Par Daniel Girard depuis New York, États-Unis.
Même Donald Trump ne s’attendait pas à une victoire aussi éclatante. Son rival, Ted Cruz, avait tout misé dans cette primaire de l’Indiana. Le sénateur texan devait remporter la grande majorité des 57 délégués de l’Indiana pour se maintenir à flot dans la primaire, dominée largement par le milliardaire. Mais Donald Trump a tout balayé sur son passage. Après seulement quelques heures de dépouillement du vote, l’homme d’affaires avait déjà remporté l’État et la majorité de ses délégués. Sa victoire le plaçait ainsi bien au-delà de la barre des 1 000 délégués, tout près des 1237 requis pour remporter l’investiture.
Leading the GOP delegate count by a huge margin: @realDonaldTrump #LouDobbsTonight #MakeAmericaGreatAgain pic.twitter.com/CdePGQ80RJ
— Lou Dobbs (@LouDobbs) 4 mai 2016
Ted Cruz se voyait ainsi confronté à une dure réalité. Il ne reste plus que 448 délégués à récolter et, Donald Trump, à cause de son momentum, était devenu impossible à freiner.
Plus que 200 délégués pour Trump alors qu’il en reste 445 à distribuer : Il n’y aura pas de convention ouverte. pic.twitter.com/NDAFiheWaW — jean-eric branaa (@BranaaJean) 3 mai 2016
Ted Cruz l’avait déjà dit : il resterait dans la course tant qu’il verrait un sentier victorieux se dessiner devant lui. Mais mardi soir, il a constaté que ce sentier n’existait plus. Il s’est retiré de la course.
Ted Cruz drops out of the 2016 presidential race: « We are suspending our campaign » https://t.co/e9c4dkjYeB https://t.co/Uqiezjh6U0
— CNN Politics (@CNNPolitics) 4 mai 2016
Pour une rare fois, le milliardaire, qui se trouvait dans la Trump Tower de New York, entouré de sa famille, s’est adressé avec réserve à ses partisans. Le magnat de l’immobilier a admis avoir été surpris par l’ampleur de sa victoire. Il lui a fallu plusieurs minutes avant de féliciter Ted Cruz pour sa campagne vigoureuse. Il l’a fait avec grâce et souligné que le sénateur texan avait un brillant avenir devant lui.
Donald Trump: Ted Cruz “is one hell of a competitor” https://t.co/mtvWymWt7V https://t.co/suQTgvmSEx — CNN Politics (@CNNPolitics) 4 mai 2016
Donald Trump estime que le temps est venu pour le Parti républicain de s’unifier pour vaincre Hillary Clinton. Et il en a discuté au téléphone avec Reince Priebus, le président du Parti républicain. Reince Priebus a écrit, sur Tweeter, que Donald Trump était maintenant le candidat républicain présumé.
.@realDonaldTrump will be presumptive @GOP nominee, we all need to unite and focus on defeating @HillaryClinton #NeverClinton
— Reince Priebus (@Reince) 4 mai 2016
Cet appel à se concentrer sur la lutte contre l’ex-secrétaire d’État a vite eu de l’écho sur Twitter.
Ted Cruz jette l’éponge. #Trump a officiellement gagné la primaire républicaine. Prochaine étape: laminer Hillary! pic.twitter.com/xgK8QFYuq3 — Napoléon (@tprincedelamour) 4 mai 2016
Un Bernie Sanders coriace
Qui aurait dit, au début des primaires américaines, que le Parti républicain allait devancer le Parti démocrate dans le choix de son candidat à l’investiture ? Alors que le couronnement de Donald Trump n’est plus qu’une formalité, Hillary Clinton, même si elle continue de dominer son rival Bernie Sanders, ne parvient pas à lui asséner le coup de grâce pour l’écarter de l’investiture démocrate. Bernie Sanders a battu l’ex-secrétaire d’État en Indiana, et même si la victoire ne lui donne pas beaucoup plus de délégués qu’à sa rivale, elle l’empêche de cibler ses efforts sur Donald Trump. Mais cela n’émeut pas le sénateur du Vermont.
