Par Daniel Girard, depuis les États-Unis.
C’est devenu un refrain pour le président Obama : les médias ne font pas leur travail de vérification et d’enquête durant les présentes primaires, se contentant de tenir le micro et de diffuser de l’information/spectacle avec les yeux rivés sur les cotes d’écoute. Pour le président américain, les médias doivent cesser de couvrir Donald Trump comme s’il s’agissait de télé réalité mais plutôt analyser ses positions pour en dégager les contradictions et examiner de près les chiffres de ses promesses pour s’assurer que le compte est bon.
President Obama on the election : « This is not entertainment. This is not a reality show » https://t.co/AfTHBBECef pic.twitter.com/4T7LSlfkdG
— CNN Politics (@CNNPolitics) 6 mai 2016
Nul doute que les primaires républicaines ont été payantes pour les grandes chaînes de télévision, particulièrement CNN, qui couvre abondamment Donald Trump et ses rassemblements. Selon le magazine Fortune, entre le 16 juin (date de la candidature de Donald Trump) et le 14 septembre, CNN a diffusé 2159 reportages sur le milliardaire, soit presque le double de ce qui a été consacré à Jeb Bush. CNN, qui ne comptait que sur la moitié de l’auditoire de Fox News, comble l’écart. En avril, CNN a déclassé Fox News dans le segment des 25 à 54 ans, une domination qui s’est produite au cours de cinq des huit derniers mois.
I can’t count how many conservatives have told me they’ve switched to CNN ‘CNN Destroys Fox News in April Ratings’ https://t.co/0lcA04HaMc — Mollie (@MZHemingway) 3 mai 2016
Près de deux milliards en couverture gratuite…
Si la couverture de Donald Trump est rentable pour les réseaux de télévision elle l’est aussi pour Donald Trump. L’homme d’affaires a dépensé à peine une dizaine de millions pour faire sa promotion. MediaQuant, une firme de l’Oregon qui mesure l’audience dans les médias et les réseaux sociaux estime que la valeur monétaire de la couverture de Donald Trump est de près de deux milliards, comparativement à 746 millions pour Hillary Clinton.
La valeur monétaire de la couverture de Donald Trump : deux miiliards, comparé à 746 millions pour Hillary Clinton. pic.twitter.com/WGkeINpwPX
— Daniel Girard (@DanielGGirard) 8 mai 2016
Cette couverture médiatique exhaustive a créé un sentiment de culpabilité chez plusieurs chroniqueurs et éditorialistes. Pour Nicholas Kristof, du New York Times, les médias ont contribué à créer Trump. Ils lui ont donné toute cette visibilité, au détriment de ses adversaires, pour passer au tiroir-caisse. Nicholas Kristof affirme que les médias n’ont pas jugé utile de passer au crible les idées du milliardaire, convaincus qu’il allait finir par s’autodétruire. Le chroniqueur admet avoir été de la partie et il en accepte le blâme.
« We [the media] were lap dogs, not watchdogs, » writes NY Times columnist Nicholas Kristof https://t.co/ZpjIhbQdVw (@ErikaLynnHaas) — Magazine Editing (@NHmag) 29 mars 2016
Peggy Noonan du Wall Street Journal, elle, refuse de s’auto-flageller. Elle souligne que Donald Trump s’est révélé un candidat intéressant d’entrée de jeu parce qu’il s’exprimait de manière spontanée, sans calcul et sans filtre, ce qui rendait ses entrevues captivantes, même pour ses détracteurs. C’est pour cela, dit-elle, que les cotes d’écoutes de la télé ont grimpé en flèche quand il était en ondes. Si Jeb Bush s’était montré un candidat intéressant, ajoute-t-elle, les médias auraient été bien contents de le couvrir. Sur Jeb Bush, difficile de contredire Peggy Noonan. On doit même donner raison à Donald Trump quand il qualifie Jeb Bush de politicien avec peu d’énergie. Lorsqu’un candidat demande à l’auditoire d’applaudir lors d’une présentation (please clap dans la vidéo), c’est que l’adrénaline n’est pas à son comble dans la foule…
Après le départ de Jeb Bush, l’establishment aurait aimé voir triompher Marco Rubio. Mais le sénateur de la Floride avait peu de réalisations à son actif. Il avait, en plus, du plomb dans l’aile chez les jeunes électeurs en raison de sa valse-hésitation sur l’immigration et son opposition à l’avortement même en cas de viol ou d’inceste. Marco Rubio était tendu durant les débats. Il répétait les mêmes formules. On lui a donné le surnom du robot dans les réseaux sociaux.
