Par Mathieu Bédard.
Un article de l’Institut économique de Montréal
Les Britanniques se prononceront sur la sortie de l’Union européenne lors d’un référendum le 23 juin prochain. En attendant cette date, les débats font rage en Grande-Bretagne. Bien que les institutions démocratiques européennes soient aussi critiquées, les débats pour ou contre le Brexit sont majoritairement de nature économique. En particulier, la question de la réglementation économique provenant de l’Union européenne et la question du libre-échange sont beaucoup discutées.
Je n’essaierai pas de trancher entre le pour et le contre du Brexit. N’étant ni un sujet britannique, ni européen, ce n’est pas mon rôle. Mais étant économiste, ayant vécu plus d’une décennie en Europe, et ayant parfois travaillé ou fait du bénévolat pour des organisations non gouvernementales européennes, je ne peux m’empêcher d’être intéressé par ce débat. Voici donc comment les deux camps perçoivent deux questions cruciales dans ce débat : la réglementation et le libre-échange.
Le problème de la réglementation de l’Union européenne
Ceux qui veulent que la Grande-Bretagne quitte l’Union européenne prétendent que celle-ci est la source de trop de réglementation économique, qui étouffe l’économie. En effet, lorsqu’elle est trop importante ou malavisée, sa réglementation devient un frein à la croissance et à l’entrepreneuriat. C’est, de façon assez révélatrice, un fait qui n’est généralement pas contesté par ceux qui sont opposés à la sortie de la Grande-Bretagne. La politique agricole commune et le droit de la concurrence, pour ne nommer que deux domaines où la réglementation européenne est trop agressive, sont autant de freins à la croissance économique.
Un exemple de cette surréglementation économique est la fameuse «loi sur les bananes courbées». En effet, une loi de 1994 interdisait les fruits et légumes «anormalement incurvés». Cette directive européenne a parfois été caricaturée comme dictant la courbure réglementaire que les bananes doivent avoir. Bien qu’il ne soit pas clair qu’une quelconque banane ait été interdite d’entrée sur le territoire européen à cause d’une courbure trop prononcée, la réglementation a bel et bien temporairement interdit la vente de concombres courbes et de carottes noueuses, des légumes qu’on trouve traditionnellement au marché sans que les consommateurs s’en plaignent. Cette réglementation et ses effets ont peut-être été exagérés par les opposants à l’Union européenne, mais elle reste emblématique de la façon dont l’organisation supranationale émet des directives dans des dossiers sur lesquels la réglementation n’est ni nécessaire, ni souhaitable.
L’espace de libre-échange européen
Un autre point du débat économique entre ceux qui veulent que la Grande-Bretagne quitte l’Europe et ceux qui veulent qu’elle y reste concerne l’espace de libre-échange européen. Actuellement, au sein de l’Europe, pour l’écrasante majorité des biens, il n’y a pas de frais d’importation ou de douane. Même s’il subsiste plusieurs métiers réglementés qui limitent les migrations, les personnes peuvent circuler assez librement et aller vivre et travailler d’un pays européen à l’autre sans formalités administratives démesurées.
Les économistes s’entendent pour dire que la libre-circulation des biens, des services et des personnes est une bonne chose, et qu’elle a profité autant à l’Europe qu’à la Grande-Bretagne. Elle permet aux consommateurs d’obtenir de meilleurs prix, rend les entreprises plus efficaces et permet aux personnes de vivre de la façon et à l’endroit qu’elles préfèrent.
Toutefois, ceux qui voudraient quitter et ceux qui voudraient rester dans l’Union européenne sont en désaccord sur la façon d’élargir et approfondir cet espace de libre-échange. Ceux qui voudraient voir la Grande-Bretagne rompre ses liens avec l’Union européenne soulignent que le libre-échange n’a pas besoin d’une organisation supranationale : il nécessite seulement qu’on supprime les barrières existantes ou qu’on n’en n’érige pas de nouvelles. Selon cette opinion, si la Grande-Bretagne devait quitter l’Union européenne, elle n’aurait qu’à déclarer unilatéralement le libre-échange, ou négocier un traité comme celui en voie d’être ratifié entre le Canada et l’Union européenne.
À cela, ceux qui veulent que la Grande-Bretagne continue de faire partie de l’Union européenne répondent que même sans organisation supranationale, et bien que l’Europe ait connu une certaine époque de libre-échange, l’histoire a beaucoup plus penché du côté du protectionnisme. Cela signifie que si la Grande-Bretagne devait quitter l’Union européenne, même si certains accords de libre-échange arrivaient à être conclus, jamais les échanges ne seraient aussi libres qu’ils ne le sont actuellement.
Quoi qu’on pense du Brexit, le débat économique auquel il donne lieu est passionnant.
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L’écrasement, l’humiliation des nations et de la démocratie n’est pas « essentiellement économique ».
« pour l’écrasante majorité des biens, il n’y a pas de frais d’importation ou de douane. »
fantastique …les importateurs et exportateurs de biens sont très heureux de récupérer les taxes anciennement perçues par les états.
en effet l’UE est bonne pour l’économie , moins bonne pour les habitants devant payer les impôts supplémentaires alors que les biens n’ont pas changé de prix , ni les chômeurs ..en fait , heureusement qu’un referendum n’engage pas les politiques sinon l’UE aurait disparue depuis longtemps
« en effet l’UE est bonne pour l’économie , moins bonne pour les habitants »
Le plus grand tour de magie des collectivistes, avoir fait passé le marché comme une abstraction déconnectée des individus et l’Etat comme l’incarnation de la volonté populaire.