Par Frédéric Mas.
Après 4 ans de François Hollande, les espoirs des Français ont été déçus, nous serions tentés d’ajouter : une fois de plus. Comme le notait Fabrice Copeau en 2012, l’arrivée d’un président à l’Élysée qui avait pour ambition d’incarner la normalité après un mandat sarkozyste marqué par l’autoritarisme et l’hyperprésidentialisation du régime ne pouvait être accueilli que positivement par les libéraux. À l’époque, toujours selon Fabrice Copeau, il était le seul candidat à parler de croissance au sein du débat public alors embourbé dans les querelles d’identité nationale et de droitisation du paysage politique.
Seulement, la normalité du président va rapidement se dégrader en impréparation, en hésitations et finalement en une suite de tactiques politiques sans lendemain visant surtout à gagner du temps : confronté à une crise économique sans précédent, François Hollande a d’abord cherché à utiliser les vieilles recettes du mitterrandisme pour ensuite adopter une démarche autoritaire qui a réussi à rendre les atteintes de Nicolas Sarkozy aux libertés publiques presque insignifiantes.
Les promesses intenables de François Hollande
Homme de compromis et tacticien d’appareil, Hollande se fait élire sur un programme marqué très à gauche. Il s’agit durant la pré-campagne de se distinguer de son principal rival, Dominique Strauss Kahn, qui incarne alors l’aile sociale-réformiste du Parti socialiste. Par un hasard de la providence que le monde entier connaît désormais, François Hollande voit son adversaire écarté. Il triomphe facilement, en partie grâce au réflexe : « tout sauf Sarkozy ! », ce qui amène au pouvoir une coalition progressiste intégrant notamment des alliés écologistes aussi encombrants qu’idéologues. Furieusement égalitaristes et anti-nucléaires, les écolos se poseront à la fois comme des partisans farouches de ces énergies alternatives qui ne marchent pas (avant d’être rejoints par Ségolène Royal et Laurent Fabius lors de la Cop21), sauf quand il s’agit de vider les poches des citoyens, et de ces mesures immobilières certaines d’échouer (et de pénaliser les plus pauvres).
Comm’ lamentable
François Hollande cherche d’emblée à mimer le mitterrandisme, c’est-à -dire à mêler interventionnisme étatique et libéralisme dans le domaine social et moral : seulement, l’époque n’est pas la bonne, et sa communication désastreuse finit même par faire de ses victoires des échecs relatifs. L’« affaire » Leonarda est en quelque sorte le résumé d’un mandat qui tout en se voulant fidèle aux principes d’émancipation propres à une certaine gauche, ne réussit qu’à mettre en lumière l’indécision et le flou tactique dans lequel navigue le chef de l’État. Alors qu’une famille rom, sous le coup d’une expulsion du territoire, fait les gros titres de l’actualité, Hollande décide d’intervenir pour prendre le contre-pied de son prédécesseur, accusé d’avoir persécuté cette minorité durant son mandat. Incapable de trouver le ton juste devant une fillette de 13 ans, il se ridiculise devant les caméras.
Cette timidité lui fait aussi abandonner au fur et à mesure de son mandat des promesses de campagne qui lui ont valu d’être la risée de l’Europe, à l’image de cette taxe à 75% qui fit fuir Gérard Depardieu et se frotter les mains le maire de Londres. Avec un taux d’endettement record, François Hollande ne peut plus créer ou entretenir le clientélisme politique comme le firent ses prédécesseurs de droite ou de gauche.
Mariage Gay et tolérance sociale
La grande mesure de la première partie du mandat de François Hollande demeure l’adoption du mariage homosexuel. Dans la tradition des grandes mesures d’émancipation portées par la gauche, elle est soutenue par un garde des sceaux qui ne cessera d’être la tête de Turc de la droite autoritaire, Christiane Taubira. Là encore, Hollande transforme, par la maladresse d’un Premier ministre porté sur la matraque, une victoire en demi-échec : la très conservatrice Manif pour tous naît de l’opposition au mariage homosexuel puis à la GPA, instillant discorde et répression dans le pays.
2015 : le moment autoritaire de François Hollande
Puis vint le moment autoritaire, et l’adoption de la loi renseignement ; puis, après les attentats tragiques de Paris, de l’état d’urgence. Devant la demande grandissante de sécurité, le gouvernement décide alors d’accorder encore plus de pouvoir à l’exécutif et de restreindre les libertés publiques. Là encore, en dépit de toute évaluation de l’efficacité de telles mesures, et des problèmes moraux que pose la généralisation sans précédents de la société de surveillance, François Hollande préfère soigner tant bien que mal sa communication que de réformer en profondeur.
Et maintenant ? La gauche dispersée
Après un coup de barre à gauche, puis un coup de barre à droite, François Hollande est maintenant à la tête d’une gauche dispersée. Les élections présidentielles s’approchant, il compte désormais sur la qualité de ses ennemis, en l’occurrence Marine Le Pen, pour être réélu. Faut-il pour autant regretter son arrivée au pouvoir ? Le spectacle offert par l’opposition de droite d’aujourd’hui ne permet pas, hélas, de certitudes.
Dossier spécial sur le bilan de François Hollande après 4 ans
4 ans de présidence Hollande, c’est aussi l’occasion d’en approfondir les sujets-clef et de tenter un premier bilan de François Hollande. Découvrez sur Contrepoints nos bilans thématiques :
- Politique de l’emploi, le terrible échec de l’inversion de la courbe du chômage, par Bertrand Martinot
- 4 ans de Hollande : son bilan économique ne convainc pas les Français, par Alexis Vintray
- Une politique étrangère sous le signe de l’atlantisme, quitte à aller plus loin que les États-Unis, par Hadrien Desuin
- Un bilan sociétal en demi-teinte, avec des marqueurs sociétaux forts mais une grave dérive de l’état d’urgence, par la rédaction de Contrepoints
Sans oublier la privée du président qui a été tout sauf normale.
« vie privée » pardon pour la relecture
« confronté à une crise économique sans précédent » Les autres européens ne semblent pas s’en être rendu compte, notamment par rapport à 2008.
Je ne vois pas ce qui permet de dire qu’il a mis un coup de barre à droite. Les lois liberticides ( renseignement … ) sont plutôt dans la logique de la gauche ( ex Allemagne de l’est …). Il aura tout fait pour se plier aux ordres de l’Allemagne, des USA , de l’arabie saoudite et abandonner la souveraineté de la France ( une saloperie selon BHL).A t il seulement cherché à réduire le chômage? rien ne permet de le dire au v u des actions entreprises : il a seulement pensé qu’il y avait des cycles et que les choses finiraient par s’améliorer et qu’il suffirait de s’attribuer l’amélioration.Par contre il a profité de son mandat pour se faire plaisir et mettre en Å“uvre la doctrine socialiste qu’il suit aveuglément depuis son enfance.