Remember when the media and campaigns were obsessed with Marco Rubio being a robot for repeating a line at a debate ? Good times.
— Yair Rosenberg (@Yair_Rosenberg) 3 mai 2016
Le candidat Ted Cruz ne soulevait pas les foules non plus. Ses discours sur la constitution américaine et les valeurs conservatrices étaient interminables. Le sénateur texan menait une campagne pré-fabriquée qu’il déplaçait d’un État à l’autre sans s’adapter pour l’auditoire local. Lorsqu’il a tenté de dévier de sa routine, il en a payé le prix. En Indiana, son équipe de communication lui avait recommandé de capitaliser sur l’immense popularité du basketball en recréant une scène du film Hoosiers (Le Grand Défi). Dérapage. Dans sa démonstration, Ted Cruz a utilisé le mot ring (anneau) plutôt que rim devant une foule interloquée. Le président Obama s’est moqué de l’impair du sénateur texan lors du dîner des correspondants à Washington, ce qui a été repris dans le Star d’Indianapolis.
« What else is in (Ted Cruz’s) lexicon ? Baseball sticks ? Football hats ? » https://t.co/4XSpzcZnG1 — IndyStar (@indystar) 2 mai 2016
Avant même de déclarer sa candidature à l’investiture républicaine, Donald Trump était déjà une figure archi-connue, grâce à son émission The Apprentice qui a été vue par 28 millions d’Américains pendant 15 saisons. Sa célébrité et sa présence active sur les réseaux sociaux, alimentées par sa notoriété, lui ont définitivement donné une longueur d’avance sur les autres candidats. Mais il a su se rendre disponible pour des entrevues, peu importe l’heure du jour ou de la nuit et il a répondu aux questions, sans filtre, laissant le soin aux auditeurs de se faire une idée.
Pour le site Politico, cette facilité d’accès a joué un grand rôle dans le succès du milliardaire.
Donald Trump on WHCD : « I was asked by every single group of media available to mankind. »#likelytrue
— Kasie Hunt (@kasie) 13 avril 2016
Unlike Obama, Donald Trump, the crowned social-media virtuoso of 2016, is floridly available to the press https://t.co/A6F3D5h85j — POLITICO Magazine (@POLITICOMag) 1 mai 2016
Ironiquement, alors que le président Obama fait la leçon aux journalistes sur la nécessité de creuser l’information au lieu de juste la diffuser pour les cotes d’écoute, son appel est reçu avec froideur par ceux-là même qui devraient être ses alliés : les journalistes.
Pourquoi ? L’accès à l’information (FOIA) de la Maison Blanche n’a jamais été aussi difficile. Les poursuites des médias pour obtenir des renseignements de l’État américain explosent depuis deux ans. Des journalistes estiment que la situation sous Obama est devenue pire qu’elle ne l’était sous W Bush.
« The Obama administration has been a disaster on FOIA, » says @JustinElliott, « in some ways worse than Bush. » @deadlineclub #DeadlineFOIA
— J. Alex Tarquinio (@alextarquinio) 27 avril 2016
La situation s’est donc détériorée depuis la sortie de l’ex-directrice exécutive du New York Times en 2014. Jill Abramson avait dit que l’administration Obama était la plus hostile à la presse depuis la présidence de Richard Nixon.
Jill Abramson : Obama admin « more secretive and more hostile to the operations of the press » than any since Nixon http://t.co/hDcGVd3J4s — Glenn Greenwald (@ggreenwald) 12 avril 2014
Lorsque le président Obama demande à la presse de creuser et de poser les questions difficiles, il vise ses opposants républicains et en particulier Donald Trump ; il ne parle surtout pas de son administration.
En même temps poser des questions difficiles au favori des Chti’s aux primaires ,après lui avoir redresser le pé..s c’est une tâche un peu difficile pour la presse!!LOL Bon ok je sors .
En même temps Barack lui-même a profité du même phénomène pour sa campagne. Rarement vu un tel culte de la personnalité, la popularité de Trump en est encore à des années lumières.
la seule bonne question est de savoir pour Trump , si sa politique isolationniste puérile ne contribue pas a ouvrir la voie à un new Hitler.., comme un Staline d’une autre époque ayant profité du même phénomène du culte de la personnalité ..,mais sans pouvoir le circonscrire.Mdr alors !!
