Explique-moi le Bitcoin comme si j’avais 5 ans !

Un article dédié spécialement à tous ceux qui aimeraient bien finir par comprendre quelque chose à ces fichus bitcoins…

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little girl By: Personal Creations - CC BY 2.0

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Explique-moi le Bitcoin comme si j’avais 5 ans !

Publié le 9 juin 2016
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Par Nick Custodio.1

little girl
little girl By: Personal CreationsCC BY 2.0

Nous sommes tous les deux dans un parc, assis sur un banc. Il fait un temps superbe.
J’ai une pomme avec moi, je te la donne.
Tu as maintenant une pomme et moi aucune.
C’était simple, non ?

Regardons de plus près ce qui s’est passé !

Ma pomme a été placée physiquement dans ta main.
Tu sais que c’est vraiment arrivé. J’étais là. Tu étais là. Tu l’as touchée.

Nous n’avons pas eu besoin d’une tierce personne avec nous pour nous aider à faire ce transfert. Nous n’avons pas eu besoin de demander à l’oncle Tommy (un juge célèbre) de s’asseoir avec nous sur le banc pour confirmer que la pomme est passée de moi à toi.

La pomme t’appartient. Je ne peux pas te donner une autre pomme car je n’en ai plus et je ne peux plus la contrôler. La pomme est complètement en dehors de ma possession. C’est maintenant toi qui as le contrôle complet de cette pomme. Tu peux la donner à un ami si tu veux et cet ami peut la donner à un autre ami. Et ainsi de suite.

Voici donc à quoi ressemble un échange entre personnes. C’est exactement la même chose si je te donne une banane, un livre, ou disons une pièce de 25 cents ou un billet de un dollar…

Mais je m’avance trop.

Revenons aux pommes !

Disons que maintenant j’ai une pomme numérique et que je te la donne.
Ah ! Voilà qui devient intéressant !
Comment sais-tu que cette pomme numérique qui était la mienne est maintenant la tienne et seulement la tienne ? Prenons quelques secondes pour y réfléchir.

C’est un peu plus compliqué, n’est-ce pas ? Comment sais-tu que je n’ai pas envoyé cette pomme en pièce jointe par email à l’oncle Tommy ? Ou à ton ami Joe ? Ou à mon amie Lisa également ?

J’ai peut-être fait deux ou trois copies de cette pomme numérique sur mon ordinateur. Je l’ai peut-être stockée sur internet et un million de personnes l’ont téléchargée.

Comme tu le vois, ce genre d’échange numérique pose quelques petits problèmes.
L’envoi de pommes numériques ne ressemble pas à l’envoi de pomme physiques.

Les informaticiens ont un nom pour ce problème : il s’agit du problème de double dépense (ou double-spend problem, en anglais). Mais ne t’inquiète pas pour ça. Tout ce qu’il te faut savoir, c’est que ce problème les a bloqués pendant pas mal de temps sans qu’ils puissent parvenir à une solution. Sauf que maintenant, ils en ont trouvé une.

Mais essayons de trouver une solution par nous-mêmes.

Registres
(ou ledgers, en anglais)

Il faut peut-être suivre la trace de ces pommes numériques dans un registre. C’est-à-dire dans un livre où l’on tient à jour toutes les transactions. Un livre de comptabilité, en fait.

Comme il est numérique, ce registre doit vivre dans son environnement propre et avoir quelqu’un pour le prendre en charge. Tiens, comme dans World of Warcraft. La société Blizzard qui a créé le jeu en ligne possède un registre numérique de toutes les épées magiques qui existent dans son système. Génial, voilà la solution : des gens comme chez Blizzard pourraient se charger de pister nos pommes numériques !

Problèmes

Il reste quand même quelques difficultés :

1) Et si un gars de chez Blizzard créait plus de pommes numériques ? Il pourrait très bien rajouter à sa convenance deux ou trois pommes dans ses comptes.

