Le long sanglot des maires de France

Le congrès des maires de France s’ouvre sur des pleurs : l’État réduit les dotations des communes et l’Union Européenne veut réduire leur train de vie. Et s’ils essayaient déjà d’endiguer l’explosion des dépenses des communes ?

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Le long sanglot des maires de France

Publié le 3 juin 2016
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Par Éric Verhaeghe.

Mairie France
Crédits : Ron de Boom, CC-BY-NC-SA 2.0

L’ouverture du congrès annuel des maires de France, dont l’association est présidée par le chiraquien François Baroin, a donné lieu à un concert de pleurnicheries insupportables, dignes d’un enterrement sicilien ou mauresque et qui vous ferait passer la mort de Sardanapale pour un spectacle de Disney. En chœur, tous ces maires regrettent la baisse des dotations de l’État et accusent l’Union Européenne d’être responsable de cet appauvrissement. On a cru rêver en lisant la longue énumération des plaintes jaculatoires qui ont occupé la journée.

Un petit redressement des réalités s’imposait.

Des recrutements en veux-tu en voilà !

Les maires de France évitent bien entendu d’expliquer le revers de la médaille : leurs recrutements colossaux et mal gérés qui conduisent, depuis plusieurs années, à augmenter sans fin la part de la masse salariale dans les dépenses totales des collectivités. En 2009, les salaires des fonctionnaires représentaient 29% des dépenses. En 2015, cette part est passée à 33%, soit une hausse de près de 15% en six ans (de 67 à 80 milliards d’euros).

Une productivité du fonctionnaire laissée en jachère

À quoi servent ces recrutements incessants ? Les maires adorent affirmer qu’ils sont dus aux transferts de charge imposés par l’État. Toutefois, le rapport Laurent a récemment souligné l’absence de mesure du temps de travail réel dans la fonction publique. En réalité, les maires sont incapables de dire combien de temps travaillent exactement les fonctionnaires qu’ils recrutent.

Le rapport Laurent évoque notamment le cas d’une employée d’une petite commune qui travaille environ deux semaines de moins que la durée annuelle réglementaire :

Source: rapport Laurent
Source: rapport Laurent

Il ne serait peut-être pas inutile que les maires commencent par manager leurs services et exigent de leurs fonctionnaires qu’ils travaillent au moins autant que la durée légale ne le prévoit… La baisse des dotations deviendrait sans doute un peu moins douloureuse.

Dans le cas cité ci-dessus, elle permettrait de baisser la masse salariale d’environ 5%, soit 4 milliards d’euros si l’on extrapole à l’ensemble de la fonction publique territoriale.

Une profusion d’intercommunalités

maires de France rené le honzecSi les maires ont beaucoup recruté ces dernières années, ils ont eu une bonne raison pour le faire : ils ont multiplié les strates d’administration dans leurs territoires, créant autant de nouvelles instances où des fonctionnaires sont indispensables pour rédiger des milliers de papiers, de formulaires, de notes, de réglementations absconses.

Au 1er janvier 2014, la France ne comptait pas seulement 36.000 communes. Elle s’était aussi dotée de 12.159 établissements publics de coopération intercommunale, tous plus complexes les uns que les autres (certains avec une fiscalité propre, d’autres non). Autrement dit, pour trois communes, la France compte une intercommunalité qui les chapeaute. Cette folie est la première explication de l’explosion des dépenses communales en France.

Le refus obstiné de la fusion a un prix

Le bon sens consisterait bien entendu à aligner la France sur les pratiques de ses grands voisins industrialisés, qui ont tous fortement diminué le nombre de leurs communes (400 en Grande-Bretagne, par exemple). Mais cette solution de bon sens, qui permet de diminuer fortement les coûts en mutualisant les services, revient à une dépossession des élus. Comment ? Moins d’élus en France ? Quelle horreur !

La résistance farouche des élus à cette option de bon sens s’explique par la sempiternelle résistance des élites françaises au changement et à la perte de leurs privilèges.

