Par Charles Boyer.
15 millions pour taper dans une baballe, comment cela peut-il être juste ?
Combien de fois n’avons-nous pas entendu cette question ? En France, ces dernières années, elle s’est particulièrement concentrée sur la personne de Zlatan Ibrahimovic, buteur du club de football du Paris Saint Germain F.C. Celui-ci est en effet devenu, par l’investissement de fonds en provenance du Qatar, de loin le mieux payé de l’histoire du football en France. Qui plus est, pour ne rien arranger, il aime s’auto-affubler d’une personnalité au premier abord antipathique, et se mettre ainsi dans la peau du proverbial type qu’on adore détester.
Désormais, sa carrière en France est terminée, avec pour seule cerise sur le gâteau le fait qu’il va encore jouer quelques matchs dans notre pays lors de l’Euro 2016, sous le maillot de son pays la Suède.
Au delà des images faciles, que penser de Zlatan Ibrahimovic ?
Zlatan gagne-t-il trop ?
Pour débuter par le sujet qui fâche, gagne-t-il trop ? Clairement non. Il y a deux aspects à cette question. Le premier est, que vaut-il ? Et le deuxième, combien rapporte-t-il par rapport à ce qu’il coûte ? Les deux sont, concernant une personne aussi exceptionnelle que lui, faciles à traiter.
Sur la question du revenu, une remarque simple est à faire. Si vous êtes l’un des 5 meilleurs du monde dans votre domaine, vous serez à l’abri du besoin. Cependant, le devenir est incontournablement extrêmement difficile. Bien sûr, si vous êtes l’un des 5 meilleurs PDG de multinationale du monde, vous serez encore plus riche que Zlatan. Mais cela ne se limite pas à ça. Si vous êtes parmi les 5 meilleurs, disons, coiffeurs du monde, alors vous trouverez du travail auprès des stars et de l’élite, et probablement vous pourrez ouvrir une chaîne à votre nom. Peut-on être aussi riche que Zlatan en étant coiffeur ? Pourquoi pas ? Bossez comme un malade pour devenir un des 5 meilleurs du monde et vous verrez ce qui se passe.
Bien sûr, dans certaines activités, cela ne vous assurera pas une fortune de ce niveau, mais l’important est de comprendre que, si l’on se donne la peine d’être réellement excellent, on n’a guère à se soucier de l’aspect matériel des choses. On peut même aller un cran plus loin, en affirmant que quiconque pense d’abord à son revenu n’a aucune chance d’y parvenir. Pour devenir inégalable, il faut se concentrer sur son métier, de manière acharnée, et rien d’autre. Sinon, on ne devient pas un des meilleurs. Car je l’affirme ici sans peur de me tromper, pour parvenir à son niveau, Zlatan a dû bosser comme vous et moi n’en sommes pas capables. Sinon il ne serait pas où il est, et nous, où nous sommes. Il n’y a pas de mal à cela, il n’y a point de façon idéale pour tous de mener une vie. Mais il ne faut pas jalouser les autres, et jouir de sa vie comme on a soi-même décidé de la mener.
Qu’a-t-il de spécial, ce Zlatan ? Au delà de ses statistiques, suffisantes dans son domaine, les buts et les passes décisives, accumulés, sont ce qui au bout du compte font les victoires et les titres de ses équipes, et ces titres font leurs revenus. Ce qu’il a de plus, c’est qu’il assure le spectacle. Sur la durée d’une carrière entière, tout footballeur peut espérer réaliser un geste qui fera le tour de la planète. Après tout, pour les connaisseurs, c’est même arrivé à Charles-Édouard Coridon. Le foot est un sport et aussi, reconnaissons-le, un métier de spectacle, et de ce point de vue, Zlatan, lui, l’assure, match après match, saison après saison, de ses légendaires débuts à Gotteborg et Ajax Amsterdam, en passant par tous les plus grands clubs.
