Primaire à droite : derrière les belles paroles, quel programme ?

Les candidats à la primaire des Républicains rivalisent de programmes chocs : mais une fois élus, espérons qu’ils réalisent leurs promesses…

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Primaire à droite : derrière les belles paroles, quel programme ?

Publié le 26 mai 2016
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Par Philippe Bilger.

Alain Juppé
Alain Juppé By: The Official CTBTO PhotostreamCC BY 2.0

Pour la Primaire des Républicains, s’il n’y a pas de consensus sur les modalités de l’exercice du pouvoir dans les premiers mois pour les candidats sérieux – par exemple référendum ou ordonnances ? -, tous en revanche affichent la volonté de proposer un projet clair et détaillé qui, s’il est validé par le succès présidentiel, leur donnerait un mandat sans équivoque pour agir.

Nicolas Sarkozy « revendique de tout dire avant pour pouvoir tout faire après » (Le Figaro). L’ennui est qu’il avait formulé exactement le même engagement en 2007, et avec quel autre talent. La répétition d’une promesse qui n’a pas été tenue ne peut que faire douter de la suite.

Même si certains, dans leurs interventions ou dans leur livre, ont tenté d’être le plus précis possible en s’efforçant de couvrir l’ensemble des matières – je songe notamment à François Fillon et à Hervé Mariton -, ils ont cependant fait la part belle au social, à l’économie et aux finances publiques et ne se sont pas vraiment attardés sur la Justice, la sécurité et l’autorité de l’État.

Superficialité sur la Justice et la sécurité

Certes ils sont « forts en gueule », et donc superficiels dans ces derniers domaines mais je ne suis pas persuadé qu’ils aient de quoi rendre demain leur action aussi efficace que leur opposition pourrait le laisser croire. Le premier président de la Cour de cassation le déplore à juste titre. « On a beau chercher dans les différents horizons de l’action politique, la justice, bien qu’institution régalienne, ne suscite pas de projet d’ensemble » (Le Monde).

Songeons par exemple à Alain Juppé qui, dans trois livres, a donné sa vision de l’Éducation nationale, de l’État régalien et son programme économique et social. Les deux premiers, pour intéressants qu’ils soient, ne sont pas à ce point exhaustifs et bouleversants de nouveauté qu’ils puissent d’emblée être traduits en actes et en décisions. Seul le dernier complété par des entretiens substantiels avec le candidat paraît pouvoir servir de base à des réformes concrètes immédiates.

Il est incontestable que la prétention de « tout dire avant » est absurde parce que les candidats malgré les apparences ne s’intéressent pas à tout et n’ont pas, pour les sujets essentiels, de quoi élaborer une stratégie sans incertitude ni décalage.

Par conséquent il serait heureux que les campagnes présidentielles changent de style et accordent la sincérité sinon à la modestie, du moins à une lucidité ne présumant pas trop de l’avenir. On n’aura évidemment jamais une compétition qui avant l’heure cruciale tournera à une retenue prudente, à une estimation honnête de soi et de ses possibilités pratiques mais une tendance qui promettrait moins pour laisser le futur surprendre agréablement serait déjà bienvenue.

Moins de paroles trop sûres d’elles avant pour attirer le chaland mais plus de réalisations efficientes après.

Que feront-ils ?

Par exemple, pour ne prendre que cette controverse liée au désordre violent de ces dernières semaines, moins accabler Bernard Cazeneuve mais plus prendre la mesure de ce que pourrait être, à son tour, une certaine impuissance, déjà démontrée hier, de la droite face à l’indigne et à l’innommable. Cette interrogation nécessaire de l’intelligence : ferait-on mieux que lui ?

Tout dire avant pour, paraît-il, tout faire après ?

Cette présomption sur l’action présidentielle n’est pas moins insensée que l’arrogance qui la précède.

Le président de la République n’est pas un bon exemple. Il n’a tenu véritablement qu’une seule promesse du candidat : le mariage pour tous, et avec quels déchirements collectifs ! Pour le reste, son changement de casaque a surpris ses partisans et déstabilisé un temps ses adversaires qui n’en espéraient pas tant. Tout ce qu’il a trahi résultait plus de son libre choix que de la pesanteur de situations qu’il aurait ignorées lors de son élection. Ce hiatus est apparu intolérable parce que rien ne le laissait prévoir et ne l’imposait.

Mais, pour une présidence honnête et responsable, qui peut dénier l’obligation d’être au plus près des fluctuations d’un réel national et international, des crises fortuites, des équilibres rompus et de l’infinie diversité des malheurs ou des avancées du monde ?