.@BernieSanders: If Clinton thinks primary race is over, « I’ve got some bad news for her » https://t.co/TcgvBJEpMx https://t.co/1iVH64PL7e
— ABC News Politics (@ABCPolitics) 4 mai 2016
Plusieurs partisans du Parti démocrate se réjouissent de la victoire de Donald Trump, convaincus que Hillary Clinton ne fera qu’une bouchée du milliardaire, mais d’autres partisans prônent la prudence. Ils ont raison. Dans un sondage de l’institut Rasmussen du 2 mai dernier, Donald Trump devançait Hillary Clinton à 41% contre 39%
Un sondage donne Trump gagnant face à Clinton https://t.co/ZYR63kFq26 — Challenges (@Challenges) 2 mai 2016
L’année de l’outsider
C’est l’année de l’outsider aux États-Unis. Beaucoup d’Américains ont perdu confiance dans les élites, qu’elles soient républicaines ou démocrates. Barack Obama a remporté les deux dernières présidentielles parce qu’il incarnait le changement et était inspirant. Hillary Clinton, elle, continue d’être vue comme calculatrice, peu sincère et indigne de confiance, une perception exacerbée par l’enquête du FBI sur l’utilisation, par l’ex-secrétaire d’État, d’un serveur non sécurisé pour l’envoi de courriels liés à ses fonctions.
Sous-estimer Donald Trump ?
Donald Trump n’était pas censé remporter l’investiture républicaine. Les mêmes commentateurs qui avaient prédit son implosion disent maintenant qu’il ne fera pas le poids contre Hillary Clinton. Mais si on est sensible à l’air du temps, en Amérique, on sent le goût du changement. Il serait fatal, pour les démocrates, de sous-estimer Donald Trump. Parlez-en à Jeb Bush, Marco Rubio et Ted Cruz.
Ma prédiction de ce qui se passera dans les prochains mois :
Clinton n’aura qu’un seul argument « Trump est sexiste »
Trump esquivera ceci en surfant sur la peur actuelle de l’immigration et du terrorisme islamique.
Bref, comme j’aime le répéter : Les USA seront foutus avec Clinton, et ils seront foutus avec Trump.
Vous aimez répéter ça?Vous avez raison c’est vachement profond…Sinon deux boules vanille fraise c’est bien aussi
@zen aztec : Je vous propose un ancien message à moi un peu plus argumenté :
« Le combat de Clinton contre Trump symbolisera uniquement l’affrontement entre l’étatisme de gauche et l’étatisme de droite, entre le socialisme de gauche et le socialisme de droite, bref, entre l’antilibéralisme et… l’antilibéralisme !
S’intéresser à un tel combat est une perte de temps.
C’est impossible d’apporter son soutien à Clinton si on est vraiment libéral (au sens français du terme.) Tout son programme est antilibéral. Un tel programme fera beaucoup plus de mal que de bien à ceux qu’il prétend défendre, c’est-à-dire aux pauvres, aux femmes, et aux minorités.
Clinton est pire que Trump au sujet de la fiscalité, du port d’arme, de la santé, et elle est tout aussi protectionniste que lui. En politique étrangère c’est difficile de se prononcer : à priori Clinton est pire que Trump, mais en réalité ce dernier est tout aussi va-t-en-guerre qu’elle (il veut notamment éliminer les terroristes ET leurs familles ! ) Il n’y a que sur l’immigration que Clinton raconte moins de crétineries que le clown nationaliste Trump. Cependant être favorable à l’immigration peut conduire à la catastrophe si, comme Clinton, on est également favorable aux aides sociales. »
Les aides sociales n’étant pas si faciles à éradiquer que ça sauf à mettre du jour au lendemain des millions de personnes sur le carreau, la régulation de l’immigration est la seule solution sauf à vivre sur la planète Mars.
D’ailleurs même dans une économie libérale le contrôle de l’immigration est indirectement effectif par le fait qu’il n’y a que des propriétés privées.
En Amérique, vous devez vous débrouiller ou bien vous demander de la monnaie sur le bord de la route. Et comme le disait l’ex-star de basketball Michael Jordan à un mendiant qui lui semblait bien portant : vous semblez en forme : vous pourriez dire : »comment puis-je vous aider ? Voulez-vous des frites avec votre Big Mac ? »
demandez pas demander.
Cruel!
« Clinton n’aura qu’un seul argument « Trump est sexiste » »
Elle a déjà essayé figurez-vous … Ohlala la pauvre… ça s’est mal passé 🙂
Je n’avais pas vu. Merci.
Merci de vos commentaires, car les journalistes français de France n’ont pas les mêmes informations, ni les même analyses !!!!
Merci Zadig.
« Mais si on est sensible à l’air du temps, en Amérique, on sent le goût du changement. »
Les Américains ont toujours élu le changement, le rebelle,, l’outsider. Trump sera élu pour la méme raison qu’Obama l’a été.
