Stupéfaction : il semblerait que l’ENA, l’École Nationale d’Administration, la prestigieuse fabrique française de politiciens, ne soit pas exactement aussi bien gérée qu’il faudrait. Vraiment, la surprise est totale.
Aujourd’hui chargée d’assurer la sélection et la formation initiale et continue des hauts fonctionnaires de l’administration française par petits paquets de 80 à 100 élèves, l’ENA est donc cette école qui aura fourni pléthore de préfets, de ministres et quelques présidents à la République naïvement reconnaissante. On pouvait donc raisonnablement s’attendre à ce que l’administration d’une telle institution, sa gestion notamment, soit irréprochable tant l’exemple doit être montré dès le début de la carrière des élites qu’elle forme.
Malheureusement, comme en témoigne un article paru récemment dans Acteurs Publics, il n’en est rien : grâce à la fuite (pratique ?) d’une note interne et confidentielle révélée par ce journal, on découvre que l’ENA est confrontée depuis quatre ans à un important déficit d’un montant de 1,83 million d’euros pour l’année 2015.
Comme explication, il semble que ce sont les charges de fonctionnement liées à l’augmentation mécanique de la masse salariale qui provoquent cette difficulté, d’autant que l’État – le petit coquin – verse une subvention qui ne représente plus que 75 % des charges au lieu de 83 % comme jusqu’en 2006. La note estime même que le montant alloué annuellement, de 31 millions d’euros, « a été grignoté depuis 2012 alors que dans le même temps les charges grimpaient en flèche »…
Voilà qui est particulièrement savoureux, à plusieurs titres.
D’une part, parce que cette information illustre de manière lumineuse la façon dont fonctionnent nos administrations. L’ENA, de ce point de vue, n’est pas différente des autres et son excellence affichée pour la galerie laisse place, quand on y regarde de plus près, à l’habituelle médiocrité de gestion qu’on retrouve partout, dans toutes les administrations, sans la moindre originalité.
D’autre part, parce que les solutions envisagées pour résoudre le problème ne sont pas différentes de ce qu’on trouve partout ailleurs : avec la même propension à prendre son temps pour noter le problème et en envisager une résolution, on retrouvera les mêmes petites pleurnicheries réclamant « plus de moyens », alpha et oméga des solutions envisagées dans les institutions publiques. L’équilibre d’un budget passe systématiquement par l’adaptation des recettes aux dépenses et non l’inverse. Et même s’il est envisagé de réduire la voilure en diminuant le nombre d’élèves (et donc, le service rendu pour l’argent dépensé), il n’est pas envisagé de débaucher du personnel surnuméraire.
Reconnaissons-le : déloger ou ré-allouer des fonctionnaires est toujours tâche délicate. On peut tout de même reprocher à cette institution le même défaut que toutes les autres, à savoir d’avoir embauché sans précaution lorsque c’était facile et politiquement rentable, et ne plus savoir revenir en arrière lorsque les années de vaches maigres arrivent. La prudence et la bonne gestion, c’est pour les autres, les bons pères de famille, les chefs d’entreprises du privé, et les sales capitalistes dont on se moque d’ailleurs in petto avant d’aller les voir pour renflouer les trous…
Enfin, ces déficits de l’énarchie illustrent aussi très bien les manœuvres régulières pour camoufler la situation exacte (ici de l’institution, et plus largement, du pays) : il a fallu quatre ans pour qu’on apprenne le vilain petit secret (notez bien que les difficultés ont commencé à poindre en 2012, à l’arrivée de Hollande au pouvoir – coïncidence probablement, mais qui reste amusante). Pendant ces quatre années, on s’étonne que trop peu fut fait pour redresser la barre, et on s’étonne aussi que personne, semble-t-il, n’en ait rien su.
Cette dernière remarque n’est pas anodine. Elle est en fait la marque de fabrique de toute une génération de décideurs politiques dont on se demande si, finalement, ils n’ont pas spécifiquement été entraînés pour ça, l’ENA ayant après tout pour but, bien avant de former des élites pointues, de produire des administrateurs sur un moule spécifique dans lequel la bonne gestion du pays devient parfaitement accessoire, « Ne Pas Faire De Vagues » devenant un leitmotiv gravé dans le marbre et expliquant très bien toutes les dérives de laxisme observées à tous les étages de la République…
Et dans ce cadre, le camouflage de la dérive budgétaire de l’ENA trouve un écho particulièrement croustillant dans le dernier tour de passe-passe hollandesque pour diminuer artificiellement la dette française.