2) De plus, on n’est plus vraiment dans la situation de l’échange sur le banc. On n’est plus vraiment entre nous, juste toi et moi. Passer par Blizzard, c’est comme faire intervenir l’oncle Tommy en tant que tierce partie. Comment pourrais-je te passer ma pomme numérique exactement comme dans la situation du banc ?

Existe-t-il une façon de reproduire la transaction du banc,
la transaction où il n’y avait que toi et moi, de façon numérique ?

La solution

Et si on donnait ce registre – à tout le monde ? Au lieu de vivre uniquement sur l’ordinateur de Blizzard, le registre vivrait sur les ordinateurs de tout le monde. Toutes les transactions qui auraient eu lieu depuis l’origine sur des pommes numériques s’y retrouveraient inscrites.

Dans ces conditions, impossible de tricher. Je ne peux pas t’envoyer des pommes numériques que je n’ai pas car ce ne serait pas synchronisé avec les positions de tous les autres participants du système. Battre un tel système serait extrêmement difficile, notamment s’il devait atteindre une taille vraiment gigantesque.

De plus, ce système n’étant pas contrôlé par une seule personne, je sais que personne ne peut décider tout seul de s’attribuer plus de pommes qu’il n’en possède. Les règles du système étaient déjà définies au début. Or ces règles et le code informatique sous-jacent sont des données accessibles en open-source – un peu comme Wikipedia. L’open-source est spécialement conçu pour que chacun puisse contribuer au système, en assurer la maintenance et la sécurité, y apporter des améliorations ou procéder à des vérifications.

Tu pourrais donc participer toi aussi à ce système de traçage des pommes numériques, mettre à jour le registre et t’assurer que tout colle bien. On appelle ça le minage (ou mining, en anglais). En récompense de ta peine, tu pourrais recevoir 25 pommes numériques. En fait, c’est la seule façon de créer de nouvelles pommes numériques dans le système.

→ NdNMP : voir le minage en image dans la vidéo ci-dessous (1′ 55″) :

Retour au texte de Nick Custodio :

J’ai pas mal simplifié les choses

… mais ce système que je viens de t’exposer existe. Il s’appelle le protocole Bitcoin (ou bitcoin protocol, en anglais) et les pommes numériques de ce système sont les bitcoins.

Comprends-tu maintenant ce qui s’est passé ? Ce que le registre public permet de faire ?

1) Tu te rappelles qu’on parle d’open source. Le nombre total de pommes a été défini au début dans le registre public. Je connais le nombre exact des pommes qui existent. À l’intérieur du système, je sais qu’elles sont limitées (rares).

2) Quand je fais un échange, je sais maintenant de façon certaine qu’une pomme numérique m’a quitté et qu’elle est désormais entièrement en ta possession. Auparavant, je ne pouvais pas être sûr de ça à propos des objets numériques, mais ce sera mis à jour et vérifié grâce au registre public.

3) Comme c’est précisément un registre public, je n’ai pas besoin d’un oncle Tommy, ou de n’importe quel tiers, pour qu’il s’assure que je ne triche pas, que je n’ai pas fait des copies de mes pommes numériques ou que je n’ai pas échangé la même pomme plusieurs fois.

À l’intérieur du système, l’échange de pommes numériques
est maintenant semblable à celui de pommes physiques.
C’est devenu aussi sûr que de voir une pomme bien rebondie
quitter ma main et tomber dans ta poche.
Et tout comme lors de l’échange sur le banc,
la transaction ne concerne que toi et moi.
Pas besoin d’un oncle Tommy pour la valider.

En d’autres termes, à l’intérieur du système, les pommes numériques se comportent exactement comme des objets physiques.

Mais tu sais ce qui est génial ? C’est que ce sont quand même des objets numériques. De ce fait, on peut échanger 1 000 pommes, 1 000 000 pommes ou même 0,000 000 1 pomme. Je peux procéder à l’envoi par un simple clic depuis le Nicaragua et te déposer le tout dans ta poche numérique, alors que tu es à New York.