Un livre que je vous recommande , c’est le « Code culturel » de Clotaire Rapaille
« Our leader is the person who leads the rebellion. This is essential in a culture where health means movement. We are always changing, always moving forward, always reinventing, and we want a president who can direct this process. The president needs to understand what is broken, have a strong idea about how to fix it, and then » rebel » against the problem.
We don’t want our presidents to think too much.
We don’t want a father figure. We want a biblical figure.
The Culture Code for the American presidency is MOSES.
Strip away the religious components of the story of Moses, you’ll see that he represents the Code for the American presidency aptly: a rebellious leader of his people with a strong vision and the will to get them out of trouble. »
https://sivers.org/book/CultureCode
Un mot sur Carly Fiorina, elle vient de signer la course à la vice-présidence la plus courte de l’histoire des USA, une semaine, bravo à elle ! 😀
Elle avait autant de »charisme » que Ted Cruz…
Effectivement, c’est ballot et ce ticket n’était pas crédible anyway 😀
Il y a seulement quelques mois, nombreux étaient ceux qui, ici même, disaient , en s’appuyant sur des décomptes de voix virtuels,, que Trump n’avait aucune chance.
Maintenant je pense que les Américains n’enverront pas une femme à la présidence et voudront l’élire, voyant en lui un nouveau Ronald Reagan.
Après les années de compromissions du socialiste Obama ,nous avons tout à gagner d’un président américain fort
pilloty, je crois que les gens ont surtout le goût d«,un outsider pour essayer autre chose. Hillary Clinton n’a pas de nouvelles idées.
Oui la victoire d’H.Clinton était basée assez mathématiquement sur le vote démocrate des minorités: Celles-ci vont-elles réagir en « minoritaires » ou en « Américains », personne n’en sait rien.
Le dernier espoir des américains s’envole.
J’espère que ça sera Hillary, sinon c’est la mort du conservatisme aux États-Unis.
L’espoir des américains sera ce que les américains votent et non ce que Bobjack, Commando et Cie pensent qu’ils devraient voter 😀
Mouais… Mais l’idée de perdre le dernier contre poids qui existe dans l’occident n’est pas une bonne nouvelle. Pas seulement pour les américains.
Personne n’a dit que la voix du peuple était la meilleure ni la plus clairvoyante! Ils voteront (à 50% de la population des électeurs, maximum) pour qui ils voudront, ce n’est pas notre affaire!
Je ne suis pas sûr qu’un candidat soit mieux que l’autre.
Mais je suis sûr, par contre, que l’un comme l’autre conservera le pire du libéralisme dévoyé comme les activités de Goldman-Sachs ou les pratiques fiscales du Delaware: eux non plus, à cause de leurs « sponsors » ne peuvent rien contre les puissances d’argent qui elles, évidemment, exigeront en retour de leurs dons, les accommodements législatifs qui leur conviennent et qu’on ne pourra leur refuser.
C’est bien, sur une autre échelle, ce qui s’est passé entre Madame L.Bettencourt et « quelqu’un » de l’UMP, non? Ou ces 2 sociétés luxembourgeoises dont N.Sarkozy, trésorier de campagne, avait la signature, lors de la campagne d’É.Balladur, pour gérer des sommes venues d’on ne sait où: le juge d’instruction est au courant, suivant un communiqué de la police luxembourgeoise, mais je n’ai vu l’info nulle part! J’ai bien l’impression que l’affaire de Karachi ne sera jamais élucidée.
Il est désormais vain d’attendre de la sphère politique nationale, le sauvetage de la France: il n’a sans doute jamais été plus urgent que les citoyens reprennent en main leur avenir: en cela, ils risquent de retrouver les vertus du libéralisme quand les carences du système social éclateront au grand jour, sans égrainer la ribambelle de boucs émissaires qui préserveraient la remarquable exception française.
Ah bon, vous avez des infos ? Goldman-Sachs a fait des choses illégales ? Lesquels ? Vu que le secteur financier est le plus réglementé du monde.
Ah bon vous trouvez normal que les frais de campagne soient plafonnés en france ? Au moins si les frais étaient illimités tout serait sur la table et on aurait certainement aux manettes des gens pour qui le profit personnel ne serait pas la ligne de conduite.
C’est une des grandes forces de Trump, il n’a pas à faire de concessions aux uns ou aux autres.
Je ne dis pas « illégales » (quoique le tripotage des chiffres grecs …).
C’est à la France, pas à moi, de décider si il faut plafonner ou pas, tant que tous les partis sont logés à la même enseigne. La transparence serait bien sûr d’un grand intérêt.