C’est Le Canard Enchaîné qui dévoilait l’affaire il y a quelques jours : pour amoindrir les trous du budget régulièrement en déficit, Bercy émet chaque année des OAT (obligations à termes du Trésor). Mais dans un marché où les taux négatifs font rage et la rentabilité est à peu près impossible à trouver, le ministère a choisi de déclencher la ruée des investisseurs en proposant un taux à 5 ou 6 %, ce qui amène ces derniers à acheter ces obligations au-dessus de la valeur officielle d’émission, jusqu’au double : quand l’État vend pour un milliard d’OAT en valeur officielle, il peut en encaisser deux.
Fort bien, d’autant que la manipulation permet d’une part de réduire le déficit immédiat, et d’autre part de contenir le ratio entre la dette et le PIB qui grâce à cette opération ne dépasse pas les 100 % (98 % en 2015).
Sauf que ce joli habillage de la réalité a un coût : pour chaque milliard ainsi emprunté, cette différence de taux ajoute 60 millions d’intérêts à rembourser tous les ans, au lieu des 5 millions d’une OAT à taux normal.
Très concrètement, les générations futures, toujours choyées lorsqu’il s’agit de taxer les voitures à essence et favoriser les énergies « vertes », se prennent un magnifique high-kick dans les gencives à chaque nouvelle émission de ces OAT dopées.
Ici, on a largement dépassé le point où on maquille un peu les chiffres statistiques pour camoufler une vérité douloureuse à présenter devant les Français alors que les élections approchent : à présent, on est dans le maquillage des comptes de la Nation eux-mêmes, dans le plus parfait cynisme.
Les déboires de l’ENA montrent de façon limpide que nos dirigeants ont été à « bonne école », que la bonne gestion et la bonne administration sont une véritable Terra Incognita dès qu’il s’agit d’argent public, et que s’il est possible de camoufler quatre années de trous pour cette école, il n’y aura aucun problème ni financier, ni moral, à utiliser toutes les astuces financières les plus risquées et les plus coûteuses pour camoufler la situation économique désastreuse du pays.
Pire encore : si on découvre que depuis plusieurs années, le cynisme des uns et le jmenfoutisme des autres a permis ces bidouilles à 60 millions d’euros pièce, quelles surprises encore plus coûteuses se cachent dans les comptes de la Nation ?
Non, décidément, ce pays est foutu.
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Sur le web
on découvre que l’ENA est confronté depuis quatre ans à un important déficit d’un montant de 1,83 millions d’euros pour l’année 2015.
Fastoche : une pluie de nouvelles taxes et les est réglé en moins de temps qu’il ne faut pour le dire
Eh quoi, Hollande il ne va en faire un gouda, euh un fromage d’Hollande, non ❓
Il faut une transparence des coûts des services publics. Sans vouloir faire de la propagande pour LR et la nouvelle présidente de l’Ile de France Valérie Pécresse, je trouve très bien qu’elle veuille mette un terme aux tarifs « bisounours » démagogiques pour le titre de transport (pass navigo) en Ile de France instaurés par son prédécesseur le socialiste JP Huchon
Tout le monde sait que l’espèce « d »open bar » du Pass Navigo à 70 euros pour voyager pendant un mois sur toute l’Ile de France autant qu’on veut ….c’est de la foutaise car c’est faire payer ses frais de transport par les AUTRES (les riches, les entreprises etc…).
https://fr.news.yahoo.com/passe-navigo-%C3%A0-70-euros-val%C3%A9rie-p%C3%A9cresse-menace-005945205.html
N’est-ce pas çe qu’on appelle un « cas d’école »? (un cas qui correspond exactement au modèle théorique enseigné)
@ Dominogris
Quand on pense que bien des universités U.S. sont bien soutenues par les dons d’anciens étudiants qui ont « réussi » grâce aux cours reçus, on se dit que les anciens élèves de l’ENA, même arrivés aux plus hautes fonctions, sont, pour leur pognon personnel, des pingres et des ingrats!
