Socialisme et pénurie : la France choisit celle de médecins

La France a fait le choix inconscient du socialisme en collectivisant tout, y compris la santé, ce qui entraîne maintenant des pénuries de médecins.
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Socialisme et pénurie : la France choisit celle de médecins

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 10 juin 2016
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Je l’ai dit, une caractéristique saillante du socialisme, à chacune de ses tentatives, partout dans le monde, de façon systématique, est l’apparition de pénuries et son corollaire, à savoir des queues plus ou moins interminables. En France, il n’y a pas besoin de regarder longtemps pour trouver des queues, de les remonter pour constater des pénuries, et voir qu’en effet, le socialisme est encore à la racine du problème. Et c’est tout particulièrement vrai dans le domaine de la santé.

Oh, bien sûr, ici, je pourrais assez aisément parler de ces queues qui se forment pour obtenir, enfin, un rendez-vous avec un ophtalmologue. Ceux qui ne veulent pas voir (faute d’avoir consulté ?) ces queues me rétorqueront qu’elles sont la simple conséquence d’un mauvais ajustement entre le nombre de praticiens disponibles et la trop importante clientèle obligée d’en passer par eux pour de simples lunettes et qu’en ajustant ce petit paramètre ici sur les remboursements, et là sur le numerus clausus, et ici encore pour les horaires, ou là par exemple sur les lieux d’installation, voyez, zouf, le problème disparaît.

Queue en Pologne soviétique

Je pourrais aussi évoquer les délais d’attente pour obtenir un examen au scanner, qui stagne toujours résolument autour d’un mois. Mais on me répondra que ce sont des équipements qui coûtent cher et qu’après tout, puisque c’est remboursé, il faut s’attendre à des pénuries d’appareils, et donc à des délais, que voulez-vous mon brave. Que leur nombre par habitant en France soit très inférieur à la moyenne européenne, et même inférieur à celui de la Turquie n’intéresse pas grand-monde mais permet tout de même de situer exactement l’ « excellence » du système actuel de financement des soins français.

Et puis si je me mettais à parler des queues aux urgences, tout le monde m’expliquerait que ces services, devant précisément gérer l’urgence, doivent s’attendre à ce genre de désagrément, d’autant que ce qui ne manque pas d’inciter les uns à en profiter autant que possible, c’est que c’est gratuit l’État qui paye payé avec l’argent des autres, n’est-ce pas. Cependant, avec plus de 53% des patients qui doivent maintenant attendre au moins deux heures en moyenne avant d’être pris en charge, le terme d’urgence médicale prend un sens résolument alternatif. En deux heures d’urgence, il peut s’en passer pour un corps affaibli, meurtri ou empoisonné. Je n’évoquerais donc pas tous ces gens morts parce qu’ils étaient un peu trop loin dans la queue, ou n’avaient pas tiré le bon numéro au jeu du distributeur de ticket administratif.

distributeur de tickets d'attente

Au final, je préfère m’attarder un peu sur une médecine qui concerne tous les Français, parce qu’elle est ou plutôt était plus proche d’eux, à savoir la médecine générale. Le constat, dressé dans les autres disciplines, gagne maintenant celle-ci aussi, et laisse un peu inquiets les médias qui se penchent, mollement, sur la question en essayant de comprendre ce qui, scrogneugneu, peut bien provoquer les petits problèmes observés.

Comment se fait-il, en effet, qu’on voie s’étendre les déserts médicaux en France alors qu’on n’a jamais autant engouffré d’argent dans le système de soin, depuis les pôles universitaires hospitaliers jusqu’aux hôpitaux eux-mêmes, en passant par la partie couverture, et qui représente maintenant des centaines de milliards d’euros chaque année ? Pourquoi diable la pénurie de généralistes s’aggrave-t-elle alors que jamais autant d’argent n’aura été consacré à la santé en France ?

Encore une fois, il va être difficile de faire l’économie d’une petite analyse de la situation dans laquelle on trouve des bons gros morceaux d’interventionnisme d’État et de collectivisme à tous les étages.

Il va être difficile de passer sous silence le numerus clausus. Décidé par l’État qui a choisi la régulation sur le marché, c’est l’exemple type d’une décision arbitraire, dictée plus par l’offre et la politique que par la demande de ceux qui payent. L’échec était donc prévisible, et il est accru par la durée des études, particulièrement longues, qui rend les « prévisions » de l’État parfaitement grotesques.

