Les écoles hors contrat en danger !

Le projet de soumettre à autorisation les écoles hors contrat menacent directement la liberté scolaire.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
École By: Rahul Narain - CC BY 2.0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Les écoles hors contrat en danger !

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 14 juin 2016
- A +

Dans un récent article h16 a souligné le fait que la France n’a pas plongé d’un coup d’un seul dans le grand bain du totalitarisme socialiste mais a préféré y entrer petit à petit, par à-coups, depuis 60 ans. Il a tout à fait raison et le projet de soumettre à autorisation les projets d’écoles hors contrat en est le dernier pas en date.

Par P-A Berryer.

écoles hors contrat
By: Rahul NarainCC BY 2.0

Il existe trois types d’écoles en France : le Public (celui directement administré par l’État), le Privé sous contrat (l’État finance une partie des frais mais le programme suivi est celui de l’Éducation National) et le Privé hors contrat (l’État n’y intervient pas). Le Privé hors contrat, c’est à dire l’École Libre, peut prendre différentes formes comme des établissements ou le homeschooling.

À l’heure actuelle il suffit de faire une déclaration aux autorités suivantes pour ouvrir une École Libre : maire, préfet, procureur de la République, et directeur départemental de l’Éducation Nationale. En France, ce mode est considéré comme libéral, à l’image du droit d’association, son opposé étant l’autorisation préalable. C’est bien le projet du gouvernement que de passer au système autoritaire de l’autorisation préalable, c’est-à-dire que l’État pourra décider d’autoriser, de façon arbitraire, si oui ou non les gens seront libres d’exercer cette liberté constitutionnelle qu’est la liberté d’éduquer ses enfants.

La confusion entre instruction et éducation

Najat rené le honzecIl existe une confusion largement répandue sur la différence entre instruction et éducation. L’Instruction vise à apporter un savoir, des connaissances, à une personne qui ne les maîtrise pas. Ainsi, elle acquerra des compétences qui lui permettront de réaliser son potentiel. L’éducation a pour but de former une personne sur le plan humain, de la faire grandir en maturité et autonomie afin qu’elle devienne un adulte libre et responsable. Instruction et éducation sont donc des choses bien distinctes.

Ce qu’il faut impérativement retenir est que l’Éducation appartient exclusivement au père et à la mère d’un enfant. En soi, ce n’est pas un droit ou une liberté mais un devoir qui leur incombe dès lors qu’ils sont parents. Il est possible de discuter du rôle de l’État dans l’Instruction des enfants car elle représente un coût de plus en plus élevé au fil du temps. Certains courants libéraux reconnaissent à l’État une possibilité d’intervention limitée en la matière.

Ainsi, Milton Friedman a proposé la mise en place d’un « voucher », ou chèque-éducation, par lequel l’État financerait l’instruction en allouant une somme fixe à chaque enfant que les parents pourraient utiliser auprès de l’école de leur choix. C’est un sujet de débat entre les courants libéraux. Par contre, ces derniers sont quasi unanimes pour affirmer que l’État ne doit pas se mêler d’éducation.

Il existe en effet un point commun entre tous les régimes totalitaires/autoritaires de l’Histoire : une volonté de contrôler entièrement l’Éducation. Le but est de formater les jeunes générations à l’idéologie du régime afin d’en faire les premiers défenseurs. Systématiquement ces régimes attaquent tout ce qui pourrait limiter leur influence : Famille, Églises, Associations, Écoles. Tout ce qui pourrait limiter l’influence de l’État sur l’esprit des enfants doit être combattu et balayé. Tout ce qui peut dissoudre ces liens doit être encouragé, par exemple la délation intra familiale était encouragée en Russie Soviétique (googler Pavel Morozov). Le but est d’en faire émerger un Homme conforme aux critères de leur idéologie.

Tuer les écoles hors contrats pour renforcer le monopole de l’éducation

Il n’y a aucune illusion à se faire : en attaquant cette liberté fondamentale qu’est la liberté scolaire, l’Éducation Nationale veut s’assurer le monopole de l’éducation de la jeunesse en France. C’est la même finalité que les régimes totalitaires, simplement, au lieu de le faire brutalement en une fois, elle le fait petit à petit. Elle se comporte comme la tortue de la fable, elle va aussi vite qu’une 2CV mais elle arrivera bien à destination.

Certes il y a parfois eu des à-coups comme le Projet de Loi Savary dans les années 1980, mais les ayatollahs de l’Éducation Nationale n’ont jamais renoncé. Si ce décret arrive maintenant c’est en raison de l’érosion continue du nombre d’élèves depuis quelques années, et la progression de plus en plus forte d’élèves inscrits hors contrat. Ce décret a pour but de tuer la concurrence même, ou parce que, si cette dernière permet d’aider des populations en grandes difficultés, s’installant dans les quartiers difficiles pour justement offrir une chance aux élèves abandonnés des ZEP.