Beurkkk!
Oh c’est faux : ils sont très généreux, très même… Surtout avec l’argent des autres, fussent-ils peu riches
Si l’état s’imposait les règles comptables internationales imposées (à juste titre ) aux entreprises privées, l »État devrait comptabiliser sa dette à sa valeur économique, celle qu’accepte de payer les investisseurs. Les États sont aujourd’hui les champions de la deconsolidation, façon Enron ou Vivendi
Bah, puisque nos « économistes » patentés, dont ceux qui enseignent à l’ENA, nous répètent que « l’Etat ne se gère pas comme une entreprise », y’a pas de problème, non ?
normalement , quand un individu est reconnu comme incapable d’assumer ses finances correctement , on le met sous curatelle ; nous avons donc un gouvernement qui non content d’^etre incompétent , menteur , avide , il est également complêtement irresposable ; c’est trés grave et ça mérite une destitution ;ces gens là n’ont pas le droit de ruiner un pays par pur intéret ; c’est vraiment une bande de cons finis ;
Le pire, ce sont ceux qui les regardent faire.
Il y a bien pire: ceux qui pensent qu’au contraire ces gens serrent les cordons de la bourse et « détruisent les-z-aquis ».
Dans le genre mélange psychotrope puissance mille.
des dirigeants d’entreprises qui auraient recours à ce maquillage seraient depuis longtemps sous les verrous, mais Sapin et les hauts fonctionnaires de Bercy continuent de parader sans vergogne ….
Il est facile d’imaginer qu’en 2012 il y eu « open embauche » suite à l’arrivée du copain à l’Elysée .
Un petit tour de passe passe et il n’en sera plus rien du déficit de l’ENA . Dans le royaume des copains coquins que voulez vous qu’il arrive d’autre?
Bien, vous en voulez encore des socialistes-fonctionnaires-prédateurs-menteurs? Alors continuez a bien voter.
Dans un pays libre, de telles pratiques seraient sanctionnées par la justice, ou à minima, les auteurs seraient virés.
Dans un pays socialiste, les auteurs rigolent franchement.
Et pourquoi la cour des compte ne semble pas l’avoir signalé? Secret défense?
Obliger cette organisation qui produit tant d’occupants de l’intérieur à rendre public son programme d’enseignement. Fermer cette usine à incapables. Ouvrir les postes de direction de l’administration à tous. Rendre aux Strasbourgeois le superbe bâtiment occupé par l’Ena à Strasbourg.
A propos des OAT: ce n’est pas un tour de passe-passe hollandesque, tout est pricé convenablement. Exemple de l’OAT 6% 25 octobre 2025 (http://www.aft.gouv.fr/articles/aft-issuance-a-total-amount-of-euro7-930bn-in-oats_12662.html). Certes le taux facial est de 6%, mais elle été vendue à 152, pour un taux actuariel (le juge de paix) de 0.39% totalement en ligne avec les taux de marché. L’AFT ne se fait pas « avoir » en émettant cette OAT et les Français ne sur-paieront pas cette dette.
Apparemment, la Cour des Comptes n’est pas d’accord avec vous.
Après ma première réponse (mal placée, elle est en bas à 16h28…), j’ai regardé le document de la cour des comptes.
p35: »L’émission à partir de souches anciennes a donc permis de de ralentir la croissance de la dette. Elle a pour contrepartie, dans les conditions de taux actuelles, une charge budgétaire de la dette plus élevée pour les exercices suivants. »
Difficile de ne pas être d’accord.
Toujours p35: »Elle est en revanche neutre sur la charge de la dette en comptabilité nationale et en comptabilité générale, les primes et décotes étant étalées sur la durée de vie des emprunts concernés dans les deux référentiels. »
C’était mon point.
Toujours p35: »L’AFT estime que, si elle n’avait pas répondu à cette demande, les taux obtenus sur ces émissions à long et moyen terme auraient été globalement plus élevés. »
Bon, ça c’est l’avis de l’AFT, qui évidemment prêche pour sa paroisse.
vous avez raison sur le point que « L’AFT ne se fait pas « avoir » en émettant cette OAT et les Français ne sur-paieront pas cette dette ». L’astuce et l’embrouille ne sont pas là, ils sont dans le décompte de dette : on la compte pour 100 €, alors qu’on devrait compter environ 145 € d’empruntés au taux de 0.39%, pour un total du à l’échéance de 160 € sur 10 ans.
