] au plus vite de schémas de lutte actualisés. »
Quant aux deux substances citées, il ne nous semble pas, après avoir parcouru les méandres de ce site décidément détestable ephy.anses.fr, qu’il y ait à l’heure actuelle des usages autorisés. Mais elles « pourraient [conditionnel] être utilisées… »
Même conditionnel pour le déblocage de financements pour des actions de promotion… d’une production qui risque fort de se réduire à la portion congrue.
Les importations sont donc suspendues… mais seulement jusqu’au 31 décembre 2016. L’ANSES aura-t-elle « finalisé » le « risque pour le consommateur » ou faut-il comprendre que la protection de la santé du consommateur ne sera plus une préoccupation dans la nouvelle année (électorale) ?
En tout cas,
« Conscient des risques de pertes économiques liés aux attaques de la drosophile suzukii en 2016, le ministre s’est engagé à mettre en place des indemnisations aux producteurs, selon des modalités qui seront concertées avec les professionnels. »
On produit une crise… et on la gère à coup d’argent public…
Dans son mi-temps consacré à l’agriculture (surtout à ses lubies « agroécologiques »), M. Le Foll s’est aussi aperçu, un peu tard, qu’il y avait une filière de produits transformés à base de cerises. Il y aura donc :
« une réunion spécifique dès la semaine prochaine, afin d’anticiper les impacts et les solutions à mettre en œuvre à l’aval de la filière. »
Les variétés les plus précoces arrivant sur le marché en mai, il y a encore de la marge pour l’anticipation.
Gérer une crise, surtout une crise dont on est l’auteur, implique de caresser les acteurs économiques dans le sens du poil. M. Le Foll :
« rencontrera à nouveau les représentants des producteurs de cerises d’ici un mois pour dresser un premier bilan de la campagne. »
Les cerises seront gâtées par Drosophila suzukii… la profession de la cerise sera gâtée par Stéphane Le Foll. En tout cas par sa communication.
Wikiagri, dans un article dont la lecture se recommande chaudement, « Cerises et diméthoate, exemple type de la déconnexion entre décisions et agriculteurs », annonce que les producteurs ont déposé un recours contre la décision gouvernementale d’interdire le diméthoate devant le Conseil d’État.
Mais il y a aussi une déconnexion entre les décisions judiciaires et les campagnes agricoles.
Nous reprendrons ici une partie des propos de M. Jérôme Mazely, producteur, dans les Bouches-du-Rhône, sur la nature du problème rapportés dans cet article :
« Entre la floraison et la récolte il y a environ 21 jours. Avant 2008, on avait comme ravageur la mouche méditerranéenne, qui représente 3 générations par an. Elle a attaqué très peu les précoces type burlat, et à peine les tardives vers mi juin. Dès lors, tu faisais un traitement, voire rien, et tu étais tranquille. Mais en 2008, et surtout en 2013, le suzukii est arrivé, par le trafic maritime en provenance d’Asie. Or, le suzukii, c’est 14 à 15 générations par an, et il s’attaque à tous les fruits rouges, dès la fin de la floraison. Les centres techniques sont pris au dépourvu car, en 48 heures, tu n’as plus de récolte. Il a fallu trouver des produits efficaces pour lutter contre ce fléau, et le diméthoate, un ovicide, s’est révélé une bonne entrée…«Â
L’article nous a aussi aiguillés vers la Décision de réévaluation RVD2015-04, Diméthoate, de Santé Canada. Lecture très instructive également pour prendre la mesure entre rationalisme et démagogie.
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et tout ça …pour avoir des votes écolos (2%), sauver 27 abeilles et obliger a manger de la cerise BIO à 40 euros le kg, cerises qui grâce à quelques prières échappent aux Suzukis
Et tout ça pour le principe de précaution
Et si on avait rien fait ? Le Foll serait mort de n’avoir rien à dire dans les médias ?
