Heuliez respire encore. Ségolène Royal retente un passage.

Heuliez, après des années de grandes difficultés, semble sortir la tête de l’eau. Malheureusement, Ségolène Royal est bien décidée à les aider.

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Ségolène Royal en meeting à Villepinte en 2007 (Crédits philippe grangeaud-Parti Socialiste licence Creative Commons)

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Heuliez respire encore. Ségolène Royal retente un passage.

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 24 juin 2016
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Actuellement, la politique en France, ce n’est vraiment pas une sinécure. Regardez notre bon Président François, à quel point il est à la peine, trébuchant lourdement d’une indécision à l’autre, d’un mauvais compromis à une synthèse calamiteuse. Heureusement, dans ce marécage collant d’ennuis et de pièges, Pimprenelle Royal continue de virevolter avec grâce et légèreté.

Ses petits pas légers l’emmènent parfois d’Angleterre jusqu’en Chine : son agenda indique ainsi qu’elle compte se rendre dans ces deux pays du 28 au 30 juin prochain, ce qui tombe foutrement bien puisque se tiendra, en même temps à Paris, la seconde édition du World Nuclear Exhibition à laquelle sa présence aurait pour le moins été détonante.

Ses pérégrinations la portent parfois à pencher son auguste (et frétillante) personne sur le sort banal des petits vermisseaux qui vivent en Province, comme par exemple en Deux-Sèvres. La voilà donc débarquant vendredi dernier dans son ex-Région pour y vanter les délices de l’industrie nouvelle à base de bus électriques.

Le choix de la Dame aux Caméras ne doit évidemment rien au hasard puisqu’elle a en réalité choisi l’un des fleurons des entreprises locales, Heuliez Bus.

Ce nom vous dit quelque chose ? Il aurait même déjà fait parler de lui dans ces colonnes ? Vous avez raison : Heuliez, c’est le leader français (et européen, madame, monsieur !) de la conception d’autobus, et c’est aussi le leader en production de bus hybride (mi-abri, mi-omni mi-diesel mi-électrique). C’est aussi cette entreprise créée en 1932 dont l’implantation qu’a choisi de visiter la ministre, à Rorthais en Deux-Sèvres, remonte à 1980 et qui s’est récemment lancée, presque toute seule, dans le nouveau défi des bus intégralement électrique.

Je dis presque toute seule puisqu’il a tout de même fallu, comme bien souvent dans ces entreprises pépères qui vivent très bien loin du giron de l’État, un petit coup de pelle derrière la nuque pouce pour inciter Heuliez à se lancer dans ces nouveaux marchés. Ce petit coup bien ajusté eut lieu en 2010. Rappelez-vous : en juin 2010, après des mois de crise lancinante, le tribunal de commerce de Niort validait finalement la scission de Heuliez en deux entités distinctes dont l’une fera les choux-gras de la presse locale et nationale ainsi que quelques méchants blogueurs : rebaptisée du nom chantant de Mia Electric, la nouvelle entreprise fut lourdement aidée par le Conseil Régional de Poitou-Charentes dans lequel sévissait une certaine Ségolène Royal alors en roue libre.

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Malheureusement, les ventes de la voiturette électrique ne décollent pas (en 2012, 700 pots de yaourts sont vendus sur les 12.000 prévus) et malgré les encouragements virulents de la présidente du Conseil Régional alors en train de ravager la Banque Publique d’Investissement, cela se traduit par un nouveau dépôt de bilan. Rassurez-vous : le désastre n’aurait pas été complet sans que le contribuable n’y soit pas de sa poche, et en février 2013, c’est chose faite : pour 2.5 millions d’euros, le Poitou-Charente peut s’enorgueillir de prendre participation (et pas mal de risques) dans cette belle aventure.

Heureusement, Royal est depuis grimpée jusqu’au ministère à la force du poignet, ce qui aura permis à l’entreprise de souffler : occupée avec son énergique transition vers un renouvellement durable de ses mandats nationaux, elle n’a pas eu l’occasion de pister la petite entreprise qui se sera servi de ce sursis inespéré pour ne pas calancher et développer le GX37 Elec, qui n’est pas un Golgoth mais un magnifique prototype de bidule électrique bientôt indispensable à toutes les mairies prochainement culbutées par les conséquences de la COP21.

golgoth gx37 elecEt c’est donc pour aller tâter le proto au plus près que Ségolène aura profité d’un petit trou dans son emploi du temps pour aller inaugurer la ligne de fabrication de l’usine Heuliez Bus, qui devrait débiter du golgoth bus électrique dès janvier 2017 comme d’autres des candidats à la primaire saucisses industrielles. Il sera tout juste temps car pour Pimprenelle et sa loi de Transition énergétique,

«Nous sommes à la veille d’une montée en puissance de ce marché très important. Je fais tout pour que les industriels qui (…) se positionnent sur l’économie bas carbone soient récompensés par de nombreuses commandes publiques et privées.»