Voilà.
Super, donc au lieu d’émettre 152 à 0,39%, on a émis 100 à 6% + une jolie prime de 52. A votre avis, de ces deux cas, quel emprunteur a fait le choix financier le plus judicieux sur 10 ans (maturité de l’OAT)?
Le choix pourrait à la rigueur se comprendre uniquement si les 52 étaient placés de façon à obtenir un rendement supérieur au coût de l’emprunt. Mais comme ces émissions servent à rembourser des dettes existantes, on sait bien qu’il n’y a aucun placement et donc aucun revenu.
Mon propos ne traitait pas de la pertinence de l’OAT comme support d’investissement, uniquement du fait que l’émission d’une OAT 10 ans au taux de 6% avait une explication.
Vous êtes bien optimiste. La cour des comptes constate que pour 2015, les placements de trésorerie sont…déficitaires (ils étaient encore positifs en 2014).
https://www.ccomptes.fr/Accueil/Publications/Publications/Le-budget-de-l-Etat-en-2015-resultats-et-gestion
Document « Gestion de la dette et de la trésorerie de l’Etat », paragraphe 2.2.4
Ceci est une illustration de la préférence pour le présent, donc du court-termisme de nos élus et fonctionnaires.
Ce sont les mêmes qui ensuite donnent des leçons de gestion au privé, qui n’aurait que le présent à cœur. Ces gens méritent qu’on les foutent dehors.
Concernant le tour de passe passe sur les OAT, j’ai un gros doute.
Chaque jeudi l’AFT met aux enchères son lot de 8 à 9 mrd€ d’obligations. C’est le prix offert par les 13 banques agréées qui détermine le taux effectif de l’emprunt. Le taux nominal s’applique au … Nominal. Donc j’ai beau essayer de comprendre, je ne vois pas comment on peut cacher de la dette avec de système, et surtout comment la coût pourrait exploser. J’ai lu les articles en lien, mais je n’ai rien de concluant. Une source vers l’information sur les OAT incriminées ?
Je rejoins votre avis. Il y a quelque chose de louche ici et il s’y cache certainement un malentendu.
L’Etat propose son OAT a 5%, nominal 100. C’est tellement alléchant pour les investisseurs que l’offre est sur-souscrite. Jusque la, tout va bien.
Les émissions d’Etat sont généralement soumise a un systeme d’enchère et celui qui accepte e payer le plus gros taux, remporte la mise – grossièrement. Ici, nous aurions un méchanisme d’enchère ayant effet non pas sur le taux, mais sur le nominal. Celui qui est prêt a donner le plus a taux constant remporte la mise.
Je ne suis pas un pro de l’émission de dette Française, mais il y a deux cas de figure possibles :
1. L’Etat empoche (100 + x) et paie des intérêts sur 100 : L’Etat contracte un emprunt de (100) et ajoute (x) dans sa poche, « gratuitement ».
Certes, le taux est plus élevé, mais cette hausse d’intérêt est a mettre en perspective avec le gain additionnel de (X).
Ici, l’Etat ajoute 100 a sa dette, paie plus d’intérêts sur celle-ci, mais jouit de (X).
Si X = 100, dans les comptes, sur l’année, on verrait une balance nette de +100 (je dois 100, j’ai emprunté 100 et j’ai 100 bonus) tout en ayant 100 de dette. On peut donc dire qu’au premier coup d’oeil, la dette globale est réduite de 100. Mais a quel prix ?
2. L’Etat empoche (100 + x) et paie des intérêts sur (100 + x) : L’Etat contracte un emprunt de (100+ x).
L’Etat a tout a perdre en faisant cela. Il aurait ameuter les investisseurs en payant un taux plus élevé, et contracterait plus de dette plus chère.
Il faudrait qu’un connaisseur d’émission de dette nous renseigne sur les cas possibles pour trancher.
taper « oat » dans votre moteur de recherche. C’est bien sûr le cas 1, l’état paie les intérêt sur la valeur nominal de l’oat, pas sur sa valeur actuelle.