Il va être difficile de passer sous silence les assauts répétés et de plus en plus nombreux à la notion de médecin libéral : entre l’invraisemblable gonflement (on pourrait dire l’œdème) de la paperasserie bureaucratique, le flicage de plus en plus sévère des institutions de Sécurité Sociale, l’avalanche de lois illisibles et castratrices (la Loi Santé en est une belle), l’explosion des charges, tout ça transforme l’exercice de la médecine hors du fonctionnariat pur en un véritable parcours du combattant pour le médecin de campagne attaché à une patientèle de taille et de moyens modestes. Pas étonnant que des pans entiers du pays se vident.

Et puis il va être difficile d’oublier qu’en fixant les prix, les autorités, partout dans le monde, ont toujours abouti à une pénurie. En fixant le prix du pain, on crée des famines. En fixant celui de l’essence, on le fait disparaître, même lorsqu’on est assis sur des gisements gigantesques (bisous à Maduro). En France, en fixant le prix des honoraires médicaux, on a immanquablement créé une pénurie là où ces honoraires ne couvrent plus les frais que la géographie, non transformable à coups de lois, entraîne inévitablement.

En fait, en choisissant de collectiviser tous les jours un peu plus le marché de la santé, la France a choisi sa pénurie : ce sera celle de médecins. Pour un pays qui vieillit, je ne suis pas sûr que ce soit un choix intelligent.

socialisme allemagne

L’histoire de la France depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, c’est l’histoire de ce pays qui, comme beaucoup d’autres, a choisi la voie joyeuse et riante du socialisme, c’est-à-dire la collectivisation des moyens de production, mais qui, au contraire de tous les autres, a fait ce choix quasiment sans le savoir, doucement, petit-à-petit, en s’abandonnant progressivement aux délices de l’argent des autres.

Au contraire d’un Chili qui laissa à Allende l’occasion de tester des recettes catastrophiques, d’un Venezuela qui mit en place un Chavez ouvertement collectiviste et sombra de Charybde en Scylla avec Maduro, au contraire d’un Cuba qui aura expliqué urbi et orbi son amour du communisme en faisant sombrer son peuple dans la misère, la France a choisi d’entrer très doucement dans la piscine sanglante du collectivisme : jusqu’au mollets d’abord, avec la retraite par répartition et une assurance maladie taillée pour un autre siècle, puis jusqu’au genoux, en laissant les transports et l’énergie en pâture à des syndicats organisés comme une mafia, puis jusqu’au nombril en laissant le champ libre à une éducation scolaire carrément étique et bourrée des pires poncifs anti-capitalistes.

Et comme tout nageur le sait, une fois les roubignoles accommodées à la température du bain, une fois le nombril à l’aise, le reste du corps suit tout entier sans problème. La voie est maintenant libre aux tribuns de plus en plus populistes et aux idées les plus idiotes voire nauséabondes, tout gentiment, tout doucement, tout progressivement. Le Venezuela a sombré en trois ans, il en faudra peut-être encore le double ou le triple pour un pays comme la France mais l’élan pris les cinquante années précédentes n’autorisera aucun freinage efficace.

Les pénuries arrivent. Ce pays est foutu.

socialisme : cette idée radicale du partage
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  • il y a fort à parier que d’ci peu les médecins généralistes intégreront des pôle médicaux qui regrouperont généraliste dentiste infirmiers(eres) labo etc qui appartiendrons à la compagnie d’assurance machin La compagnie d’assurance se chargera de la paperasse en échange d’un salaire mensualisé pour 35 h semaines et roule ma poule , c’est ta mutuelle qui choisira ton toubib et comme c’est ton employeur qui choisira ta mutuelle eh bin t’es pas dans la merde… et si t’as pas de chance tu vas en faire des kilomètres pour aller voir le toubib qui t’a été attribué.

    • Et que le médecin attribué soit bon ou mauvais, tant pis! Sauf dérogation en fonction du réseau relationnel bien sûr car on est en France…

    • ce n’est pas une mauvaise chose en soi et cela permet un contrôle de performance par un payeur responsable de toute la chaine médicale…vous n’avez quand même pas peur du libéralisme patronal sous contrôle d’un état socialiste et d’une justice parfaite…comme pour les maisons de retraite privées superbement bien gérées ?

      • N’est-ce pas aussi au patient de contrôler la « performance »? Mais le probléme est qu’il n’assume pas les coûts…
        La double distorsion sur le prix (tarifs réglementés pour les professionnels et apparente gratuité pour les patients) ne peut conduire qu’à un effondrement financier et qualitatif.