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  • Gérer les fonctionnaires de communes est compliqué. Si vous leur demandez de travailler, vous avez les syndicats sur le dos.
    Ne pas oublier qu’une bonne partie est là pour profiter de la manne publique, pas pour bosser 😉

  • Parfaitement d’accord. Merci Eric Verhaeghe. Le bon sens consiste en effet à s’attaquer à la couche du millefeuille qui comporte le de matière. Au lieu de fusionner des régions ou faire mine de supprimer les départements, il faut s’occuper des communes. Avec 70 millions d’habitants et 36000 communes, leur taille moyenne est de moins de 2000 habitants. Si on retire les grandes métropoles, la moyenne est encore plus basse. Des dizaines de milliers de communes minuscules n’ont tout simplement pas les moyens matériels de faire face à lers responsabilités. Leur regroupement est une évidence. Nos voisins l’ont déjà fait.

    • Ce n’est pas si évident car les élus tiennent à leurs postes, et les citoyens aiment l’image du maire plus que celui du dirigeant de l’interco. Comprenez : C’est pas lui qui célèbre les mariages et qui dispose du journal de propagande de la mairie.

      • tigrou777: « et les citoyens aiment l’image du maire »

        Les citoyens savent surtout que le maire du village est une pompe-à-fric-des-autres.

        • @ llmryn

          Vous n’êtes pas un peu sévère, là?

          Il y a des maires qui sont reconduits dans leurs fonctions pendant des dizaines d’années, sans autre ambition politique et même sans appartenir à un parti, accumulant un capital de sympathie (mais aussi de connaissances de leur commune, de son histoire quotidienne et de ses habitants, et probablement de leurs correspondants dans les administrations dont le village dépend) qui n’est pas dû au hasard et c’est sans doute d’autant plus fréquent que la municipalité est petite, là où tout le monde se connait et où sa rémunération est de +/- 650 €, brut, mensuelle, alors qu’on l’appelle pour tout et pour rien!

          Il y a encore des Françaises et des Français qui ne sont pas des obsédés du pognon: j’en ai connus. Si si! Je vous assure!
          Et il y a une solidarité réelle dans les villages (comme des haines « historiques », je vous l’accorde)

            • Plus précisément, l’ancien maire du village était de la trempe que vous mentionnez, un ancien paysan du coin avec la tête sur les épaules.
              Il s’est fait battre par un parvenu adossé aux socialistes et au écolos qui a décuplé la dette de la commune qui est une des plus endettée de france maintenant. Il a promis monts et merveilles et a engagé les 12 travaux d’hercule pour une commune de 2000 habitants.

              Il ne sera tenu responsable de rien, le système lui a donné un chèque en blanc, il aurait été bien bête de ne pas en profiter surtout que c’est en dépensant l’argent-des-autres qu’il s’est payé son élection.

              Un système qui rétribue les coupables et puni les vertueux est mort.

              • Tout à fait exact ! J’ai été conseiller municipal dans une commune de moins 2.000 habitants dont le maire (non-encarté) était un modèle de pragmatisme et de vertu au niveau budgétaire : plus bas taux d’imposition du département, gestion des foretages en bon père de famille, limitation drastique de l’endettement et perception de seulement 50% de l’indemnité légale pour lui et ses adjoints. Bref un maire soucieux des deniers de ses administrés malgré le temps que cela lui prenait, plus qu’un temps plein ! Il faut reconnaître qu’il était retraité d’une grande boîte internationale et pouvait donc se permettre de ne pas percevoir l’intégralité de ses indemnités mais combien sont dans son cas et les touchent quand même ?
                La vertu budgétaire de cet homme n’empêchait malheureusement pas certains arrangements « entre amis » avec ses collègues tant le système électif français et la fameuse démocratie locale sont vérolés en profondeur (ce qui m’a incité à quitter mon mandat au bout de 3 ans, écœuré).
                Aux dernières élections, il ne s’est pas représenté compte tenu de son âge et a donc été remplacé par une grande gueule locale qui a promis tout et son contraire, n’avait pas la moindre idée du fonctionnement d’une mairie et encore moins d’un dossier de subvention. Par contre, il n’a pas oublié de prendre la totalité des indemnités légales puisque, je cite, « il y a droit ! ».
                Autant dire que la commune, que j’ai quitté depuis, va on ne peut mieux avec la bande de bras cassés qui est à sa tête !