Cela nous amène naturellement à la deuxième question, rapporte-t-il plus qu’il ne coûte ? La réponse est simple et claire : Zlatan ne perçoit qu’un petite portion de ce qu’il rapporte. Du fait de son talent unique (quelques joueurs sont meilleurs que lui, mais peu de plus spectaculaires), des centaines de millions de personnes veulent le regarder, ce qui enrichit énormément de gens, dont les télévisions, les annonceurs publicitaires, son club, mais aussi les autres clubs qui font de plus grosses recettes quand ils jouent contre lui, et toute la chaîne de valeur de la vie du foot, inclus les institutions telles les fédérations nationales et internationales. Au risque d’étonner, j’affirme ici que, au regard de tout ce qu’il rapporte, avec le revenu qu’il gagne, Zlatan se fait avoir.
Ce troll qu’on écoute
Ce qui est par ailleurs amusant, en ce moment précis en France, c’est que ce personnage volontiers provocateur – on dit désormais « troll » dans le langage du web –  vient d’accorder une interview au Monde. Comme à son habitude, il n’hésite pas à dire les choses comme il les voit, en les enrobant d’une couche de son humour pseudo arrogant. En substance, qu’a-t-il dit ?
Il est revenu sur sa déclaration qui a beaucoup choqué, faite dans la colère des instants d’après un match : « pays de merde » au sujet de la France. Il explique qu’elle ne visait que la France du foot. Nous pouvons le croire, tout indique qu’il s’est fort plu dans notre pays. Gageons qu’il sait de quoi il parle concernant son domaine professionnel, et que quelques détails seraient à revoir dans les institutions, dans l’arbitrage et dans le fonctionnement.
À propos de ses revenus, lorsque le journaliste lui dit qu’il gagne beaucoup, Ibra l’interroge sur le sens qu’il donne à beaucoup. Nous avons déjà traité la question plus haut et nous posons la même question.
Il estime la fiscalité française exagérée. Sachant que la fiscalité punitive anti-talent est la principale raison pour laquelle le football de club dans notre pays est si faible, davantage par exemple que celui du Portugal sur la scène européenne, peut-on lui donner tort ?
Enfin, et c’est ce qui a fait les gros titres, Zlatan a dit, au sujet de François Hollande : « quel genre de Président est François Hollande ? J’aide ce pays plus qu’il ne l’aide ». L’histoire jugera du bilan du président Hollande, et s’il s’avère qu’il a dégradé la situation du pays, alors toute personne dont le rôle en France aura été juste neutre pourra à raison faire sienne cette affirmation. Mais Zlatan ferait-il pour autant un meilleur président que Hollande ? Quelques éléments le laissent penser.
Tout d’abord, il est stimulant, il insuffle une énergie à qui l’écoute, là où le sortant ennuie et endort. Pour être en position de leader, cela peut jouer.
Il possède des savoir-faire et des qualités que Hollande n’a pas. Dans ce monde interconnecté, il parle mieux anglais, ce qui n’est pas rien. Bien que controversé, il est mondialement populaire, et pourrait donc aider à faire ré-aimer la France. Enfin, il a travaillé dans grand nombre de pays d’Europe et saurait mieux tisser des liens qui comptent tant avec nombre de pays voisins. Pour la paix et la prospérité, c’est important. De plus, bosniaque par son père et de nationalité suédoise, il a la sensibilité pour aborder la question actuelle des mouvements de population, qui angoisse tant ceux qui en Europe se perçoivent, à raison ou à tort, comme de souche. Sur ce genre de problématiques, les émotions jouent un rôle démesuré, et son profil personnel aiderait.
Sur un point où nous avons un déficit géant, il mène par l’exemple : la réalisation de soi par le travail. Travailler plus que tout autre, et ainsi se réaliser soi même. Cet état d’esprit demande fortement à être ré-insufflé en France, et en urgence. Qui mieux que Zlatan pour l’incarner ?
De plus, et c’est le plus important, dans ce monde de plus en plus étouffé par l’impératif de normes et de conformités, en provenance des administrations, de l’ONU, de l’UE, et de bien d’autres sources, Zlatan représente un espoir sur la force de la voie et du choix individuel. Jamais il ne s’est soucié de savoir si sa façon de mener sa vie était dans les normes, et conforme ; et c’est en suivant ses propres décisions qu’il est parvenu au sommet. En cette ère hygiéniste, où il devient choquant d’exprimer toute pensée déviant de celles des pesantes institutions internationales, cela peut paraître superflu, mais c’est en fait essentiel.