Il me semble donc qu’un président de la République a pour mission à la fois de respecter son mandat, pour peu que celui-ci soit composé d’orientations simples et sans équivoque, et d’adapter sa stratégie et sa vision à l’inventivité de ce que sa charge l’oblige à subir et à maîtriser. Un gouffre entre le candidat et le président : c’est un mensonge. Une totale adhésion aux engagements passés et dépassés : c’est une stagnation, une bêtise. Une part de fidélité et une part d’empirisme : c’est une intelligence.

Face à ce risque constant, pour un président, de favoriser un pragmatisme purement opportuniste ou de s’arc-bouter sur un socle désaccordé avec aujourd’hui, une idée de Bruno Le Maire mériterait d’être examinée avec intérêt. Il souhaiterait la mise en place, au côté du président de la République, « d’une équipe dont la seule vocation sera de vérifier l’application stricte et rigoureuse de ce contrat de mandat » (Journal du Dimanche). Cette présence serait opportune dans tous les cas. Comme un observatoire attentif et objectif. Le bilan serait vite fait à l’issue du quinquennat.

Il ne faut pas, on ne peut pas, tout dire avant.

Tout faire après ?

Ce serait déjà bien de restaurer l’autorité de l’État, de maintenir l’indépendance de la Justice, de faire baisser le chômage et de véritablement rassembler le pays. Pas une mince affaire !

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  • Croire que les réformes proposées par les uns et les autres aient une chance d’être appliquées relève de la méthode Coué.

    Le probleme de notre pays, et plus généralement des grandes organisations, vient du processus de prise de decision, puis du processus d’application.

    Sur l’actualité du moment, je trouve fort regrettable que PERSONNE n’évoque l’étude d’impact de cette loi travail… Alors qu’elle devrait être au coeurs des débats houleux, entre les partisans de la loi, ses opposants, ceux qui disent qu’elle ne sert à rien…
    N’est ce pas là le problème majeur de notre méthode de gouvernement.( droite et gauche confondue)

    Aucun candidat ne propose une autre méthode : l’expérimentation…

    Imaginons. Une branche d’activité, ou une région, décidant d’appliquer le code du travail « SUISSE » par exemple… le contrat à heures britannique, ou les job à 1€/h allemand… Ou la fin du paritarisme avec le versement du salaire complet et autre innovation ..
    Et voyons ce qui se passe… Avec une loi qui serait alors écrite par les acteurs concernés… Et non par des élites hors sols imbues de leurs suffisances ( Je les soupçonne même de croire en leur sincèrité quand ils disent Å“uvrer pour le bien )

    Bref, aucun candidat de droite ne propose la seule réforme qui vaille : l’arrêt total du délire législatif parisien, au profit d’une responsabilisation maximum du plus petit echelon de décision : l’individu, l’entreprise, la municipalité …

    • Il me semble que Fillon évoque ce type d’expérimentation sans être aussi précis que vous l’êtes.

    • «  » au profit d’une responsabilisation maximum du plus petit échelon de décision : l’individu, l’entreprise, la municipalité … «  » Et abandonner 250 ans de jacobinisme ? Impensable ! Il est un système de gouvernement qui et pire que tout autre (pour nos « élites ») et c’est la démocratie directe, chaque fois évacuée par un : inapplicable à notre pays ! définitif.

      • @ Philvar

        Oui, je suis d’accord avec vous. Même si c’est le principe de la Vième république (exclusivement « coupée » suivant les mensurations de Ch.De Gaulle qui, pour finir, osait décider seul; G.Pompidou n’a pas essayé de revêtir ce costume qui n’alla plus à aucun dans la suite).

        Donc il faut bien se rendre compte que votre régime présidentiel-monarchique (nostalgique?) provisoire et plus ou moins démocratique, est dépassé! L’importance excessive de l’élection présidentielle montre bien l’attente aussi excessive qu’utopique de l’homme ou la femme providentiel(le).

        Il est temps de refaire confiance aux gens d’en-bas, à tous ceux qu’on voit actifs dans ce trésor que sont vos incroyables associations de « loi 1901 » qui maillent toute la France. Ceux-là ont l’expérience de ce qu’ils ont essayé: en ne partant que de leur bonne volonté, ils ont révélé (ou pas) les compétences de chacun: ce sont ainsi des milliers de « laboratoires » qui ont fonctionné par « essai et erreur »: qui en tient compte? Pas « l’état », en tout cas, dont, en fait, ils compensent les carences!

        Évidemment, ces gens ne défendaient ni un parti ni trop d’ambitions personnelles! Mais quand un maire a 20 ans de carrière alors que ce n’est pas son métier, c’est quand même qu’il est légitime, lui qui connait ceux dont il se sent responsable et qu’il a fini par aimer, évidemment!

        Ce serait une révolution pacifique et intelligente, dans l’idée que s’en fait un Alexandre Jardin, « l’écrivain », ACTIF dans ce genre de solutions! Ce n’est pas un « intellectuel », au sens parisien, juste un gars intelligent, tellement plus efficace et candidat à rien!