Que fait donc l’INRA et ses 10 000 personnes ? Cet institut de recherche avait fait plein de promesses en 2017 sur les méthodes dites  » alternatives  » et l’agro écologie. Il y a bien longtemps que tout le monde sait que le diméthoate devait disparaître du paysage ( au moins 15 ans !! ) car aucune firme n’a envie de défendre un tel dossier ( frais élevés pour un chiffre d’affaire quai nul et avec des risques de restriction considérables). On traitait la mouche de la cerise ( Rhagoletis) et on avait aussi la mouche méditerranéenne ( ceratitis).il est vrai que cette nouvelle mouche est beaucoup plus préoccupante mais il y avait le temps d’anticiper pour disposer d’une solution contre les mouches.M Le Foll nous avait expliqué qu’il ne fallait pas raisonner insectes ( ou mauvaises herbes ) nuisibles: tout était affaire d’équilibre !! ( il avait été envoûté par les papes de l’agro écologie comme M Rhabi)
Finalement,il va bien falloir admettre que seul des insecticides bien classiques peuvent résoudre le problème ( ciantraniliprole) et que l’INRA s’avère incapable de développer des solutions séduisantes à base de pièges et d’attractifs ( avec ou sans insecticide visant au moins à stériliser les insectes).
Mais a rien du tout, voyons.
Les gesticulations du ministre sont effectivement comiques, mais l’auteur oublie ce point essentiel: nos impôts ne servent a rien.
I want my money back
l’ INRA….bientot ils feront comme les postiers , passer le permis de conduire ..les tracteurs pour rester dans leur domaine de compétence
On pourrait imaginer que des labos du CNRS et des ingénieurs de l’INRA bossent sur des cerises transgéniques insensible au ravageur en question. Mais c’est ballot, les ecolo-terroristes français on une telle aversion des OGM que cette piste n’est pas envisageable.
Ce qui m’amuse fait, en définitive, c’est que cette piste soit explorée avec succès en Italie, en Grèce, en Espagne, que sais-je.
Et que ces pays puissent légalement nous abreuver dans quelques années de cerises que nous n’auront plus la capacité à produire en France, grâce à tous ces gentils ecolo-ideologistes.
Avez vous des éléments montrant que l’espagne, l’italie , la grèce ont exploré avec succès la piste OGM?.A ma connaissance ils ont émis l’idée ( pour la mouche de l’olive ) de relâcher dans la nature des mâles stériles ( qui eux seraient OGM), ce qui n’est pas une idée nouvelle.Ce concept n’a jamais réellement fonctionné dans la pratique ( pas évident de produire et lâcher des quantités énormes de mâles et que ceux-ci soient plus compétitifs que les mâles fertiles). Il y a bien peu de chance que ceci débouche. La solution passera sans doute par la chimie ( bah oui!) ou par les techniques de piégeage ( phéromones, alimentaires).M Lefoll a proposé de mettre des filets sur les arbres: il n’a pas dû voir de vergers de cerisiers ni même se renseigner sur la faisabilité et les impacts économiques.
La solution à quoi ? Le principe de précaution, par définition, n’a pas de solution autre que la faillite.
Bonjour,
Détrompez-vous ! La solution des mâles stériles (quelle que soit la méthode pour stériliser les mâles) marche très bien dans certains cas. Un exemple emblématique est celui de la lucilie bouchère. Une des grandes réussites de la FAO, en son temps, qui a convaincu les libyens qu’il fallait déverser sur leur territoire des millions d’insectes (mâles stériles) provenant du grand ennemi Uncle Sam.
Les nouvelles techniques d’édition des génomes apportent quelques nouveaux outils à cette méthode.
« finalisé », ce lour-dingue de Le Foll pourrait-il s’exprimer en français, que l’on comprenne le sens de ses propos ?