.https://www.youtube.com/watch?v=K3Q29kHPA3w
Ce n’est en tout cas pas tous les jours qu’on peut apprendre qu’Hitler était un isolationniste 😉
il y a toujours un corollaire à cette doctrine surtout quand Trump se sera plier a l’obligation de rendre public ses revenus …LOL
Vous pensez que les Américains ébahis, qui croyaient jusque là que Trump était un énarque normal, découvriront alors avec effroi qu’il a des revenus vraiment très importants ? Et que, malades de jalousie et férus d’égalité républicaine, ils voteront alors pour le candidat normal qui promettra de taxer les riches à 75% ?
Un jour, vous verrez, un journaliste talentueux de la grande presse d’investigation sortira un scoop mondial en découvrant qu’il a même des sociétés panaméennes !
http://www.trumpoceanclub.com/
@Bobjack : Posez-vous cette question :
Est-il surprenant qu’il y ait eu une « Obamania » ? Est-il surprenant que l’élection d’un président noir/métisse à la tête des USA, un pays qui a connu l’esclavage et la ségrégation, n’ait pas été traité par les médias comme n’importe quelle autre élection présidentielle ?
Je suis toujours le premier à critiquer les politiques catastrophiques d’Obama, mais s’il y a bien une chose qui m’exaspère c’est les gens qui refusent de comprendre qu’il y a seulement quelques décennies l’élection d’un président américain a moitié kenyan n’aurait pas été possible.
L’autre chose qui me fatigue c’est les prétendus libéraux incapables de comprendre qu’Obama est l’une des meilleures illustration du Rêve Américain, cette idée très libérale qu’on peut réussir en partant de rien, par le travail, du courage et de la détermination. Trump incarne lui aussi ce Rêve Américain, sans doute encore mieux qu’Obama car il a une plus grande expérience dans le secteur privé. Cependant Trump est un héritier. Ceci n’enlève rien à son mérite mais, contrairement à Obama, on ne peut pas dire que Trump est « parti de rien ».
@commando, d’accord avec vous pour reconnaître que l’élection de B. Obama fait partie du rêve américain. Cela montre aussi que les Américains ne sont pas aussi racistes que les médias Français le disent. Que la première élection de B. Obama ait suscité une « Obamania » cela se comprend. En revanche, que celle ci continue aujourd’hui encore dans la classe politique et les médias Français, alors que les Présidences de B. Obama sont un désastre,ceci n’est pas acceptable.
Merci commando. Diplômé de la Law School de Harvard et sénateur de l’Illinois, Barack Obama avait une feuille de route impressionnante et son ascension l’a été tout autant. Quiconque devient président des États-Unis a accompli quelque chose, quoi qu’en disent les critiques.
» L’autre chose qui me fatigue c’est les prétendus libéraux incapables de comprendre qu’Obama est l’une des meilleures illustration du Rêve Américain, »
Et l’illustration d’une Amérique qui devient toujours plus métissée comme l’est Obama né d’un père noir et d’une femme blanche. Je plussoie également le reste de votre commentaire.
D.j
@commando: « c’est les gens qui refusent de comprendre qu’il y a seulement quelques décennies l’élection d’un président américain a moitié kenyan n’aurait pas été possible »
Je me méfie toujours des pseudos historiens qui nous refont une lecture de l’Histoire.
Les comparaisons historiques sont les pires écarts possibles avec la réalité, car il est extrêmement difficiles de comprendre la réalité des faits passés, leurs importance dans l’esprit des gens à l’époque.
On nous a vendu Obama comme un grand départ, alors qu’il est surtout un résultat d’une politique qui n’a finalement donné qu’un comédien.
Ah oui, le grand progrès que voila : Nous faire prendre des apparences pour une transformation meilleure de la société.
La grande tromperie dans le cas d’Obama est la suivante : il n’est pas d’origine afro américaine. Et le fait qu’il soit d’origine étrangère est plus un blocage nationaliste que racial. Pourquoi l’origine Africaine serait-elle plus étonnante que Sibérienne ou Mandchourienne, si ce n’est dans l’esprit obsédé des mêmes ?
Votre question est tout simplement absurde !
En fait Bobjack, Donald Trump jouit d’une grande popularité pour un président en fin de mandat, et il va tenter d’en faire profiter Hillary Clinton.