L’Éducation Nationale se moque d’aider les élèves, sinon elle se battrait pour améliorer son propre enseignement, ce qu’elle veut c’est endoctriner la jeunesse pour en faire de bons citoyens républicains et payant leurs impôts.

La liberté scolaire est la transcription du devoir d’éducation des parents. C’est à eux de décider de la manière dont leurs enfants doivent être éduqués, quelles valeurs doivent leur être transmises. En cherchant à détruire cette liberté, le gouvernement cherche à renforcer son contrôle sur la jeunesse afin que cette dernière soit conforme à son idéologie.

Inlassablement, nos politiciens, de droite comme de gauche, édifient un nouvel État autoritaire en Europe. Ils ne le font pas par la violence mais en infantilisant et contrôlant la population à coups de bien-pensance et de taxes citoyennes. Nous étions déjà pionniers en la matière avec la Convention, nous revoilà à la pointe du progrès avec l’autoritarisme du XXIe siècle.

 

Voir les commentaires (8)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (8)
  • Il est clair que l’Etat n’a pas à éduquer ni les enfants, ni la Nation, ni à instruire le public. Les formulations éducation nationale et instruction publique sont sont inadéquates. N.B. Observons que les enseignements religieux se font une réputation sur leurs résultats en matière d’éducation. Il ne suffit d’être libre
    pour bien faire…

  • la différence entre éduquer et instruire…l’épaisseur d’une lame de couteau . il ne peut pas y avoir d’instruction sans éducation..et c’est ce que l’on reproche à l’EN , EN se contentant de mal instruire et oubliant d’éduquer !
    reste le coté propagandiste avec les choix de connaissances instruites et c’est là qu’il y a un combat a mener de toute urgence , l’éducation en dépendant étroitement .
    sinon , bien sur qu’il faut contrôler les écoles ‘libres’ , une propagande républicaine est quand même mieux qu’une propagande religieuse ou sectaire..reste a contrôler le contrôleur un peu trop socialiste, tendance extrême, à mon gout !

    • La distinction n’est pas entre éduquer et instruire, mais entre endoctriner et éduquer. On a longtemps considéré qu’en défendant la seule instruction, on se préservait du glissement vers l’endoctrinement collectif. Peu importe la dangerosité de la doctrine spécifique, à l’école on doit apprendre à apprendre, pas à se conformer à une doctrine dont la seule remise en cause se ferait par basculement vers une autre.

      • on ne peut pas échapper a l’endoctrinement d’état ou familial ou du milieu dans lequel tu vis , c’est ça une société et toutes les sociétés tenteront d’avoir un maximum de cohérence entre ses membres..par la force ou l’intelligence…le seul choix restant est de permettre à l’enfant d’acquérir les armes pour se défendre le mieux et c’est le rôle essentiel des parents et la raison principale de choisir une école…privée , école censée donner plus de chances aux enfants par rapport aux enfants de l’école publique..a priori , l’EN devrait être supprimé sous sa forme actuelle elle perpétue une société élitiste basée sur l’argent (avant c’était la naissance), c’est similaire à la consanguinité , l’élite est vouée a la dégénérescence (la France est gâtée(euse) avec son élite !) et sans élite de qualité une société est perdue.

      • C’est bien tout le problème: tout enfant a besoin pour « grandir », « mûrir », « s’éduquer », « comprendre » (et « se comprendre »), d’un « cadre », de « limites », de « repères », de « modèle(s) »: ce qu’on appelle habituellement « éducation » qui peut devenir « endoctrinement », « conditionnement » ou bien « boîte à outils (psychologiques et intellectuels) ».

        Il aura ensuite quelques années d’adolescence pour « faire le tri » et choisir de plus en plus librement, comme nous le souhaitons, ce qu’il veut conserver et développer et ce qu’il veut abandonner ou rejeter, plus ou moins radicalement, à cet âge, ses expériences multipliées pouvant ensuite, avec le temps, nuancer ses choix selon les circonstances, d’une part, et selon sa personnalité en évolution, d’autre part: c’est bien ce qui donne des individus « uniques »: et c’est bien ce qui gêne toute autorité voulant imposer sa loi à (presque) tous.

        Nous sommes donc tous marqués par notre éducation, au départ, mais par ce que nous en avons fait ensuite, ce qui engage, pour finir, notre responsabilité personnelle, cette dimension libérale souvent trop oubliée!

        Clairement, l’instruction intervient dans l’éducation (la « discipline », par exemple) et autant le choix des matières enseignées (le « programme ») que la « façon » de transmettre le savoir d’un professeur charismatique ou « répulsif » influenceront nos dilections.