Je l’ai le slogan pour la Com’ Le Follienne : « elle est bonne ma cerise à 15€/kg, mangez-la sans crainte, garantie 100% française sans truc chimique et c’est moins cher que le caviar. »
Le Français de base va se précipiter vers nos étals.
qu’est ce qu’il se passe dans ce pays ? les cerises , la lavande , les noix….nos produits sont attaqués par des bestioles venus d’ailleurs et on ne peut rien faire ? sauf à acheter ces produits là à d’autres pays qui apparement s’en sortent mieux que nous …..? qué passa ?
Oui c’est bien la réalité : depuis 2000 il y a eu des dizaines de parasites venus de l’étranger.C’est le résultat des mouvements des personnes et des denrées variées.En proclamant sa volonté de diviser par deux le marché des pesticides en France le gouvernement génère un désintérêt des grandes firmes pour notre marché, d’autant qu’ailleurs le marché progresse ( Asie , Russie, Amérique du sud et un jour Afrique). Sans recherche les problèmes s’accumuleront et condamneront notre agriculture. Il aurait été plus intelligent d’attirer les meilleurs chercheurs du monde pour résoudre nos problèmes actuels et futurs. La vision des décroissants se réalisera donc d’elle même.
Vous avez le choix entre BOUFFER du produit chimique ou MANGER des cerises saines de chez les petits producteurs. Ce n’est pas plus compliqué que ça! Pour ma part, le choix est fait : les fruits et légumes sont achetés sur les marchés de proximités et surtout pas dans les grandes surfaces.
Ouais, les petits producteurs ont le temps de tuer les mouches avec une tapette. Ou alors, leurs clients sont ravis de voir un vermisseau leur faire des signes amicaux quand ils ont croqué dans la cerise. Si je n’ai pas le temps de passer la nuit à dormir debout sur la place du marché au temps des cerises pour récupérer les fruits d’un petit producteur qui les a achetés à Rungis comme tout le monde, pourquoi voulez-vous m’y obliger ?
Alors vous ne pouvez pas habiter dans le Nord ou le Nord est de la France ( par ex) si vous voulez manger des cerises, des abricots, des pêches et bien d’autres choses. Le concept de proximité pour les fruits et légumes est une illusion pour la plupart des Francais. Mais proximité ou pas les fruits seront bouffés par des bestioles …. sauf à traiter comme il faut.
En fait notre bon ministre de l’agriculture ne nous laisse pas vraiment le choix.
Moi j’épluche la peau des cerises, ce n’est pas plus compliqué que ça (mais c’est un peu long)☺
A ce tarif là vous auriez intérêt à rester coucher également le jour !
Sinon dites moi pourquoi le petit producteur près de chez vous ne se ferait pas bouffer ses cerises par Suzuki comme les autres ?
Ah oui c’est parce qu’il est petit et près de chez vous, j’oubliais.
Voyons Bebop76, Suzukii n’oserait pas s’en prendre à des petits producteurs écolos.
il y a un problème qui est le présupposé que les supermarché ne vendent pas de produits de « proximité » …plus exactement vous nourrissez ce présupposé ridicule à mes yeux que les grande surface préfèrent vendre des produits qui viennent de loin…
Juste pour les écolos : mon voisin, producteur de pêches non bio vend des pêches à des grossistes et , oh surprise, ses pêches deviennent subitement bio…
A qui faire confiance ?
c’est une fraude ça, et en bon citoyen ou simplement pour ne pas être complice d’empoisonnement ( car les pesticides sont un poison bien sur) vous devez délater ( df http://dictionnairedesverbesquimanquent.kamboo.com/delater/) .
Petit geste supplémentaire (oserais-je dire cerise sur la gâteau vu les circonstances pour nos pauvres producteurs), pour mieux protéger notre marché national, pas au sens de la santé mais économique ie de barrière à l’entrée, TOUTES les cerises même NON traitées au diméthoate provenant d’un pays qui l’utilise, se voient interdites.
Sauf, petit geste pour les Verts, les cerises bio.