D. Trump est « une bête de scène », il a le sens du show et il le fait bien. Surtout, parce qu’il a compris avant et mieux que les autres candidats républicains, ce que pensait et ressentait la majorité du peuple Américain. Il devient ainsi le porte parole de cette majorité silencieuse. Quand vous accrochez les foules, les médias suivent et cela renforce la présence de D. Trump. Voilà une raison supplémentaire pour laquelle il a de bonne chance de gagner face à H. Clinton
Modération : commentaire modéré pour insultes
Liberte5 : bien dit.
les hommes politiques sont tous essentiellement un choix médiatique. on le voit bien en France actuellement avec la primaire républicaine. les candidats n’ont pas tous été reçus de la même façon par les journalistes.
Merci du commentaire gc, je ne peux pas parler pour la France, car je suis en Amérique, mais je ne serais pas surpris que la dynamique soit similaire chez vous.
Être candidat pour un parti politique repose sur un mélange qui se doit d’être harmonieux. 1) Il faut avoir saisi ce qui fait vibrer l’électorat (comme l’exemple, ici en Amérique, de la révolte contre les élites, incapables de faire avance les dossiers au gouvernement, un filon qu’a réussi à exploiter ici Donald Trump. 2) Comme candidat, il faut pouvoir se targuer de réalisations concrètes dans sa vie professionnelle ou politique, ce qui qui donne de la crédibilité à la candidature. 3)Être capable de former une équipe gagnante pour mener à bien une bonne campagne et gouverner,
La candidature de Donald Trump est loin d’être parfaite, mais chacun de ses adversaires étaient plus faibles.
Je ne me prononcera pas sur la politique en France, mais, d’ici, personne ne semble se démarquer et, malgré tous ses efforts de préparation pour son retour, Nicolas Sarkozy donne l’impression qu’il a de la difficulté à rassembler, qu’il est un one-man-show en fait. C’est une impression que j’ai, vous voyez, et, en politique, justement, quand on ne la suit pas de près ou se base beaucoup sur notre intuition pour façonner notre opinion. Vous répondre vient d’ailleurs tout juste de me donner une idée d’article ! Merci du commentaire. De Boston. Une heure du matin 😉
« les élites, incapables de faire avance les dossiers au gouvernement »
Les élites, ou les républicains ? Rappelons que la seule politique des républicains depuis huit ans a été de faire obstruction au gouvernement. De l’aveu, en 2010 déjà, de Mitch McConnell, le chef de file des républicains au sénat : « The single most important thing we want to achieve is for President Obama to be a one-term president. » Les républicains récoltent avec Trump ce qu’ils ont semé.
VB: C’est la responsabilité du président de faire avancer les dossiers dans un esprit bipartisan, comme l’ont fait Lincoln et Ronald Reagan.
Belle langue de bois sur le coup 🙂
A mon avis, les media n’ont pas créé Trump car ils le cararicaturaient plutôt et s’en moquaient! Il s’est créé tout seul, et ça ne date pas de sa course à la présidence. Il a réussi en contournant et en mystifiant journalistes et analystes! Du grand art!
L’homologie structurale dans toute sa splendeur avec effet d’amorçage, l’américain blanc, déclassé vivant en zone rural s’identifie parfaitement au discours, fait et geste, humeur de bulldog de Trump. Et ça marche pour une seule raison on peut dire que en gros depuis les années 2000 cet catégorie a disparu du discours politique et du traitement médiatique: essor fulgurant des NTIC, multiplication des traités de libre échanges, prospérité, progrès, pouvoir d’achat, mégalopoles du futur: objectivement de quelle manière ce type de public peut s’identifier à ça en se disant: c’ est dans mon intérêt immédiat allons-y?: aucune je pense,
En fait Trump a fait ressurgir un électorat qu’on croyait fossilisé et puis sur les sujets du moment: sécurité,immigration, politique étrangère il est jugé le plus crédible par l’électorat. je n’adhère pas du tout au personnage mais un article de la revue de RI « National Interest » qui lui est consacré devrait nous amener à un minimum d’introspection je pense sur la réalité de la scène international. Trump s’ est autant servi des médias que les médias se sont servi de lui: le méaculpa médiatique du style « dsl d’avoir fait gagner Donald Trump » c’ est de l’hypocrisie.
Mais alors puisque vous mettez en évidence l’adéquation du candidat à un électorat la question serait de savoir si cette adéquation est spontanée ou fruit d’une stratégie de la part de trump.
Et quoiqu’on pense de trump , c’est ça la démocratie…et c’est ce qui gêne une partie des gens qui ne se posent jamais de question sur les tares de tout système démocratique.