Enfin, « commandes privées », c’est vite dit, vite oublié puisqu’actuellement, les golgoths d’Heuliez sont essentiellement achetés par des mairies qui doivent remplacer leurs équipements diesel par ces monstres de technologie, en faisant parvenir l’inévitable facture aux contribuables et aux générations futures. Et quand ce ne sont pas des mairies, c’est par exemple la RATP que Royal aura évoqué en souhaitant que « la France et ses grands services de transport donnent l’exemple, et que les grandes villes donnent l’exemple ».

Tout ceci est bel et bon, rassurant même d’après certains, et devrait réjouir les employés les plus fraîchement arrivés chez Heuliez Bus. Les autres et notamment ceux qui sont là depuis 2010 ont probablement déjà remis leurs CV à jour, et commencé à écumer les offres d’emploi locales avant que le marché ne soit saturé par le troisième ou quatrième (on ne compte plus) dépôt de bilan de l’entreprise et l’incontournable plan de licenciement qui l’accompagnera.

Gérard Filoche

Oh, il ne s’agit pas de défaitisme, mais de simple observation d’un phénomène devenu habituel : la fée Carabine du Poitou a largement démontré que, lorsqu’elle se penchait sur un cas, elle précipitait immédiatement sa déliquescence, et l’a déjà amplement prouvé sur Heuliez même. On se souvient en outre de ces nombreux entrefilets de journaux locaux découvrant les petits soucis de gestion (Tiens, où est donc passée la piscine du Lambon, par exemple ?)… bientôt suivis par ces péripéties rocambolesques de gestion de la région toute entière qui alimentent encore la chronique, tant ici qu’ailleurs, depuis qu’on a découvert (pas vraiment surpris) un amoncellement d’emprunts douteux et de dépenses somptueuses qui aboutissent, après un audit accablant, à une situation quasi-inextricable pour les nouveaux élus.

Et pour ces jolis golgoths bus électrique, il en sera très vraisemblablement pareil : outre le choix d’une énergie qui, pour le moment, n’a absolument pas démontré sa viabilité ni en termes d’autonomie, ni en termes de durabilité, ni en termes d’économie et encore moins en termes d’écologie (toutes ces batteries, ça en fait du plomb et de l’acide ou du lithium crado qui pollue, vous ne trouvez pas ?), les équipements produits ne peuvent intéresser, par nature, que des collectivités publiques dont les finances sont, à peu près toutes, exsangues et qui feront tout pour faire durer leur infrastructure actuelle aussi longtemps que possible. L’entreprise que la Dame Carbonie a visitée ne remplira son carnet qu’à coups de commande publique ô combien volatile en cette période électorale et économique tendue.

Enfin, on peut bien sûr souhaiter le meilleur avenir possible à cette entreprise grâce à cette nouvelle tentative de sauvetage indirecte par fonds publics, mais indépendamment du résultat, on doit, encore à nouveau, reposer la question lancinante à laquelle Ségolène Royal n’a toujours pas répondu : si l’entreprise est viable, pourquoi faire contribuer le public ? Et si l’entreprise n’est plus viable, pourquoi diable faire contribuer le public ?

