Par ALG.
Un article de l’IREF
La durée moyenne du chômage est de 18,1 mois parmi les membres de l’UE contre 8,1 mois pour les pays de l’OCDE, et de seulement de 6,7 mois aux États-Unis. La comparaison des durées de chômage dans les différents pays d’Europe et de l’OCDE fait apparaître, en France, une tendance inquiétante. En effet, la France se situe dans le groupe des pays où le chômage de longue durée, soit plus d’un an, et de très longue durée, soit plus de 2 ans, touche une partie élevée de la population et s’inscrit dans une dynamique haussière. On pourrait interpréter cela par le fait qu’en France, plus un individu connaît un chômage durable, plus il y reste ; et ce phénomène serait plus important que chez certains de nos voisins.
Selon l’INSEE, un chômeur de longue durée est un actif au chômage depuis plus d’un an. Plus précisément, ce sont les chômeurs de plus de 15 ans, disponibles pour travailler dans les deux semaines à venir, qui ont effectué une recherche active d’emploi au cours du mois précédent et qui déclarent ne pas avoir travaillé au cours de l’année dernière.
Le chômage de longue durée
D’après le tableau 1 ci-dessous, en France, le chômage de longue durée est plutôt inquiétant. Il semble être pris dans une dynamique haussière depuis la crise de 2008. Il se situe actuellement à 42,6% du nombre total des chômeurs. De 2006 à 2015, ce chômage de longue durée a augmenté de 3,9%.
On peut également citer l’Allemagne qui est à 43,6% de chômeurs de longue durée parmi le nombre de chômeurs total. Or, si on regarde l’évolution depuis 2006, son chômage de longue durée se situe dans une dynamique à la baisse, contrairement à la France. En Allemagne entre 2006 et 2015, le chômage de longue période a diminué de 21,7%, soit une diminution de 12 points de pourcentage, en une décennie.
En Europe, l’exemplarité revient au Royaume-Uni qui a un taux de chômage de longue durée de seulement 30,7%.
Les Pays-Bas, quant à eux, semblent suivre une dynamique similaire à celle de la France mais en décalé : son taux de chômage de longue durée est tombé bas jusqu’en 2009/2010, pour ensuite remonter progressivement jusqu’en 2014. C’est en 2014 qu’on peut distinguer une rupture dans le taux de chômage de longue durée, qui prend 5 points de pourcentage et rattrape la France, en 2015. Néanmoins, le taux de chômage aux Pays-Bas est à 6,3 % (mai 2016) et la tendance est à la baisse.
Les États-Unis ont le taux de chômage de longue durée le plus bas des pays de l’échantillon, se situant à 23%, même si ce taux a doublé depuis 2006.
La France semble a priori ne pas être le seul mauvais élève mais en observant le chômage de longue durée en nombre d’individus (Tableau 2), on voit bien à quel point la France est très mal classée par rapport à ses voisins.
En 2015 la France compte en effet 1,2 million de chômeurs de longue durée. C’est presque deux fois plus qu’au Royaume-Uni, qui pourtant est un pays à démographie similaire. Malgré un taux de chômage de longue durée légèrement plus important en Allemagne qu’en France, le nombre de chômeurs de longue durée y est moins important puisqu’il s’élève à 851 000. Cela s’explique par la différence du taux de chômage dans les deux pays, comme au Royaume Uni.
Les États-Unis ont le plus grand nombre de chômeurs de longue durée en 2014. Ce n’est pas anormal puisque parmi les pays de l’échantillon il est celui qui compte le plus grand nombre d’habitants. La population américaine est 5 fois plus élevée que celle de la France. Pourtant, en 2014, les États-Unis n’avaient que deux fois plus (à peine) de chômeurs de longue durée si on compare avec la France. Ce niveau semble à présent retomber après avoir subi une nette augmentation à l’occasion de la crise.
Chômage de très longue durée : la France mène aussi la danse
D’après les données Eurostat, le chômage de très longue période comprend les chômeurs n’ayant pas exercé d’emploi depuis 2 ans ou plus. Le classement et l’analyse entre pays sont approximativement les mêmes que pour le chômage de longue durée.
Selon les données ci-dessous (Tableau 3), le Royaume-Uni se classe en tête des pays européens étudiés. Son taux de chômage de très longue durée est de 17.5% seulement.
L’Allemagne connait le pourcentage le plus élevé de chômeurs de très longue durée mais ce pourcentage a diminué de 24.13% de 2006 à 2015.
La France et les Pays-Bas quant à eux sont sur une légère tendance à la hausse. Les chiffres du chômage de très longue durée ont augmenté depuis la crise de 2008.
En nombre d’individus, le classement entre pays est le même que pour le chômage de longue durée.
L’Allemagne, depuis 2006, semble faire beaucoup d’efforts sur la diminution du chômage de très longue durée puisque ce dernier a diminué de 65%.
La tendance de la France est donc inquiétante. On pourrait interpréter cela par le fait qu’en France, plus un individu connaît un chômage durable, plus il y reste ; et ce phénomène serait plus important que chez certains de nos voisins. C’est sans doute le résultat du manque de flexibilité du travail en France. La dynamique allemande à cet égard semble bien mieux fonctionner. Et cela montre aussi que toutes les mesures étatiques en faveur des chômeurs de longue durée ne fonctionnent pas. Seule une vraie réforme du marché du travail pourrait améliorer leur sort.
Annexe
Ci-après, des statistiques détaillées sur le pourcentage de chômeurs selon la durée du chômage considérée. Certaines données diffèrent légèrement des précédentes, du fait qu’elles proviennent d’une source différente.
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le résultat du manque de flexibilité du travail en France
Aux USA statiquement il faut 2 minutes pour embaucher un employé, 2 minutes trente pour le licencier et 3 minutes pour que ce dernier retrouve du travail
On est loin de ce cap en France où non seulement on ne fait rien pour accompagner un chômeur durant sa période d’inactivité mais on l’encourage à y rester car ce sera pour le Parti Socialiste un futur votant pour ce parti dans l’élection de 2017. Et des Clients il y en a.!!!