@P, got it. Je comprends parfaitement le vicieux d’une telle approche.
soumises* ameuté* à*
En offrant un taux nominal à 5 ou 6% (donc bien au-dessus des taux de marché habituellement pratiqués), vous provoquez une ruée des investisseurs qui surpayent l’OAT afin de l’obtenir. En d’autres termes, on achète l’obligation à son montant nominal majoré d’une prime visant à rétablir un taux d’intérêt effectif conforme au marché (pour mémoire, la hausse du prix d’une obligation a pour conséquence une baisse de son taux d’intérêt effectif). Cela permet donc de faire rentrer plus d’argent immédiatement dans les caisses et donc de désendetter.
Le mieux est de prendre un exemple. Si vous avez 10 Mrds € de dette à 1% arrivant à échéance et que vous devez les refinancer, il vous suffit d’utiliser cette « astuce » afin d’émettre 5 Mrds € d’OAT à 5% tout en faisant rentrer 10 Mrds € dans les caisses (la différence correspondant grosso modo à la prime). Bilan: vous avez bien réduit le stock de dette en nominal d’un montant égal à celui de la prime (5 Mrds €). En revanche, vous avez augmenté vos engagements hors bilan, puisque la valeur des intérêts que vous allez devoir verser tout au long de la vie de l’OAT a considérablement augmenté (5% de 5 Mrds € vs. 1% de 10 Mrds €).
C’est une technique de substitution d’un engagement du bilan vers un engagement hors-bilan.
Oui, voilà, c’est exactement le mécanisme employé.
comment cacher de la dette avec 100 € d’oat à 5 % sur 10 ans, vendu par exemple 150 € ?
Et bien comparez :
Ce qu’il aurait fallu faire :
* emprunter 150 € à taux actuel, en comptabilisant 150 € de dette
Ce qui a été fait : cacher un « emprunt dans l’emprunt »
* un premier emprunt, normal, de 100 € à taux actuel, pour lequel on remboursera 100 € dans 10 ans et on paiera 0 € d’intérêt d’emprunt (0% puisque c’est le taux actuel) ; dans la dette publique, il est compté pour sa valeur normale, 100 €
* un second emprunt de 50 € correspondant au bonus de 5€ par an pendant 10 ans, sauf qu’il n’est comptabilisé nul part
vous les voyez, maintenant, les 50 € de dette qui ont été escamotés ?
Je reconnais bien là le tueur de chatons turbo-libéral qui n’a aucune notion du service public.
Le déficit est au contraire un signe d’excellent gestion, ne vous déplaise.
En effet, pour commencer, que se passerait-il sans déficit ?
* l’école ferait des excédents ? Quelle horreur ! Vous même, vous protesteriez contre son budget excessif qu’elle n’est même pas capable de consommer, dont elle n’a manifestement pas besoin. Son directeur serait obliger de rendre des comptes et d’expliquer comment il a pu oser réclamer trop d’argent ou pourquoi il n’a été capable de rendre le service publique attendu. Bouh l’affreux
* l’école serait à l’équilibre ? Le péché serait moins grave, il est vrai, mais ce résultat ne lui permet pas de venir pleurer misère, réclamer plus de moyens, défendre son budget attaqué par Bercy qui lui réclamerait des économies
Avec le déficit, tout va bien. C’est Bercy qui est sur la défensive, qui doit lutter pour ne pas être obligé d’augmenter le budget. Le directeur peut se venter de contribuer à la richesse du territoire, car il y dépense plus qu’il n’y est prélevé (la différence, « c’est gratuit, c’est l’état qui paye », comme dit l’ami Molette, auditeur à la Cour des comptes)
Oui… sauf si on considère qu’une des composantes du service public est de ne pas faire payer plus que nécessaire le contribuable pour un même service.
Oh, c’est simple : il suffit d’augmenter … la « qualité ». Comme cela, on a un service public de qualité qui justifie toutes les dépenses… ❗
Mais que ferait-on sans l’ENA (Ecole Nationale d’Abrutis) ❓ Il suffirait de l’inventer…
Que voilà bien une considération de tueur de chaton turbo méga libéral, négationniste de l’évaluateur INSEE (celui qui dit que plus on fait payer le contribuable pour un même service, plus le service est valable) et du multiplicateur keynésien (l’opérateur macroéconomagique qui multiplie la dépense et la transforme en richesse supérieure). Tu t’es trahi.
