Par Nicolas Poirier.
Google Trends est un outil mis à disposition par Google pour connaître sur son moteur de recherches le volume de celles-ci entre aujourd’hui et n’importe quelle date du passé depuis la création de Google, ou presque.
M’interrogeant assez souvent sur la question de savoir si un mauvais buzz est meilleur que l’absence de buzz tout court, je me suis amusé à regarder au cours des élections passées le volume de recherches générées par des candidats opposés, pour comparer si le candidat faisant le plus parler de lui — que ce soit en bien ou en mal — était in fine élu ou pas.
Je ne suis certainement pas le premier à me poser cette question et à y répondre, mais les résultats sont vraiment trop intéressants pour justifier que j’apporte ma propre pierre dans ce débat sans fin du net.
Voici donc les résultats pour quelques exemples, à savoir la France, le Royaume Uni, le Canada… et les États-Unis. Pour chaque recherche, je n’ai fait apparaître que celles générées par les citoyens du pays visé, donc les seuls potentiels électeurs.
Pour la France
Les résultats que j’ai obtenus le sont sur une période permettant d’étudier les élections présidentielles de 2007 (Nicolas Sarkozy bat Ségolène Royal) et de 2012 (François Hollande bat Nicolas Sarkozy).
Les résultats de Google Trends sont sans équivoque. On observe en 2007 que Nicolas Sarkozy est bien le candidat qui a généré le plus de recherches, et on constate que François Bayrou et Ségolène Royal se tiennent dans un mouchoir de poche derrière, ce qui reflète assez bien le premier tour de la présidentielle.
En 2012, on constate bien que François Hollande a généré plus de recherches sur sa personne que Nicolas Sarkozy, ce qui correspond bien aux résultats de l’élection.
Verdict : le candidat ayant le plus généré de recherches d’internautes en France au cours des deux dernières élections présidentielles a bien été le candidat élu. S’agissant des primaires en cours à droite et sur le débat sur l’organisation d’une primaire à gauche en vue de l’élection présidentielle de 2017, j’y reviens à la fin de ce billet.
Pour le Royaume-Uni
Les résultats que j’ai obtenus le sont sur une période permettant d’étudier les élections générales de 2010 (David Cameron bat Gordon Brown, Nick Clegg brillant outsider) et les élections générales de 2015 (David Cameron bat Ed Miliband, effondrement de Nick Clegg).
Là encore, les résultats de Google Trends sont sans appel. Pour les deux élections, et bien que Cameron se représentait aux élections de 2015 donc aurait pu susciter en théorie moins l’intérêt des internautes, c’est bien lui qui dans les deux cas a généré le plus de recherches. L’effondrement des recherches pour Nick Clegg d’une élection à l’autre a bien été confirmé dans les urnes.
Verdict : le candidat ayant le plus généré de recherches d’internautes au Royaume-Uni au cours des deux dernières élections générales a bien été le candidat élu.
Pour le Canada
Les résultats que j’ai obtenus le sont sur une période permettant d’étudier les élections fédérales de 2011 (Stephen Harper bat Jack Layton) et les élections fédérales de 2015 (Justin Trudeau bat Stephen Harper).
Encore une fois, les résultats de Google montrent Harper en tête des recherches en 2011, et Justin Trudeau explose ses concurrents en recherches en 2015, ce qui se traduira par une victoire très large de son parti. À noter que l’intérêt suscité par Jack Layton après l’élection de 2011… est dû à son décès.
Verdict : le candidat ayant le plus généré de recherches d’internautes au Canada au cours des deux dernières élections fédérales a bien été le candidat élu.
Pour les USA
Les résultats que j’ai obtenus le sont sur une période permettant d’étudier les élections présidentielles de 2008 ainsi que les primaires qui ont précédé, les élections présidentielles de 2012, et les primaires en cours pour l’élection présidentielle de 2016.
Pour les élections de 2008, on observe que Barack Obama génère pendant les primaires beaucoup plus de recherches que Hillary Clinton qui lui était opposée, et la bat sans équivoque, que ce soit donc sur internet comme sur le terrain. À l’élection qui s’ensuit, Barack Obama poursuit sa domination en recherches google sur John McCain, et le bat logiquement à la présidentielle de novembre.
En 2012, peu d’intérêt pour les primaires (pas de primaires côté démocrate, et les républicains s’entendent assez vite sur la candidature de Mitt Romney). Bien que les résultats de recherche soient beaucoup plus serrés, on observe une domination d’Obama qui se traduira dans les urnes, et les résultats seront effectivement beaucoup plus serrés qu’à l’élection de 2008.