Pourquoi se pose t on ces questions sur ce bonhomme alors que la plus grande démocratie du monde voit la femme d’un ex président en position d’etre élue tandis que le fils d’un ancien président a été élu….qui peut croire à la fable de la personnalité exceptionnelle?
je n’emploierai pas le terme de spontané ( ça fait science nat) mais je me demande si Trump n’ est pas lui même surpris du tournant pris par les élections, faudra analyser cette élections à court (uniquement les élections), moyen ( précampagne et après élection) et long terme (depuis 2012 à aujourd’hui);
Voir aussi la part du traitement médiatique au niveau des catégories sociopro dans les journaux, infos, tv etc les distorsions.
La polarisation plus forte des médias au niveau de la ligne éditoriale peut être ( exemple de valeur actuelle en france taper dans google et mettez images vous verrez toutes les unes depuis un petit bail).
Et puis au niveau de la crise économique de 2008 on dit que ça a redémarré en raisonnant au niveau macro mais au niveau méso et micro ça s’est arrête net pour certains ( chômages,hypothèques etc,) et puis ça a démarré pour d’autres ( 1er job, opportunité, crédit, maison, gosse, voiture etc).
La question c’ est de savoir si il n’ y pas un fossé de plus en plus grand qui s’est crée entre les deux et pas au niveau économique uniquement à la limite les USA fonctionne là dessus mais culturellement, socialement, politiquement, bref au niveau des valeurs, des principes, des croyance, de l’avenir.Bref en gros une scission politique, culturelle économique, social de l’Amérique en 2.parties.
Et la 2ème partie la décliniste aurait pu croisé a route de Trump.
Le parcours de Trump en un an est impressionnant, quand on veut bien se rappeler les sondages d’il y a un an au départ des primaires (NBC/Wall Street journal en juin 2015).
Il était bon dernier avec 1% sur dix candidats pressentis avec Jeb Bush largement en tête avec 22% suivi d’une liste d’illustres inconnus parmi lesquels Ted Cruz à 4%.
Comme on dit d’un acteur, « il a passé la rampe haut la main » et a écrasé de son charisme ses adversaires les uns après les autres; sauf Cruz dernier rescapé, tous les autres ont disparu dans les oubliettes à tel point que l’on a complètement oublié qu’ils s’étaient présenté aux primaires, surclassant tous Trump dans l’opinion des électeurs républicains. « sic transit gloria »
Bon rappel
Le probléme de la democratie televisée d’aujourd’hui c’est qu’on choisi un president (ou un deputé) non sur sa capacité a gerer une nation, mais sur celle a « passer la rampe » devant le petit ecran
Ainsi va la vie en 2016
La démocratie télévisée n’a en fait pas plus d’effets que la politique à grand-papa des discours dans les préaux d’école. Celui qui est bon orateur et manie la dialectique avec aisance est plus écouté que le raseur débitant ses arguments selon le schéma du grand oral de l’ENA thèse-antithèse-synthèse et prothèse, ce que l’on appelle vulgairement la « langue de bois ».
En pédagogie, c’est le B-A BA des premiers cours de formation de formateur, apprendre à être un bon « émetteur » et retenir l’attention du public – « le récepteur » – durant tout l’exposé ou le discours. Ce que j’appelle « passer la rampe », c’est savoir captiver l’auditoire et rendre le discours intéressant même ce qui peut paraître ardu et qui l’est nécessairement avec un orateur médiocre. Ce ce que nous appelions « faire passer le message » avec le minimum de déperditions. « ce qu’il a entendu, ce qu’il a écouté, ce qu’il a compris et ce qu’il a retenu ».
« non sur sa capacité a gerer une nation » je voudrais réagir sur cette phrase. Le rôle d’un président, d’un chef en général, n’est pas de « gérer » une nation, mais de définir les grandes lignes politiques que son staff met ensuite en musique, d’être un « décideur ». Le rôle du président n’est pas d’être un économiste, un général d’armée, un juriste, un expert comptable, un médecin spécialisé, et coetera, mais de savoir s’entourer des meilleurs de ces gens là et de les faire travailler. Il doit donc être « raisonnablement » intelligent (l’adjectif « raisonnable » est très utilisé dans le monde anglo-saxon) pour comprendre de quoi il s’agit quand un problème se présente et que son staff lui propose des solutions et aussi avoir du sang-froid et du caractère.
Le rôle d’un chef est également de se préoccuper de « la troupe » (l’ensemble des citoyens) et de veiller à ce qu’elle garde le moral ou qu’elle le retrouve quand elle l’a perdu.