Pour Donald Trump, je reconnais sans réserve son tour de force réussi même si certains républicains, mauvais joueurs, (comme la famille Bush) ou certains prévisionnistes (qui n’ont pas vus venir D.Trump) imaginent encore un challenger surprise (évoqué par B.Morris de Nate Silver, mardi 3/5).
Marc Faber sur Bloomberg : I would vote for Mr. Trump because he may only destroy the U.S. economy, but Hillary Clinton will destroy the whole world
C’est pas inutile de le rappeler : Faber a raison, pour les français et la sécurité du monde, tout vaut mieux que la mère Clinton qui a approuvé toutes les expéditions foireuses des USA et qui n’est même pas capable de se débarrasser d’un pépé socialiste alors qu’elle a tout le parti et wall street derrière elle!
Effectivement Duff, le fait que ce soit si compliqué pour Hillary Clinton de défaire Bernie Sanders peut soulever des doutes sur sa capacité de défaire tout adversaire. Après tout, elle avait déjà essuyé la défaite contre Barack Obama. La scène mondiale est encore plus exigeante.
D’ailleurs Trump ne s’y trompe pas, il se demande à voix haute comment cela se fait que Sanders ait si peu de délégués avec autant de victoires à son actif…Il attaque clairement la légitimité de Clinton à être la candidate démocrate.
Le concept de superdélégués favorise l’estalishment, n’est-ce pas ?
Merci à Daniel Girard qui a bien suivi et bien analysé cette première partie des la Présidentielle. Il a tenu le balance équilibrée sans être partisan. D. Trump étant sûr d’être investi,maintenant va commencer pour lui une autre campagne. Son combat contre H. Clinton est loin d’être perdu. Au contraire je pense qu’il a toutes ses chances. H. Clinton a beaucoup de casseroles et n’est pas aimée des jeunes et des femmes.
Merci pour le compliment Liberte5. J’écris pour des gens comme vous et Contrepoints est un superbe endroit pour le faire. Cette campagne est beaucoup plus captivante que celle de 2012 et elle continuera de nous donner du matériel pour les semaines à venir.
« attendez vous a savoir » aurais dit gevieve Tabouis que Trump n’est pas Trump; en tout cas pas la marionette qu’il a montre jusqu’ici
mon analyse que j’ai deja ecrit voici une quinzaine est qu’il a fait une analyse de marketting politique
il n’avais aucune chance de remporter les primaires en jouant un jeu classique donc il a joué le role de ce que l’electeur republicain de base avait envi d’entendre. un peu ce que tapie a fait en france il y a trente an
il a réussi; chapeau l’artiste
il va maintenant attaquer la deuxiemme phase
– en public, raboter ses discours et les rendre plus réaliste
-en privé rencontrer les forces montantes du great old party pour se constituer un staff electoral et une chambre a sa main
si j’ai raison hillary n’a aucune chance
reponse bientot
Au-delà de sa rhétorique inflammatoire, Donald Trump ne cesse de surprendre. De le voir affronter Hillary sera fascinant.
Je plussoie… Ce type est brillant et il a les coudées franches… Clinton appartient depuis longtemps au système, et au passé. C’est son handicap.
L’affrontement va être passionnant, j’espère un raz de marée 🙂
La victoire de Trump est la victoire de l Amérique et du monde libre .
Vu de l’étranger, le bon président des USA sera celui qui saura s’extraire de l’influence de la CIA. Certainement pas la dame à gorge déployée!
Ça, on verra à l’autopsie! Une campagne électorale ne préjuge en rien d’une gouvernance: en France, vous êtes bien placés pour savoir qu’un programme n’est pas toujours suivi de réalisations!
Avez-vous écouté les discours de Donald Trump en direct et sans sous-titres? Si oui, vous aurez remarqué qu’il n’a rien du roquet ni de l’illuminé présenté par les media français. Sinon, je vous conseille de l’écouter pour vous forger votre propre opinion.
C’est ce que je fais ici en Amérique. C’est un bon conseil.
on est bien d’accord; mais nos braves journalistes ne l’admettrons pas
J’écrirai un texte bientôt sur la couverture des nouvelles en Amérique par les journalistes de France et cela ne me rendra pas populaire — tangente de gauche…
Le même diagnostic journalistique s’applique aussi en Amérique, comme on peut le lire dans cet autre article de mon cru (dans les deux derniers paragraphes : http://www.contrepoints.org/2016/05/06/251772-victoire-de-donald-trump-aux-primaires-la-droite-americaine-secouee