      • @tigrou777: exact, les élus sont contents d’être élus (ah le prestige du maire de Champignac…) et les citoyens se tournent vers leur bon maire à la moindre contrariété. Il y a du boulot pour changer les mentalités. Je pense que ce changement ne viendra pas de la base. C’est au niveau national que la pression doit monter pour inciter les petites communes à fusionner. J’insiste: fusionner. Il y a déjà des incitations à se regrouper, mais l’intercommunalité ne fait qu’ajouter de la complexité, donc des coûts et de la confusion pour tout le monde (élus, agents publics et citoyens).

        • Il y a encore quelques mois j’aurais tenu le même discours …
          Pourtant, je pense que 36.000 n’est pas trop, il faut garder les maires au plus près de leurs administrés. De mon point de vue, il est beaucoup plus facile de « suivre » la folie dépensière des maires quand les dépenses concernées vous touchent au plus près.
          Ce qui manque, c’est de la vigilance/l’implication de chaque citoyen.

          • Sdw: « il est beaucoup plus facile de « suivre » la folie dépensière des maires quand les dépenses concernées vous touchent au plus près. »

            Absolument pas et la réalité du surendettement des communes en est la preuve. (cf mon message plus haut sur mon village)

            Dans mon village c’est une petite coterie d’activistes « écolo-bobo » qui se tient les coudes et s’occupe de réduire au silence patiemment toute opposition.
            Face à cela, soit vous laissez tomber votre boulot, vos enfants et partez en guerre tel Conan ou Moïse sur le mont Sinaï sachant qu’ils peuvent vous faire sacrément ch… et que les autres habitants n’ont pas plus que vous le temps ni l’envie de partir en guerre, soit vous laissez tomber comme tout le monde.

            Vous trouverez peu de monde pour aller contre le fait que le Maire refait complètement le village en faisant des dettes: « l’état paiera ». VOUS n’avez rien à gagner de cette guerre à part des trous dans l’estomac.

            Si le budget était voté démocratiquement, à bulletin secret ce serait une autre paire de manche, vous pourriez critiquer la gestion du village et obtenir un résultat.

            Sans cela les 36’000 communes sont une énorme pompe-à-fric-gratuit-des-autres.

    • la seule chose qui me gêne toujours est quand de celui qui décide n’est pas celui qui paye, alors donc le problème c’est d’abord la dette, la dotation de l’etat…pour le reste…

  • il ne serait pas innutile de la part des mères de césser la pratique  » du copinage  » ; créer des postes pour embaucher le père de la fille d’un tel , ou la tante de la femme de tel autre…. de même les petites réceptions petits fours champagne , qu’ils paient donc avec leur argent pas celui des contribuables ; il y a un énorme gachis du fric des autres à tout les niveaux politiques dans ce pays et quand il n’y a plus d’argent , tout ce petit monde vient quémander à l’état , donc nous , pour remplir des caisses qu’ils sont apparement incapables de gérer correctement ; ça devient lassant ;