Avec cette émission d’OAT Bercy se livre à ce qu’on appelle en droit commercial de la « cavalerie »..
La cavalerie est un processus financier où de nouveaux emprunts servent sans cesse à rembourser les emprunts antérieurs
Tout ceci ne peut conduire qu’à l’écroulement d’un mode de fonctionnement….. qui dure depuis le début des années 1970.
Pour le bien des Français et mettre fin aux utopies,Il est souhaitable que cet écroulement soit extrêmement violent
cet apocalypse ferait aux Français autant de « bien » que l’hyperinflation des années 20 en a fait aux allemands ou que le communisme en a fait aux russes ; c’est à dire en clair que ça serait une calamité plongeant une génération ou deux dans la souffrance et le malheur.
Souhaiter ça est idiot
Sauf que chez les allemands, l’homme de l’année 1938 a été primé pour avoir réussi à désendetter son pays en un temps record…et accessoirement, l’hyperinflation allemande était liée à une demande prématurée de remboursement des dommages de guerre.
L’homme de l’année 1938 a été primé parce qu’il était visiblement la plus grande force menaçante pour le monde, et que « it seemed more than probable that the Man of 1938 may make 1939 a year to be remembered. »
Indeed…
http://content.time.com/time/magazine/article/0,9171,760539,00.html
L’Allemagne de 1938 était en déficit, et massivement endettée selon les normes de l’époque (aujourd’hui on rirait et on pleurerait à l’austérité, je penses …) : https://en.wikipedia.org/wiki/Economy_of_Nazi_Germany
L’hyperinflation était liée à un refus de taxer franchement les allemands pour payer les réparations, et de passer par l’impôt déguisé de la planche à billet pour ça. Elle a été jugulée très facilement dès 1923 par le rentenmark indexé sur l’or. Mais quoi qu’il en soit, si la France devait brutalement rembourser ses 2000 milliards de dette officielle (sans parler des 4 à 5 x plus en dettes hors bilan), l’ampleur et l’effet serait comparable à celui du remboursement des dommage de guerre. Ou même si l’approvisionnement financier de 100 milliards de dette supplémentaire chaque année cessait, l’effet serait comparable à celui sur la République de Weimar de l’asséchement brutal en financements américains en 1929.
Je n’ai pas lu les commentaires de la Cour des Comptes. Je pense (peut-être à tort) qu’ils incriminent le mécanisme décrit par RD un peu plus bas sur letour de passe-passe intérêts/capital. Parce que d’un point de vue technique, sur l’émission, il n’y a pas grand’chose à redire.
En effet, on peut comparer 2 possibilités pour emprunter 152 à horizon 2025 (9.5 ans):
– cas 1 (utilisé par l’AFT): émettre une OAT 6%. Le prix à payer sur le marché est effectivement de 152, montant récupéré par l’AFT. On peut trouver que c’est cher/pas cher, mais c’est le prix du marché actuellement.
Dans ce cas, les intérêts payés seront 9.5*6%*100=57. Principal remboursé en octobre 2025: 100. Total payé: 157.
– cas 2 (qui aurait pu être utilisé): émettre une OAT au prix du marché pour un nominal de 152. A la louche, le taux aurait été de 39bps. Dans ce cas, les intérêts payés seront de 9.5*0.39%*152=5.6. Soit effectivement 10 fois moins d’intérêts que ce qu’a fait l’AFT. Principal remboursé en octobre 2025: 152. Total payé: 157.6.
Dans les 2 cas, pour emprunter 152, on rembourse la même chose. La grosse différence, ce sont les parts des intérêts et du capital.
Donc, non, l’AFT ne s’est pas fait avoir, la dette ne coûtera pas plus cher dans ce cas. Personnellement, je trouve que c’est une bonne gestion parce que la duration de l’OAT émise dans le cas 1 est plus faible que celle du cas 2: les remboursements sont plus lissés, le principal à rembourser en 2025 est moins important.
Par ailleurs, il me semble que c’est une pratique de marché (un SVT pourrait nous confirmer ce point) d’utiliser des souches existantes. celle d’octobre 2025 utilisée dans mon exemple est la seule OAT à arriver à échéance en octobre 2025. Toute émission avec cette date d’échéance utilisera cet instrument (bien identifié par son code ISIN: FR0000571150). C’était à l’origine une OAT 30 ans (émise en 1995), d’où ce taux élevé.