        • @ Dominogris

          C’est évident! Pour un problème de santé, le « bon » médecin, en qui vous avez CONFIANCE n’est pas UN médecin, c’est le vôtre! Pour la sécu, c’est un N°!

          Intuitivement, tout le monde devine la valeur de son médecin, avec le temps qui a multiplié vos rencontres: vous savez si il est sérieux et efficace: les meilleurs sont aussi ceux qui évitent bien des frais, non pas par une demande contingentée d’examens spéciaux par mois ou par année, mais par le nombre de résultats apportant un diagnostic, un traitement adapté et un « succès » sans perte de temps ni congé de maladie prolongé, sans parler de votre rétablissement plus prompt vers une vie confortable. Ce médecin-là, gardez le bien, quelle que soit la somme qu’il vous compte.

          À propos d’argent, depuis que le soins sont partiellement remboursés (mais vous avez déjà payé pour cela mais aussi pour toutes les familles d’administratifs* en tout genre qui pullulent autour de la « santé » (en fait « de la maladie » ou « des soins »), il existe donc une facturation « à l’acte » avec une part « remboursée » par la sécu, une autre, à vos frais, appelée des le début, « ticket modérateur » (modérateur de votre consommation de soins): à partir du moment où ce ticket et remboursé (assurance, mutuelle ou autre), il ne modère plus rien du tout, ni votre consommation ni l’actuelle tentation pour un généraliste de multiplier les actes simples, afin de conserver son revenu.

          On dit « qu’on en a jamais que pour son argent »: le prix actuel de la consultation, dérisoire, ne vous promet pas d’epérer une meilleure qualité!

          * : si la sécu vient des cotisations de ceux qui travaillent données pour les soins des malades, il serait bien de connaitre la somme prélevée et détournée de son but pour payer ces administratifs! J’ai vainement tenté!

      • « cela permet un contrôle de performance par un payeur responsable de toute la chaine médicale »
        C’est un contrôle de performance économique (moindre coût) mais pas de performance médicale et encore moins de pertinence médicale. Comme dans tous les autres secteurs économiques, à partir du moment où le patient (client) est captif et où la concurrence entre acteur est supprimée, il n’y a plus d’incitation à la qualité. Ce faisant, imposer une diminution des coûts (réelle ou relative devant l’augmentation de la population de soignés) devient tout à fait réalisable mais se fera au détriment de la qualité. La baisse en qualité de la médecine française depuis qq années (9è alors qu’elle était 3è il y a 15 ans) en est un bon reflet. Une libéralisation des acteurs se retrouvant en concurrence du fait de la liberté de choix des patients permettrait une augmentation en performance économique ET médicale. La Hollande qui a réformé et privatisé en grande partie son système de santé, est 1ère en Europe pour la qualité des soins. Il est vrai que la Hollande ne finance pas ses « partenaires sociaux » via son système de santé.

        • c’est le cas typique où le libéralisme est un mauvais choix…apparent ,le but d’une entreprise étant un maximum de bénéfice donc de malades, nous sommes placé dans un cercle peu vertueux !
          un médecin devrait être payé plus si ces malades ne reviennent pas …pour cela il faut …le plus de concurrence possible….ce qu’il est hors de question en France…..comme quoi , la seule solution est … le libéralisme , et la secu devrait libérer les honoraires pour boucher son trou et supprimer le médecin référent…c’est surement des mathématiques trop simples pour nos étatistes ou corrompus par l’industrie pharmaceutique , au choix !

          • « …le but d’une entreprise étant un maximum de bénéfice donc de malades, nous sommes placé dans un cercle peu vertueux ! »

            Merci Réactitude de réfléchir un peu.
            Le plombier, le garagiste ne bâtissent pas leur clientèle et leur réputation en créant des problèmes chez leur client, …au contraire.

            • je ne savais pas que le garagiste était remboursé par la sécu et d’usage obligatoire , et que ses interventions était tarifées pour qu’il crève la dalle

          • @ réactitude
            Vous semblez oublier une chose: une administration a pour mission le travail qu’elle s’invente: plus c’est compliqué, plus elle deviendra nécessaire, pléthorique et puissante!

            L’administration, en France, est devenue un pouvoir non élu qui a quitté le service AU public pour mettre le public À SON service: si ce n’était pas le cas, il y a longtemps qu’on aurait simplifié les choses au bénéfice de tous!

      • Et la mise en place de la mutuelle pour tous , vous pensez vraiment que c’est dans l’intérêt du patient ?