  • Qui est responsable et coupable de l’organisation administrative calamiteuse de la France ? Qui était au pouvoir en 1982/1983 lorsqu’a été mise en place la « loi décentralisation », puis la réforme constitutionnelle de 2003, puis encore « la nouvelle loi décentralisation » de 2010 ? Ces lois ont créé de véritables duchés et marquisats. La création de ce qui est devenu un millefeuille administratif, en raison de l’ajout de couches successives, n’était pas nécessaire, mais elle a permis et permet dans le même temps de créer des ducs et des marquis qui se comportent comme tels sur les territoires qu’ils ont à gérer. L’argent qui tombe dans la caisse de ces collectivités publiques, on l’appelle « l’argent public », alors que l’on devrait l’appeler « l’argent du peuple » pour bien rappeler à ces potentats locaux (et nationaux, au demeurant) qu’ils doivent les utiliser exclusivement pour le peuple au nom du peuple. Actuellement, c’est la gabegie, les malversations et les désordres financiers parce que les élus de tous niveaux ont perdu le sens du civisme et ne sont ni pénalement ni civilement responsables et coupables. Ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent, il ne leur arrivera rien … sauf peut être et au plus à être remercier par le peuple lorsque celui-ci en a vraiment marre !

    • @ delor

      « (les élus) ne sont ni pénalement ni civilement responsables et coupables »

      N’est-ce pas ça qui a changé, ces dernières années: pour exemple, je me souviens des inondations (avec décès) du côté de La Faute sur Mer, en Vendée, où le maire justement, avait vu sa responsabilité personnelle engagée par ses permis de construire en zone inondable. (Je ne connais pas les suites.) Il s’agissait pourtant d’une « catastrophe naturelle » tout à fait exceptionnelle.

      Il y a eu d’autres cas de noyades en piscine ou dans un cours d’eau (une histoire d’ouverture de vanne) où le maire a aussi été impliqué. (Mes souvenirs sont vagues mais je ne suis pas un passionné des « faits divers », ce que j’en ai retenu, c’est ce « vice » de toujours exiger un coupable en refusant ce qu’on appelle « la fatalité » alors que les responsabilités semblent souvent très partagées, comme tout « concours de circonstances »!)

      Maintenant, la « sanction des élections » est évidemment insuffisante et un leurre; et l’immunité des élus semble souvent avoir bon dos!

  • Il est lassant d’entendre les uns et les autres geindre sur la réduction des dotations. Loin de moi l’idée de défendre la politique de HOLLANDE, qui devrait commencer sa cure d’amaigrissement (lui et l’état dont il a théoriquement la charge) par les frais de fonctionnement du mammouth, ce qu’il ne fait pas (cf rapport cour des comptes et envolée de l’endettement). Cependant les maires qu’ils soient de droite ou de gauche devraient arrêter, comme le fait HOLLANDE, d’acheter des voix en embauchant à tour de bras (l’évolution des effectifs depuis 10 ans sont supérieurs à 15 %). Quand on sait que les frais de personnel représente, selon l’importance de la collectivité entre 40 et 60 % des frais de fonctionnement, on voit là le gisement d’économies possibles.

    Pour ma part et pour la ville où j’habite, avec une réduction des frais de personnel de 15 % (justifié si on prend le temps de réorganiser, former et exiger un minimum de productivité), cette diminution correspond à peu près à la diminution de la dotation envisagée au départ. Sans parler des nombreuses dépenses inutiles constatées chaque jour qui pourraient accentuer la chose et dont nous sommes victimes.

    Alors messieurs les élus, un peu de dignité et surtout de respect de vos électeurs ! Mais ça on peut se brosser, car eux aussi l’intérêt général, ils s’en moquent royalement…

    • MG: « Cependant les maires qu’ils soient de droite ou de gauche devraient arrêter, comme le fait HOLLANDE, d’acheter des voix »

      Impossible, c’est le système qui veut ça. Il n’y a aucune sanction pour les maires qui abusent et aucune récompense (bien au contraire) pour les vertueux.
      Donner des cartes de crédit « gratuites » et sans aucune obligation à des « responsables » qui peuvent en l’utilisant satisfaire les proches, amis et voisins est tout simplement suicidaire pour les finances.