einstein - folie
—-
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  • Bonjour,
    Je partage à 150% l’opinion que vous avez de Ségolène et de ses entrechats politiques tous azimuts.
    Par contre je vous invite à revoir les informations que vous avez sur le dossier Heuliez et la société Heuliez Bus.
    Ces 2 dossiers sont indépendants et n’ont aucune relation, à part le nom Heuliez.
    Heuliez (Cerizay) est mort pour plusieurs raisons: stratégie et mégalomanie des anciens propriétaires-dirigeants, ravages et exploitation des différents repreneurs successifs, actions désordonnées, irréfléchies et aberrantes des différents politiques s’étant penchés sur cette affaire, dont Ségolène bien entendu.
    Heuliez Bus: Entreprise indépendante née en 1982, issue de ce qui était alors la Division « Car et Bus » de la S.A. Louis Heuliez de l’époque.
    L’usine de Rorthais près de Mauléon est construite à cette époque et les fabrications y sont rapidement transférées.
    A Cerizay les bâtiments occupés jusque là par la Division « Car et Bus » servent à installer la chaîne de cataphorèse et les nouveaux ateliers de peinture.
    Au début les capitaux étaient « Famille Heuliez-Quéveau » + qqs% RVI. Puis d’autres actionnaires extérieurs: Volvo, Fiat-Iveco, Iribus, …
    Elle fait partie maintenant du Groupe CNH Industrial basée à Londres.
    Il y a belle lurette qu’il n’y a plus aucun lien capitalistique entre HEULIEZ et HEULIEZ-BUS.
    Seul point commun, le nom HEULIEZ, par respect d’une clause du contrat initial de séparation des activités en 1982.
    Vos explications sur l’utilisation de subventions ou prêts accordés à Heuliez pour que Heuliez-Bus développe un bus électrique ne tiennent pas.
    Heuliez-Bus comme toute entreprise a besoin de capitaux pour assurer son développement mais ses actionnaires sont là pour ça.
    Le fait que Ségolène visite l’usine de Rorthais paraît normal … qu’on le veuille ou non, elle est, quand même, ministre de l’Ecologie !!!
    Qu’elle débloque des fonds … peut-être. Tant mieux pour Heuliez-Bus qui n’est pas à l’agonie comme vous semblez le croire.
    Cordialement.
    Algi.

    • Très bien, soit. Je prends note de la différence Heuliez / Heuliez-Bus.

      Cependant, les bus électriques ne seront bel et bien achetés QUE par des collectivités publiques. Ce seront donc les contribuables qui vont financer ce qui s’annonce déjà comme un gouffre et qui risque bien de se terminer en fiasco.

      • Merci de votre réponse.
        Je me permets de vous signaler que:
        1. Vous semblez prendre note, sans plus d’intérêt, de la différence Heuliez/Heuliez-Bus. Soit.
        Cette différence est pourtant essentielle et votre article était basé sur l’absence de cette différence.
        Votre argumentation ne tient donc pas et les 3/4 de votre article sont donc nuls et non avenus.
        2. Achat des Bus. Depuis des décennies les bus sont achetés par les collectivités locales (communes et départements).
        Et cela continuera encore longtemps. Ce sont donc des fonds provenant de nos impôts qui financent ces achats.
        Sauf à privatiser, investissement et exploitation, le transport urbain. Mais c’est un autre débat.
        Quant à acheter des bus électriques à 500000 Euros l’unité, ce n’est pas demain la veille !!
        Le bus électrique, c’est la vitrine mais ce sont les bus conventionnels ou hybrides qui se vendent et se vendront encore de très nombreuses années.

        • h16 a raison. ca ne change pas grand chose en fait.
          Que l’état ou les collectivités locales financent directement le fabricant ou en achetant hors des conditions de marché par rapport au service rendu c’est pareil, c’est le contribuable qui paie le surcoût.
          Ce n’est pas du tout différent des voitures électriques de Bolloré ou de la prime à l’achat de voitures électriques par les particuliers ou de l’achat de ces mêmes voitures électriques par les administrations et collectivités locales.
          Pour les bus électriques, la législation est en cours et fait obligation de les utiliser en centre ville.
          D’ailleurs si ce n’était pas le cas on se demande pourquoi Heuliez planifierait une ligne de production qui doit être opérationnelle en 2017.

  • Je rejoins le commentaire précédent… Feu Heuliez et Heuliez Bus n’ont rien à voir depuis quelques décennies déjà. La division automobile de Heuliez s’est bel et bien effondrée puis Mia Electric en dépit des aides régionales. Aujourd’hui Heuliez Bus est une entreprise à part, filiale du groupe industriel CNH au même titre que Iveco Bus, l’autre fabricant de bus. Heuliez Bus est une entreprise très dynamique mais il est vrai qu’à l’avenir ses commandes ne sont pas assurées, au regard de la concurrence étrangère. Quant à la SEM qui a repris le site automobile d’heures, elle est tout de même parvenue à créer plus de 200 emplois industriels : la filiale Cartol de la SEM s’est retrouvée à l’équilibre financier dès sa première année et elle deviendra pleinement indépendante d’ici quelques années. Plusieurs PME locales profitent aussi de ce site pour se développer. Donc certes l’intervention de la région pour sauver le dinosaure Heuliez a sans doute été trop élevée et inutile mais les efforts qui suivent au travers de la SEM ont fait du bien.

  • Il y a une autre question que l’on peut se poser : à quoi sert Ségolène Royal ? Réponse : à rien.

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