Je peux même faire voyager d’autres éléments numériques en même temps que ces pommes numériques. On est dans le numérique, après tout. Je peux leur attacher du texte, ou des choses plus importantes telles qu’un contrat, ou une carte d’identité ou un certificat de détention d’actions…

Tout ceci est parfait, et ces pommes numériques sont vraiment très utiles. Comment devrions-nous les traiter ou valoriser ?

C’est précisément un sujet sur lequel pas mal de gens sont en train de discuter. Il y a débat entre telle et telle école économique. Entre les politiciens. Entre les informaticiens. Mais n’écoute pas tout le monde.

Certaines personnes sont intelligentes, d’autres sont mal informées. Certaines personnes disent que le système vaut très cher, jusqu’à prononcer le chiffre de 1 300 $ par pomme numérique, d’autres disent qu’actuellement il ne vaut rien. Certaines personnes disent que c’est de l’or numérique, d’autres disent que c’est une monnaie. D’autres encore lui prédisent l’avenir spéculatif des tulipes hollandaises du XVIIème siècle. Certaines personnes disent que ces pommes numériques vont changer le monde, d’autres disent que c’est juste une passade.

J’ai ma propre opinion sur la question, mais c’est une autre histoire. Toujours est-il que maintenant tu en sais plus sur le Bitcoin que la plupart des gens.

Sur le web

  1. Traduit de l’anglais par Nathalie MP.
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  • « Explique-moi le Bitcoin comme si j’avais 5 ans ! »

     » Traduit de l’anglais par  » …. une personne qui aurait pu faire un peu plus d’effort au lieu de faire du mot à mot d’expressions culturelles !

    https://www.explainxkcd.com/wiki/index.php/1364:_Like_I'm_Five

    • OK, OK, je trouve que la traduction est un peu maladroite, mais l’article est génial. Merci à Nathalie MP (qui écrit beaucoup mieux que ça d’habitude) de nous l’avoir apporté sur un plateau 🙂

      • J’avoue que je ne comprends pas la critique.

        • Laissez tomber, ce n’est pas une critique mais un compliment : Votre style est meilleur que celui de votre traduction. La belle affaire 😉

          • Je confirme. Je trouve que les articles de Nathalie MP sont bien écrits et bien construits. Dans celui-ci, on trouve des tournures de phrases complètement différentes, de toute évidence dérivées de l’anglais. Par exemple « La pomme est complètement en dehors de ma possession. » Rien de grave Nathalie, le fond de l’article reste excellent.

            • Le style de l’article d’origine est « anatomique », pas littéraire. Il décortique la transaction au plus près du mouvement. J’ai essayé de coller à ce style.
              « The apple’s yours! I can’t give you another apple because I don’t have any left. I can’t control it anymore. The apple left my possession completely. You have full control over that apple now. You can give it to your friend if you want, and then that friend can give it to his friend. And so on. » etc.. etc…
              J’essayerai de faire mieux la prochaine fois. 🙂

    • J’attends votre proposition.
      Sur mon blog, j’ai repris l’idée des 5 ans en préambule (qui n’est pas reproduit ici).

    • J’ai bien mis 2 minutes à comprendre votre phrase… oui, chez moi, les humains ne peuvent pas perdre du temps avec l’inutile… et bien je me suis trompé.

  • Selon Yves Caseau et Serge Soudoplatoff, il ne se passe pas une journée sans que l’on parle des « blockchains ». Ellesont révolutionné la monnaie avec les bitcoins, et maintenant elles vont« disrupter » les banques, mais aussi les notaires, les avocats, les agentsimmobiliers, le monde de l’énergie, la santé, la culture, les administrations … Retrouvez la vidéo de leur analyse sur le site de la Fondation pour l’innovation politique : http://goo.gl/f9bnk0

  • donc , l’avantage du bitcoin est qu’on ne peut pas fabriquer de fausse monnaie et qu’il n’est pas obligatoire de le laisser pourrir dans le coffre inviolable d’une banque….on le met directement sur son iphone made in NSA…un peu moins sûr que le four de la cuisinière 😉

  • Ca explique plus la blockchain que le bitcoin … 😀

    • C’est vrai. Le mot bitcoin est presque devenu générique. J’ai découvert qu’il y avait une multitude de crypto-monnaies basées sur la technique blockchain :
      https://coinmarketcap.com/all/

      • Il aurait juste fallu ajouter la validation par le chiffrement pour compléter la définition de la blockchain. Il y a aussi les différents « proof of », concepts uniques à chaque crypto-monnaie, comme le « proof of work » du bitcoin.