      • Ilmryn : je suis parfaitement d’accord et c’est proprement scandaleux, écoeurant. Ne parlons pas de la valeur d’exemple que devraient véhiculer les élus.

        Nous sommes dans une république bananière. Et pourtant HOLLANDE, monsieur je lave plus blanc, qui devait moraliser tout ça est bien le pire que nos ayons eu sous la Vème république. C’est un personnage peu recommandable.

      • @ llmryn

        Là, je vous trouve sévère mais juste! (Il n’y a donc rien de personnel! Au contraire! Je trouve vos post’s plutôt bien ciblés.)

        Je crois que vous parlez des frais des députés remboursés sans justifications vérifiées. Et, de fait, c’est un scandale: déjà super-gâtés, ils se font rembourser des frais, pourtant « normaux » et payants pour tous les autres citoyens, en commençant par le coiffeur mis gracieusement à leur disposition jusqu’à …!

        Si ça peut vous rassurer, au parlement européen, les députés français ont vraiment la réputation de briller par leurs absences (mais il viennent évidemment signer! Pour être payé, il y a un quota minimum de « présence »!), sans compter que la France y envoie tous ceux qui ne comptent pas ou plus (les « recasés ») en politique française, sans se rendre compte que votre bouc émissaire national favori, l’Europe ou « Bruxelles » (Strasbourg n’étant évidemment jamais accusée, alors que c’est une « danseuse » née de l’exigence française, à l’origine de frais de fonctionnement et de déménagement qui représente une énorme gabegie pérenne pour 4 séances annuelles!).

        Donc l’Europe ou Bruxelles est (sont) à l’origine d’au moins 1/3 de votre législation. Seul, D.Cohn-Bendit (et E.Joly que plus personne n’écoute et c’est dommage!) y étaient connus et assidus, alors que le clan Le Pen ne se déplace que le temps de son intervention, souvent inutile.

        À part ça??? Même votre commissaire P.Moscovici y fait pâle figure!
        Là non plus, rien ne change!

        • Mikylux: « Je crois que vous parlez des frais des députés remboursés sans justifications vérifiées »

          Je parle des dépenses engagées par le maire au nom de sa commune qu’il a tout intérêt à faire, non seulement il n’y a aucune sanctions pour une mauvaise gestion à long terme (surendettement) mais en plus électoralement il y est incité: ces dépenses le feront réélire et quand la facture et l’éventuelle austérité arrivent il n’est souvent plus en poste.

          Sur les mains qui trainent directement dans la caisse (emploi fictif, détournement, privilèges ahurissant comme le cumul des retraites), c’est encore un autre sujet.

  • Bien ! Mais pour ce faire encore aurait-il fallut qu’ils aient des c…ouilles !

  • Diminuer les dépenses des communes est certes nécessaire mais les dégâts seraient énormes dans les villages et petites villes car leur taux de chômage est élevé et leur dépendance à l’emploi public élevé. Bref une fracture géographique déjà forte entre les grandes villes et les communes de taille réduite risquerait de s’accroître et favoriser le vote pour les extrêmes..

    La baisse des dépenses et le regroupement sont indispensables mais concernant l’emploi public il faudra être très prudent.

    • La baisse des dépenses publiques s’accompagne évidemment et mécaniquement d’une augmentation des ressources et des dépenses privées, beaucoup plus efficaces pour produire des services et des richesses que les règles et formulaires administratifs. A part, comme vous le reconnaissez implicitement, pour acheter des votes afin de rester au pouvoir, quelle justification peut-il y avoir à des emplois publics nouveaux dans les communes ?

      • @ MichelO

        A part, comme vous le reconnaissez implicitement, pour acheter des votes afin de rester au pouvoir, quelle justification peut-il y avoir à des emplois publics nouveaux dans les communes ?

        Eh bien, comme tout en France, l’inextinguible envie de tout gouverner par autorité: j’habite un pays où, par exemple, la plupart des transports publics (bus) sont sous-traités: résultat: pas de grève, le sous-traitant n’étant évidemment pas payé pour un travail non accompli où il risque d’ailleurs, la rupture de contrat!