En deux mots : Zlatan président !
Si seulement il était Français !
Le foot… personnellement ca ne m’intéresse pas. Qu’importe, j’ai bien aimé votre début d’article sur les questions habituelles des hauts salaires… Sont-ils trop payés ? Non dès lors qu’ils rapportent plus… Et Zlatan n’est pas le seul salarié du club, ils jouent avec d’autres joueurs, essentiels pour le spectacle. Je ne suis pas si certain qu’il se fasse avoir…
Un article qui commençait bien sur l’idée du salaire, du talent et du mérite… Et désolé mais la suite m’a vraiment ennuyé. J’ai même trouvé cela un peu « bebête », puéril, une discussion de footeux de dix ans…
Zlatan Président ? Meilleur qu’Hollande ? Ca n’a rien à voir. Comparer de la politique nationale et du sport-spectacle… Ca relève du non-sens. Donc je suis plutôt déçu que vous vous soyez égaré en chemin…
Parce que la politique n’est pas du spectacle? Les politiciens ne sont pas des comédiens?
Bien d’accord. Ecraser de son talent un sport à la morale douteuse et construire un avenir pour un pays sont deux choses bien distinctes. La fierté de certains grands patrons est que leur boite puisse fonctionner même en leur absence, grâce aux principes et aux règles qu’ils y ont instaurées. Ce devrait aussi être l’objectif d’un grand président, c’est la première différence avec un footballeur.
le français jaloux élire un  » riche » ? Ça n’arrivera jamais. Dommage , on aurait peut être pu voir Ibra zlataner la gueule du sergent Martinez !
Savoir si Ibra était trop payé au PSG est le problème des dirigeants du club, pas le mien. Ferait-il un meilleur président que Hollande ? La seule chose que je peux dire est qu’il a, c’est un fait, beaucoup rapporté en impôts et taxes, comme il le souligne à juste titre, alors qu’Hollande nous coûte un bras et continuera à le faire même une fois retraité, comme Sarko, Chirac et VGE avant lui.
un joueur de ballon est il trop payé ?
il faut poser cette question à celui qui le paye, et à lui seul. et à condition que celui qui le paye le fasse avec son propre argent, pas celui des autres, de la ville, de la région ou du département…
facile de payer cher des joueurs et quand on fait faillite aller demander à la grande ville d’éponger le déficit et la dette.
alors, ce joueur de ballon là est il trop payé par rapport à un autre ou trop payé dans l’absolu, je ne sais pas vraiment, mais pour pouvoir répondre qu’il n’est pas trop payé, il faudrait qu’il n’y ait aucun argent public dans son salaire ou dans les revenus de son patron (subvention du stade, location gratuite…)
quand afflelou paye les joueurs de ballon avec ses propres sous, ils ne sont pas trop payés. quand la ville de bordeau aide afflelou à payer ses joueurs de ballons, ils sont trop payés.
Il existe tellement de contre-exemples à ce principe fumeux des « 5 meilleurs au monde » qu’il serait trop long de tous les énumérer !
Particulièrement dans le domaine sportif où les capacités innées et / ou la chance d’arriver au bon moment (mode, règles avantageant un style de jeu)
influent bien plus qu’un entraînement intensif pour assurer sa richesse !
Le champion du monde d’enfilage de slip roule-t’il en Lamborghini ?
Anna Kournikova, au palmarès nullissime, n’est-elle pas riche à dizaines de millions ?
Le sport de haut-niveau exige une combinaison physique et mentale associé à un gros travail pour s’élever au-dessus des autres – cela est vrai pour une infinité d’autres domaines – et parfois on parvient à devenir riche.
Le tout, c’est d’arriver à trouver son domaine d’excellence.
Zlatan y est parvenu, bravo à lui
En tant que supporter parisien, il était évident que par sa personnalité extrême son côté démago et son jeu improbable, il allait marquer l’histoire du PSG et devenir l’idole du Parc. On va le regretter longtemps tellement il a effacé de nos mémoires et aussi vite les Susic, Weah et Pauleta.
Sur un marché aussi concurrentiel et précaire que le foot, non le salaire n’est pas choquant il représente mieux qu’ailleurs le prix du talent.