        • évidement non .
          les mutuelles sont des escrocs de haut niveau si ils interférent avec le système médical et ne se contentent pas de peser les risques et d’en déduire une cotisation comme toutes les assurances. les mutuelles ne sont actives que pour les petits bobos , un gros bobo est pris en charge a 100% par la sécu ..son intérêt , transformer un petit bobo en gros bobo..le pire étant les cliniques mutualistes , leur but étant de prendre 100% de la part sécu et de multiplier les interventions même non nécessaires tout en ayant un cout réduit au strict minimum..ils savent gérer leur truc )

  • J’adore l’exemple de l’Allemagne. Je ne vois pas mieux effectivement pour tirer cette conclusion.

  • Pénuries de médicaments récurrentes dans mon domaine, les laboratoires se lassent des prix imposés à 2,50 € TTC pour une injection… Certes cela ne concerne que de vieux médicaments, et les laboratoires se rattrapent sur les nouveaux, mais le patient trinque, toujours!

  • mème les médecins étrangers qui vont dans les déserts médicaux(qui en réalité sont des déserts tout court) finissent par se barrer.
    En réalité une seule solution: liberté tarifaire. Alors soyons certains que les « vocations » se feront nombreuses.
    Pour ce qui est du numerus clausus, il s’agit d’un faut problème: il est actuellement largement suffisant, le problème étant la non installation des médecins formés et non pas le nombre de médecins formés. Il permet par ailleurs une sélection des aptitudes à suivre des études médicales (couteuses et difficiles numerus ou pas puisque le bac ne suffit plus à faire le tri)

  • Vous avez essayé de trouver un nouveau médecin traitant ou un nouveau spécialiste dernièrement ? « Nous ne prenons pas de nouveaux patients », en boucle.

    • et c’est loin d’être fini en particulier dans les grandes villes qui sont les vrais déserts médicaux de demain: pas une seule installation de médecin généraliste à paris l’an dernier , d’après ce que l’on m’a rapporté..

    • dans ma commune en 1975: 5 médecins géneralistes pour 13500 habitants .En 2016 :20 médecins généralistes pour 14200 habitants. Vous rajoutez les spécialistes : cardiologues angiologues gynéco dermato rhumato ophtalmo, les dentistes, les kinés (plein de kinés) les ostéo (plein d’osteos).
      Des médecins prescripteurs de médocs et d’examens en tous genres : irm scanner échographie ,qui ne bossent pas le week end et le mercredi , ni le soir après 19 heures. c’est pas aussi les médecins qui créent des files d’attente?

      • Non, en tout cas pas les « vieux »!

        Par contre les jeunes (des femmes, en majorité), ne sont plus prêts à sacrifier la qualité de leur vie de famille face aux critiques: ils veulent se partager entre eux un cabinet, des conversations sur le partage d’expérience, les gardes, les frais, entre autres une secrétaire qui se chargerait de ces pesants devoirs administratifs qui leur « bouffent » leur temps de travail!

        Ils veulent pour leur famille et pour eux, la proximité d’une ville et de se avantages: commerces, cinéma et théâtre, relations … et si c’est autour de « leur » université, c’est encore mieux!

  • On peut aussi y ajouter:
    – Raréfaction des médecins choisissant la médecine générale (plus de 60% des internes optent pour les spécialités)
    – Complexification des parcours de soins qui oblige le généraliste à préparer le boulot des spécialistes
    – Augmentation des « incivilités » au sens de prises de RDV multiples sans signalement de la non venue/annulation
    – L’AME et ses retards récurrents de remboursements

  • il y a dans les conseils départementaux des dizaines de bonnes femmes diplômées de médecine, employées comme « médecins de protection maternelle et infantile », et qui n’ont quasi rien à foutre que de la paperasserie. Idem pour les médecins scolaires. Même topo. La solution est là : s’il n’y a plus de médecins le conseil départemental installe une consultation médicale gratuite et y met les susdites.. C’est tout bénéf :
    1/ c’est depuis qu’il y a de plus en plus de femmes en études de médecine qu’il y a de moins en moins de praticiens libéraux
    2/ tant qu’à payer un médecin, autant qu’il « médecine », au total ça coûtera moins cher à la collectivité : pas de traitement de feuilles de sécu, pas besoin de carte vitale, etc…
    3/ si on en met aussi dans certains endroits près des camps de manouches, dans les banlieues où aucun médecin ne veut plus aller, ça désengorgera les urgences hospitalières, puisque ces urgences sont utilisées comme médecine générale par les manouches et les africains
    4/ on arrêtra de faire venir des médecins au rabais, diplômés à Ouadagoudou, et qu’on fait passer à la télé pour que le bon peuple dise « merci les immigrés »
    5/ et tant d’autres raisons…

  • Je suis tombée par hasard sur cette liste qui, selon moi, en dit long sur la manière dont les socialistes ont décidé de régler le problème de la pénurie de médecins en France :

    https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000028711401

  • Merci pour ce très intéressant billet qui, je n’en doute pas, fera un peu réfléchir les gens de la Nomenklatura qui (espérons le) vous lisent.