        L’autorité décide, évidemment, mais le privé exécute. Ce n’est pas plus compliqué que ça!

        Dans ma branche (la médecine), tous les praticiens sont « conventionnés » et donc pratiquent les mêmes tarifs (rares exceptions: Prof’s d’université, spécialistes étrangers pointus, ou majoration pour consultation inhabituelle – avec critères bien définis -), mais évidemment à des tarifs plus réalistes qu’en France et qui ne révoltent personne, les remboursements étant souvent meilleurs que ceux de la « sécu » française mais sans ses « gratuités » idiotes!

        À comparer avec la plupart de vos hôpitaux publics, en déficit, qui sont obligés d’organiser les « consultations privées » permettant de garder leurs bons praticiens en leur concédant ces consultations opaques dont ils ne veulent rien savoir!

        La compétence de l’état, c’est de dire la loi et d’organiser les concrétisations de celle-ci, sans pour autant les réaliser lui-même: « à chacun son métier et les vaches seront bien gardées! »

        En fait, c’est un libéralisme mesuré mais « démocratique » et relativement « social » dont « le peuple » ou ses représentants décident des problèmes et des solutions à y apporter, en confiant le boulot au privé. Sachez qu’en France, déjà atteindre ce niveau, ce serait exceptionnel! Et si, en plus, on peut empêcher les « enveloppes » de »connivence » de circuler, on s’approcherait du miracle!

        C’est pour ça, qu’opposé au libéralisme théorique et parfait, souvent défendu sur ce site qui ne conviendra jamais à tous les citoyens, je suis favorable à des routes aux objectifs plus limités, des étapes pragmatiques pour contrer cet égalitarisme de gauche complètement utopique puisqu’il ne sera jamais satisfait

        • Je suis assez d’accord avec vous, mais je verrais quelques nuances. D’abord, plutôt que l’envie de gouverner par autorité, une conviction incompréhensible, mais sincère pour beaucoup des élus et fonctionnaires intermédiaires, dans la capacité du secteur public à faire le bien des gens, foi qui rencontre de forts échos dans les médias et dans l’Education Nationale. Ensuite, un manque total de pragmatisme, les gens étant jugés sur les intentions qu’ils affichent et non sur les résultats qu’ils obtiennent. Enfin, un procès d’intention continuel, la liberté étant comprise comme la liberté de nuire à son prochain et de remettre en cause les conventions de courtoisie, d’engagements pris et de respect mutuel, et requérant donc le contrôle et la régulation par la représentation publique.

          Ici aussi les transports publics sont sous-traités, les bus à Keolis (70% SNCF, 30% Caisse de Dépôt du Québec), les TER à la SNCF. Les engagements sont laxistes, les tarifs sont fixés par le donneur d’ordres, les pénalités en cas de non-service sont symboliques. Le simple fait que les TER soient une sous-traitance conduit à ce qu’un billet mixte TER-TGV soit considéré comme deux billets distincts, avec aucune responsabilité de correspondance, avec des achats séparés (pas d’e-billet sur la partie TER), etc.

          Et si l’on revient aux maires, le point le plus symbolique à mon avis est notre record d’Europe, voire du monde, des ronds-points, dont une grande proportion décorés à grands frais et régulièrement relookés : de l’argent dépensé pour créer des accrochages et ne pas aller droit à destination !

    • Gilgamesh: « Diminuer les dépenses des communes est certes nécessaire mais les dégâts seraient énormes dans les villages et petites villes »

      Par quel miracle ?
      Les maisons ne vont pas s’écrouler et il s’agit juste de dimensionner les dépenses à auteur des revenus ce qui ne devrait pas être difficile dans le pays no2 de la taxation mondiale.