Pour 2016, et les primaires en cours ?
Je pense que vous avez compris le principe à ce stade, et je crois que les résultats sont encore une fois sans équivoque…
À noter toutefois que Clinton est globalement battue par Bernie Sanders en volume de recherches, ce qui est la première occasion d’observer que Google Trends n’annonce pas nécessairement le vainqueur de l’élection (puisque Clinton domine globalement Sanders, bien qu’il l’ait réellement accrochée). Dans tous les cas, on l’aura compris, celui qui suscite l’intérêt, un réel intérêt, est républicain… et il s’agit de Trump.
La conclusion ? Candidats à une élection, si vous voulez être élu, balancez n’importe quoi pour faire parler de vous, tout ce qui compte est que les votants aient envie de s’informer à votre sujet. Si vous générez le plus d’intérêt, qu’il soit positif ou négatif, que vos concurrents, la victoire est à vous.
Je me demande si Google Trends était vraiment nécessaire en fait pour en arriver à cette conclusion !
NB : je me rends compte que je n’ai pas parlé de la période pré-électorale en France, où droite comme gauche s’interrogent sur leur candidat à présenter à la prochaine présidentielle de 2017. Voici les résultats pour les deux camps, à ce stade : je dirais que la seule chose que Google Trends confirme, c’est que des deux côtés, aucun candidat ne suscite franchement d’intérêt… et c’est d’ailleurs ce que disent toutes les enquêtes d’opinion réalisées par des instituts de sondage.
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…notre futur président sera donc l’élu des médias …..on comprends mieux la disparition des guignols en clair , ils tapaient trop sur Juppé et son valet et ils ont ridiculisé Macron , la bouée accrochée au pédalo présidentiel
Oui, oui et non.
En 2012,le pic de recherches sur François Hollande a eu lieu fin mai, soit après son élection mais juste avant, sur les derniers mois, c’est Nicolas Sarkozy qui obtenait le plus de recherches, comme quoi, une tendance est donnée mais beaucoup de recherches peuvent être négatives.
Et aussi pourquoi pas ne pas lire le résultat dans les entrailles d’une volaille comme le faisaient les Romains avant la bataille.!!!
C’est assez intéressant, mais plusieurs bémol. Je n’ai pas trop le temps de vérifier sur Google Trends, mais :
– vous comparez Sarkozy et Hollande pour 2012, si on y ajoutait Marine LePen je pense que le résultat changerait dans la campagne actuelle américaine, celui qui fait le plus de buzz c’est sans aucun doute Trump, et meme si je n’y mettrais pas ma main a couper, je pense que c’est Clinton qui va gagner… pour les memes raisons que Le Pen en 2012 et sans doute en 2017…. En gros les candidats les plus provocateurs, que l’on appel populiste (ils le sont tous, mais j’avoue que eux sont un peu au dessus en terme de populisme) ont du mal a trouver le soutien de la majorité du peuple, certains votent pour le moins pire de peur d’avoir le pire, il y a un vote d’adhésion et ajouter a cela des indécis qui ne veulent pas du « diable »….
– Dans votre analyse j’espère que vous prenez bien le nombre de recherche avant la victoire en gros 1 jour avant les résultats des élections.
Pour Hollande vs Sarkozy, c’est peut-être l’un des résultats les moins évidents : https://www.google.fr/trends/explore#q=%2Fm%2F02ps9k%2C%20%2Fm%2F02qg4z&date=4%2F2012%203m&cmpt=q&tz=Etc%2FGMT%2B4 Mais ainsi zoomé, tu constateras que Hollande était devant à partir du jeudi 3 Mai jusqu’au samedi (je ne comprends pas volontairement le dimanche qui a vu l’élection), avec une très faible marge. Est-ce que cela ne correspond pas finalement au résultat de la présidentielle ? 🙂
Pour Trudeau Harper les élections ont lieu le 19 octobre. Le jour de l’élection les courbes sont au même niveau, c’est même Harper qui est un peu au-dessus. C’est le lendemain que Trudeau est recherché sur Google (genre pour qui on a voté 🙂 )
https://www.google.fr/trends/explore?date=2015-10-15%202015-10-20&q=justin%20trudeau,%2Fm%2F01k165
Merci pour cet article. Il falait écrire « sont vraiment trop intéressants pour justifier que je n’apporte PAS ma propre pierre dans ce débat sans fin du net. »
Hum… Savoir si Google peut prédire les résultats de 2017, c’est bien.
Savoir si Google peut les influencer, c’est mieux non?
Ainsi, n’est-on guère surpris d’apprendre que pour les élections US, un bug (qu’y a-t-il de plus innocent qu’un bug?) a fait disparaître Donald Trump des résultats de recherche pour les candidats à l’élection présidentielle en Juillet.
Ce qui est intéressant, c’est l’explication donnée par Google; à savoir que Trump (ainsi que Johnson le libertarien) était absent car il n’était plus dans la course aux primaires mais officiellement nominé par son parti, et que le bug trouvait son origine dans le système de cartographie de l’information permettant de classer les résultats de premier rang…. moui… une moulinette écrite à la main en somme, car on ne voit pas en quoi le mot « candidat » pourrait être spécifique aux primaires au cours d’une élections. Et vous? Ah et difficile de trouver cette info en recherchant le sujet… 😉
Ce n’est pas la seule curiosité sur le sujet d’ailleurs.
La bio de wikipedia ne mentionne nulle part de lien entre Schmidt et Clinton ou Google et Clinton. Pourtant:
https://libertyblitzkrieg.com/2015/10/13/meet-groundwork-google-chairman-eric-schmidts-stealth-startup-working-to-make-hillary-clinton-president/
http://www.bloomberg.com/politics/articles/2016-05-19/clinton-bets-on-tech-strategy-to-defeat-trump
http://qz.com/520652/groundwork-eric-schmidt-startup-working-for-hillary-clinton-campaign/
http://www.breitbart.com/tech/2016/06/08/julian-assange-says-google-directly-engaged-clinton-campaign/
Quelques liens de fond:
http://www.snopes.com/2016/07/27/donald-trump-absent-from-presidential-candidates-google-search/
http://www.usnews.com/opinion/articles/2014/06/09/how-googles-search-rankings-could-manipulate-elections-and-end-democracy
http://heatst.com/politics/googles-alleged-search-manipulation-for-hillary-clinton-poses-real-risks-to-fair-elections/
http://www.foxnews.com/tech/2016/07/28/google-search-connects-trumps-book-to-hitlers-mein-kampf.html
Mais aussi les sondages:
http://www.zerohedge.com/news/2016-07-30/clinton-lead-over-trump-surges-after-reuters-tweaks-poll
ou les médias sociaux:
http://observer.com/2016/08/tech-companies-apple-twitter-google-and-instagram-collude-to-defeat-trump/
http://www.zerohedge.com/news/2016-08-13/just-how-bad-social-media-bias-election
Enfin pour le fun: Schmidt déclarait au sujet de la vie privée qu’il fallait beaucoup plus de transparence et pas d’anonymat et qu’il doit y avoir un compromis entre vie privée et fonctionnalité. Mais il a banni les journalistes de CNET pendant un an pour avoir publié des informations personnelles le concernant … collectées par des recherches sur Google…
Article sympathique mais raisonnement faux.
En conclure qu’il suffit de faire du buz permettrait d’être élu, c’est stupide.
Ce n’est pas parce que les gens sont recherchés sur internet qu’ils sont élus, c’est un constat.
Je suis mouillé parce qu’il pleut mais il ne suffit pas de se mouiller pour qu’il pleuve.
Google Trends était le seul indicateur qui la dernière semaine précédant le vote, annonçait sans l’ombre d’un doute le Brexit. Quand tous les sondages croyaient que l’assassinat de la député avait inversé la tendance.
Testez vous même toutes les dernières élections que vous avez en tête, la corrélation est tellement établie que ce ne peut plus être du hasard.
Vous dites :
« Ce n’est pas parce que les gens sont recherchés sur internet qu’ils sont élus, c’est un constat. ».
J’aimerais bien savoir sur quoi vous basez votre « constat ». Vous avez des données qui m’auraient echappées ?
c’est amusant, certes, mais c’est surtout périlleux si vous vous aventurez à faire des prévisions là dessus, il n’y pas de causalité mais une idée de causalité..
et si vous devez faire des prévisions pourquoi ne pas se fier davantage à des sondages?
rigolo quoi..peut être robuste mais bien difficile à tester…sauf à faire des prévisions , alors qui sera élu, m^me mort, m^me retirant sa candidature au dernier moment?