Par Alain Goetzmann.
Si le management est un art et une discipline, sa maîtrise requiert un engagement beaucoup plus important que le simple exercice quotidien de son activité, même accompagné d’une grande conscience professionnelle. Au-delà de la technique pure, dont la possession est un postulat, il est indispensable de cultiver ses talents, car, contrairement à ce que pense une majorité de gens, le talent n’est pas inné, il s’acquiert par le travail et par l’effort.
Chaque année, par exemple, Mark Zuckerberg, le fondateur et PDG de Facebook, se lance un défi personnel, qu’il rend public sur son réseau, afin d’être sûr de ne pas se laisser aller à y renoncer. L’an dernier, il s’était fixé pour objectif la lecture de deux livres par mois ; il y a deux ans, il avait relevé le challenge de rencontrer une nouvelle personne chaque jour ; auparavant, il avait consacré un an à apprendre le mandarin. Pour 2016, il s’est attelé à la construction d’un assistant virtuel utilisant l’intelligence artificielle pour l’aider, tant dans ses activités domestiques que professionnelles. Sa fortune personnelle est estimée à 35,7 milliards de dollars. Il pourrait, à 32 ans, mener une vie de rentier, s’acheter un yacht et faire le tour du monde ou vivre au gré de sa fantaisie. Or, non seulement il exerce les fonctions de PDG d’une des plus grandes entreprises de la nouvelle économie, mais il s’astreint aussi à une discipline de vie quotidienne, afin de devenir meilleur en tant qu’homme et comme dirigeant d’entreprise.
Cette culture du développement personnel, fortement installée aux USA, gagne peu à peu l’Europe. L’investissement individuel dans la formation continue, l’auto-instruction et l’affermissement de son caractère sont aujourd’hui considérés comme des facteurs essentiels de progrès individuels, de réalisation personnelle et de réussite professionnelle.
C’est le dur chemin vers la maîtrise. Ceux qui réussiront demain sont ceux qui auront décidé d’investir fortement dans leur meilleur actif : eux-mêmes, par l’apprentissage de nouvelles techniques et l’approfondissement de leurs connaissances. Ceux-là acquerront le talent, signature des maîtres. Bien sûr, c’est un engagement de chaque instant, l’exercice d’une discipline quotidienne et un défi permanent, mais c’est la marque de tous les grands leaders.
Un exemple encore, dans un tout autre domaine. Interpellé par une admiratrice qui lui lançait, à l’issue d’un concert : « Maître, je donnerais ma vie pour jouer comme vous », Isaac Stern, l’immense et illustre violoniste lui répliqua, cinglant : « Mais Madame, c’est exactement ce que je fais depuis plus de cinquante ans ».
Si ceux qui, par leur talent, ont acquis richesse et notoriété mondiale, se donnent encore la peine de fournir, chaque jour, les efforts nécessaires pour poursuivre leur route sur les sommets, n’est-ce pas, pour tous ceux qui y prétendent, l’exemple à suivre avec ardeur et volonté ?
Le talent s’acquiert. En bossant fort, je peux donc devenir Mozart ou Einstein ? Evidemment non. Méfions-nous de ces vérités assénées par des vendeurs.
Parce qu’il y a n’y a que Einstein qui a du talent?
Non vous ne serez pas comme lui ou Mozart. Ça ne veut pas dire que vous ne serez pas très talentueux.
On ne peut pas tous être astronotes et c’est tant mieux, on peut être un boulanger extraordinaire ou un excellent ingénieur. Mais il faut du taff, des couilles, de la patience et de la passion.