  • Qu’est-ce qu’ils ont à chialer ces gus là ❓ Qu’ils augmentent les taxes puisque c’est la spécialité française : une nouvelle taxe par jour :mrgreen:

  • Les résultats des élections régionales ont confirmé une exigence paradoxale chez nombre de citoyens, celle de vouloir des services publics adaptés et, dans le même temps, la baisse des impôts qui servent à les financer. Or, au plan local, du fait de la diminution de 11 milliards d’euros des dotations de l’État vers les collectivités territoriales d’ici à 2017, beaucoup d’élus envisagent d’augmenter les impôts locaux ou l’ont déjà fait en 2015. Une telle hausse serait insupportable pour les contribuables électeurs, et contre-productive tant politiquement qu’économiquement. Comment sortir de ce dilemme ? Retrouvez l’analyse de Trop Libre, blog de la Fondation pour l’innovation politique : http://goo.gl/pddGl6

  • Très bon article, avec deux précisions à apporter sur le sujet des dépenses :

    1/ Si les maires embauchent, c’est l’Etat qui décide du salaire des fonctionnaires. L’Etat revalorise régulièrement les fonctionnaires de catégorie C, et les mairies se doivent de répercuter ces hausses. La masse salariale échappe donc au contrôle des mairies.

    2/ La création des intercommunalités est le fait de l’Etat, qui oblige les mairies à se regrouper (notamment avec la loi Alur). Les mairies n’ont pas le choix : si elles ne créent pas des intercommunalités, le préfet le fait pour elles.

    Enfin, sur de nombreux points, les mairies voient leurs dépenses augmenter du fait de la multiplication des normes administratives qui obligent à faire sans cesse des travaux de mise aux normes.

    De même, l’Etat impose des dépenses aux communes, sans se préoccuper de savoir si elles ont le budget pour (par exemple, la réforme des rythmes scolaires).

    A cela, on pourrait aussi ajouter la loi Duflot, qui impose 25% de logements sociaux aux communes, indépendamment du fait qu’il y ait des terrains libres à bâtir où qu’il y ait de la demande pour ces logements. Si les mairies ne construisent pas, non seulement elles ont une lourde amende, mais en plus le préfet préempte des terrains et construit à leur place…

    • JBN : vous dites une chose et son contraire ne disant que les maires ont la main sur l’embauche (ce qui est vrai) mais ne maitrisent pas la masse salariale car les hausses sont en quelque sorte faites par l’état.

      C’est là où le bât blesse : les maires ont la maitrise puisque ce sont eux qui embauchent à grandes guides. Au passage les revalo. de salaire depuis 5 an,s n’ont en rien plombé les comptes communaux puisqu’il n’y en pas eus (sauf les GVT qui impactent). en embauchant pas ou moins on maitrise.

  • Et pourquoi ne pas simplement faire comme la suisse avec un vote sur les dépenses et les recettes au niveau communal? Ceci devrait responsabiliser efficacement les habitants sur l’utilisation de leurs impôts.
    Mais pour ce faire, il faut obligatoirement une transparence politique (hors vie privée et secrets d’État).

  • Ne mélangeons pas tout.
    Les maires des petites communes se débattent chaque jour bénévolement (on peut le dire car les quelques euros qu’ils touchent ne remboursent même pas leurs frais !) pour faire vivre leur commune avec des finances réduites au minimum, mais des obligations importantes comme entretenir les chemins ruraux par exemple, les écoles (le changement des rythmes scolaires leur a coûté très cher), la mise au norme par station d’épuration…. Aujourd’hui les mairies doivent obligatoirement être accessibles aux handicapés… même s’il n’y en a pas dans la commune…sous peine de pénalités …
    Pendant ce temps les grandes villes gèrent un « royaume » et là on peut dénoncer les gigantesques abus (embauche gargantuesque de personnels, construction de bâtiments publics pharaoniques, animations et réceptions grandioses… et je veux mon tramway, mon zénith, des stades grandioses avec des équipes sportives au niveau national…..) pour flatter l’ego d’un maire qui n’est même pas toujours présent, mais qui touche des indemnités substantielles à de multiples échelons (maire, président de la communauté de communes, président de ci, président de ça…) de plus sans payer vraiment d’impôts…
    Mais qui va subir les baisses de subventions ? Devinez.
    Tel maire de ma connaissance qui fût ministre il n’y a pas si longtemps explique aux petites communes qu’on ne va pas réduire les dépenses et qu’il y a qu’à…
    augmenter les impôts locaux et fonciers !

