Il faut en finir avec l’expression « révolution culturelle »

Il y a 50 ans, Mao Tse Toung conduisait la Grande révolution culturelle en Chine, occasionnant l’une des plus grosses catastrophes humaines du XXe siècle. Peut-être serait-il temps d’abandonner l’expression « révolution culturelle » à sa triste histoire…

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Il faut en finir avec l’expression « révolution culturelle »

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 3 juin 2016
- A +

Par Nicolas Lecaussin.
Un article de l’IREF-Europe

Mao
Mao By: Ged CarrollCC BY 2.0

Lancée par Mao il y a 50 ans, en mai 1966, la Grande Révolution culturelle est devenue rapidement à l’époque un modèle pour une très grande partie de l’intelligentsia occidentale, en particulier française, et aussi pour les étudiants. On a appris par la suite que cette « révolution » déboucha sur des millions de morts et sur une terrible catastrophe économique. Celui qui dénonça ce drame fut le sinologue Simon Leys dans un ouvrage intitulé Les habits neufs du président Mao, paru en septembre 1971.

Dans le langage courant

Ce qui étonne le plus encore aujourd’hui c’est que, malgré l’évidence des faits concernant cette effrayante tragédie perpétrée par le tyran Mao, le plus grand criminel de l’histoire en nombre de morts, l’expression « révolution culturelle » est entrée dans le langage courant, en France surtout, et on la voit utilisée avec une régularité déconcertante. Tout est une « révolution culturelle », qu’il s’agisse des changements au sein d’une entreprise, des modifications d’un menu à la cantine scolaire ou d’une modification tactique faite par un entraîneur de football. La banalisation de cette expression prouve qu’on n’a pas toujours tiré les leçons du passé.

D’ailleurs, lorsque j’ai rencontré au milieu des années 1990 Philippe Sollers, un autre grand admirateur de cette « révolution », il m’avait expliqué son maoïsme comme étant de la… « poésie ». Mais c’est encore Simon Leys — qu’il faudrait lire et relire — qui explique le mieux cet aveuglement : « Le maoïsme occidental est terriblement, effroyablement suspect : c’est un caprice de riches, un luxe » (« Quand vous viendrez me voir aux antipodes. Lettres à Pierre Boncenne », Éditions Philippe Rey, 2015). Cette « mondanité criminelle » se perpétue à travers la formule « révolution culturelle ». Sa disparition du langage courant signifierait peut-être le début d’une vraie période de réformes en France.

Sur le web

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  • C’est en substance ce que je j’ai écrit dans mon post sous l’article
    « Le fantôme de la Révolution culturelle en Chine » de Sud-Ouest.fr du 31 mai dernier :

    Plutôt que « Révolution culturelle », expression « langue de bois » (novlangue de George Orwell), employer « Guerre civile » lancée par Mao dans le seul but de conserver le pouvoir qui était en train de lui échapper… 

    C’est plus clair ainsi.
    
Et ce fut la triste – le mot est faible – réalité.

    http://www.sudouest.fr/2016/05/31/le-fantome-de-la-revolution-culturelle-2381749-4585.php

    La gauche française antifasciste proclamée n’est pas pour autant anti-totalitaire.

  • Au contraire, ça permet de garder à l’esprit les conséquences potentielles de tous ces changements décidés d’en haut pour des motifs « idéologiques » — c’est à dire au détriment des idées et de la logique individuelles.

  • je comprends.

    alors que, dans le même esprit, personne n’oserait utiliser le terme de « solution finale » pour mettre fin à un problème.

  • Hitler a tout copié.
    Tant que le procès de Nuremberg du communisme n’aura pas eu lieu, il sera difficile de faire admettre aux nostalgiques de ce régime qu’Hitler s’est largement inspiré des méthodes développées par les communistes en URSS avant lui pour verrouiller le pouvoir et tenir le peuple. Parti unique, purges internes, propagande généralisée, massacres de masse, camps de « travail », culte de la personnalité du chef, etc. etc. Il a juste remplacé la haine de classe par la haine de race…

    • En France, le socialo-communo-marxisme a tout envahi, les formateurs (Alain Badiou pour ne citer que lui, tellement il est symptomatique), les corps intermédiaires, les entreprises publiques, une partie des patrons, … La tête des « gens de la rue » en est pleine, même sans le savoir!
      ces idées « gauchistes » sont littéralement mixées et ont été confondues depuis le plus jeune âge avec l’empathie ou l’intérêt qu’on prête à autrui ou à la diversité. C’est sans doute la raison pour laquelle des centaines de gentils, donc socialistes, sont soit disant écologistes.
      On imagine la contradiction énorme qu’il y a entre une économie planifiée mono ou bi sectorielle avec la diversité du vivant.
      Je pense qu’en France, étant donné le bourrage de crâne des grands et l’endoctrinement des petits de maternelle, il faudrait plonger pendant 6 mois ces gentils socialisant dans un vrai monde socialiste, mais c’est impossible.
      C’est peut-être la volonté de M. Hollande finalement, pour nous rendre service collectivement: dérive autoritaire du pouvoir, définition des bien-pensants et mal-pensants, justice à plusieurs vitesses idéologiques souvent gauchiste et décomplexée, médias aux ordres, expropriation par les taxes de la population opposante, mise à l’écart des mal pensants, censure, police arbitraire aux ordres du pouvoir gouvernemental et non celui des codes, corruption à tous les niveaux avec pour principal levier les subventions publiques.

  • Simon Leys explique très bien que « le grand bond en avant », « la campagne des cents fleurs » et enfin la « révolution culturelle » sont à chaque fois des coups d’état de Mao pour se réapproprier le pouvoir dont les réalités et des gens infiniment plus compétents l’avaient écarté (Lin Biao, Deng Xiao Ping, Zhou En Lai,…)

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