Par ailleurs, n’oubliez pas que le président des Etat-Unis d’Amérique préside une fédération d’Etats qui ont chacun leur président (le gouverneur) leur gouvernement, leur parlement, leur système légal et leurs lois, leurs administrations dans tous les domaines et que son champ de compétences est restreint à des domaines certes très importants (diplomatie, armée et quelques autres champs de compétence fédérale) mais cela n’a rien à voir avec un Etat ultra-centralisé tel que la France où la moindre bricole qui se produit à Trifouillis-Les-Oies a des chances de remonter jusqu’au Premier Ministre ou au Président si les filtres ont mal fonctionné ou n’ont pas été suffisamment bien fixés au départ par les occupants des postes précités.
En précisant également que chaque Etat des EUA est très décentralisé et que le citoyen américain élit ses représentants à tous les niveaux de compétence territoriale y compris pour ce qui est de la police et de la justice.
Leucate : belle synthèse.
nous sommes cher ami, en désacord sur le sens du mot « gerer »
pour moi, gerer, c’est optimiser l’emploi des ressources au service d un but désiré.
ce n’est pas, comme vous semblez le penser avoir une vision rabougrie et frileuse des choses. le rentier gere mal
c’est aussi; tenir compte des contraintes et ne pas envoyer l’entité a gerer dans le mur avec un raisonnement « je veux etre réélu et apres moi le déluge » (tient ça me fait penser a quelqu’un )
bref une combinaison d’audace temperée par « l’art du possible » (suite dans la réponse a sam player plus bas)
Il y a deux mots qui recouvrent des réalités différentes qui sont liées. La gestion (ou management) que De Gaulle le saint-cyrien appelait « l’intendance » et le commandement.
« L’intendance suivra », poursuivait de Gaulle, qui valorisait la vision politique, stratégique et morale, l’intendance étant au service de cette vision.
Le problème dans un pays arrive quand les « intendants » prennent le pas sur les stratèges. Dans l’entreprise aussi d’ailleurs.
@Poilsagrater
« Le probléme de la democratie televisée d’aujourd’hui c’est qu’on choisi un president (ou un deputé) non sur sa capacité a gerer une nation, mais sur celle a « passer la rampe » devant le petit ecran. »
Dans une entreprise vous pouvez avoir le meilleur des meilleurs professionnels, mais si sa communication ou sa relation aux autres est mauvaise, le résultat sera catastrophique tant dans l’ambiance que dans les résultats et il vaut mieux embaucher un candidat un peu moins compétent mais avec une meilleure communication. Ce dernier saura d’ailleurs s’entourer pour combler ses manques et vous risquez moins les erreurs car il est difficile d’avoir un esprit critique vis-a-vis de soi-même.
suite a la reponse a leucate un peu plus haut
mais ; je n’ai jamais dit qu’il fallait un technicien fallot;
le mélange d’audace et de réalisme décrit plus haut n’a aucune chance de « passer » sans le charisme qui fait taire les voix discordantes de ceux qui voudraient être calife a la place du calife
pour en revenir a trump ce n’est pas ses idées qui l’on fait gagner; c’est le fait qu’il a litéralement pulvérisé ses contradicteurs débat apres débats, a la tchatche
si il sait s’entourer de techniciens de valeur, et ne pas trop les écouter, ça peut être un grand président
Merci sam player : savoir s’entourer de gens forts sans se sentir diminué est la grande force d’un leader et l’art de la communication a toujours été importante, avant même la télévision.
sur les chefs d’entreprise
autant le charisme est impératif pour un politique, autant il me parait secondaire pour un chef d’entreprise qui n’a pas besoin de plaire, mais de diriger et de se faire obéir
françois michelin, a tres bien dirigé sa boite; coté charisme on a fait mieux
on ne peut pas dire non plus que bernard arnault ait une personnalité rayonnante, mais qui contestera sa reussite
Politique américaine, côté charisme, à part Bill Clinton et Ronald Reagan plus tôt disons que c’était plutôt tranquille avec W, son père, Jimmy Carter et Nixon…
le drame, dans toute election, c’est qu’a la fin il y en a un d’élu
et que c’est rarement le meilleur
d’autant plus qu’aujourd’hui les meilleurs se dirigent vers les entreprises, pas vers la politique, metier de chien aux horaires démentiels, a l’avenir incertain et qui n’offre qu’une gloriole passagere et un tas d’emmerdes ( voir, entre autre, les juges qui ont envie » de se payer une tête » parce que c’est le seul moyen, pour eux, d’avoir un peu de « gloire »)
parce que, pour ce qui est des lois, il est evident qu’a la premiere alternance elles seront changées