        Il est donc logique (mais pas sain!) que l’autorité veuille s’accaparer de l’un (le programme) et des autres (les prof’s) dans son but d’obtenir que ces futurs individus se fondent dans un modèle unique et docile éventuellement envers et contre la liberté parentale, pas forcément conforme.

        On peut imaginer difficilement comment des enfants Russes de l’URSS, par exemple, embrigadés, à côté de l’école, dans la jeunesse communiste, en uniforme, où l’état unique « les instruisait ET les éduquait » (un « cadeau »), jusqu’à leur donner le droit et le devoir de dénoncer leurs proches « non conformes », ont bien dû être complètement déboussolés à la chute, à l’écroulement du régime, son économie et son idéologie, autrefois à la fois logeur, nourricier (même pour un travail de liftier dans un ascenseur d’un grand magasin d’état), organisateur de tous les aspects de leur vie quotidienne, y compris inspirateur de leur fierté convaincue d’appartenir à un grand pays, vraie grande puissance mondiale, dans bien des domaines.

        J’en connais qui ne s’en sont pas encore remis et combattent encore pour leur idéal nostalgique qui fait passer « l’égalité » avant toute autre considération pratique ou valeur morale, y compris dans votre devise nationale qui aurait failli (ai-je lu un jour) contenir aussi le terme « propriété ».

        Difficile de ne pas voir qu’un Fr.Hollande (et comparses) utilise (maladroitement) la même voie, nomenklatura comprise, bien entendu, en prétendant, sans le dire, que tout devrait appartenir à l’état chargé ensuite de répartir entre les « méritants » du régime, suivant sa morale et sa justice très « spéciales »! De là à déduire qu’il est indispensable pour l’état, de continuer dans la voie de son monopole, supprimant toute exception gênante et donc en rendant illégale toute concurrence parasite, il n’y a qu’un petit pas à franchir!

        Pas étonnant, dès lors, que la France s’éloigne de la démocratie où la majorité choisit encore mais de préférence sans contre-pouvoir et respect bien allégé de la prise en compte des minorités (sauf sexuelles), y compris face aux traités signés avec les partenaires européens puis non appliqués, le droit ayant une valeur de plus en plus relative!

        (Mais je ne sais que trop bien qu’on ne reconnait aucun droit de critique de la France, « Lumière du Monde » et « Source de Valeurs Universelles », à un étranger qui, forcément, ne peut pas comprendre!)

  • Collèges et Lycées ZEP pour ma part, on va dire que les opinions de gauche y étaient discrètement « encouragé » par les professeurs.

  • bah c’est « logique » : pas un seul des terroristes n’a fréquenté la moindre école hors contrat, ils sont tous passés par l’école publique, et donc, dans le fameux schéma institutionnel « vous êtes ici : rétribution des coupables, punition des innocents ». BAU.

  • Je simplifie beaucoup mais en gros
    Instruire = apprendre à penser
    Eduquer = apprendre quoi penser

    L’instruction de base (qui reste à définir) peut être la même pour tous. En revanche l’éducation doit rester diversifiée au maximum et doit donc rester de la responsabilité des tuteurs légaux

    si on n’apprend pas à penser par soi-même on se retrouve victime du discours le plus séduisant, d’où la radicalisation observée depuis plusieurs années.
    c’est la double peine de l’EN, on a crée des générations endoctrinables, sauf qu’au lieu de respecter la propagande d’état, ils se tournent de plus en plus vers d’autres formes d’embrigadement

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Par Pierre Rokfussano.

Un bloc uniforme qui tue toute initiative

Au moment où la réforme du lycée de Jean-Michel Blanquer laisse encore de nombreuses familles dans l’incertitude, intéressons-nous à ce qui dysfonctionne vraiment dans l’éducation française.

Pour remettre en question les a priori du débat national sur l’éducation, commençons par remarquer ce qui devrait apparaître comme une évidence pour tout libéral : l'hyper- centralisation du système éducatif, dictée par une mentalité obsédée par une uniformité sans discernement... Poursuivre la lecture

Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

Mardi 5 décembre 2023, communiquant sur les résultats des élèves français à l’enquête internationale PISA, le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal a proposé de réviser les programmes de primaire pour y adopter progress... Poursuivre la lecture

L’Éducation nationale se trompe d’objectif en favorisant la mixité sociale et la réduction des inégalités plutôt que le niveau de connaissances. En effet, la dégradation du niveau général est nuisible à tout le monde et réduit l’égalité des chances en nivelant par le bas.

Depuis la publication en avril de mon article « L’éducation nationale se trompe d’objectif », sont arrivés les résultats de la dernière enquête PISA, qui confirme la catastrophe, et le plan Attal qui tente d’y pallier.

Ce plan vient tout juste d’être annoncé, on ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles