Par Vladimir Vodarevski.
L’hypothèse du brexit suscite l’effroi de bien des pays. Oser vouloir quitter l’Europe, quelle idée. Cela ne peut venir que du Royaume-Uni. Pourtant, les Britanniques posent de bonnes questions, largement ignorées par le reste de l’Europe et tous ceux qui veulent les inciter à considérer leur initiative comme une aberration. Ce qui est en débat, c’est la gouvernance de l’Europe, et, plus encore, l’humanisme.
Les raisons du brexit
Pourquoi ce référendum sur la sortie du Royaume Uni de l’Europe ? Il y a la question de l’immigration, certes. Le Royaume Uni, quand les travaillistes étaient au pouvoir, a ouvert sans restriction les frontières aux ressortissant des pays de l’Est, nouvellement intégrés à l’Union. Ce qui a causé un afflux massif. Cependant, ce référendum ne se résume pas cette question.
Les Britanniques protestent aussi contre l’excès de réglementation européenne. Les petites entreprises estiment que ces réglementations favorisent les grosses, comme la multiplication des normes environnementales par exemple. Ou encore, quand l’Europe fixe des normes de tailles pour certains récipients. Est-ce vraiment son rôle ?
Et ce n’est pas seulement l’Union Européenne qui est critiquée pour son excès de normes. La Cour Européenne des Droits de l’Homme est elle aussi critiquée. Sa décision d’invalider la déchéance du droit de vote des prisonniers au Royaume-Uni a été mal vécue par les Britanniques. Tout comme sa décision d’invalider l’expulsion d’un demandeur d’asile qui avait renversé en voiture et laissé mourir une adolescente de 12 ans. Les Britanniques estiment que ce genre de décision ne relève pas des Droits de l’Homme mais d’un jury.
La concentration des pouvoirs
Les griefs britanniques illustrent la concentration des pouvoirs en Europe. Finalement, comme tous les aspects de la vie tendent à être normés (c’est-à-dire qu’une norme est définie, et non une règle générale comme par exemple le principe de non coercition), un groupe assez réduit de personnes décide de nos vies. La démocratie ne règle pas le problème. Un parlement ne représente que la plus forte minorité. Ensuite, un gouvernement dispose d’un appareil d’État capable d’influencer le peuple. Ne serait-ce que par le monopole de l’éducation. Les lobbys, tels que les ONG, ou des corporatismes, n’ont à influencer qu’un nombre réduit de personnes, pour qu’ensuite leurs vues soient imposées au peuple. Dans le cas de l’Union Européenne, le pouvoir apparaît encore plus lointain, addition des pouvoirs des gouvernements de chaque pays, à tel point que les technocrates de la Commission, qui assurent la permanence de la gouvernance, semblent avoir le pouvoir réel.
Il n’y a pas que les institutions issues de la démocratie. Il y a les Cours de Justice comme le montre l’exemple anglais : certaines décisions ne vont-elles pas au-delà de la justice, et ne tendent-elles pas à empiéter sur le domaine du législateur ? Il y a aussi les organismes supra-nationaux, comme le Comité de Bâle qui définit les critères prudentiels des banques ; et par extension de nombreux fonds d’investissement, qui déterminent au final l’orientation du financement de l’économie (voir par exemple l’article de Guillaume Nicoulaud : Bâle les défaillances du marché.) Richard North nous rappelle par ailleurs que de nombreux autres organismes supra-nationaux édictent des règles, que l’Union Européenne ne fait elle-même que répercuter (voir ici).
L’Europe et le monde semblent s’orienter vers une société big brother, dans laquelle finalement un petit groupe organise la vie de chacun. Ce sont des démocraties où finalement de petits groupes se disputent le pouvoir sur la population, des organismes supra-nationaux, ou même des juges qui peuvent dépasser leurs prérogatives. Au final, cela pose la question du contrôle, du débat (si ces organismes supra-nationaux se trompent, tout le monde est mal embarqué). Mais c’est aussi la question de l’humanisme, de cet idéal d’un être humain libre de sa vie et responsable. L’être humain devient de nos jours de plus en plus aliéné.
Finalement, le brexit effleure des questions très importantes, sur la gouvernance de l’Europe, du monde, et de la place de l’être humain dans la société. Mais ces questions sont largement ignorées.
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Sur le web
Très bon article, nous aurions besoin de plus de journaux qui posent les bonnes questions.
Voici une impertinence bien à propos ! Bravo à l’auteur.
Ceux d’entre nous qui suivent (de TRES près) les mécanismes internes d’organisations supra telles celles de l’U.E. et (pire?) du Conseil de l’Europe acquiesceront pleinement vos vues.
Leur forme distordue de « dynamique politique » (sic) est source d’effarantes lourdeurs législatives.
L’influence sournoise de dites « minorités » joue à plein d’effets de levier face à l’irresponsabilité d’une masse de gouvernants nationaux et supra.
Oui le anglais posent de bonnes questions.
Tandis que nos autruches continentales les perçoivent autant mais préfèrent hypocritement plonger leur tête dans le sable (mouvant).
De fait le gouvernement des minorités s’impose à tous les échelons: européen, national, et même local.
Sur ma commune, un élu écolo obsédé par une plante invasive a réussi à faire clôturer un espace pout y mettre des chèvres qui mangent ladite plante, le tout aux frais du contribuable. Évidemment la plante invasive en question ne s’étendra pas au-delà de la ligne Maginot communale…
Cet écolo a t’il tort de vouloir éradiquer cette plante envahissante?
@ Caillet : si ladite plante est ENVAHISSANTE, elle et ses semences n’ont pas de frontière! Donc, se cantonner au pré carré et la chèvre de la commune « verte » est un non sens…
Agir contre ces esspèces demanderait une action forte, à base de chimie bien dosée.
Mais ici, chuuuuut, pas de référence autre qu’une bonne soupe de jus d’orties ? :o[
Oui, c’est un peu bizarre cette catastrophe écologique qu’on maitrise avec 3 chèvres et une clôture.