  • Excellent édito, comme toujours.

    Une petite faute, cependant : comment se fait-il, en effet, qu’on voiE s’étendre les déserts médicaux […]?

  • Cher H16,
    j’ai le plus grand respect pour vous et me réjouis à la lecture de vos articles sans parler de votre livre ( petit traité d’anti-écologie ) que j’ai vraiment apprécié. Mais ,car il y a toujours un mais quand on commence comme je le fais, la partie médecine de votre article contient au moins une grosse erreur factuelle ( à mon avis, vous n’etes pas médecin, en tous cas pas généraliste, moi je le suis ) et également , une erreur de raisonnement. Je m’explique: NON cher H16 , il ne faut pas un mois pour obtenir un rendez-vous de scanner ( au moins là ou j’exerce ) je peux avoir un scanner dans la journée , vous m’avez bien lu, je répète: DANS LA JOURNEE, si c’est justifié. Bien sur, si les patients se présentent tardivement, après 18H00, là, j’aura du mal, mais dans ce cas, si ca ne peut pas attendre le lendemain, cela relève de l’urgence hospitalière et je vous garantis que s’il y a besoin d’un scanner immédiatement, ce sera fait ( enfin peut-etre pas à Saint-Just La Pendue). Vous ne connaissez pas Saint-Just La Pendue, une énorme ville que tout le monde connait entre Roanne et Saint-Etienne et qui a bien entendu son hopital…. mais c’est un autre problème: je ne peux pas tous les évoquer en meme temps et en bloc ( le morceau serait du genre assez volumineux)
    Donc je reprends, pour le scanner et ses délais: pour moi, comme dirait l’autre  » y a erreur »
    Mais pour les urgences, désolé mon cher H16, et je m’en veux de vous contredire ( et je vous supplie de ne point de ne point vous contrarier), mais là encore, et toujours comme dirait l’autre « Y A ERREUR « . Je m’explique ( pardonnez moi, mais m’expliquer, c’est une déformation professionnelle).
    Effectivement, le délai d’attente aux urgences est quasiment toujours très long ( et c’est très bien ainsi et là encore je m’en expliquerai un peu plus tard ) mais mon cher H16 ce ne sont pas 2 heures d’attente mais 4 voire 6 A 8 HEURES D’ATTENTE alors l’administration de notre bon ministère de la santé a essayé de « coincer » le corps médical par le biais de l’attente aux urgences: résultat: une étude très sérieuse a été effectuée pour une des pathologies les plus emblèmatiques DE LA VRAIE URGENCE: L’INFARCTUS DU MYOCARDE: DELAI D’ATTENTE MOYEN: ENTRE 7 ET 10 MINUTES. Bien sur, dès esprits chagrin ( qui ne maitrisent pas la notion de cour de Gauss ) me rétorqueront:  » mais moi, je connais le beau-frère de ma grand-mère qui a attendu 3 heures pour son infarctus !!!!  » et oui, l’erreur est humaine mais en l’espèce, elle est rarissime……
    IL faut bien comprendre que si on sature de médecins les services d’urgence, alors immanquablement, des armées entières de « malades » submergeront les services partout en France. Croyez moi, c’est comme ca , c’est la nature humaine.

    Enfin et pour finir, je reviens sur l’erreur de raisonnement mon cher H16 , ne m’en voulez pas. Si je vous comprends bien, l’acte médical est une transaction comme une autre, donc une transaction commerciale comme une autre, et la meilleure situation serait: UN EQUILIBRE ENTRE L’OFFRE ET LA DEMANDE. Pardon à Von Mises ,Hayek et Friedman, la relation est intrinsèquement déséquilibrée entre un malade (ou supposé tel ) et un médecin supposé en bonne santé ) pour 2 raisons:
    1- le médecin est sachant ( du moins, on l’espère ) et le malade non.
    Des esprits toujours aussi chagrins me rétorqueront : » oui mais mon garagiste connait la mécanique et moi non!!!  » je répondrai qu’avec un permis de conduire, on sait si une voiture roule ou si elle ne roule pas.
    2- le médecin est supposé en bonne santé ( on l’espère aussi ) le malade, à son avis non.