    • Tout libéral que je sois, je peux tout de suite vous expliquer à quoi mènerait une politique de 1€/h ou des contrats à heure.
      On est sortis depuis longtemps de la lutte des classes, mais de l’esclavage aussi.

  • J’ajouterai que mettre nos espoirs qu’enfin cela change dans un Juppé de 77 ans repris de justice et qui en connait un rayon dans le blocage du pays… À un Sarkozy qui promet exactement la même chose que ce qu’il n’a pas fait en 2007-2012 ( et avant)… A un Fillon lui aussi totalement amnésique….
    A à LEMAIRE prometteur jusqu’à ce qu’il s’use déjà à vouloir plaire à tous le monde…

    A un MAriton sans doute le plus en rupture , mais la liberté économique associé à l’obscurantisme sociétal… J’y crois pas trop…

    J’ai une admiration sans faille pour l’incroyable culot de Copé ou Morano…

    Pitié… Le pays à besoin de solutions… D’honnêteté.. D’intégrité…

    • jai entendu hier soir à une réunion de nous citoyens à Montrouge : le référendum d’initiative populaire et effectivement c’est la solution à tous nos maux c’est la soupape de la cocotte minute car les bonnes idées s’exprimeront et chacun d’entre nous pourra voter pour ou contre en son âme et conscience

      • La solution à tous nos maux ? C’est une petite part de la solution. Un moyen de contrôler mieux les politiciens, de court circuiter les mafias syndicales et bureaucratiques, mais pas un moyen de s’extirper de la tyrannie de la majorité

  • une miss France est élue grâce a son charme et quelques appuis bien placés, un président n’est rien d’autre qu’une miss France alors il ne faut pas s’attendre a des propositions inacceptables par les électeurs et surtout ceux faisant l’opinion .
    il y en a t il un proposant de reformer les médias , les syndicats ou la responsabilisation de la fonction publique…non il s’occupe de convaincre le peuple que cela ira mieux demain ..pour eux c’est certain , une miss France a une vie de rêve durant un an, pour nous , c’est aussi certain qu’ils nous mèneront en enfer fiscal

  • Pourquoi se fatiguer à proposer un programme sans intérêt ? Il suffit d’attendre le ras-de-bol du hollandisme ! Mais comme la seule solution sérieuse à la situation économique de la France se trouve chez Mélanchon ou Marine, il faut quand même jouer tant que faire se peut sur la crainte d’une éventuelle dictature…. alors que nous sommes déjà en plein dedans !!!

  • Le candidat qui s’engagera à mettre en oeuvre toutes les mesures dont ce pays a besoin, a-t-il la moindre chance d’être présent au second tour ? Dire la vérité aux français c’est ouvrir des boulevards aux extrêmes-gauche et droite, aux frondeurs de tous bords, aux Poujade, Cheminade et autres démagogues. Pour ne pas se faire « jospiniser », Hollande après un début de campagne prometteur – priorité à l’offre – a cru bon déclarer que la finance était son ennemi. Au lieu de renier cette déclaration le lendemain de son élection, il a préféré attendre le retournement d’un cycle et du grain à moudre pour ébaucher quelques réformes qui demandent plus qu’un quinquennat pour commencer à porter leurs fruits ! La seule chose que l’on peut reprocher à tous les candidats à la présidentielle, c’est de feindre d’ignorer que ce pays est ingouvernable ?

    • Il est amusant de constater qu’un Fr.Hollande, catastrophique (< 20% dans les sondages) ou un N.Sarkozy, tricheur, menteur et loser, soient encore dans la course: ces gens ne doutent de rien!

      Attendez! Votre président a du pouvoir! Il reste un "vrai monarque" parmi les monarchies et autres républiques européennes occidentales où le chef de l'état est neutre politiquement!

      Ça fait moins démocratique, évidemment, et on a peine à croire qu'un secrétaire de parti devienne subitement président de TOUS les Français! Inamovible, qui plus est!

      Partout ailleurs, si le gouvernement n'a plus la confiance du parlement, il démissionne mais le chef de l'état reste en place!

      Alors, forcément, puisqu'il intervient, il est coupable de tout! Il n'y a donc que le prestige et les conditions matérielles du poste qui pourrait attirer quelqu'un de normal! Un type intelligent ne s'engagerait jamais là-dedans! Surtout maintenant!

  • Tout dire avant pour être légitime et agir vite, dans la dynamique de l’élection.
    Telle est la recette pour éviter les blocages corporatistes les plus puissants, le « tout dire avant » porte donc sur le programme socio-économique dont l’essentiel devra être engagé dans les 6 mois suivant l’élection présidentielle.
    Une fois l’urgent traité, notre économie remise sur de bons rails, il nous restera assez de temps pour aborder sereinement les domaines de la Justice, de la sécurité et des autres questions sociétales.

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