  • Un grand merci a vous ! Ceci est un excellent article, cela fait un bout de temps que je cherchais (sans vraiment chercher) a comprendre ce bitcoins… et bien je suis vraiment bien éclairer, il me manque encore quelques interrogations, principalement sur ce déminage (expliquer aussi clairement que cela)… et je pense que j’aurais compris beaucoup de chose.

    Autre probleme, le Bitcoin étant normalement pas une monnaie, mais finalement vu que l’on peut en acheter avec de la vrai monnaie, et bien en devient une, et prend donc tous les défauts de cette meme monnaie, donc elle devient spéculative, fluctuante, et on le voit dans sa valeur justement qui a bondit comme jamais il y a 3/4 ans je crois… si cette monnaie était resté une monnaie non achetable par de la monnaie classique, donc non indexé dessus, elle aurait été indépendante et nous aurions pu imaginer que cette monnaie aurait pu etre vraiment un grand cap… mais cela ne sera pas le cas (si j’ai bien compris mais franchement j’ai pas plus réfléchi au sujet donc peut-etre que je m’égard).

    • Vous faites sans doute allusion au minage, pas au déminage.

      C’est très simple, chaque block contient une information que l’on appelle hash et qui est fonction du contenu du block. En théorie, chaque hash est unique, et on l’obtient via des procédés cryptographiques. Afin que le minage du block ne soit pas instantané et que l’émission de bitcoin dure jusqu’a la date fatidique de ~2140, des contraintes sont appliquées à la procédure de hashage. Trouver un hash qui correspond au restrictions demande beaucoup de puissance de calcul. L’ordinateur qui trouve le bon hash se voit gratifier de 25 bitcoins. C’est l’unique source de création de bitcoin.

      Grosso modo, vous avez un pommier gigantesque, et les pommes sont sur des branches de plus en plus hautes. Celui qui trouve le moyen de se rendre sur la prochaine branche contenant une pomme l’obtient en guise de récompense, et ensuite il peut la faire entrer dans le cycle que Nathalie décrit.

      • « Afin que le minage du block ne soit pas instantané … »
        … et surtout afin qu’il soit extrêmement difficile voire impossible de modifier un bloc une fois qu’il a été intégré à la chaîne.

        « le Bitcoin étant normalement pas une monnaie … »
        Les économistes se bagarrent sur la définition de « monnaie » mais si on admet la définition d’Aristote ou plus près de nous celle de Hayek «un moyen d’échange pour ceux qui veulent le détenir jusqu’à ce qu’ils souhaitent acheter un équivalent de ce qu’ils ont fourni à d’autres », le bitcoin EST une monnaie. Et il N’EST PAS indexé sur d’autres monnaies, mais il est à, tout moment échangeable contre les autres monnaies à un taux variable déterminé par le marché.

  • Mon qi aa baissé de 50 point en lisant l’article. Mais non mais non je taquine un peu 😉 Ca fait drôle de lire du Natalie écrit comme ça 😀

  • Comprendre le bitcoin, c’est ici en français pour ceux qui ne lisent pas l’anglais.
    https://bitcoin.fr/faq/
    Un peu de video, beaucoup de texte (simple voir simpliste) mais instructif pour ceux qui se donnent la peine de chercher et de comprendre par eux mêmes.

    Le site présente aussi des videos d’intervenants venant des start up fintech, présentant des produits que nous utiliserons sans doute très bientôt.

    Il y a peut etre d’autres sites français intéressant, c’est le seul qui a l’air de traiter le sujet aussi completement

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