    IL EXISTE DONC UNE DOUBLE INEGALITE donc l’échange ne peut etre commercial. La prescription pour le patient pourra éventuellement etre percue par celui-ci comme néfaste alors qu’une autre prescription moins bonne à long terme pourra etre percue comme bénéfique.
    Pour contrer le 2ème cas , ilm existe le code de déontologie.

    Très cher H16 , je pourrais poursuivre ma réflexion mais je dois dois infliger à ma logorhée des limites pour ne pas trop vous lasser.
    Croyez bien que j’ai hate de lire vos articles qui sont pour moi un enrichissement.
    Très cordialement.

    JPDR

    • Pour les scanners, en effet, il faut lire « IRM » à la place et les données sont alors exactes. Pour le reste (temps aux urgences), c’est sourcé. En moyenne,plus de 50% à plus de 2h, et un pourcentage encore haut à plus de 6h en effet. Que les urgences traitent la bobologie ne fait aucun doute, mais voilà : il y a 10 ou 20 ans de ça, ce n’était pas le cas. Le billet explique très bien ce qui s’est passé. La plongée dans le socialisme fut lente, progressive, mais ne fait aucun doute et explique très bien ce qu’on observe.

  • Il faut dire que les services de radiologie sont encombrés de bobologie , à la moindre douleur hop scanner , après c’est vrai que lorsqu’on souffre d’une maladie grave, les radiologues savent faire le tri, et on passe assez rapidement si il y a un gros soucis ( j’ai été confronté à ce cas là ).

    Ayant été opéré d’un cancer du rein, il est à noter que j’ai eu droit aux meilleurs soins à l’hôpital public, avec une opération robotisée ( Da Vinci ) ce avec des chirurgiens du public formés aux dernières technologies, ce sabs avoir à débousser le moindre Euros Je ne cracherai donc pas dans la soupe.

    • @ André

      Je ne vous connais pas, ni l’hôpital où vous avez été opéré, ni par qui etc … Je n’ai que 3 questions:

      – connaissez-vous le prix global réel pour l’hôpital des soins dont vous avez bénéficié?
      – connaissez-vous le montant remboursé par la sécu pour ces soins?
      – connaissez-vous le bilan annuel de l’hôpital où vous avez été soigné?

      Cela ne vous a pas coûté un cent, et j’en suis très heureux pour vous?
      Mais rien n’est gratuit: simplement, ce n’est pas vous qui avez payé.

      Alors question subsidiaire:

      – Quelle somme auriez-vous accepté de payer vous-même (« de votre poche ») pour obtenir ces soins, peut-être définitifs, d’un cancer du rein, en vous imaginant dans un pays sans sécu, assurance ou mutuelle)? Ça valait combien, à vos yeux?

      Si vous trouvez les réponses vous découvrirez le prix de la gratuité!

      • Le prix de la gratuité, c’est un salaire divisé par deux.

      • Bonjour Micky ,

        Je me fais un plaisir de répondre à vos questions , et même si cela ne fait pas parti de vos questions, j’ai choisi de me faire opéré dans un CHU.

        L’équipe qui m’a opéré sur un plateau technique à la pointe comptait deux chirurgiens formé aux USA sur les robots DA VINCI , un anesthésiste , son assistant, et au moins trois personnes au bloc. Ce robot dernier modèle coûte la somme d’1.5 millions d’Euros , son coût d’entretient et de mise à jour logicielle, est très élevé. Les consommables à chaque opération coûtent 1500€. J’estime le coût de l’opération de 15 à 20 K€. Je suppose donc que la sécu à payé cette somme au CHU. Si je n’avais pas eu droit à cette technologie, je n’aurai plus qu’un rein aujourd’hui.

        De quel bilan parlez vous ? Un bilan comptable, ou bien un bilan sur les réussites post opératoires ? Le CHU en question est dans le top 5 des meilleurs soins en France pour ces opérations, le secteur publique arrivant largement en tête des classements en chance de survie en comparaison du secteur privé.

        Pour répondre à votre dernière question, j’aurai été prêt à payer ces sommes si je n’avais pas été assuré , je précise que j’ai 50 ans et ancien chef d’entreprise et j’ai donc cotisé très largement au delà de ces sommes.