Honnêtement, je ne pense pas à une quelconque manoeuvre présidentielle. Mais c’est vrai, j’avoue, je crois beaucoup au théorème Madelin.
J’ai lu un livre sur le Baron Bich (*)qui a dit que le « déshonneur rentre dans ma famille » le jour où il a appris qu’un petit fils intégrait l’ENA.
(*) Horrible patron capitaliste qui, parti de rien, a créé un empire et, en plus, était très apprécié par tout son personnel. Il arrivait tous les jours à son bureau à 7h du matin.
J’ai eu le bonheur de passer quelques jours en Californie et de constater que, dans les grandes supérettes, les seuls produits français vendus étaient les rasoirs et les stylos BIC.
Une belle économie à faire : supprimer cette école qui fabrique les maffias politiques et limitent ainsi la diversité des formations et des origines permettant de favoriser la démocratie. En, plus, ils devraient donner l’exemple de la saine gestion des fonds publics qu’ils sont censés enseigner aux petits élus des communes. Qui parle de prestige ? Les Français ? ou ceux de Harvard, Oxford ou Francfort ?
Dommage que la plupart des commentaires glissent sur les OAT quand l’article pointe l’incurie des responsables à la tête de l’ENA. Sachant qu’il n’y a pas de professeurs titulaires dans cette école mais des chargés de cours, le déficit est généré par la seule structure: les administratifs. J’aimerai connaître le nombre de fonctionnaires titulaires dans l’établissement. Quant à la nouvelle directrice,aussi suffisante que cassante quand des explications lui sont demandées, parions qu’elle maintiendra sa ligne de défense: « tout va bien, circulez, il n’y a rien à voir! » ou encore: « Cette école, que le monde entier nous envie ».
bonne question, à laquelle l’ENA répond
« Environ 200 personnes travaillent chaque jour à l’ENA au sein des directions pédagogiques et des services transversaux, administratifs ou techniques. »
_http://www.ena.fr/L-ENA-se-presente/Qui-sommes-nous/Gouvernance-et-organisation_
pour 120 élèves (même pas toujours là !) — dont 30 étrangers qui ne serviront pas en France — et quelques cours annexes …
Et par ailleurs on trouve qu’un élève de l’ENA coûte 84 000 € par an, pendant 2 ans (total 168 000 €). Et que le budget de l’ENA est de 42 millions par an (le texte indique 31 M€ pour la subvention de l’état,représentant 75 % du budget, c’est bien les même chiffrages)
Les deux chiffres ne sont pas cohérent : 84 000 € x 120 = 10 M€, la formation des énarques, principale mission supposée du bouzin, ne représenterait donc que 1/4 du budget de l’établissement ? bizarre, bizarre.
_http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/une-vraie-reforme-de-l-ena-sa-fermeture-519854.html_
Et vous avez raison pour la directrice …
_http://www.rtl.fr/actu/societe-faits-divers/l-ena-fete-ses-70-ans-les-universites-ne-ressemblent-pas-a-la-france-dit-la-directrice-7780019773_
L’explication technique des manipulations comptables du Gouvernement Hollande a été clairement donné par RD dans son commentaire.
L’inacceptable de cette situation est que (comme d’habitude) le Giuvernement va fanfaronner sur la réussite de sa politique économique et fiscale en claironnant qu’il a réussi à diminuer l’endettement du pays : sonnez trompettes, résonnez hautbois
Alors qu’il n’y a eu aucun réel effort pour faire baisser l’endettement , aucune politique économique pour relancer le pays alors que l’environnement international s’y prêtait.
Au contraire la politique menée est un échec : exploson du nombre de chômeurs malgré les contrats aidés , accroissement de l’endettement du pays à 100% du PIB et augmentation de la pression fiscale qui ne laisse plus de marge de manœuvre …
La nouvelle histoire d’HO
C’est pour ne pas se faire taper sur les doigts par Bruxelles. Nos voisins seront-ils dupes ? A l’insu de leur plein gré ❓
Quelqu’un dans l’affaire se fait entuber, et c’est cela qui est odieux 🙁