    • Et à la réunion des maires, ils demandent plus de moyens plutôt que de protester contre les règles idiotes… Finalement, du moment que la règle idiote permet de justifier une subvention supplémentaire, ils seront les premiers à demander qu’on la généralise !

  • le maire… y a t il une formation et un diplôme pour être maire…. non pourtant il en faut un pour passer un coup de balais, étonnant non ?
    j

  • Cela me rappelle dans les années 90 de l’apparition de premières inter communalisés .le maire dans notre petit village avait convié la population pour expliquer combien cette inter communalisé allait être utile à ses administrés.
    j’ai demandé si on allait mutualisé les services des différentes petite communes pour faire des économies de gestion ;réaction de la salle? incompréhension puis franche hilarité , non la nouvelle entité allait recruter, pas beaucoup mais c’était bon contre le chômage … j’ai alors dit que nos impôts allaient donc encore augmenter ( je ne savais pas que l’on arriverait au niveaux actuels) ?Superbe, notre maire ( instituteur pardon maitre des écoles de son état) m’a répondu mais non le Préfet a promis tout sera payé par des subventions étatiques ou départementales.ouf dans la salle ce sont les autre qui paieraient sans prendre compte qu’ avec un raisonnement identique ,ils cracheraient bientôt au bassinet aussi…
    quelque année plus tard le maire est parti avec sa retraite de fonctionnaires les emplois nouveaux ont été multipliés par 4….
    aujourd’hui l’innovation continue nous avons des associations de mairies avec des inter communalités plus des associations d’inter communalisés…Elle est pas belle la vie
    Pour la première fois la pompe à finances commence à flancher mais comment a va t on se faire réélire…d’autant que l’Etat lui n’a pas vraiment baissé son train de vie…Vive la France

  • désolé pour l’orthographe corrigé à mon insu par le correcteur et donc j’aurai du relire 2 fois

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Depuis plusieurs mois, de nombreux départements subissent des inondations particulièrement destructrices. Mais nos impôts sont censés protéger leurs habitants.

En effet, depuis 2014 existe une nouvelle taxe pour la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations, aussi intitulée GEMAPI ou « taxe inondation ».

La particularité de cette taxe facultative est de relever de la compétence exclusive des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) qui ne votent pas un taux mais un produit final attendu ré... Poursuivre la lecture

Être maire en France est de plus en plus difficile. Depuis juin 2020, on estime le nombre de démissions à environ 1300, soit plus encore que pendant la mandature précédente qui avait déjà atteint un record.

La récente sortie de la dernière vague de l’enquête de l’Observatoire de la démocratie de proximité de l’Association des maires de France, et du CEVIPOF sur les maires de France offre quelques informations utiles pour comprendre ce qu’il se passe.

Pourtant, les éléments qui ressortent semblent à première vue contradictoires.<... Poursuivre la lecture

Par Nafy-Nathalie.

Rappelez vous ! Octobre 2018, je vous contais la belle histoire d’un candidat devenu président qui s’était engagé en campagne sur le fait de restituer du pouvoir d’achat aux citoyens en réduisant, puis supprimant la taxe d’habitation. Cela semblait si cocasse que la seule conclusion qui s'imposait était celle d'une immense couillonnade.

Trois ans plus tard, au moment où Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, annonce que les promesses du Président seront tenues, j’ai eu envie de faire un bilan.

Qu’avait... Poursuivre la lecture

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