        En conclusion, j’avoue que après avoir été confronté au système de soin français, je trouve ce dernier en pointe, avec des délais très raisonnables , si j’avais été aux USA, je n’aurai pas eu droit à meilleurs soins. L’hôpital français dans son ensemble n’est peut être pas si mauvais que ça ?

        Mais en effet cela m’a pas de rapport avec la sécu en elle même, mais au sérieux de la majorité des chirurgiens, et de leur grande technicité, du personnel soignant , tout n’est pas si noir que ça en France. Je précise aussi que je suis suivi tous les 6 mois , puis tous les ans cela pendant dix ans par le CHU en question. On ne peut pas faire plus sérieux à mon avis.

        Bien cdt

  • Au regard des divers commentaires, auxquels je n’ajouterai rien, je m’en tiendrai à la conclusion de l’article, »Ce pays est foutu ». Il est foutu parce que trop de ressorts ont été brisés, parce qu’un peuple qui s’assoupit doucement mais sûrement, finit par sombrer. Et je ne vois pas comment et par quel bout reprendre tout cela. Si des idées, des pistes sont lancées qui pourraient apporter des solutions, rien pour le moment ne dit avec un minimum de crédibilité comment les mettre en œuvre.Surtout que les forces conservatrices feront tout pour bloquer ce qui mettra en péril leurs privilèges.

    • Les candidats en médecine sont tous des bacs avec mention très bien ayant suivi une année de prépa.
      Université Pierre et Marie Curie: 2500 candidats, 313 admis. Sur les admis, 260 sont des redoublants.
      Et ce ne sont certainement pas les bêtes à concours qui feront les meilleurs médecins de campagne!
      Le numerus clausus a été installé parce que « les médecins multipliaient les actes pour mieux gagner leur vie ».
      Ce n’est plus le cas! Mais la sécu n’a pas arrangé son defecit pour autant.

  • Je ne sais pas qui a écrit ce texte; mais il aurait pu se renseigner un peu: les décisions qui ont amené aux conséquences démographiques actuelles ont été prises sous divers gouvernements de gauche, de droite, de cohabitation et surtout avec la forte approbation des représentants de la profession elle-même.
    Lors du plan Juppé il était question de remonter le num. clausus mais celui-ci s’ est heurté à l’opposition de plusieurs grands syndicats de médecins, les mêmes qui pleurnichent maintenant que… C’est bien joli les théories « libérales » mais on fait comment avec des décisions qui affectent l’ avenir à 15 ans d’ intervalle ? (pensez un peu : 3 présidences actuelles, 2 septennats)

    C’est effrayant cette propension de certains à ne pas être fichus de lire les documents historiques, alors qu’ on a , en plus , toutes facilités actuellement avec le net à trouver ce qu‘on cherche…SI on a seulement envie de le chercher.

    En fait, historiquement, le parti qui a le plus freiné des deux pieds la baisse du numerus clausus semble être le PC (celui de l’ époque Marchais) parce que ses responsables craignaient que, moins nombreux, les médecins ne se détournent des zones populaires/ouvrières etc.

    Et dans le genre irréflexion, d’ailleurs je dois dire que j’ en lis en ce moment beaucoup dans les programmes des candidats à la primaire de droite: Ces beaux messieurs semblent ignorer qu’ il faut 10-15 ans pour obtenir un médecin “installable” et que donc toutes les décisions ont leur effet décalé d’ autant.
    Dans le genre délirant, on a eu aussi ces derniers jours la proposition de Carte Vitale “biométrique”, comme si la vaste c..nerie de la photo ne leur avait pas suffi: Nous ne sommes pas des fonctionnaires de police/gendarmerie et donc pas habilités à contrôler une identité, et le tout petit % de vraies fraudes n’ est dû ( encore une fois, si on regardait un peu les enquêtes, non , jamais?) qu’ au fait qu’ il a des professionnels qui le veulent bien et en font une partie de leur CA.

    Jeep

  • Merci cher H16 d’avoir pris le temps de me répondre, et je suis tout à fait d’accord avec vous pour pointer du doigt la bureaucratisation de l’exercice médical et ses effets ultra pervers. Comme disait un jour le professeur Bernard Debré ( homme politique voire ministre à heures perdues ) « quand je suis arrivé à Cochin, nous avions 1 directeur et 2 sous directeurs, quand je suis parti, on en était 1 directeur et 12 sous directeurs……  »
    En revanche, et ne m’en veuillez pas, de maintenir mes propos en ce qui concerne les urgences: Il est hélas nécessaire de faire comprendre à la population qu’on ne peut pas organiser pour toute personne sur le territoire national un service d’urgence sans attente et compétent ou bien les dépenses de santé exploseront de manière insupportable. Ce n’est absolument pas envisageable! Donc une IAO (infirmière d’accueil et d’orientation ) fait le tri entre les vraies et les fausses urgences.
    Enfin dernier point, juste un peu technique ( pardonnez-moi ) il ne sert à rien d’avoir des milliers d’IRM si on n’a pas les bons radiologues pour les interpreter, En urgence le scanner est suffisant et si on veut affiner , lors d’un problème neurologique, on pratique un IRM.

    A bientot de vous lire

    • Tout à fait ok pour le tri en avant des urgences bien sûr. Mais je persiste : demandez-vous pourquoi ce besoin est apparu alors qu’il y a 20 ans (avant les 35H notamment), le traitement des urgences ne posait pas la moitié des problèmes actuelles.

      • Si je puis me permettre, de toute façon il y a 20-30 ans les problèmes n’ étaient pas comparables: E, fait les urgences telles que nous les concevons maintenant n’ existaient pas, non plus que les SAMU: C’est d’ailleurs à cause de ce manque que fut créée l ‘association « SOS médecins »; Depuis ce que nous nommons les urgences sont un des services essentiel avec leur partie « externalisée », les SAMU qui s ‘occupent des niveaux 3 et 4.
        Un des autres éléments qui a joué a été le report sur les urgences de consultants qui se retrouvaient avant traités par les médecins généralistes, mais d’une part (retour au refrain) les erreurs de gestion du numerus clausus depuis , grosso-modo, l’époque Giscard (çà a été créé sous Pompidou) , et également les changements culturels dans le corps médical qui font que les médecins , à la fin d’une journée de travail, estimaient « normal » de se délester des soins niveau 1 et 2 sur d’autres (dans les grandes villes SOS et ± les SAU).

        A quoi s’ ajoute une problématique financière un peu particulière: Bondées, les urgences sont aussi une source de revenus pour l’ hôpital, et nombreux sont les urgentistes qui se plaignent de l’incohérence de politique à ce niveau.
        Jeep

        • Hum. Giscard, ça nous amène 40 ans en arrière, moi je vous parle d’il y a 10 ans en arrière, mettons 16 si on revient juste avant la loi 35H. Et là, on n’est bien sûr pas iso-procédures, mais ça commence à être furieusement comparable, SAMU et le restent existaient, et les dérapages horaires des urgences n’étaient pas à moitié aussi aigus.

          • il y a au moins deux éléments qui s’ additionnent, 1°) OK l’ effet des 35h sur le cas particulier du personnel hospitalier, dont il me semble que nombre de socialistes admettent çà a été une bourde … et 2°) les effets retardés (15-20 ans) du numerus clausus amené trop bas, trop longtemps qui ont dégarni le maillage de la médecine de ville qui épongeait une partie de ces problèmes, additionné (oui, çà fait 3) au changement de culture des médecins de ville; Et sur ce point j’insiste, la majorité des syndicats médicaux (paradoxalement les plus « libéraux ») a participé à le maintenir bas, en face des gouvernements toutes couleurs confondues; les alertes sur le maillage trop bas et le numerus clausus à remonter sont plutôt venus du syndicat MGF, au moment de Juppé; Nous devrions voir l’effet de remontée du NC se manifester UN PEU dans les années à venir.
            Sauf que, encore une fois (féminisation ou autre) la culture du travail a changé et que le nombre de postes « consommant » du médecin formé (par ex ont été créé les médecins d’ EHPAD) a augmenté.
            En fait il semble que nombre de pays ont mal géré ces problématiques qui sont, il faut bien le dire , horriblement complexes avec des répercussions à long terme, des évolutions culturelles (l’idée que se font les gens des soins, l’ idée que les jeunes médecins se font de la place de leur travail dans leur vie etc, qui font qu’une analyse en termes binaires droite/gauche n’ est pas forcément très pertinente: Voir la façon dont le NHS a évolué après maggie Thatcher, la façon dont les (nombreux) systèmes fédéraux et autres (HMO, ) ont évolué aux USA etc. Nous ne sommes ni les meilleurs (quoiqu’au point de vue accessibilité sociale aux soins on est encore pas trop mauvais) mais pas non plus les pires.

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